ESSENGUE Un taureau dans l’arène
Noa Essengue au côté d’Adam Silver, le patron de la NBA,
mercredi soir sur la scène du Barclays Center de Brooklyn.
Réservé hors des parquets, l’ailier-fort cache une détermination sans faille et un vrai potentiel de joueur polyvalent en NBA. Deux qualités qui ont séduit les Chicago Bulls, qui l’ont choisi en 12e position dans la nuit de mercredi à jeudi.
27 Jun 2025 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
NEW YORK (USA) – Assis au bord de l’estrade du Barclays Center à Brooklyn, costume noir sobre avec quelques perles cousues aux manches en guise de fantaisie, Noa Essengue place ses invités à sa table en imaginant le déroulé de la soirée. Quand Adam Silver, grand patron de la NBA, l’appellera sur scène, il commencera par un câlin «pas trop long» à sa mère, puis finira par un check répété plus tôt dans la journée avec son grand frère Mathis. Une sobriété qui caractérise bien ce jeune ailier-fort français de 18 ans, sélectionné quelques minutes plus tard en 12e position de la draft par les Chicago Bulls. Un baptême tricolore poursuivi dans la foulée par l’intérieur Joan Beringer, 18 ans, choisi à la 17e place par Minnesota, puis par le meneur Nolan Traoré, 19ans, récupéré par Brooklyn en 19e position.
Essengue est arrivé lundi à New York accompagné de ses parents et de ses deux grands frères. Sa passion du basket, il la tient de Mathis, de deux ans son aîné. «Il avait à peine 10ans quand il a commencé le basket. Il cherchait à tout prix à me battre dans les uncontre-un. Dire qu’il était mauvais joueur serait un euphémisme », s’amuse son grand frère, qui estime que le petit Noa s’est assagi au fil des années. « C’est un faux calme qui est en réalité un grand compétiteur, il veut toujours être meilleur que les autres», confirme son agent Yann Balikouzou, également du voyage de l’autre côté de l’Atlantique.
D’abord potelé, Essengue s’allonge à l’approche de l’adolescence, au moment où il rejoint le pôle Espoirs d’Orléans, puis lors de ses deux années passées à l’Insep. « À partir de là, on a vraiment compris qu’il pourrait faire carrière au niveau professionnel», poursuit Mathis. Ensuite ? Balikouzou entre en jeu. Cet ancien basketteur notamment passé par l’Allemagne a développé des liens forts avec le club d’Ulm, dans lequel avaient évolué deux autres de ses clients NBA, Killian Hayes (ex-Detroit et Brooklyn) et Pacôme Dadiet (New York). « Il a signé là-bas à 16 ans. On a mis un plan de développement en place sur deux ans avec des objectifs de progression précis, raconte Balikouzou. Et comme dirait Hannibal dans L’Agence tous risques, le plan s’est déroulé sans accroc»
Un joueur agile, capable de défendre sur plusieurs postes
Culminant aujourd’hui à 2,07 m pour 93kg, Essengue a tapé dans l’oeil de plusieurs franchises NBA ces dernières semaines, grâce à une montée en puissance dans le Championnat allemand. Agile, capable de défendre sur plusieurs postes et d’apporter du rythme en transition, il a aussi progressé dans son tir et son jeu de passes, contribuant largement au parcours d’Ulm jusqu’en finale face au Bayern Munich. Des play-offs qu’il a dû quitter prématurément dimanche, alors que son équipe menait deux manches à une dans une série au meilleur des cinq matches. Direction Toronto au Canada, pour une rencontre express avec la franchise des Raptors, avant d’arriver à New York. Ce sont finalement les Chicago Bulls qui ont décidé de miser sur lui, dans la nuit de mercredi à jeudi, convaincus à la fois par sa polyvalence et son tempérament. « Mon profil ressemble à celui de joueurs comme Paul George et Kawhi Leonard», veut croire Essengue. Dans l’Illinois, le jeune ailierfort marchera sur les traces de Joakim Noah et Kevin Séraphin, deux autres Français draftés par les Bulls en 2007 et 2010.
Il rejoint surtout une franchise mythique, où l’ombre de Michael Jordan et de ses six titres remportés entre 1991 et 1998, plane toujours aujourd’hui. «J’ai envie de retourner à ça. Gagner des titres avec eux, et en même temps écrire mon histoire» , ajoute le principal intéressé. Cette soirée inoubliable de la draft, Essengue pourra bientôt la revivre en allumant sa télé: une équipe de la chaîne M6 le suivait quasi 24 heures sur 24 ces derniers jours. Un exercice déstabilisant qu’il devra s’approprier s’il veut s’imposer dans la très médiatisée Ligue nord-américaine de basket. « Ce qu’il aime, c’est jouer au basket. Moins les caméras», confirme son frère Mathis.
Commenti
Posta un commento