Wembanyama, tombeur d’idole
Kevin Durant (24 points) déborde Victor Wembanyama (22 points) mais,
à l’arrivée, ce sont les Spurs de San Antonio qui se sont imposés face à Houston.
121-110 Longtemps fasciné par le jeu de Kevin Durant (37 ans), auquel il a été beaucoup comparé à son arrivée en NBA, le Français semble aujourd’hui tracer son propre chemin avec les Spurs, dans un rôle bien différent de celui de son aîné sur le terrain.
«La relation que j’ai avec lui,
c’est uniquement celle d’un adversaire»
- WEMBANYAMA À PROPOS DE DURANT
9 Nov 2025 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
SAN ANTONIO (USA) – Kevin Duranttient une place à part dans le coeur des fans de basket à San Antonio. Moins pour ses prouesses réalisées en NBA depuis dix-huit ans que pour avoir représenté l’Université d’Austin entre 2006 et 2007, ville voisine du sud du Texas. À son entrée sur le parquet des Spurs, vendredi soir, ils étaient nombreux à revêtir son maillot orange et blanc de l’époque, et tout autant à avoir opté pour la tunique rouge des Houston Rockets, sa nouvelle équipe installée à environ trois heures de route de là, à l’est du « Lone Star State ».
Pour la star française locale Victor Wembanyama, il s’agissait donc de partager la lumière le temps d’une soirée, face à un adversaire que lui aussi a eu comme idole dans sa jeunesse. « Tout le monde devrait étudier le jeu de KD, c’est un livre. Techniquement, c’est parfait. Il joue aux échecs sur le terrain », déclarait le Francilien au printemps 2023, soit quelques mois avant de faire ses débuts en NBA.
Toujours plus proche du panier
Deux ans et demi plus tard, que reste-t-il de cette filiation naturelle entre deux joueurs qu’on a tant comparés, aussi bien pour leur physique longiligne (Wembanyama mesure 2,24 m, Durant 2,11 m) que leur capacité à tout faire, ballon en main? Plus grandchose. Vendredi soir, dès la balle d’entre-deux envoyée dans les airs par l’arbitre, ce sont surtout leurs différences qui étaient frappantes, avec le Français plus que jamais décidé à s’imposer dans un rôle d’intérieur dans la raquette.
Pour ce premier match de NBA Emirates Cup, tournoi organisé en cours de saison, Kevin Durant était associé à l’intérieur turc Alperen Sengün dans le cinq de départ des Rockets. Double champion NBA avec Golden State (2017, 2018), « KD », transfuge de Phoenix cet été, a montré qu’il restait un attaquant hors pair à 37 ans, punissant ses adversaires par des tirs à mi-distance, même s’il n’avait pas son adresse habituelle (24 points à 8/18).
Wembanyama, lui, avait enfilé ses gants de boxe, obligé de se bagarrer tout au long de la rencontre pour poser ses appuis près du cercle. Déjà défendu de très près lors des deux défaites de San Antonio à Phoenix (130-118) et Los Angeles (118-116), le vice champion olympique a de nouveau subi un traitement de choc face à Houston.
Auteur de seulement 4 points en première mi-temps, il a eu le mérite de persévérer, finissant par trouver des brèches dans la raquette adverse. Kevin Durant en a notamment fait les frais, victime d’un dunk du Français sur sa tête. Les arbitres ont également fini par sanctionner la rugosité des visiteurs, lui offrant plusieurs passages sur la ligne (6/6 aux lancers francs), pour finir avec 22 points et offrir une belle victoire aux siens (score final 121-110). « J’ai énormément varié mon jeu dans ma vie, ce qui m’a permis de développer beaucoup de choses. Mais maintenant il n’est plus l’heure de s e développer, mais de gagner », expliquait Wembanyama cet été dans une interview à son sponsor, Louis Vuitton, promettant de se « recentrer sur des choses plus simples ». C’est exactement ce qu’on observe depuis le début de sa troisième saison en NBA: moins de tirs à 3 points, davantage de post-up et de finitions près du cercle. Un rôle bien éloigné de celui de Durant, qui a permis aux Spurs d’engranger six victoires sur les huit premiers matches, avant la réception de New Orleans prévue dans la nuit de samedi à dimanche.
Et si l’idole de jeunesse n’en était tout simplement plus une? En cinq duels sur les parquets américains (quatre quand Durant jouait à Phoenix), les deux joueurs se seront rarement adressé la parole, tous les deux adeptes du peu de mots. Vendredi soir, on ne les a pas vus s’échanger de politesses hormis une simple accolade à l’échauffement. Le discours de Victor Wembanyama à l’égard de son aîné semble également avoir changé, les compliments gratuits ayant laissé place à une distance assumée. « La relation que j’ai avec lui, c’est uniquement celle d’un adversaire. Même si j’ai des centaines de questions à lui poser, j’imagine que j’attendrais qu’il prenne sa retraite » , a souri le Français à l’issue du match, comme pour rappeler que «KD » approche de la fin de sa carrière, alors que lui représente l’avenir de la NBA.
Avide de lecture, « Wemby » se serait-il procuré le Crépuscule des idoles, de Friedrich Nietzsche, où l’art de philosopher à coups de marteau en remettant en cause la pensée de ses pairs ? Sur les terrains de basket, en tout cas, le seul modèle à suivre est désormais le sien.
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