Et Montmartre s’est embrasé
À Montmartre hier, le spectacle était aussi dans le public. Venus très tôt pour certains
afin de trouver le meilleur emplacement pour encourager les coureurs, les très nombreux
spectateurs ont ambiancé le quartier. Et même les fortes averses n’ont pas refroidi leurs ardeurs,
rue Lepic ou sur les marches du Sacré-Coeur.
Un an après les Jeux, la Butte a de nouveau vécu une folle journée avec un public euphorique malgré la pluie.
"On a vu des images des JO,
c’était tellement fou qu’on a eu envie de vivre ça"
- JEAN-CHRI'STIAN, VENU DU HAVRE
"On ne pouvait pas manquer une belle fête comme ça"
- SABINE, HABITANTE DU QUARTIER
28 Jul 2025 - L'Équipe
DORINE BESSON
Montmartre a de nouveau vibré. Intensément. Un an après l’euphorie collective du 3 août 2024 pour les JO de Paris, le quartier a vu des milliers de passionnés ou de néophytes crier, chanter, célébrer le cyclisme et le Tour de France, de passage pour la première fois dans ce quartier historique d’artistes.À Montmartre hier, le spectacle était aussi dans le public. Venus très tôt pour certains afin de trouver le meilleur emplacement pour encourager les coureurs, les très nombreux spectateurs ont ambiancé le quartier. Et même les fortes averses n’ont pas refroidi leurs ardeurs, rue Lepic ou sur les marches du Sacré-Coeur.
Une véritable ferveur populaire, entamée très tôt pour les plus courageux. « Dès 8 h 15, il y avait du monde », assure JeanMarc, 62 ans, chaussures de vélo aux pieds. Ce cycliste parisien arpentant la capitale depuis 1992 a grimpé quatre fois hier matin la Butte. Comme des dizaines d’autres, il a profité des encouragements festifs des supporters déjà arrivés pour une sortie dominicale particulière. « L’ambiance était super sympa, vraiment unique. Je ne me doutais pas qu’il y aurait autant de monde, commente le sexagénaire. Hier, j’ai regardé le Tour avec ma mère, et ça m’a donné envie de rouler. Elle a 86 ans et perd un peu la mémoire, mais elle se rappelait avoir reçu une casquette à 6 ans sur le Tour. Et elle l’a retrouvée dans un carton! »
La Grande Boucle, une affaire de famille aussi pour ce couple de septuagénaire du Havre, calé dès 12 heures avec leur fils et leurs chaises de camping dans les premiers mètres de la rue Lepic. « On a vu des images des JO, c’était tellement fou qu’on a eu envie de vivre ça », explique Jean-Christian, planche à découper le saucisson sur les genoux et gobelets-souvenirs des JO par terre. La plupart de ceux qu’on a croisés ont été bluffés par la ferveur olympique de l’été dernier et rêvaient de revivre un peu ce grain de folie, cette bouffée de bonheur collectif.
Dans le sac du duo, la panoplie parfaite pour passer la journée: des victuailles pour l’apéro, des casse-croûte, un livre, une bouteille de rosé, des bières et des parapluies. «On a juste oublié le Uno», regrette Michelle. Quelques mètres plus haut, Viola et Louis, la vingtaine, venus de Mannheim en Allemagne, partagent justement une partie du fameux jeu de cartes avec Jules et Noam, deux Parisiens rencontrés quelques minutes plus tôt.
Pour patienter, d’autres ont misé sur le direct du Tour de France femmes, un cahier de vacances ou des mots croisés, un atelier peinture de pancarte ou même... une démonstration de pompes à la suite d’un pierrefeuille-ciseau perdu. Partout dans les rues autour du Sacré-Coeur, on a rencontré des inconnus partageant un morceau de gâteau ou un jeu, regardant ensemble la course sur un téléphone. La magie des grands moments de communion sportive.
Depuis le rebord d’une fenêtre rue Lepic, dans leur appartement, Vincent, guitare à la main, et Sabine trinquent avec des amis, de longue date ou de l’instant, debout sur le trottoir. Plus vite que la montée de Pogacar sur le Ventoux, on se retrouve avec un morceau de saucisson et un verre de blanc dans les mains. «On ne pouvait pas manquer une belle fête comme ça», sourit la chanceuse propriétaire d’un point de vue parfait sur la course.
Juste en face, une bande de copains d’Orléans et de Paris ont posé leurs sandwiches, une bonne réserve de bière, une enceinte portable et un mégaphone près des rambardes dès 7 heures du matin. En attendant les stars du peloton, ils se sont trouvé une mascotte: un cycliste amateur, JeanLuc, qui a monté 54 fois (!) la Butte hier matin. « On était quatre au début à l’encourager à 8 heures, et après une centaine, raconte Adrien, maillot de Zidane sur le dos. On a même fait une montée avec lui en courant. C’est la magie du Tour. »
Quand la pluie s’est invitée à deux reprises, outre les ponchos et autres parapluies, le public n’a pas manqué d’ingéniosité et d’énergie pour s’abriter (avec une bouée de plage ou un carton de bière découpé) et se réchauffer (un karaoké ou un clapping géants, un lancer de cookies depuis un balcon).
À partir de 18h30, la clameur de la foule plus bas a annoncé les trois passages des cyclistes rue Lepic, envahie par les tee-shirts et bobs blancs à pois d’un sponsor. Et la foule s’est enflammée malgré les gouttes. «On se croirait dans un stade de foot » , a lâché un passant. « On s’en souviendra longtemps » , assure un autre. Plus bas, tout le long de la longue rue Lamarck, des bruyantes olas ont fêté la vingtaine de derniers du peloton pour clore une journée mémorable. Un supporter ravi souffle: «J’espère que le Tour sera de retour ici l’année prochaine. »
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