Del Toro, le grand bond
Le Mexicain Isaac Del Toro enfile la tunique rose du
leader du Giro hier soir à Viadana après la 12e étape.
Victorieux pour son deuxième jour chez les professionnels en janvier 2024, le maillot rose de 21 ans n’a cessé, depuis, d’apprendre à exploiter son potentiel.
"Il a compris tout ce qu’il fallait faire, sur la nutrition,
"Il a compris tout ce qu’il fallait faire, sur la nutrition,
sur la façon de se préparer, qui est aussi importante que le résultat"
"Il ne faut pas lui dire les choses trois fois,
- FERNANDEZ MATXIN, MANAGER SPORTIF D’UAE EMIRATES
"Il ne faut pas lui dire les choses trois fois,
il comprend très vite,
on le voit sur ce Giro"
- FABIO BALDATO, DIRECTEUR SPORTIF D’UAE EMIRATES
23 May 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
VIADANA (ITALIE) – Ces derniers jours, la vie d’Isaac Del Toro consiste à voir du rose et sourire. Le Mexicain dit ne pas encore vraiment croire à son destin italien, celui qui le fait porter le maillot de leader depuis quatre jours et lui met des papillons dans le ventre, des instants de bonheur plein la tête. Lorsqu’il regarde son vélo teinté de rose, il sourit. Lorsqu’il voit les fans sud-américains l’adouber comme un des leurs, il sourit. Lorsqu’il enfile la maglia rosa, il sourit encore. Rien ne dit que le Mexicain de 21 ans trônera encore en haut du classement à la fin de la semaine, mais sa progression éclaire la dimension qu’il est en train de prendre.
En janvier 2024, au Tour Down Under, Del Toro avait empoché une victoire World Tour dès son deuxième jour de course chez les pros. Un an et demi plus tard, le diamant de la formation UAE Emirates brille toujours plus. « C’est un coureur incroyable, c’est un autre phénomène qu’on a là… On savait qu’il était fort et qu’il serait prêt pour ce Giro », pose Fabio Baldato, l’un de ses directeurs sportifs. « Mais nous ne savions pas à quel point par rapport à ses rivaux, complète le manager espagnol Fernandez Matxin. Ça, c’est une nouveauté. On savait que c’était un coureur avec de très bonnes données en arrivant ici. Mais des données sur vingt minutes à l’entraînement, c’est une chose, sur quatre heures de course, puis sur cinq étapes ou alors sur trois semaines, c’est une réalité différente. »
Del Toro, qui avait remporté le Tour de l’Avenir en 2023, s’est laissé façonner par un environnement qui a déjà fait ses preuves avec Tadej Pogacar (26 ans) ou Juan Ayuso (22 ans). « Ce qui me plaît le plus dans sa progression, c’est son professionnalisme à l’entraînement. Il a compris tout ce qu’il fallait faire, sur la nutrition, sur la façon de se préparer, qui est aussi importante que le résultat, explique Fernandez Matxin. Il a toujours suivi les instructions de l’équipe. »
« C’est mon premier Giro, je suis vraiment content d’être ici avec une équipe aussi forte. J’en suis très fier, expliquait le Mexicain il y a quelques jours. C’est comme un rêve. Parfois, je suis nerveux, mais je n’ai que 21 ans, je n’ai aucune pression. J’essaie d’apprendre à courir avec le maillot rose et je ne veux pas être arrogant, je veux apprendre à récupérer plus vite. »
Son évolution depuis le départ en Albanie s’est faite à vitesse grand V. « Il a de la confiance. Grâce au maillot rose, il a déjà progressé depuis le début du Giro. Je le trouve beaucoup plus concentré depuis qu’il l’a, confie Baldato. Il reste devant, il fait attention à son placement. »
Le directeur sportif italien, qui arrive aujourd’hui sur ses terres natales,àVicence,faitlapasserelle avec Tirreno-Adriatico 2024 : « J’étais avec lui. En un an, je l’ai vu prendre énormément en maturité. Notamment sur sa façon de courir.
Sur Tirreno, il était toujours derrière, je lui disais à chaque fois : “s’il te plaît, remonte, reste devant, sois bien placé”. Il avait terminé 4e, et s’il avait été plus vigilant, il était sur le podium, selon moi. Mais il ne faut pas lui dire les choses trois fois, il comprend très vite, on le voit sur ce Giro. »
Mercredi, dans le final en bosse vers Castelnovo ne’ Monti, Baldato lui disait à l’oreillette d’être attentif au placement dans les deux derniers virages, à 500 m et à 140 m, pour aller faire le sprint et chercher une bonification. Del Toro s’est mis dans une position idéale sur des petites routes piégeuses pour aller faire deuxième derrière Carapaz et prendre six secondes pour le général. « Il croit en lui, on croit en lui, dans le fait qu’il peut obtenir des résultats importants. Il a déjà grandi et il va continuer à grandir. J’aime beaucoup la confiance qu’il a en lui, qui continue à augmenter », glisse encore Fernandez Matxin.
Le grand patron d’UAE Emirates, Mauro Gianetti, qui est venu lui parler plusieurs fois ces derniers jours, nous confiait hier soir: «C’est un mec incroyable, qui a une passion monstre pour ce qu’il fait. Il parle avec intelligence. Il demande pour savoir, pas juste pour faire genre. Quand il ne comprend pas, il demande: “Mais pourquoi?” Je lui ai dit de ne rien changer, qu’il était là où il devait être et là où il va continuer à être longtemps.»
« Je ne sais pas comment seront les prochains jours, c’est ma première fois sous ce maillot rose, avouait Del Toro hier. Pour le moment je veux le garder, peut-être que les choses devront changer plus tard, on verra…» Le changement, en ce qui le concerne, est profond de puis un a net demi.
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