Euro de basket - Zaccharie Risacher, l’héritier prend du ballon
Zaccharie Risacher et ses 2,03 m à Paris, le 27 juillet.
L’ailier français des Atlanta Hawks est une des attractions de la compétition qui débute ce mercredi en Pologne. A 20 ans, il s’inscrit dans les pas de son père, Stéphane, aux 124 matchs avec les Bleus.
27 Aug 2025 - Libération
Par THÉO QUINTARD
PHOTO FRÉDÉRIC STUCIN
Temps maussade sur Paris, ciel bleunoir. Les chaussures de Zaccharie Risacher, elles, sont blanches. Dans le clairobscur, le nouveau prodige du basket français né en 2005 absorbe toute la lumière –Michael Jordan placardé sur son tee-shirt. «C’est l’un des deux seuls outfits que j’ai pris pour l’équipe de France», marmonne-t-il, s’excusant presque. Lové dans un fauteuil au sommet du luxueux hôtel où réside l’équipe de France en cette fin juillet, le jeune basketteur de 2,03 m a le teint encore hâlé. Ses vacances martiniquaises semblent l’avoir requinqué après avoir vécu «l’année la plus folle de [sa] vie».
Eté 2024 : l’ancien ailier de Bourg-en-Bresse est appelé en premier choix par les Hawks d’Atlanta lors de la draft NBA, cette grand-messe annuelle où les franchises se répartissent les meilleurs jeunes. Cocorico : nouveau sacre pour le basket français, un an à peine après Victor Wembanyama. Eté 2025, rebelote : le natif de Malaga (Espagne) convainc le nouveau chef d’orchestre des Bleus, Frédéric Fauthoux – par ailleurs son ancien coach dans l’Ain –, de lui donner sa chance pour l’EuroBasket, qui débute ce mercredi. Première grande compétition internationale, premiers frissons bleus espérés à Katowice (Pologne) et Riga (Lettonie).
«VERSION 8.0 DU JOUEUR QUE J’ÉTAIS»
Chef de file cette génération 2005 et parmi les plus jeunes membres de l’escouade tricolore, Zaccharie Risacher «fera partie des joueurs qui porteront l’équipe de France pendant une grosse décennie», nous chuchotait dernièrement Nicolas Batum, rappelant qu’«il a l’avenir devant lui et tout pour réussir». Parole de «vétéran» NBA et d’ancien capitaine des Bleus. Zaccharie Risacher, lui, préfère avancer sans bruit. Pas de grandes déclarations, encore moins de promesses en l’air. Un rêve toutefois qu’il assume à demi-mot: l’or olympique à Los Angeles en 2028, sans brûler les étapes. «Il ne faut pas aller trop vite, au risque de se perdre», glisse-t-il, stoïque comme un vieux sage dans un corps de rookie. Pour lui, l’enjeu est ailleurs : bâtir «un nouvel ADN pour l’équipe de France» et prouver que sa génération peut contester la suprématie de Team USA et ses «Avengers».
Il parle à mots choisis. Car chez lui, le basket est une affaire sérieuse, celle d’une vie. Tout le monde dans sa famille gravite autour de cet univers. La mère, Sandrine de son prénom, travaille dans la production télé des matchs de basket. La soeur, Aïnhoa, récompensée d’un premier contrat pro à tout juste 18 ans, a déjà disputé des matchs de Coupe d’Europe à l’Asvel, club présidé par Tony Parker. Le père, Stéphane, possède un CV encore plus impressionnant : 124 sélections sous la tunique bleue et une médaille d’argent aux JO de Sydney en 2000. Cette breloque, Zaccharie dit l’avoir «longtemps regardée avec des étoiles dans les yeux». Ce temps est révolu : il aspire désormais «à faire encore mieux» que son père. Qui tient à saluer l’évolution de «Zacch», non sans une once de fierté: «Il est plus grand et plus puissant: c’est une version 8.0 du joueur que j’étais.» Esthète du ballon et athlète accompli, Zaccharie Risacher «est la photographie parfaite du joueur moderne», selon son entraîneur individuel, Anthony Brossard. Il se distingue par sa capacité à défendre fort et à tirer à 3 points.
RÉPUTATION DE GENTIL GARÇON
De son côté, le principal intéressé reconnaît, comme la plupart des enfants, s’être «beaucoup inspiré» de son père. Sauf qu’à la différence des autres, il a dû composer avec une étiquette tenace : celle de «fils de». «On m’en parlait dès que je mettais un pied dans une salle», soupire-t-il. Sur le fond d’écran de son téléphone, une photo père-fils témoigne de cette complicité. Longtemps «mal à l’aise» avec cet héritage «imposant», il a compris que ce sport pouvait aussi être le sien: «J’avais envie de me l’approprier, de construire ma propre voie.» La draft a changé la donne. Du jour au lendemain, tout a basculé. Ses réseaux sociaux s’affolent. Il se fait arrêter pour son prénom et plus pour son nom de famille. Malgré un contrat sur quatre ans de 57 millions de dollars (48,9 millions d’euros), il ne rechigne pas au jeu des photos et des autographes. «Avoir un maillot NBA sur les épaules, ça change tout. Même pour des personnes que je connais depuis petit. On ne m’avait jamais rien demandé alors que je suis exactement le même qu’à mes 9 ans», raconte-t-il. Désormais reconnu par le grand public, il entend se servir de son statut de joueur NBA pour dépasser le cadre du basket et devenir «une source d’inspiration et de positivité», auprès des jeunes. «Ce n’est pas un devoir mais plutôt une chance d’avoir ce pouvoir de toucher tant de monde autour de moi», déroule-t-il. Conscient que de futurs Zaccharie Risacher vibrent déjà au rythme de ses prouesses, il ne veut pas les décevoir. «De toute façon, je ne suis pas quelqu’un de très influençable, lâche-t-il. Je me soumets rarement à la norme.»
Il affiche son sérieux, pas du genre à se laisser distraire par les néons d’Atlanta, métropole tentaculaire où les strip-clubs font office de patrimoine local. Zaccharie Risacher préfère visiter le musée Martin-Luther-King ou plonger dans un bouquin d’histoire, voire dans les Damnés de la Terre de Franz Fanon, son livre préféré. «Très tôt, il a su construire son univers, ses ambitions», glisse son père, qui le perçoit comme «éclectique» avec une «personnalité forte et équilibrée», loin des critiques sur son manque de répondant et sa réputation de gentil garçon. Son coach individuel et grand frère spirituel, Anthony Brossard, appuie : «C’est monsieur Tout-le-Monde avec des qualités hors norme.» A lui d’en faire l’étalage ces prochaines semaines sur les parquets de l’Euro.
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