Brueghel, Van Balen, affinités artistiques


MUSÉE DES BEAUX ARTS JULES CHÉRET NICE/PHOTO FRANÇOIS FERNANDEZ
Allégorie de l’eau, de Hendrick Van Balen et Jan Brueghel l’ancien, début du XVIIE siècle.

EXPOSITION
Le musée de Flandre rend hommage au peintre flamand
Jan Brueghel l’ancien et à son ami et complice Hendrick Van Balen, tombé dans l’oubli.

Ils travaillent à deux, l’un peignant les personnages, 
l’autre une nature surdimensionnée, 
inversant la hiérarchie du regard.

29 Jul 2025 - L'Humanité
Marie-José Sirach - envoyée spéciale.

Cassel (Nord) - Le musée de Flandre réserve toujours d’agréables découvertes. L’an dernier, la première grande rétrospective consacrée à Nicolas Eekman (1889-1973) avait permis de (re)découvrir l’oeuvre protéiforme de cet artiste singulier. Cette année, la nouvelle exposition est une machine à remonter le temps, à imaginer Anvers, épicentre de la peinture flamande de la fin du XVIE et du début du XVIIE siècle, à partir de la figure de Jan Brueghel l’Ancien. Un foyer artistique bouillonnant, même si l’Italie, que tous les artistes se devaient de visiter pour y apprendre techniques et enseignements, demeurait encore… incontournable.

Pour bien comprendre les ramifications familiales, rappelons que, dans la famille Brueghel, il y a d’abord le père, considéré comme l’un des maîtres de la peinture flamande et de l’école d’Anvers, Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569), à l’arbre généalogique complexe en raison de cette fâcheuse habitude de donner le même prénom à sa descendance. Vient ensuite Pieter Brueghel le Jeune (1564-1638), qui aura un fils, Pieter Brueghel (1589-1639), peintre lui aussi, et Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625).

Son père mourant peu de temps après sa naissance, Jan Brueghel l’Ancien sera élevé par sa grand-mère, qui veillera à son éducation et lui enseignera en particulier l’art de la miniature et de l’aquarelle. Il aura un fils, dit Jan Brueghel le Jeune (1601-1678), qui marchera sur les pas de son père. Bref, une dynastie de peintres – et quels peintres! – qui ont marqué de leur empreinte, chacun à sa manière, l’histoire de la peinture.

MAÎTRISE DES FONDUS ET DÉGRADÉS

C’est autour de Jan Brueghel l’Ancien, dit aussi Jan Brueghel de Velours en raison de sa maîtrise des fondus et dégradés, que se déploie cette remarquable exposition, qui explore l’amitié entre Jan Brueghel et Hendrick Van Balen. Ce dernier, tombé dans l’oubli, sera pourtant, avec Rubens, un des plus proches collaborateurs de Brueghel. Chacun ayant sa spécialité. Van Balen est connu pour son attrait pour la peinture d’histoire, qu’elle soit religieuse ou mythologique, mettant en scène de nombreux personnages. Il répond aux commandes ecclésiastiques et d’amateurs d’art, exécutant pour les premiers des retables aux sujets bibliques et des sujets mythologiques ou allégoriques pour les seconds. Brueghel se spécialise dans les paysages, la nature, les fleurs en bouquets, en guirlandes ou en couronnes de grandes dimensions, dont la précision et la minutie du trait laissent jaillir une palette de couleurs vives et éclatantes. Les animaux s’invitent souvent dans ses toiles, de manière assez incongrue.

Brueghel et Van Balen sont voisins, amis et artistes complices. Ils travaillent à deux, l’un peignant les personnages, l’autre une nature surdimensionnée, inversant la hiérarchie du regard. Ce ne sont pas les grands personnages bibliques ou mythologiques qui attirent d’abord l’oeil, mais la nature tout autour d’eux, foisonnante, exubérante, qui nous les rend plus proches, plus humains. L’allégorie des éléments: la terre, l’eau, le feu, l’air se déploie en quatre huiles sur bois conservées au musée des Beaux-Arts de Lyon, peintes entre 1606 et 1611. Des lignes de fuite vertigineuses soulignent des ciels tourmentés et des forêts trouées de chemins inquiétants. Le Repos pendant la fuite en Égypte dégage un sentiment de sérénité, dû à une mise en scène loin du tumulte, à une Marie à la peau d’albâtre nourrissant son enfant, dans une clairière au parterre abondamment fleuri. Dans le même esprit, des Vierge à l’enfant cernées par des guirlandes effacent toute domination du sujet.

UN VOYAGE À LA FOIS SURANNÉ ET ÉBLOUISSANT

«Le coup de pinceau précis de Brueghel complète la technique tout aussi raffinée de Van Balen, tandis que les paysages descriptifs et les somptueuses natures mortes de Brueghel servent à contrebalancer les figures lisses de Van Balen», écrivait, à juste titre en 1883, Van den Branden, un des premiers biographes de Brueghel. On ne saura jamais qui peignait en premier, mais leur complicité évidente témoigne d’un respect et d’une admiration réciproques.

Forte de 70 oeuvres, dont 48 peintures, 2 estampes, 16 miniatures sur vélin et 4 dessins, l’exposition est un voyage à la fois suranné et éblouissant dans l’univers de deux amis, deux complices, deux maîtres, même si l’histoire n’en a retenu qu’un. Oubli réparé. 

«Brueghel & Van Balen, artistes & complices » jusqu’au 28 septembre, au musée de Flandre, à Cassel (Nord). Rens. : museedeflandre.fr. Catalogue : Brueghel - Van Balen.

Artistes & Complices, musée de Flandre-snoeck, 35 euros.

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