SE REVOIR LÀ-HAUT


MILAN PAR CHAOS

Alors que Jonathan Milan a remporté un sprint chaotique perturbé par une chute sous la flamme rouge, la montagne est de retour, aujourd’hui, avec l’ascension finale du col de la Loze, où le Maillot Jaune Tadej Pogacar voudra effacer l’ardoise de 2023 face à Jonas Vingegaard

24 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

VALENCE – Il ne reste que 618 km jusqu’à Paris, mais ils vont désormais paraître bien longs pour les sprinteurs, à qui le Tour de France ne promet plus qu’une série de calvaires. Une traversée des Alpes toujours pénible quand on a des cuissots d’une circonférence supérieure à celle d’un volatile, une étape pour puncheurs, samedi, où ils ne seront pas beaucoup plus à la fête, et une torture finale, celle d’être invités sur les Champs-Élysées mais juste pour se faire malmener à la maison, avec pour perspective de mourir dans la butte Montmartre sous les banderilles de tous ceux qui voudront leur faire la peau.

Il y a deux ans lors de la 17e étape du Tour de France, Jonas Vingegaard, alors Maillot Jaune, avait assommé son principal rival, Tadej Pogacar, sur les pentes du col de la Loze.

Il va en falloir du courage ce matin à Vif, au pied du Glandon, de la Madeleine et du col de la Loze, pour se lancer dans cet enfer juste pour la beauté de finir un Tour de France, 171 km et 5450 m de dénivelé positif où la question du sens de la vie va s’inviter dans les boîtes crâniennes, où les buvettes et les tentes qui fument sur le bord des routes seront autant de tentations et de portes de sortie, pour tout plaquer et juste balancer son vélo dans un ravin.

Rien n’a été donné aux sprinteurs dans ce Tour de France, eux qui n’ont eu que cinq étapes pour briller, et même celle d’hier vers Valence a été acharnée. Elle était présentée comme la dernière puisqu’une majorité, les intéressés inclus, semble désormais convaincue qu’ils ne survivront pas aux trois passages dans la rue Lepic, surtout en bout de Tour de France. On aurait pu penser qu’entre le Ventoux et le diptyque alpestre, une trêve serait décrétée, qu’on laisserait les grosses cuisses s’expliquer entre elles, eh bien non, chacun y est allé de son petit croche-pied pour tenter de les tanner.

Ineos, Abrahamsen et la pluie ont contrarié les plans des sprinteurs

Il y eut le coup des Ineos, à 95 km de l’arrivée, dans le col du Pertuis, qui décidèrent de briser le ronronnement de l’étape pour mettre en difficulté les équipes des bolides, et aussi bien Jonathan Milan que Tim Merlier, les deux favoris du jour, furent un temps piégés, éjectés, et durent s’employer pendant une vingtaine de bornes pour parvenir à recoller. Puis la météo s’en mêla, puisque la pluie à l’approche de Valence désorganisa la chasse derrière l’échappée de quatre – Quentin Pacher, Mathieu Burgaudeau, Jonas Abraham sen, Vincenzo Albanese –, qui augmentait sa résistance, avec encore 45” d’avance à 25 km de l’arrivée alors que leur matelas n’avait jamais été très épais.

Derrière, on voyait d’ailleurs que les formations de sprinteurs avaient pour la plupart perdu le manche, remplacées en tête de peloton par les cerbères des favoris du général, qui les protégeaient des pièges sous la drache, notamment avec quelques ronds-points à traverser. Ce découpeur de bitume d’Abrahamsen mit encore tout le monde sous tension en partant seul à 12 km du terme et après tous ces efforts, une fois la tronçonneuse norvégienne rangée dans l’appentis huit bornes plus loin, beaucoup des sprinteurs n’eurent même pas la chance de disputer le sprint, fauchés ou ralentis par un gros gadin sous la flamme rouge, causé par un accrochage entre Cyril Barthe et Pavel Bittner, qui envoya pas mal de monde glisser sur la chaussée détrempée, Biniam Girmay, Carlos Rodriguez, Hugo Page…. Tim Merlier ne chuta pas, mais il fut suffisamment freiné pour ne pas pouvoir défendre ses chances, alors que Milan était passé d’un cheveu, bien accroché à la roue de Jasper Stuyven ( voir page 12).

Le gros coup de Milan pour le maillot vert

L’Italien n’avait plus qu’à régler un groupe d’une dizaine de coureurs, pas insurmontable pour un sprinteur de son rang, même si Jordi Meeus (2e) le mit en joue mais commit l’erreur de ne pas lancer le premier, alors que Tobias Lund Andresen décrochait une jolie 3e place. À l’image de Stuyven, Milan pouvait remercier son équipe, qui lui a offert un voyage en première classe malgré les turbulences. Les Lidl-Trek ont ainsi bien serré les rangs au moment de la crise du Pertuis, avec un Quinn Simmons phénoménal, qui depuis le groupe Maillot Jaune a tout contrôlé, ralenti le rythme quand il le pouvait pour faire tomber l’écart avec son leader largué, alpaguéto us ceux qui tentaient d’en profiter pour se faire la malle, un shérif au look de hors-la-loi, sa tignasse blonde au vent, la bannière étoilée sur les épaules.

Milan a donc remporté sa deuxième victoire de ce Tour de France, il a égalisé face à Merlier dans cette édition, mais il a à chaque fois gagné quand le Belge n’était pas dans le sprint face à lui, au contraire de ce dernier, ce qui nous oblige à donner un léger avantage au champion d’Europe mais surtout à écrire notre frustration de ne pas avoir pu jauger les deux au coude à coude plus souvent.

Milan n’aura pas les arrièrepensées de ceux de sa caste ce matin, au pied des Alpes, car il a le maillot vert sur le paletot et c’est une magnifique raison de pousser jusqu’aux Champs-Élysées. Il l’a bien renforcé hier, d’une soixantaine de points, et il n’a plus que deux obstacles à franchir: entrer dans les délais en montagne et Tadej Pogacar, son seul adversaire pour la tunique, qu’il domine de 72 points et qui a a priori d’autres batailles à mener.

Pogacar à nouveau sur la défensive ou revanchard ?

Le Slovène se dit entièrement focalisé sur le Maillot Jaune, sur sa victoire dans le Tour de France, mais il ne peut pas ignorer que le combat qu’ ilv amener aujourd’ hui va convoque r les fantômesd’ il y a deux ans. L’ ascension finale du col de la Loze se fera par l’autre versant, c’est un brin dommage, mais c’est tout de même par là qu’en 2023, Pogacar avait capitulé face à Jonas Vingegaard, au lendemain de la débâcle du chrono de Combloux, une seconde abdication, un Waterloo, et surtout un rare aveu public de faiblesse, de défaite, puisqu’on l’avait entendu dire à sa radio: «Je suis mort.» À l’is-sue de l’étape, il avait ainsi concédé 5’45” à son rival danois.

Avec plus de quatre minutes de débours au général, les regards sont braqués sur Vingegaard, sur ses Visma, dans l’attente de savoir ce qu’ils vont pouvoir inventer pour au moins essayer de bousculer leur rival, mais en réalité, c’est avant tout le jour du champion du monde. Un jour à ressortir de sa coquille alors qu’il se recroqueville dans une attitude défensive depuis la raclée d’Hautacam, d’autant plus qu’il a loupé le rendez-vous du Ventoux, car gagner en jaune làhaut était une opportunité qui s’offre à tellement peu d’élus et il n’est pas sûr qu’elle se représentera.

Il n’est pas impossible qu’une revanche personnelle motive davantage le Maillot Jaune que la «grande» histoire du Tour, effacer les défaites passées a toujours été un de ses ressorts, mais en tout cas, c’est l’heure de coudre un peu plus de prestige à ce quatrième sacre qui l’attend à Paris dimanche. L’heure de mettre des paillettes sur sa cape dorée.

***

CI VEDIAMO LASSÙ

24 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

MILAN PER CAOS

Mentre Jonathan Milan vince una caotica volata spezzata da una caduta sotto la flamme rouge, oggi tornano le montagne con l'ascesa finale del Col de la Loze, dove la maglia gialla Tadej Pogacar spera di cancellare l'oblio del 2023 contro Jonas Vingegaard

VALENCE - Mancano solo 618 km a Parigi, ma sembreranno lunghissimi per i velocisti, per i quali il Tour de France non promette altro che una serie di calvari. Una traversata delle Alpi che è sempre dolorosa persino per chi ha cosce della circonferenza di un uccello; una tappa per puncheur sabato, nella quale non ci sarà più molto da festeggiare; e la tortura finale di essere invitati sugli Champs-Élysées ma solo per essere sbranati a casa, con la prospettiva di morire sulla Butte Montmartre sotto le banderillas di tutti quelli che vogliono farli fuori.

Due anni fa, nella 17a tappa del Tour de France, Jonas Vingegaard, allora in maglia gialla, mise al tappeto il suo principale rivale, Tadej Pogacar, sulle pendici del Col de la Loze.
Ci vorrà molto coraggio stamattina a Vif, ai piedi del Glandon, della Madeleine e del Col de la Loze, per gettarsi in questo inferno solo per la bellezza di finire un Tour de France, 171 km con 5450 m di dislivello, dove la domanda sul senso della vita farà capolino, dove i ristori e le tende fumanti ai bordi della strada saranno tante tentazioni e vie di fuga, per mollare tutto e buttare la bici in un burrone.

In questo Tour de France poco o nulla è stato concesso ai velocisti, che hanno avuto solo cinque frazioni per brillare, e anche quella di ieri a Valence è stata feroce. È stata definita l'ultima tappa perché la maggior parte dei corridori, compresi quelli coinvolti, sembra ormai convinta di non riuscire a sopravvivere ai tre passaggi attraverso la rue Lepic, soprattutto alla fine del Tour de France. Si sarebbe potuto pensare che tra il Ventoux e il dittico alpino sarebbe stata dichiarata una tregua, che i "cosce grosse" sarebbero stati lasciati a spiegarsi tra loro, ma no, ognuno ha avuto la sua frecciatina.

La Ineos, Abrahamsen e la pioggia hanno vanificato i piani dei velocisti

A 95 km dall'arrivo, sul Col du Pertuis, il team Ineos ha deciso di spezzare il ritmo della tappa e di mettere in difficoltà le squadre dei velocisti: Jonathan Milan e Tim Merlier, i due favoriti di giornata, sono rimasti intrappolati per un po' e hanno dovuto faticare per una ventina di chilometri per recuperare. Poi è intervenuto il meteo: la pioggia in avvicinamento a Valencia ha disorganizzato l'inseguimento dietro la fuga a quattro - Quentin Pacher, Mathieu Burgaudeau, Jonas Abrahamsen, Vincenzo Albanese - che ha aumentato la propria resistenza, con ancora 45" di vantaggio a 25 km dall'arrivo, nonostante il cuscinetto non fosse mai stato molto spesso.

Dietro di loro, era chiaro che la maggior parte dei velocisti avesse perso la presa, sostituiti in testa al gruppo dai cani da guardia dei favoriti della classifica generale, che li proteggevano dalle trappole sotto il diluvio, in particolare con alcune rotonde da attraversare. Questo tagliatore d'asfalto, Abrahamsen, ha messo di nuovo tutti sotto pressione quando è partito da solo a 12 km dall'arrivo e, dopo tutto quello sforzo, una volta che la motosega norvegese è stata riposta nel capannone otto chilometri più avanti, molti dei velocisti non hanno nemmeno avuto la possibilità di disputare lo sprint, Sono stati falciati o rallentati da un grosso incidente sotto la flamme rouge, causato da una collisione tra Cyril Barthe e Pavel Bittner, che ha fatto scivolare sulla strada fradicia parecchi corridori: Biniam Girmay, Carlos Rodriguez, Hugo Page... . Tim Merlier non è caduto, ma ha subito un rallentamento tale da non poter difendere le sue possibilità, mentre Milan è passato per un soffio, "aggrappandosi" alla ruota di Jasper Stuyven (vedi pagina 12).

Il colpo grosso di Milan per la maglia verde

L'italiano ha dovuto affrontare solo un gruppo di una decina di corridori (sette, ndr), che non era insormontabile per un velocista del suo livello, anche se Jordi Meeus (2°) lo ha messo nel mirino ma ha commesso l'errore di non lanciarsi per primo, mentre Tobias Lund Andresen ha conquistato un bel 3° posto. Con Stuyven, Milan deve ringraziare il suo team per un viaggio di prima classe nonostante le turbolenze. La Lidl-Trek ha quindi serrato bene i ranghi al momento della crisi sul Pertuis, con un fenomenale Quinn Simmons, che dal gruppo della maglia gialla controllava tutto, rallentava il ritmo quando poteva per ridurre il distacco dal leader staccato e raggiungeva tutti coloro che cercavano di approfittarne per scappare, uno sceriffo con l'aria di un fuorilegge, la sua chioma bionda al vento, la bandiera a stelle e strisce sulle spalle.

Milan ha conquistato la sua seconda vittoria al Tour de France e ha pareggiato con Merlier in questa edizione, ma ha vinto solo quando il belga non era in volata contro di lui, a differenza di Merlier, il che significa che dobbiamo concedere al campione europeo un leggero vantaggio, ma soprattutto dobbiamo mettere nero su bianco la nostra frustrazione per non aver potuto vedere i due andare più spesso a braccetto.

Stamattina, ai piedi delle Alpi, Milan non avrà i secondi fini di quelli della sua casta, perché indossa la maglia verde e questo è un magnifico motivo per spingere fino agli Champs-Élysées. Ieri ha rafforzato il suo vantaggio, di circa sessanta punti (61: 11 per il traguardo volante + 50 per la vittoria, ndr), e ora ha solo due ostacoli da superare: arrivare entro il tempo massimo sulle montagne e Tadej Pogačar, il suo unico rivale per la maglia verde, che ora insegue con 72 punti di svantaggio e che ha ben altre battaglie da combattere.

Pogačar è tornato sulla difensiva o vuole vendicarsi?

Lo sloveno dice di essere completamente concentrato sulla sua maglia gialla, sulla sua (quarta) vittoria del Tour de France, ma non può ignorare che la battaglia di oggi rievocherà i fantasmi di due anni fa. L'ascesa finale del Col de la Loze si svolgerà sull'altro versante della montagna, il che è un po' un peccato, ma è proprio lassù che nel 2023 Pogačar capitolò di fronte a Jonas Vingegaard, all'indomani della débàcle nella cronometro di Combloux, una seconda abdicazione, una Waterloo, e soprattutto una rara ammissione pubblica di debolezza, di sconfitta, visto che gli si sentì dire alla radio: “Sono morto” ("I'm gone, I'm dead...", ndr). Alla fine della tappa, aveva ceduto 5'45" al suo rivale danese.

Con un deficit di oltre quattro minuti in classifica generale, tutti gli occhi sono puntati su Vingegaard e la sua Visma, in attesa di vedere che cosa riusciranno a inventarsi per cercare almeno di impensierire il rivale, ma in realtà questa è soprattutto la giornata del campione del mondo. Un giorno in cui uscire dal guscio che lo vede "vigliaccamente" sulla difensiva dopo la batosta inferta di Hautacam, tanto più che il Ventoux gli è sfuggito, perché vincere in giallo lassù era un'opportunità aperta a pochi eletti e non è detto che si ripeta.

Non è escluso che la rivincita personale motivi la maglia gialla più della “grande” storia del Tour - cancellare le sconfitte passate è sempre stata una delle sue fonti principali - ma in ogni caso è tempo di aggiungere un po' di prestigio in più al quarto titolo che lo attende domenica a Parigi. È ora di mettere un po' di brillantini sul suo mantello dorato.

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