L’arc-en-ciel profan


Les nombreux forfaits de grands noms, au Rwanda cette année mais aussi sur les éditions précédentes, bafouent les Mondiaux, leur nature, leur particularité. Un sacrilège.

Quelles raisons valables pour Vingegaard, Van Aert, Van der Poel de zapper le Mondial ?
Ces forfaits pilonnent le Mondial, un refuge qui résiste un peu aux dérives actuelles

22 Sep 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

KIGALI – Cela devait chauffer fort, hier matin, sous le casque de la Rwandaise Xaveline Nirere, chargée d’ouvrir le bal du contre-lamontre femmes, mais surtout des Championnats du monde à la maison, les premiers de l’histoire en Afrique, et autour de la rampe de lancement, il était difficile de ne pas ressentir le poids de ce rendez-vous, d’être porté par la magie de ce symbole que seul un Mondial est capable d’offrir. Elle s’est parfois évaporée au fil de l’annonce des forfaits ces dernières semaines: Jonas Vingegaard, Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel, Mads Pedersen, Joao Almeida, Florian Lipowitz… Pas le bon parcours, pas le bon moment, des saisons déjà trop fournies…

Le Mondial est traité comme une course ordinaire, dont on se désengage sans remords, alors qu’il est le trésor du calendrier, le matin de tous les tressaillements, et qu’il devrait être un passage obligatoire pour les têtes d’affiche. Cette année, au-delà de justifications sanitaires nébuleuses, les déserteurs se sont souvent réfugiés derrière deux excuses faciles : Tadej Pogacar et les Championnats d’Europe qui s’ouvriront dans la foulée. Brandir la domination du Slovène pour décamper est déjà une forme de défaite en soi, de renoncement, mais aussi une méconnaissance de l’essence de ce sport, de ses fragilités, ses incertitudes et le chrono d’hier (voir par ailleurs) en fut la dernière illustration.

Heureusement qu’il y avait une meute avec un peu plus de mordant dans les années 1960-1970 pour s’opposer à Eddy Merckx et nous donner quelques histoires à mâchouiller. Quelle raison valable Jonas Vingegaard peut-il avancer pour expliquer son absence sur un parcours si dur? Ses jambes de la Vuelta se sont-elles évanouies ? Un Championnat d’Europe changera-t-il la face de sa carrière ? Et Wout Van Aert, qu’on pensait de retour sur le chemin de sa superbe après ce bijou de l’étape des Champs-Élysées, qui décide de finir sa saison dans l’ anonymat de la Super8Classic (18e), samedi? Rien ne dit qu’il n’avait pas une carte à jouer sur le tracé rwandais et au pire, il aurait été le plus magnifique lieutenant pour Remco Evenepoel. Alors pourquoi n’est-il pas là alors que la Belgique s’est plusieurs fois mise à son service? Pour la vieille rancoeur de Louvain?

Le Mondial a toujours été le théâtre de tensions, de trahisons et cela n’a pas empêché Merckx et Freddy Maertens de se faire la guerre, notamment à Montjuic en 1973, ou à Benoni Beheyt d’être champion du monde dix ans plus tôt. Et on peut continuer avec Mathieu Van der Poel qui préfère s’amuser sur le VTT et y poursuivre ses chimères, alors qu’on aurait bien aimé le voir mettre le feu aux pavés de la côte de Kimihurura. Quant aux Championnats d’Europe, autant décréter qu’il est plus important de disputer la Ligue Europa que celle des champions. C’est une course relevée, mais soyons honnêtes, son maillot ne vaut rien par rapport à la majesté de l’arc-en-ciel. Et quelle belle idée de faire s’enchaîner les deux Championnats, histoire de mettre les fédérations un peu plus dans le rouge, et de ne pas se concerter pour proposer des parcours aux exigences différentes pour ne pas mettre les deux épreuves faussement en concurrence.

Ces forfaits rompent également un rite initiatique, car le Championnat du monde remue, chez tous les coureurs, les souvenirs des débuts où ils avançaient les yeux écarquillés, où ils regardaient les « grands » avec admiration, partageaient leurs hôtels, leurs repas, avec, le temps d’une bulle, l’impression de faire partie du même monde et l’envie d’un jour en être.

C’est Greg LeMond qui s’en était fait un destin dès qu’il avait goûté au Mondial, chez les juniors, et qui la veille de le réaliser, à Altenrhein, en Suisse, en 1983, avait traversé une nuit blanche, pris son petit-déjeuner à 5heures du matin pour finalement vomir son muesli et ses oeufs parce que le grand jour était là. En ne venant pas au Rwanda, les apostats cassent ce lien, piétinent cette transmission et négligent ces jeunes qui même s’ils sont déjà pour beaucoup des quasi-professionnels, n’en demeurent pas moins des adolescents. Ils maltraitent également leur fédération, qui fonctionne souvent sur des budgets limités, voire précaires, qui se plient en quatre pour payer les déplacements, se mettre à la hauteur des exigences modernes, emploient des nutritionnistes, des cuisiniers.

Pour le Rwanda, beaucoup de fédérations ont limité le nombre de jeunes – la France a par exemple seulement sélectionné trois juniors et autant d’espoirs chez les garçons. Le nombre de places Élite est lui garanti, préservé, mais donc certaines « stars » se permettent de les refuser ? Et parlons de l’amnésie bien pratique de ne pas se souvenir de toutes ces années de formation où les fédérations ont contribué à les encadrer, les faire grandir. Le Mondial est, chaque année, l’occasion de les en remercier, un rare moment où ces structures qui travaillent dans l’ombre peuvent prendre un peu de lumière. Ne pas se rendre disponible pour une sélection revient à bafouer la plus belle course de l’année, la plus enchanteresse, la seule qui obéit encore à ses propres codes, au mépris de certains canons actuels, les oreillettes, la toute-puissance des équipes de marque.

Bien sûr que le Mondial brasse un important business, mais il concerne avant tout l’Union cycliste internationale. Le pouvoir des équipes qui, pour certaines, sont assises sur des dizaines de millions d’euros, n’a plus de limite, le déséquilibre financier est devenu si criant que les fédérations sont obligées de se conformer à leurs désirs. Il est à cet égard parlant de se souvenir que le management de Visma-Lease abike, et nonl’ encadrement de la fédération française, a pris la parole pour expliquer dans un premier temps l’absence de Pauline Ferrand-Prévôt, qui a d’ailleurs ellemême pensé à un moment que zapper le Mondial était une bonne idée. Tous ces forfaits, ces hésitations ne sont pas anodins. Ils pilonnent le Mondial, un refuge qui résiste un peu aux dérives actuelles, le dernier vestige d’un cyclisme d’autrefois, qui se courait par équipes nationales à la recherche d’une osmose, d’une féerie. Un joyau centenaire que des champions de passage n’ont pas le droit de profaner.

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L’arc-en-ciel profan

Le numerose rinunce di grandi nomi, quest'anno in Ruanda e nelle edizioni precedenti, sono un affronto ai Mondiali, alla loro natura, alla loro particolarità. Un sacrilegio.

Quali validi motivi hanno Vingegaard, Van Aert e van der Poel per saltare il campionato del mondo?
Queste rinunce sono un duro colpo per la rassegna iridata, un rifugio che in qualche modo resiste alle derive dell'attualità.

22 settembre 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

KIGALI – Ieri mattina doveva essere molto caldo sotto il casco della ruandese Xaveline Nirere, incaricata di aprire le danze della cronometro femminile, ma soprattutto dei mondiali in casa, i primi nella storia in Africa, e intorno alla rampa di lancio era difficile non sentire il peso di questo appuntamento, non lasciarsi trasportare dalla magia di questo simbolo che solo un Mondiale è in grado di offrire. E un po' svanita con l'annuncio dei forfait delle ultime settimane: Jonas Vingegaard, Wout Van Aert, Mathieu van der Poel, Mads Pedersen, João Almeida, Florian Lipowitz... Non è il percorso giusto, non è il momento giusto, le stagioni sono già troppo intense...

Il Mondiale viene trattato come una gara qualsiasi, dalla quale ci si disimpegna senza rimorsi, mentre è (sarebbe, o dovrebbe essere, ndr) il fiore all'occhiello del calendario, l'alba di ogni emozione, e dovrebbe essere un passaggio obbligatorio per i grandi nomi. Quest'anno, al di là delle vaghe giustificazioni medico-sanitarie, i "disertori" si sono spesso rifugiati dietro due facili scuse: Tadej Pogačar e i Campionati Europei, che inizieranno subito dopo. Brandire il dominio da parte dello sloveno per darsi alla fuga è già di per sé una forma di sconfitta, di rinuncia, ma anche di ignoranza dell'essenza di questo sport, delle sue fragilità, delle sue incertezze, e la cronometro di ieri (vedi altrove) ne è stata l'ultima dimostrazione.

Per fortuna negli anni '60-'70 c'era un gruppo un po’ più agguerrito che si opponeva a Eddy Merckx e ci regalava storie su cui riflettere. Quale valida ragione Jonas Vingegaard può addurre per spiegare la propria assenza su un percorso così duro? Le sue gambe della Vuelta (vinta, ndr) hanno ceduto? Un Campionato Europeo gli cambierà il corso della carriera? E Wout Van Aert, che pensavamo fosse tornato alla ribalta dopo quella splendida tappa sugli Champs-Élysées, e che sabato ha deciso di concludere la sua stagione nell'anonimato della Super8Classic (18°)? Nulla dice che non avesse una carta da giocare sul tracciato ruandese e, nel peggiore dei casi, sarebbe stato il più magnifico luogotenente di Remco Evenepoel. Allora perché non è là, visto che il Belgio si è messo più volte al suo servizio? Per i vecchi rancori (del mondiale casalingo) di Leuven?

Il Mondiale è sempre stato teatro di tensioni e tradimenti, ma questo non ha impedito ai belgi Merckx e Freddy Maertens di darsi battaglia, in particolare a Montjuic nel 1973, o a Benoni Beheyt, dieci anni prima, di diventare campione del mondo (davanti al suo capitano Rik Van Looy, ndr). E potremmo continuare con Mathieu van der Poel, che preferisce divertirsi sulla mountain bike e inseguire i suoi sogni, mentre avremmo voluto vederlo infiammare il pavé della salita di Kimihurura. Per quanto riguarda i Campionati Europei, tanto vale decretare che (nel calcio) è più importante disputare l'Europa League che la Champions League. È una gara impegnativa, ma siamo onesti, quella maglia non vale niente rispetto alla maestosità di quella arcobaleno. E che bella idea quella di far seguire l'uno all'altro i due campionati, giusto per mettere le federazioni un po' più in rosso e non consultarsi per proporre percorsi con requisiti diversi, in modo da non mettere le due gare in falsa concorrenza.

Questi forfait rompono anche un rito iniziatico, perché il mondiale risveglia in tutti i corridori i ricordi degli esordi, quando avanzavano con gli occhi spalancati, guardavano i “grandi” con ammirazione, ne condividevano gli hotel, i pasti, con l'impressione, per il periodo di una bolla, di far parte dello stesso mondo e il desiderio, un giorno, di esserne parte.

È stato Greg LeMond a farne il suo destino non appena ha assaporato il Mondiale, tra gli juniores (a Buenos Aires 1979, ndr), e che la vigilia di realizzarlo, ad Altenrhein, in Svizzera, nel 1983, ha passato una notte in bianco, ha fatto colazione alle 5 del mattino per poi vomitare il muesli e le uova perché era arrivato il grande giorno. Non venendo in Ruanda, gli apostati rompono questo legame, calpestano questa trasmissione e trascurano questi giovani che, anche se molti di loro sono già quasi professionisti, rimangono comunque degli adolescenti. Bistrattano pure la propria federazione, che spesso opera con budget limitati, se non addirittura precari, e che si fa in quattro per pagare i viaggi, stare al passo con le esigenze moderne, ingaggiare nutrizionisti e cuochi.

Per quanto riguarda il Ruanda, molte federazioni hanno limitato il numero di giovani in gara: la Francia, ad esempio, ha selezionato solo tre juniores e altrettanti tra gli Under 23. Il numero di posti per gli Elite è garantito, preservato, ma quindi alcune “star” si permettono di rifiutarli? E parliamo della comoda amnesia di non ricordare tutti quegli anni di formazione durante i quali le federazioni hanno contribuito a guidarli e a farli crescere. Il Mondiale è, ogni anno, l'occasione per ringraziarle, un raro momento in cui queste strutture, che lavorano nell'ombra, possono avere un po' di visibilità. Non rendersi disponibili per una selezione equivale a disprezzare la più bella gara dell'anno, la più affascinante, l'unica che obbedisce ancora ai propri codici, in spregio ad alcuni canoni attuali, le radioline, l'onnipotenza delle grandi squadre.

Certo, il Mondiale genera un giro d'affari importante, ma riguarda soprattutto l'Unione Ciclistica Internazionale. Il potere delle squadre, alcune delle quali dispongono di budget da decine di milioni di euro, non ha più limiti, lo squilibrio finanziario è diventato così evidente che le federazioni nazionali sono costrette a conformarsi alle volontà dei grandi gruppi sportivi. A questo proposito, è significativo ricordare che è stata la direzione della Visma-Lease abike, e non la dirigenza della federazione francese, a prendere la parola per spiegare in un primo momento l'assenza di Pauline Ferrand-Prévôt, che a sua volta aveva pensato che saltare il Mondiale fosse una buona idea. Tutte queste rinunce e queste esitazioni non sono insignificanti. Esse minano il Mondiale, un rifugio che resiste un po' alle derive attuali, l'ultima traccia di un ciclismo d'altri tempi, che si correva con selezioni nazionali alla ricerca di un'osmosi, di una magia. Un gioiello centenario che i campioni di passaggio non hanno il diritto di profanare.

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