Un quintette en mode classiques
D’habitude attachées au classement général mais hors de portée du podium, les cinq équipes françaises engagées sur le Tour vont s’en libérer pour chasser des étapes. Ça tombe bien puisque le parcours s’y prête.
1 Jul 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX
L’attaque de Kévin Vauquelin (Arkéa-B&B Hotels) dans la mythique côte de San Luca à Bologne (2e étape) et le sourire poussiéreux d’Anthony Turgis (Total Energies) à Troyes (9e étape) ont marqué les esprits lors du Tour 2024, les équipes françaises l’ont bien compris. « Une victoire d’étape, ce sera notre objectif. Nous en avons vu l’impact médiatique, l’an passé », résumait Didier Rous, le manager sportif d’Arkéa-B&B, à l’annonce de la sélection des huit coureurs retenus par la formation bretonne pour le départ du Tour de France à Lille, samedi.Anthony Turgis (à gauche) et Kévin Vauquelin ont gagné une étape l’an dernier sur le Tour de France et comptent bien récidiver lors de l’édition 2025 qui s’élance samedi de Lille.
Avec elle, Total Energies, Groupama-FDJ, Cofidis et Decathlon AG2R La Mondiale – les cinq équipes françaises de la Grande Boucle – ont présenté, hier, des effectifs taillés pour des classiques plus que pour un grand Tour, l’objectif du classement général passant au second plan. Dominées par les armadas à gros budget, dont le niveau des leaders rend un podium, voire un top 5, inatteignable, elles se sont résolues à briller sur un ou plusieurs jours.
Une première semaine trop piégeuse
« On verra au bout d’une dizaine de jours »
(Emanuel Buchmann, seul grimpeur emmené par Cofidis)
Le podium dans le viseur, David Gaudu (Groupama-FDJ) n’avait pu faire mieux qu’une 9e place en 2023. L’an dernier, Felix Gall est passé d’un objectif top 5 à une anonyme 14e place au général. Échaudée, sonéquipe DecathlonAG2R La Mondiale lui a donné un rôle plus libre, cet été. « Nous prendrons la course jour après jour, nous verrons où nous en sommes avant la montagne et nous ajusterons les objectifs en conséquence, a expliqué le coureur autrichien. Le classement général ne sera pas mon premier objectif. » Aurélien Paret-Peintre et Bruno Armirail se sont préparés pour l’aider en montagne, mais peut-être auront-ils une carte à jouer.
Entre risques de bordure et successions de petites côtes, la première semaine tendue dans le nord et l’ouest de la France a été jugée trop dangereuse pour tout miser sur un homme. « Je vais attendre de voir comment se passera le début qui s’annonce très piégeux, et on verra au bout d’une dizaine de jours si je suis en position de viser une place au classement général ou tenter plus ma chance pour une victoire d’étape », a clairement énoncé l’Allemand Emanuel Buchmann, seul grimpeur emmené par Cofidis.
Une brochette de puncheurs-baroudeurs
« Courir comme si c’était une classique au quotidien »
(Didier Rous, manager d’Arkéa-B&B Hotels)
S’il a été aussi facile de se détourner du général, c’est aussi parce que les équipes françaises ne manquent pas de profils explosifs: Romain Grégoire et Valentin Madouas chez Groupama-FDJ,
Vauquelin et Clément Venturini pour Arkéa-B&B Hotels, Jordan Jegat, Mathieu Burgaudeau et Thomas Gachignard avec TotalEnergies, Bastien Tronchon pour Decathlon AG2R… « Nous allons courir ce Tour comme si c’était une classique au quotidien », a annoncé Didier Rous (Arkéa-B&B).
C’est dans cette optique que Cofidis est allée chercher cet hiver le champion d’Espagne en 2024, Alex Aranburu. « Il y a pas mal d’étapes avec des arrivées punchy, donc ça va être intéressant », anticipe son coéquipier Bryan Coquard, sprinteur léger, donc prétendant aussi à la victoire sur les premières étapes. Dans le même registre, Émilien Jeannière (TotalEnergies) a accumulé les tops 10 au plus haut niveau cette saison et prouvé qu’il pouvait briller sur des sprints « de fatigue ».
Le côté imprévisible des arrivées massives a même poussé Arkéa-B&B et Groupama-FDJ à faire le pari d’un sprinteur (respectivement Arnaud Démare et Paul Penhoët) accompagné d’un ou deux lanceurs, alors qu’ils n’ont pas encore levé les bras cette saison.
L’exception Martin-Guyonnet
« Le général fait partie d’une culture d’une équipe de haut niveau »
(Marc Madiot, manager de Groupama-FDJ)
En plein changement de paradigme résiste un coureur : Guillaume Martin-Guyonnet. « Le classement général fait partie d’une culture d’une équipe de haut niveau, il faut entretenir ça, insistait déjà son manager Marc Madiot en début d’année dernière. Si on s’en retire, c’est une forme de renoncement, ce n’est pas comme ça que l’on progresse. »
Le Normand (32 ans), 13e du Tour 2024 et 10e en 2023, sera bien solitaire dans son oeuvre puisque son équipe ne lui a consacré aucun équipier grimpeur. Mais ce n’est pas indispensable dans les configurations modernes en montagne, une course à élimination où les grosses équipes imposent leur rythme pour essorer le peloton.
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TUDOR MISE SUR ALAPHILIPPE ET HIRSCHI
Julian Alaphilippe sera bien présent cet été sur les routes du Tour. Le Français (33 ans), vainqueur de six étapes sur la Grande Boucle, porteur du maillot jaune à 18 reprises, mais absent l’an passé pour préparer les Jeux Olympiques de Paris, fait partie de la sélection de huit coureurs dévoilée hier par l’équipe suisse Tudor, l’une des trois formations invitées par les organisateurs (avec Total Energies et Uno-X Mobility).
Il en sera le co-leader avec le Suisse Marc Hirschi (26 ans), vainqueur de la 12e étape et du prix de la combativité en 2020, qui fera, lui aussi, son retour sur l’épreuve. Le grimpeur australien Michael Storer (28 ans, 10e du dernier Giro) visera de son côté les étapes de montagne, alors que l’Italien Alberto Dainese (27 ans) tentera de s’illustrer au sprint au côté de l’Autrichien Marco Haller (34 ans).
À 35 ans, l’Italien Matteo Trentin est le plus expérimenté de l’équipe et va prendre part à son huitième Tour de France, fort de trois étapes remportées (en 2013, 2014 et 2019).
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SKJELMOSE D’ATTAQUE AVEC LIDL-TREK
Absent du Critérium du Dauphiné puis du Tour de Suisse en raison d’une infection à l’estomac, Mattias Skjelmose fait partie de l’équipe dévoilée par Lidl-Trek, hier, pour participer à la Grande Boucle. Le Danois (24 ans) n’a couru qu’une fois depuis la fin des classiques ardennaises, le 22 juin sur l’Andorra MoraBanc Classica, qu’il a remportée.
Cinquième de la dernière Vuelta, il jouera le classement général. Autour de lui, l’équipe américaine semble taillée pour disputer des victoires d’étapes, avec notamment le sprinteur italien Jonathan Milan. À 24 ans, le quadruple vainqueur d’étapes sur le Giro (2023 et 2024) va se présenter pour la première fois sur le Tour de France et sera, avec ses sept victoires cette saison, l’un des favoris sur les étapes de plat. Il sera accompagné par son poisson pilote compatriote Simone Consonni (30 ans). Autre débutant sur la route du Tour, le Belge Thibau Nys (22 ans, champion d’Europe de cyclo-cross), 5e de Liège-Bastogne-Liège cette année, qui a glané plusieurs succès l’an passé.
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MARTINEZ AURA SA CHANCE AVEC BAHRAIN-VICTORIOUS
L'équipe bahreïnie est bien armée pour jouer les victoires d’étape, notamment avec son grimpeur de poche français, Lenny Martinez (1,68 m). Le jeune transfuge de Groupama FDJ (21 ans), qui disputera son deuxième Tour, aura sa chance en échappée, comme le Slovène Matej Mohoric (30 ans) et le Britannique Fred Wright (26 ans). Le Colombien Santiago Buitrago (25 ans) tentera d’accrocher un top 10 au général, comme l’année dernière (10e). Il sera accompagné par l’Australien Jack Haig (31 ans) en montagne, tandis que l’Allemand Phil Bauhaus (30 ans) sera le sprinteur attitré.
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