EN TROMPE-L’OEIL
Le Français, tombé en début de course, a dû se remettre l’épaule gauche, déboîtée. Privé de sa radio, cassée dans la chute, il a cru ensuite avoir gagné l’étape remportée par Tim Wellens, alors qu’il sprintait pour la troisième place.
C’est un gregario, Tim Wellens, qui s’est imposé depuis l’échappée, mais la victoire du Belge n’a fait que renforcer l’ultra-domination des UAE de Tadej Pogačar, alors que Julian Alaphilippe (3e) pensait avoir gagné, au terme d’une journée furieuse en faux-semblant
21 Jul 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS
CARCASSONNE – Les étapes de transition sont une espèce en danger d’extinction critique, un concept désuet, jauni, qui sera bientôt rangé au fond de nos mémoires, qu’on aura bien du mal à expliquer aux générations suivantes. Des journées qui collaient au rythme des vacances, des siestes à baver comme des gastéropodes (**) sur le canapé, des ravitaillements métronomiques au frigo, un certain éloge de la lenteur, de la paresse, alors qu’hier, on a à peine eu le temps de cligner des yeux, la cornée en surchauffe et la gorge sèche devant les attaques qui tombaient au rythme des scintillements d’un stroboscope, en phase avec l’hyperactivité et la frénésie modernes.
Depuis le départ de Lille, il n’y a eu que deux journées « tranquilles », vers Dunkerque (étape 3) et vers Laval (étape 8), car il faut bien souffler de temps en temps, et les étapes les plus folles, mais aussi les plus intéressantes, ont été celles ouvertes aux échappées, sur des parcours ondulés juste ce qu’il faut, vers Vire, au Mont-Dore, autour de Toulouse ou hier entre Muret et Carcassonne donc.
La victoire de Wellens ne va pas apaiser le procès en gloutonnerie contre les UAE
Les étapes de haute montagne sont cadenassées par Tadej Pogačar, et si Thymen Arensman a levé les bras à Superbagnères samedi, ce fut avec la bénédiction du Maillot Jaune, quand celles avec des arrivées pour puncheurs le sont par Tadej Pogačar et Mathieu van der Poel. Des cercles ultra-élitistes qui, par effet domino, obligent le «tiersétat» à se ruer sur quelques miettes, ces journées plus « faciles », ou qui du moins n’ont pas l’attention de l’aristocratie et qui ont des allures de fête populaire, un bal musette où tout le monde est invité, pour évoquer un autre concept qui a pris une cartouche avec le temps. Eh bien, des foutoirs comme celui d’hier, on en redemande, bientôt le premier coup partira dans le défilé du fictif.
Lors de la traversée de Villefranche-de-Lauragais, km 41, notre compagnon de virée, taquineur de ballon ovale, s’éveilla: «Ça sent la Fédérale 2 ici, ça doit maillocher tous les week-ends.» Il faut croire que la mailloche est contagieuse, que ces terres sont fertiles pour la baston car ce fut une sacrée distribution de caramels dès le départ, dans la traversée des villages, sur les longues lignes droites entourées de champs de tournesols et caressées d’un vent de côté, bien avant les premières difficultés identifiées.
Tim Wellens a remporté cet immense combat au bout de 142 km d’échappée. Le champion de Belgique est un gregario, l’histoire aurait pu être belle dans ce Tour cannibalisé, mais il bosse au service de Tadej Pogačar. Les armoiries sur son maillot sont celles d’une grande maison et sa victoire ne va donc pas apaiser le procès en gloutonnerie contre les UAE, ni faire taire les grincements dans le paddock devant l’ultra-domination de la formation émirienne, le sentiment d’écrasement des manants. Wellens a en tout cas donné une idée du niveau de jeu des équipiers du Maillot Jaune, plus évident quand ils sont libérés de leurs chaînes, car d’ordinaire on les voit forts, mais dans le corset de leurs offices, seulement utilisés à certains moments précis de la course pour leur leader.
Les Visma dispersent désormais leurs ambitions
Là, le Belge a pu se livrer sans calculer, parti dans un bon coup initié par Mathieu Van der Poel, juste après que l’essaim avait été agité par une grosse chute dans Auterive (km 15) dans laquelle furent pris Jonas Vingegaard, Florian Lipowitz, Julian Alaphilippe et Lenny Martinez, notamment. Wellens allait user de son statut pour ne pas donner un coup de pédale, laisser les mouvements se faire et se défaire, mais il était à l’affût comme un setter qui truffe une bécasse. Toujours là au bon moment, avec les costauds (Powless, Storer, Mohoric, Campenaerts, Simmons, Lutsenko) à l’avant dans la côte de Sorèze, en chasse en compagnie de son compatriote et ancien équipier Victor Campenaerts derrière le duo Storer-Simmons dans l’exigeant Pas du Sant, et finalement tellement malin quand un quatuor Barguil, Carlos Rodriguez, Vlasov et Lutsenko revint de l’arrière. Wellens jugea qu’il valait mieux flinguer direct, plutôt que de laisser certains récupérer et d’autres se mettre à calculer en vue de l’arrivée. Personne ne fut en mesure de lui résister quand il tourna la poignée à fond, à 44 bornes du but. Une victoire pour un fuyard, pour un nouveau visage, mais c’était un jeu d’ombres, car les deux grosses écuries avaient une nouvelle fois tiré les ficelles en coulisses et cette échappée fut une sorte de nouveau match entre les UAE et les Visma-Lease a bike, mais à un autre échelon. On ne peut que constater que le résultat fut le même, puisque Campenaerts (2e) et Wout Van Aert (4e) sont rentrés bredouilles.
Pogacar et ses hommes ne donnent pas l’impression de vouloir laisser quoi que ce soit à leurs ennemis, pas même une nouvelle victoire d’étape, alors qu’on sent que cela intéresse désormais les « Frelons » autant que la bataille pour le général. Hier, ils ont tout fait pour placer des pions à l’avant, même Matteo Jorgenson, bien loin du niveau qu’on attendait, a tenté de s’y glisser, ce qui a eu le don d’agacer Tadej Pogacar.
Alaphilippe passait d’une joie profonde à une immense désillusion
Le champion du monde leur a reproché d’avoir tenté de monter à trois dans le bon wagon, alors qu’il n’était prêt à leur poinçonner qu’un seul ticket de sortie. Surtout, il a souligné qu’ils manoeuvraient à l’avant au moment même où leur leader, Jonas Vingegaard, devait se débrouiller seul plus loin pour tenter de recoller après la chute. On l’a ainsi vu boucher le dernier trou luimême, avec Iván Romeo, pour rentrer. La preuve que les Visma ne sont plus aussi resserrés autour du Danois vu l’écart avec Pogacar et qu’ils dispersent désormais leurs ambitions. Van Aert n’a même pas remporté le sprint des poursuivants puisqu’il fut dominé par Julian Alaphilippe, qui courait avec une épaule gauche remise d’une luxation au moment de la chute.
Le double champion du monde pensait tenir la victoire, il a exulté, mais ce n’était qu’un trompe-l’oeil et il redescendit rapidement dans l’ascenseur émotionnel de sa folle journée. Privé de radio, il n’avait pas de vision de la course et venait de passer d’une joie profonde à une immense désillusion. Après tout, il fallait bien célébrer le premier podium d’un coureur français dans ce Tour de France. Nos voisins belges, eux, comptent désormais cinq victoires avec quatre coureurs différents. Les Bleus sont toujours fanny. Et la troisième semaine est déjà là.
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ILLUSIONE OTTICA
LA FALSA GIOIA
Alaphilippe è caduto all'inizio della tappa e ha dovuto ripararsi la lussazione della spalla sinistra. Senza la radio, rotta nella caduta, sprintando per il terzo posto, ha pensato di aver vinto la tappa già conquistata da Tim Wellens.
È stato un gregario, Tim Wellens, a portare in porto la fuga, ma la vittoria del belga è servita solo a rafforzare l'ultra-dominio dell'UAE Emirates-XRG di Tadej Pogačar, mentre Julian Alaphilippe (3°) pensava di aver vinto, al termine di una furiosa giornata di finzione
21 luglio 2025 - La squadra
DALL'INVIATO SPECIALE ALEXANDRE ROOS
CARCASSONNE - Le tappe di trasferimento sono una specie in via d'estinzione, un concetto obsoleto e ingiallito che presto sarà relegato in fondo al cassetto della memoria e che sarà difficile spiegare alle generazioni future. Giorni che seguivano il ritmo delle vacanze, sieste che sbavavano come gasteropodi (**) sul divano, rifornimenti metronomici nel frigorifero, un certo elogio della lentezza, della pigrizia, mentre ieri avevamo a malapena il tempo di sbattere le palpebre, le cornee surriscaldate e la gola secca per gli attacchi che cadevano al ritmo dello sfarfallio di una luce stroboscopica, in fase con l'iperattività e la frenesia moderne.
Dalla partenza a Lille, ci sono state solo due giornate “tranquille”, verso Dunkerque (tappa 3) e Laval (tappa 8), perché ogni tanto un po' di respiro ci vuole, e le tappe più pazze, oltre che più interessanti, sono state quelle aperte alle fughe, su percorsi ondulati al punto giusto, verso Vire, Mont-Dore, intorno a Tolosa o come ieri nella Muret-Carcassonne.
La vittoria di Wellens non alleggerirà la causa per ingordigia contro la UAE
Le tappe di alta montagna sono blindate da Tadej Pogačar, e se Thymen Arensman ha alzato le braccia a Superbagnères sabato, è stato con la benedizione della maglia gialla, mentre quelle con arrivo per puncheur sono dello stesso Tadej Pogačar e Mathieu van der Poel. Circoli ultra-élitari che, per effetto-domino, costringono il “terziario” ad arrabattarsi per qualche briciola, quelle giornate più “facili”, o almeno quelle che non hanno l'attenzione dell'aristocrazia e che hanno l'aspetto di una festa popolare, un bal musette al quale tutti sono invitati, per evocare un altro concetto che ha preso vita propria. Bene, siamo tornati per altri pasticci come quello di ieri, e presto il primo colpo sarà sparato nella parata del fittizio.
Mentre passavamo per Villefranche-de-Lauragais al km 41, il nostro compagno di viaggio, un patito della palla ovale, si è svegliato: “Qui c'è odore di Fédérale 2, ci deve essere un boato ogni fine settimana”. C'è da pensare che la maglia sia contagiosa, che queste terre siano fertili per la lotta, perché c'è stato un bel po' di mou fin dall'inizio, mentre si attraversavano i villaggi, sui lunghi rettilinei circondati da campi di girasoli e accarezzati da un vento laterale, ben prima che si individuassero le prime difficoltà.
Tim Wellens ha vinto questa grande battaglia dopo 142 km di fuga. Il campione belga è un gregario, la storia avrebbe potuto essere bella in questo Tour cannibalizzato, ma lavora al servizio di Tadej Pogačar. Lo stemma sulla sua maglia è quello di una grande casa, quindi la sua vittoria non placherà la causa per ingordigia contro gli Emirati Arabi Uniti, né metterà a tacere i mugugni nel paddock per l'ultradominio della squadra emiratina e la sensazione che i mananti vengano schiacciati. In ogni caso, Wellens ha dato un'idea del livello di gioco dei compagni di squadra della Maglia Gialla, che è più evidente quando sono liberi dalle catene, perché di solito li vediamo forti, ma nel corsetto dei loro uffici, utilizzati solo in alcuni momenti precisi della corsa per il loro leader.
Visma ora disperde le sue ambizioni
Lì, il belga è stato in grado di dare il massimo senza fare calcoli, prendendo il largo con una bella mossa iniziata da Mathieu Van der Poel, subito dopo che lo sciame era stato scosso da una grossa caduta a Auterive (km 15) in cui erano rimasti coinvolti, tra gli altri, Jonas Vingegaard, Florian Lipowitz, Julian Alaphilippe e Lenny Martinez. Wellens ha sfruttato il suo status di corridore per tenere il piede fuori dal pedale e lasciare che le mosse andassero e venissero, ma è stato sempre all'erta come un cacciatore di beccacce. Sempre presente al momento giusto, con i corridori più forti (Powless, Storer, Mohoric, Campenaerts, Simmons, Lutsenko) in testa sulla côte de Sorèze, all'inseguimento con il suo connazionale ed ex compagno di squadra Victor Campenaerts dietro al duo Storer-Simmons sull'impegnativo Pas du Sant, e infine così intelligente quando un quartetto composto da Barguil, Carlos Rodriguez, Vlasov e Lutsenko è tornato da dietro. Wellens ha deciso che era meglio scattare subito, piuttosto che lasciare che alcuni recuperassero e altri iniziassero a calcolare in vista del traguardo. Nessuno è stato in grado di resistergli quando ha girato la maniglia a tutta velocità a 44 chilometri dall'arrivo. Una vittoria per un fuggitivo, per un volto nuovo, ma è stato un gioco di ombre, perché le due grandi squadre hanno ancora una volta tirato le fila dietro le quinte e questa fuga è stata una sorta di nuova partita tra la UAE e Visma-Lease a bike, ma a un livello diverso. Il risultato è stato lo stesso: Campenaerts (2°) e Wout Van Aert (4°) sono tornati a casa a mani vuote.
Pogacar e i suoi uomini non danno l'impressione di voler lasciare nulla ai loro avversari, nemmeno un'altra vittoria di tappa, anche se si intuisce che i “Frelons” sono ora interessati a questo quanto alla battaglia per la classifica generale. Persino Matteo Jorgenson, che non era neanche lontanamente al livello che ci si aspettava da lui, ha cercato di infilarsi, irritando Tadej Pogacar.
Alaphilippe è passato da una profonda gioia a un'immensa disillusione
Il campione del mondo ha criticato i tre per aver cercato di salire sull'auto giusta, quando era disposto a dare loro solo un biglietto d'uscita. Soprattutto, ha fatto notare che stavano manovrando davanti proprio nel momento in cui il loro leader, Jonas Vingegaard, ha dovuto fare da solo più indietro per cercare di rimettersi in sesto dopo l'incidente. Lo abbiamo visto tappare da solo l'ultimo buco, insieme a Iván Romeo, per rientrare. A riprova del fatto che il team Visma non è più così compatto attorno al danese, visto il distacco da Pogacar, e che ora sta allargando le proprie ambizioni. Van Aert non ha vinto nemmeno la volata degli inseguitori, perché è stato dominato da Julian Alaphilippe, che al momento dell'incidente correva con una spalla sinistra lussata.
Il due volte campione del mondo ha pensato di aver conquistato la vittoria e ha esultato, ma è stato solo un lampo e ha rapidamente ricaduto nell'ascensore emotivo della sua folle giornata. Privo di radio, non aveva alcuna visione della gara ed era appena passato da una profonda gioia a un'immensa disillusione. Dopo tutto, il primo podio di un corridore francese in questo Tour de France doveva essere festeggiato. I nostri vicini belgi hanno ora cinque vittorie con quattro corridori diversi. I Bleus continuano a volare alto. E la terza settimana è già arrivata.
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(*) trompe-l’oeil 〈trõp l ö′öi〉 locuz. m., fr. (propr. «inganna l’occhio»), invar. – Genere di pittura volto a rappresentare la realtà materiale in modo tale da suscitare l’illusione della tridimensionalità e, quindi, della consistenza delle immagini rappresentate: trova il suo specifico campo nella natura morta (quando si vogliano fingere armadî o custodie aperte nella parete, mostrando con cura meticolosa anche il loro contenuto) ma si estende agli artifici prospettici con cui pittori e architetti amplificano illusoriamente lo spazio interno di un ambiente; se ne hanno esempî nell’arte romana, nel Rinascimento, nell’arte barocca e, in qualche misura, nell’arte contemporanea, per es. nell’iperrealismo.
Per estens., l’opera eseguita con tale tecnica: la parete è stata affrescata con un trompe-l’oeil. [da Enciclopedia Treccani]
(**) Gasteropodi (Gastropoda Cuvier, 1797) sono la classe di molluschi viventi che ha avuto, considerati il numero di specie esistenti e la varietà di nicchie ecologiche occupate, il maggior successo evolutivo, soprattutto grazie ad adattamenti anatomici diversi da quelli dei Monoplacofori dai quali si sono presumibilmente originati.
Comprendono chiocciole, lumache e numerosi animali marini noti soprattutto per le loro conchiglie (anche se un gran numero di essi, tra cui la totalità dei nudibranchi, ne è privo). [da Wikipedia]

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