Il a été l'élève attentif de Bernard Hinault dans l'équi- pe Renault-Gitane. Ensuite, il a été leader de l'équipe System U, puis de Super U, de Castorama et enfin d'une équipe italienne. Il a enlevé dix étapes du Tour de France. Talentueux mais fragile, c'est de Laurent Fignon dont on parle.
Blond mais le cheveu raide, des lunettes cerclées lui don- nant des airs de héros de bande dessinée, de celle précisément de Cabu intitulée Le Grand Duduche, Laurent Fignon est entré dans le cyclisme en laissant l'impression d'en réinventer toutes les données et toutes les concep- tions. Équipier de Bernard Hinault, il a magnifiquement exploité le forfait de son leader pour gagner le Tour de France 1983 à la stupéfaction générale. Enfin presque, puisque le Miroir du cyclisme, persuadé de ses possibilités après sa prestation en Espagne, dans la Vuelta, où il avait porté « le Blaireau » à la victoire, s'était assuré l'exclusivité de ses déclarations douze jours avant le départ du Tour de France! Inoubliable, la tête qu'il fit quand on lui demanda cette collaboration : « Vous êtes dingues », répéta-t-il à trois reprises. En réalité, malgré les spécificités de la jeunesse des années 1980, Laurent Fignon n'est pas un coureur différent des autres. Comme Coppi, comme Bobet, comme Merckx ou comme Hinault, il est aussi un homme fragile, friable même, quand l'adversité vient se mettre en travers de sa jeunesse triomphante et éclabousse quelque peu l'image que les foules se font de lui et qu'on n'accepte que rayonnante, superbe, immaculée.
Transcendé et transformé par son premier succès en 1983, il récidiva l'année suivante, avec le maillot tricolore de champion de France sur les épaules, et domina tellement son sujet que les mémoires des suiveurs, disons expéri- mentés, et des anciens coureurs, se ravivaient pour cher- cher des comparaisons, et d'aucuns finissaient même par se convaincre que jamais, au grand jamais, ils n'avaient vu quelqu'un surclasser à tel point ses adversaires, s'en aller avec une telle aisance et laisser une telle impression de faci- lité. Le spectacle apparaissait à tel point fantastique que le seul à tenter de s'opposer à cette << béatification » d'un champion, n'était autre que Bernard Hinault, déjà quatre fois vainqueur du Tour et que l'on annonçait comme venu dans le but d'égaler Merckx et Anquetil dans les annales et l'emporter une cinquième fois. Ce Tour de France, il avoua que, après avoir effectivement gagné un cinquième titre en 1985, c'était le plus beau qu'il avait accompli parce que cette deuxième place de 1984 il l'avait conquise au <«< courage », comme on dit en jargon de coursiers, et que jamais il n'avait autant souffert sur un vélo, son calvaire étant quotidien. Cela n'enlève rien à la manière dont il construisit sa victoire car il le fit indépendamment des lui-même et contre lui-même ! autres, pour lui-même, par Par contre, cela influença les médias, qui - c'est un avis, une opinion - entraînèrent Laurent dans une spirale du succès qui ne pouvait que cesser de l'aspirer dès que le moindre aléa surviendrait. Dans un premier temps, cela amena le banlieusard parisien à sa passionner plus pour son image que pour son métier. À la façon de trop d'artis- tes du show business, on le vit se mettre à jouer l'homme d'affaires. Mais à la façon curieuse des artistes de variété ou de cinéma qui ont tendance à s'imaginer faire des affaires parce qu'ils dépensent tout ce qu'ils ont gagné sur les scè- nes ou les plateaux dans des investissements qui ne man- quent pas de révéler par la suite de véritables gouffres. On le vit aussi beaucoup trop dans ces lieux à la mode, sur les écrans de télévision et devant les micros, confondre allé- grement son image propre avec celle que ses seuls résultats sur les routes étaient susceptibles de préserver... Et quand le pépin survint, sous forme d'une opération a priori béni- gne, le ressort, s'il n'était pas cassé, n'en était pas moins fortement distendu. Trois années de doute avec quelques éclairs de génie, tel le succès dans la Flèche Wallonne en 1986 ou de superbes succès d'étapes dans Paris-Nice en 1987 et même une bien belle étape dans le Tour de France la même année, laissant à chaque fois l'impression d'être redevenu celui qu'il avait été, voire de n'avoir réellement jamais cessé de l'être.
« C'est dans la tête », répétait-il.
« C'est un problème de motivation », renchérissaient ses mentors.
Et tous avaient sans doute raison. Le vélo est à tel point tyrannique qu'il n'exige pas que du seul organisme, il veut tout aussi de l'esprit. « C'est un voleur d'âme »>, comme l'écrivait un jour un coureur dont la discrétion nous oblige à taire le nom, à une jeune femme qu'il sacrifiait sur l'autel du cyclisme.
Le bon chemin, celui du métier de coureur professionnel s'entend, Laurent semble l'avoir retrouvé dans l'hiver 1987-1988. Non seulement la stabilité dans son foyer où est venu un fils lui a beaucoup apporté, mais encore il s'est débarrassé, avec sans doute plus de pertes que de fracas, de ses soucis d'affaires. C'est l'âme, non pas sereine, car cela n'est pas sa nature, qu'il a repris l'entraînement, mais au moins allégée de ces drageons qui empêchent toute plante, même très saine, de pousser. Sa victoire dans Milan-San Remo est révélatrice de son nouvel état d'esprit. Alors, on peut se reprendre à rêver. Sur le plan des résultats s'entend. Et l'année 1989 nous montre à quel point on ne s'était pas trompé sur les nouvelles ambitions du champion. Il réci- dive dans Milan-San Remo pour débuter et montrer cette fois qu'il est vraiment revenu au niveau qui était le sien. Un niveau dont on ne doutait pas qu'il puisse le porter vers de nouveaux sommets; et ce furent d'abord ceux du Giro qu'il remporte brillamment. Se présente alors le Tour de France dont il ne cache pas son désir de l'enlever une troisième fois. Ce qui aurait bien pu se passer si le nouveau directeur du Tour de France, en remplacement de Jacques Goddet, Jean-Marie Leblanc, n'avait eu l'idée de clore sur un contre-la-montre. Le 23 juillet 1989, Laurent Fignon habillé du maillot jaune s'élance de Versailles pour un contre-la-montre de 24 kilomètres, avec cinquante secondes d'avance sur son dauphin au classement général. À l'arrivée toutefois, il comptait, malgré un effort constant autant que violent, huit secondes de retard sur Greg LeMond. Il ne gagnerait plus jamais un troisième Tour de France, mais il avait démontré à tous, et particulièrement à ses détracteurs qu'il était un vrai, un grand, un beau champion. Il termina la saison avec l'étiquette de numéro un mondial, qui, en aucun cas, ne lui retira l'amertume de ce Tour perdu pour quelques secondes. Les bleus à l'âme qui lui avaient rendu la vie si difficile avec le monde du vélo s'estompèrent alors quelque peu. Seules les grandes victoires atténuent ce genre de sentiments.
Laurent Fignon a finalement mis le vélo de côté en 1993 après une expérience dans une équipe italienne. Onze ans de professionnalisme et autant au haut niveau, il a tout au long de ces années prouvé qu'il méritait d'être élu en douze personnalités du cyclisme, dont Bernard 1998 par Hinault, comme le plus grand champion français après le quintuple vainqueur du Tour de France. C'est vrai qu'avec un peu plus de soixante-dix victoires, il a fait la de son talent.
Sans aucun doute la plus grande désillusion de sa carrière que le final chronométré de 1989 où, victime d'un problème à la selle, il se fait chiper la victoire par LeMond.
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LAUYRENT FIGNON - I dolori dell'anima (*)
È stato l'attento allievo di Bernard Hinault alla Renault-Gitane, poi leader della System U, della Super U, della Castorama e infine di una squadra italiana (la Gatorade, ndr). Ha vinto dieci tappe al Tour de France. Talentuoso ma fragile, stiamo parlando di Laurent Fignon.
Biondo con i capelli lisci, gli occhiali con la montatura che gli conferivano l'aspetto di un eroe dei fumetti, precisamente quello di Cabu intitolato Le Grand Duduche, Laurent Fignon è entrato nel mondo del ciclismo lasciando l'impressione di reinventarne tutti i parametri e ogni concetto. Compagno di squadra di Bernard Hinault, ha saputo sfruttare magnificamente il ritiro del suo leader per vincere il Tour de France 1983, con grande stupore di tutti. O quasi, dato che il Miroir du cyclisme, convinto delle sue possibilità dopo la sua prestazione in Spagna, nella Vuelta, dove aveva portato alla vittoria “le Blaireau”, si era assicurato l'esclusiva delle sue dichiarazioni dodici giorni prima della partenza del Tour de France! Indimenticabile la sua espressione quando gli fu chiesta quella collaborazione: «Siete pazzi», ripeté per tre volte. In realtà, nonostante le specificità della gioventù degli anni '80, Laurent Fignon non è stato un corridore diverso dagli altri. Come Coppi, Bobet, Merckx o Hinault, anche lui era un uomo fragile, persino vulnerabile, quando le avversità si sono frapposte alla sua trionfante giovinezza e in qualche modo ne hanno offuscato l'immagine che il pubblico aveva di lui e che invece si accettava solo radiosa, superba, immacolata.
Trasfigurato e trasformato dal suo primo successo nel 1983, l'anno successivo bissò il successo, stavolta indossando la maglia tricolore di campione di Francia, e dominò al punto che i ricordi dei suiveur, diciamo esperti, e degli ex corridori, si ravvivavano alla ricerca di paragoni, e alcuni finivano persino per convincersi che mai, mai e poi mai, avevano visto qualcuno surclassare così tanto i rispettivi avversari, scattare con tanta disinvoltura e lasciare una tale impressione di facilità. Lo spettacolo appariva talmente fantastico che l'unico a tentare di opporsi a quella “beatificazione” di un campione era stato nientemeno che Bernard Hinault, già quattro volte vincitore del Tour e che si annunciava come venuto con l'obiettivo di eguagliare Merckx e Anquetil negli annali a vincerlo per la quinta volta. In quel Tour de France, ammise che, dopo aver vinto nel 1985 il quinto titolo, quello era stato il più bello che avesse mai conquistato perché il secondo posto del 1984 lo aveva ottenuto con “coraggio”, come si dice nel gergo dei corridori, e che non aveva mai sofferto così tanto su una bicicletta, essendo stata la sua una vera tortura quotidiana. Ciò nulla toglie al modo in cui ha costruito la sua vittoria, perché lo ha fatto indipendentemente dagli altri e contro se stesso! Per se stesso, da solo. D'altra parte, questo ha influenzato i media, che - è un'opinione, un parere - hanno trascinato Laurent in una spirale di successo che non poteva che finire per prosciugarlo non appena si fosse verificato il minimo imprevisto. In un primo momento, questo ha portato il parigino di periferia ad appassionarsi più alla sua immagine che al suo lavoro. Come troppi artisti dello spettacolo, lo si è visto iniziare a recitare la parte dell'uomo d'affari. Ma alla maniera curiosa degli artisti di varietà o del cinema che tendono a immaginarsi di fare affari perché spendono tutto ciò che hanno guadagnato sui palcoscenici o sui set in investimenti che poi si rivelano autentici pozzi senza fondo. Lo vediamo anche troppo spesso in quei luoghi alla moda, sugli schermi televisivi e davanti ai microfoni, confondere allegramente la propria immagine con quella che solo i suoi risultati sulle strade potevano preservare... E quando si verificò il problema, sotto forma di un intervento apparentemente innocuo, la molla, se non era rotta, era comunque fortemente snervata. Tre anni di dubbi con qualche lampo di genio, come il successo nella Freccia Vallone nel 1986 o le splendide vittorie di tappa nella Parigi-Nizza nel 1987 e persino una bellissima tappa al Tour de France nello stesso anno, lasciando ogni volta l'impressione di essere tornato quello che era stato, o addirittura di non aver mai smesso di esserlo.
«È nella testa», ripeteva.
«È un problema di motivazione», aggiungevano i suoi mentori.
E tutti avevano ragione. Il ciclismo è talmente tirannico che non richiede solo il fisico, ma anche la mente. «È un ladro di anime», come scrisse un giorno un corridore, di cui la discrezione ci impone di tacere il nome, a una giovane donna che stava sacrificando sull'altare del ciclismo.
Laurent sembra aver ritrovato la strada giusta, quella della carriera di corridore professionista, nell'inverno 1987-1988. Non solo la stabilità nella sua famiglia, con l'arrivo di un figlio, gli ha dato molto, ma si è anche liberato, con più perdite che danni, delle sue preoccupazioni lavorative. Ed è con l'animo, non sereno, perché non è nella sua natura, ma almeno alleggerito da quei rami secchi che impediscono a qualsiasi pianta, anche molto sana, di crescere, che aveva ripreso gli allenamenti. La sua vittoria nella Milano-Sanremo è rivelatrice del suo nuovo stato d'animo. Quindi, possiamo ricominciare a sognare. In termini di risultati, ovviamente. E il 1989 ci dimostra quanto non ci fossimo sbagliati sulle nuove ambizioni del campione. Ricomincia nella Milano-Sanremo per dimostrare, questa volta, di essere davvero tornato al suo livello. Un livello che non c'erano dubbi potesse portarlo verso nuove vette; e queste furono innanzi tutto quelle del Giro, vinto brillantemente. Poi arriva il Tour de France, che Laurent non nasconde di voler vincere per la terza volta. Ciò che avrebbe potuto accadere se il nuovo direttore del Tour de France, Jean-Marie Leblanc, che sostituiva Jacques Goddet, non avesse avuto l'idea di chiudere con una cronometro. Il 23 luglio 1989, Laurent Fignon, con indosso la maglia gialla, parte da Versailles per una cronometro di 24,5 chilometri, con cinquanta secondi di vantaggio sul secondo nella classifica generale. All'arrivo, tuttavia, nonostante uno sforzo continuo e violento, era in ritardo di otto secondi su Greg LeMond. Non avrebbe mai più vinto un terzo Tour de France, ma aveva dimostrato a tutti, e in particolare ai suoi detrattori, di essere un vero, grande e bellissimo campione. Concluse la stagione con l'etichetta di numero uno al mondo, che però non gli tolse l'amarezza di quel Tour perso per pochi secondi. I dolori ("le ferite dell'anima") che gli avevano reso la vita così difficile nel ciclismo si attenuarono allora un po'. Solo le grandi vittorie attenuano quel tipo di sentimenti.
Laurent Fignon abbandonò definitivamente la bicicletta nel 1993, dopo un'esperienza in una squadra italiana. Undici anni di professionismo e altrettanti ad alto livello: in tutti quegli anni ha dimostrato di meritare di essere eletto tra le dodici personalità del ciclismo del 1998 da Bernard Hinault come il più grande campione francese dopo il cinque volte vincitore del Tour de France. Ed è vero che con poco più di settanta vittorie ha dato prova del suo talento.
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Nel 1984 Laurent Fignon era all'apice della sua arte. Vinse cinque tappe, tra cui quella, piena di brio, a La Plagne, dove tagliò il traguardo da solo e conquistò la sua seconda vittoria al Tour de France.
Nel 1990, Laurent Fignon voleva prendersi la rivincita. Purtroppo, infortunato a un ginocchio e con l'animo afflitto, sarà solo l'ombra di se stesso. Che bel regalo per un appassionato di caccia come Laurent Fignon ricevere in dono un fucile.
La più grande delusione della sua carriera fu il finale a cronometro del 1989, quando,
vittima di un problema al soprassella, si vide soffiare la vittoria da LeMond.
(*) Des bleus à l'âme è il titolo di un libro di Françoise Sagan, pubblicato nel 1972. Si distingue per la sua originalità nel mescolare i generi del romanzo e del saggio.
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LES TEMPS FORTS
TOUR 1983
Bernard Hinault, vainqueur du Tour d'Espagne, ne courra pas le Tour de France. Des problè- mes ligamenteux au genou droit nécessitent une opération. Le Tour est orphelin et, au départ de Fontenay-sous-Bois, il n'y a pas un mais dix ou quinze favoris dont les deux futurs héros, Pascal Simon et Laurent Fignon, sont étrangement absents. Une nouveauté : la pré- sence d'une équipe colombienne conduite par Alfonso Flores et Edgar Corredor.
En dépit de la forte chaleur, le Tour est très animé, file à grande vitesse jusqu'aux Pyré- nées où aucun vainqueur potentiel ne s'est encore dégagé mais Van Impe, Martin, Grezet, Flores, Vallet, ont perdu beaucoup de temps à Roubaix et dans le contre-la-montre de Châteaubriand. L'étape des cols, dont le Tourmalet et l'Aubisque, allait singulièrement cla- rifier les choses: Millar gagnait à Luchon où Pascal Simon endossait le maillot jaune avec 5'34" d'avance sur Laurent Fignon.
Pascal Simon avait vraiment produit une très grosse impression et on devinait en lui un vainqueur potentiel à Paris. Dès le lendemain, c'était le drame, une chute et une clavicule cassée qui le contraignait à abandonner sur la route de l'Alpe d'Huez. Héritant du maillot jaune, Laurent Fignon, transcendé et magnifi- quement épaulé par ses équipiers de chez Renault, allait résister aux grimpeurs dans les Alpes. Inquiété par Winnen et sa garde de « belles bêtes » entre l'Alpe et Morzine, il réussit, avec l'aide extraordinaire de Poisson, Vigneron et Marc Madiot à colmater in extremis la brèche. Sûr de sa victoire à Paris, il voulut y mettre le panache en plus en enlevant le demier contre-la-montre à Dijon. Sur les Champs-Élysées, il précédait l'Espagnol Angel Arroyo de 4'04" et Peter Winnen de 4'09".
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LES TEMPS FORTS
TOUR 1984
Une édition placée sous le signe du duel entre Laurent Fignon, le jeune, et Bernard Hinault, le vieux. Le premier en pleine santé est revê- tu du maillot tricolore de champion de France, le deuxième, convalescent après son opéra- tion est engagé dans une nouvelle aventure aux côtés de Bernard Tapie et, donc, contre Cyrille Guimard. Fignon écrasa littéralement la course dans tous les domaines. Il s'imposa d'abord dans le long contre-la-montre entre Alençon et Le Mans (67 km), prit ses aises dans les Pyrénées où Millar gagna à Guzet- Neige avec sa bénédiction, conforta encore son avantage dans l'ascension contre-la-montre du col de la Ruchère avant de frapper définitivement dans les étapes des Alpes. Dans un premier temps il termina deuxième d'Herrera à l'Alpe d'Huez, ce qui lui donnait le mailot jaune alors porté par son équipier Barteau depuis le cinquième jour à la faveur d'une échappée fleuve qui avait pris plus de dix-sept minutes. Puis, dès le lendemain, il matraquait le Tour en gagnant à La Plagne où Hinault concédait 2'58" et en récidivant à Crans-Montana où le Breton perdait 1'17" supplémentaire. Un Hinault pourtant héroïque qui don- nait tout son piment à la course en attaquant encore et encore, semblant ne jamais renoncer alors que sa condition était des plus précaires et qu'il effectuait tout « au courage », comme on dit dans le jargon du peloton. Fignon remportait encore le chrono de Villefranche, sur 51 kilomètres, mais on dut, fait unique, avoir recours aux dixièmes de seconde pour le départager d'avec Sean Kelly. À Paris, Laurent Fignon précédait Bernard de 10'32" et Greg LeMond, troisième, de 11'46". On pou- vait écrire : « Le passé a vacillé. » On sait quel retour le passé allait faire l'année suivante.
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I MOMENTI SALIENTI
TOUR 1983
Bernard Hinault, vincitore del Giro di Spagna, non partecipa al Tour de France. Problemi ai legamenti del ginocchio destro richiedono un intervento chirurgico. Il Tour è orfano e, alla partenza da Fontenay-sous-Bois, non c'è un unico favorito, ma dieci o quindici, tra cui stranamente non figurano i due futuri idoli, Pascal Simon e Laurent Fignon. Una novità: la presenza di una squadra colombiana, guidata da Alfonso Flores ed Edgar Corredor.
Nonostante il grande caldo, il Tour è molto animato, procede a forte velocità fino ai Pirenei dove nessun potenziale vincitore si è ancora distinto, ma Van Impe, Martin, Grezet, Flores, Vallet hanno perso molto tempo a Roubaix e nella cronometro di Châteaubriand. Il tappone dei passi (pirenaici, ndr), tra cui il Tourmalet e l'Aubisque, chiarì notevolmente le cose: Millar vinse a Luchon, dove Pascal Simon indossò la maglia gialla con 5'34" di vantaggio su Laurent Fignon.
Simon aveva davvero fatto un'ottima impressione e si intuiva in lui un potenziale vincitore a Parigi. Il giorno dopo, però, fu un dramma: una caduta e la frattura di una clavicola lo costrinsero al ritiro sulla strada per l'Alpe d'Huez. Ereditando la maglia gialla, Laurent Fignon, trascinato e magnificamente sostenuto dai suoi compagni di squadra della Renault, resistette agli scalatori sulle Alpi. Preoccupato da Winnen e dalla sua squadra di “belve” tra l'Alpe e Morzine, riuscì, con l'aiuto straordinario di Poisson, Vigneron e Marc Madiot, a colmare il divario all'ultimo momento. Sicuro della sua vittoria a Parigi, volle aggiungere un tocco di classe vincendo l'ultima cronometro a Digione. Sugli Champs-Élysées, precedette lo spagnolo Angel Arroyo di 4'04" e (il neerlandese) Peter Winnen di 4'09”.
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I MOMENTI SALIENTI
TOUR 1984
Un'edizione all'insegna del duello tra Laurent Fignon, il giovane, e Bernard Hinault, il vecchio. Il primo, in perfetta forma, indossa la maglia tricolore di campione di Francia, il secondo, convalescente dopo l'operazione, è impegnato nella nuova avventura al fianco di Bernard Tapie e, quindi, contro (il suo ex diesse) Cyrille Guimard. Fignon dominò la gara in tutti i terreni. Si impone innanzi tutto nella lunga cronometro tra Alençon e Le Mans (67 km), si mette a proprio agio nei Pirenei dove Millar vince a Guzet-Neige con la sua benedizione, consolida ulteriormente il proprio vantaggio nella cronoscalata del Col de la Ruchère prima di colpire definitivamente nelle tappe alpine.
Nella prima parte arriva secondo dietro Herrera all'Alpe d'Huez, conquistando la maglia gialla che era stata indossata dal suo compagno di squadra Barteau dal quinto giorno grazie a una fuga-bidone che aveva guadagnato più di diciassette minuti. Poi, il giorno dopo, domina vincendo a La Plagne, dove Hinault ha concesso 2'58“, e ripetendosi a Crans-Montana, dove il bretone perde altri 1'17”.
Hinault è comunque eroico, rendendo la gara ancora più avvincente con continui attacchi, senza mai sembrare arrendersi nonostante le sue precarie condizioni fossero e andando avanti solo “a forza di coraggio”, come si dice nel gergo del gruppo. Fignon vinse anche la cronometro di Villefranche, su 51 chilometri, ma, fatto più unico che raro, fu necessario ricorrere ai decimi di secondo per decidere la sua vittoria su Sean Kelly. A Parigi, Laurent Fignon precede Bernard di 10'32“ e Greg LeMond, terzo, di 11'46”. Si poteva scrivere: "Il passato ha vacillato. » E sappiamo quale ritorno il passato avrebbe fatto l'anno successivo.
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