De symbole « de la lose » à « capitaine courage » : comment Marquinhos est devenu une légende


FRANCO ARLAND/GETTY Images via AFP
Marquinhos (ici, lors du match de Ligue des champions face au Bayern Munich, le 4 novembre) aspire à conquérir un deuxième titre européen consécutif avec le Paris SG : « il faut toujours avoir faim et vouloir 
continuer à marquer l’histoire. »


26 Nov 2025 - Le Figaro
Christophe Remise

Au Paris SG depuis 2013, le défenseur brésilien a tout vu, tout connu, les pires échecs comme les plus grands triomphes. Il devrait disputer ce mercredi en Ligue des champions, face à Tottenham, son 500e match en Rouge et Bleu.

« Il a longtemps symbolisé le PSG des années maudites en C1. (...) J’étais même partisan d’un départ pour faire table rase d’un passé trop encombrant. Au final, il est resté, s’est accroché. C’est le dernier des Mohicans ! Jusqu’à l’apothéose » 
   - Vincent, un supporter parisien

« Il a toujours défendu le club, ses partenaires, l’équipe. Et ça, c’est un vrai capitaine, capable de mettre son ego ou sa peine de côté pour protéger les autres. Et aujourd’hui, il l’a aussi dans le sens de la transmission » 
   - Christophe Jallet consultant de Canal+ et ancien coéquipier de Marquinhos au PSG

Quelque part, ce n’est qu’un chiffre. Mais celui-ci, il parle, il porte, il dit énormément de Marquinhos. 500, comme le nombre de matchs de l’international brésilien avec le PSG, s’il est aligné contre Tottenham ce mercredi (21 h, Canal+), au Parc des Princes, lors de la cinquième journée de Ligue des champions. Un total « impressionnant, énorme, surtout à Paris », jure l’ex-défenseur parisien Greg Paisley, consultant pour bein Sports.

Le record de matchs sous les couleurs parisiennes, « Marqui » l’avait déjà battu l’an dernier en doublant Jean-Marc Pilorget (435 matchs). Cette fois, ce n’est que du symbole. Et c’est fort. Surtout pour un joueur qui a longtemps symbolisé les échecs du PSG d’avant, celui qui avait pour (mauvaise) habitude de décevoir en Europe et d’empiler les stars, sans penser au jeu finalement. Recruté en 2013 après une saison à la Roma, Marquinhos n’a rien lâché. Il est resté. Il s’est accroché. Et à jamais, il restera comme le premier capitaine parisien à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles. Le Graal.

« On a marqué l’histoire, c’est bien, on a fait quelque chose d’énorme. Mais il faut toujours avoir faim et vouloir continuer à marquer l’histoire », martelait l’intéressé en septembre. Pas rassasié, Marquinhos, qu’on avait vu fondre en larmes après le sacre en C1 contre l’inter, le 31 mai à Munich. Et d’ajouter : «Quand tu as goûté à un sacre en C1, tu ne veux pas revivre les défaites… »

En attendant, Marquinhos a autant marqué l’histoire que les esprits. La preuve en chiffres. 500 matchs disputés ce mercredi soir, on l’a dit. Dont 317 en Ligue 1 et 109 en C1. 42 buts marqués (avant d’affronter Tottenham), record parisien pour un défenseur. 35 trophées remportés, un autre sommet maison, dont dix de champion de France, ce qui représente un record national. Capitaine depuis 2020 et le départ de son mentor Thiago Silva, il n’est pas près d’être rattrapé ni dépassé dans ces domaines. Avec 147 matchs à 19 ans, Warren Zaïre-Emery peut rêver.

Une légende? Pas de doute chez les supporteurs, à l’image de Vincent, 42 ans : « Il a longtemps symbolisé le PSG des années maudites en C1. Il était marqué au fer rouge par la "lose", comme (Marco) Verratti ou Thiago Silva. J’étais même partisan d’un départ pour faire table rase d’un passé trop encombrant. Au final, il est resté, s’est accroché. C’est le dernier des Mohicans ! Jusqu’à l’apothéose. Cette abnégation, son amour du club, ce cap XXL et symbolique des 500 matchs sous le maillot parisien et cette Ligue des champions soulevée comme capitaine, ça fait forcément de lui une légende du PSG. »

Plus de mesure chez Julien, 43 ans et ancien d’auteuil. «J’ai du mal avec ce statut de légende que certains attribuent, même à Verratti. C’est un top joueur. Notre capitaine courage. Mais dans 10 ans, les gens se souviendront plus de Dembélé ou Hakimi après la saison dernière », jure-t-il. «Pour moi, c’est une légende du club par sa longévité, mais peut-être pas autant que (Ángel) Di María ou Thiago Silva, un cran au-dessus en termes de niveau, décrypte Florent, 44 ans. C’est un modèle de résilience et de ténacité. À ce titre, j’ai été très heureux de le voir soulever la C1 car il a été de toutes les déceptions et aucun autre joueur, à part peut-être Kimpembe, ne méritait plus de goûter à ce bonheur ».

Un dernier point qui touche en plein dans le mille. «J’ai tellement de respect pour lui, de complicité que j’avais envie que ça se passe bien la saison dernière, abonde le consultant de Canal+ Christophe Jallet, son ancien coéquipier au PSG. Pas que pour lui, mais c’était le petit plus qu’il puisse être récompensé après avoir autant donné. Quand on le voit tout lâcher, pleurer, qu’on entend ses mots après la finale contre l’inter (5-0), ce n’est pas du fake ».

Greg Paisley est sur la même ligne, élogieux pour évoquer la « légende » Marquinhos. «Nombre de matchs, de trophées ; la qualité du joueur, du personnage… il fait l’unanimité. Pour l’avoir croisé à quelques occasions, c’est un bon mec. Celui qui dit que ce n’est pas une légende, c’est un menteur », assène-t-il au sujet de celui qui « a gagné, perdu et tout vécu » à Paris.

Comment le natif de São Paulo, papa de trois enfants avec son épouse Carol Cabrino, s’est-il élevé à ce rang? Déjà par ses qualités de défenseur central, cela va sans dire. Même s’il a fait quelques piges à droite à ses débuts et que Thomas Tuchel l’a testé au milieu. « Sa qualité en tant que défenseur et avec le ballon, c’est top », résume Luis Enrique, qui espère le voir «rester longtemps »à Paris. Un défenseur « complet », dixit Greg Paisley et, surtout, un « joueur fiable. Au-delà des qualités pures, il y a l’attitude, la mentalité, l’état d’esprit, et bien sûr la fiabilité physiquement. À partir de là, tu peux faire du chemin ».

Et quel chemin… Tout n’a toutefois pas été si simple. Déjà parce que « Marqui » a dû faire face à la concurrence de ses compatriotes Thiago Silva et Alex en arrivant sur les bords de la Seine, David Luiz ensuite. Mais aussi et surtout en raison des multiples désillusions européennes auxquelles il a participé. Parfois en tant que victime, parfois comme auteur, à l’image de la débâcle face au Real en 2022. Pour lui, il y a un avant et un après Madrid.

Marquinhos a mis un moment à s’en relever. « C’est le résultat d’une accumulation de désillusions, analyse Paisley. Je pense qu’il n’était pas loin du ras-le-bol. Si, à cette période-là, on m’avait dit que Marqui pensait peut-être partir, je l’aurais compris. Mais bon, la donne a changé et je suis tellement content pour lui. » Jallet confirme la théorie de l’accumulation : «Quand on prend autant de coups, ce n’est pas simple. Il a été stigmatisé, ce n’était pas forcément justifié, mais c’était un peu le symbole de ce PSG qui n’y arrive pas ».

Et le voilà désormais, à 31 ans, en guide du PSG qui y arrive, même si le Brésilien (103 sélections, 7 buts) a «un peu perdu en vitesse», dixit Greg Paisley, et qu’il peut encore « se trouer », comme face au Bayern Munich (1-2). N’empêche, la charnière qu’il forme avec Willian Pacho, c’est fort. Duo parfaitement complémentaire. L’arrivée de l’équatorien, en 2024, n’est d’ailleurs pas pour rien dans son retour au top.

«Si tes partenaires sont là pour t’aider, ça permet de remonter la pente. Je pense que c’est ce qui s’est passé pour lui avec l’arrivée de Pacho. En plus, on sait que Marqui est beaucoup dans l’émotion. Dès qu’il est un petit peu moins bien à ce niveau-là, il y a une influence sur ses performances », souligne Paisley. Jallet ajoute que les deux joueurs ont profité l’un de l’autre et de leur association : « Marquinhos a énormément appris aux côtés de Thiago Silva et d’Alex. Il y a une de transmission du savoir, de l’expérience, de la justesse. Marquinhos a appris auprès de ses compatriotes brésiliens, qui l’ont mis dans le grand bain. Et je pense que lui a su transmettre ça aussi à Pacho ».

Une expérience que Marquinhos se plaît à diffuser à tous. On a pu douter de ses qualités de capitaine. C’est oublié. Un grand frère. Même auprès de son rival Illya Zabarnyi, recruté cet été pour 64 M€ et à qui il a donné sa médaille après la Supercoupe d’europe face aux Spurs (2-2, 4-3 tab). «Tu le sens animé par une mission, l’envie de transmettre le flambeau. Il est vraiment là pour les autres, pas pour sa gueule. Le don de soi, les bonnes valeurs… Il est en adéquation complète avec ce que veut incarner le club », note Greg Paisley.

« Il a toujours été comme ça, tourné vers les autres. Il ne s’est jamais caché, malgré les échecs et les difficultés. S’il y a une chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est bien ça. Il n’a jamais enfoncé personne. Il a toujours défendu le club, ses partenaires, l’équipe. Et ça, c’est un vrai capitaine, capable de mettre son ego ou sa peine de côté pour protéger les autres. Et aujourd’hui, il l’a aussi dans le sens de la transmission », souligne l’ancien Bleu Christophe Jallet.

Ce dernier se souvient des premiers pas de Marquinhos, en 2013 : « C’était un gamin. On le connaissait peu et ça a été une très bonne surprise, dès le début, de voir la qualité de son investissement. Bien sûr, il y avait des choses à faire, c’était un jeune joueur. Mais on sentait qu’il y avait un gros potentiel ».

Et d’ajouter : «Discret à ses débuts? Oui, mais avec de la personnalité. Et il avait la volonté de s’intégrer rapidement. L’arrivée de Lucas (Moura) lui a permis vraiment de s’épanouir à Paris. Ils étaient sur la même longueur d’onde, ils ont appris le français ensemble, avec les mêmes codes de jeunes joueurs, les mêmes conneries à dire (rires)». En se replongeant dans ses souvenirs, Jallet n’est finalement «pas spécialement surpris» de la trajectoire de «Marqui» : «C’est toujours une réussite quand on voit quelqu’un qu’on a connu au tout début devenir un tel fer de lance, un joueur incontournable ».

Reste à Marquinhos de continuer sur cette lancée… le plus longtemps possible. « Maintenant, ce n’est que du bonus pour lui. Il sera toujours à la disposition du club, c’est sa mentalité», glisse Greg Paisley. Sa place dans l’histoire du club de la capitale est déjà scellée, par les chiffres et le reste. Mais allez savoir, il reste peut-être encore de très belles pages à écrire.

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