DEL TORO - Lemaillot rosse
Isaac Del Toro célèbre sa victoire hier à
Bormio à l’issue de la 17 e étape du Giro.
Le Mexicain a décroché sa première victoire sur le Giro hier et repris confiance après sa difficile journée mardi.
“Jus qu’ici, c’était un très bon Giro pour moi.
Là, c’est un Giro incroyable ''
- ISAAC DEL TORO
29 May 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
BORMIO (ITA) – Il y a les beaux moments, les très beaux moments, et puis les moments classes, indémodables, qui appartiennent à un petit bout d’histoire. Franchir en premier, seul et avec le maillot rose une ligne d’arrivée du Giro rentre dans cette catégorie. C’est comme ça. Il n’y a pas débat. La performance réalisée par Isaac Del Toro, hier à Bormio, est une case cochée dans la carrière d’un jeune coureur de 21 ans qui découvre jour après jour un nouveau monde. Les dix secondes reprises sur la ligne à Richard Carapaz ne changeront rien à son destin ni à celui de l’Équatorien ni au sort final de ce Giro. Mais le Mexicain a levé les bras pour la première fois, s’offrant au passage une petite révérence à la Pogacar. Un bien fou à la tête.
Il tournait souvent autour depuis le début du Giro (trois fois 2e, une fois 3e) et il restait surtout sur une journée compliquée la veille, lâché par tous ses adversaires et mis pour la première fois en difficulté. « Mais mardi soir, il s’est déchargé d’une grande partie de son stress, il a enlevé le gros sac qu’il avait dans le dos, image Fabio Baldato, un des directeurs sportifs d’UAE. Le stress a pu retomber. Il s’est dit qu’il fallait en passer par là et qu’il avait quand même toujours le maillot rose. Ça compte de gagner une étape avec le maillot rose, c’est presque aussi fort que de gagner le Giro à la fin!»
Le Mexicain a pourtant de nouveau souffert, dans les derniers kilomètres du Mortirolo, attaqué encore et toujours par Carapaz. «À ce moment-là, je n’ai jamais abandonné, j’ai tout essayé, je n’avais rien à perdre, expliquait-il après coup. C’était peut-être plus facile que mardi car j’avais le mental. On avait anticipé que cela allait attaquer dans le Mortirolo. On ne pouvait pas laisser partir tous les coureurs du classement général et il a fallu que j’aille chercher les autres. Je leur ai mis la pression dans la descente puis j’ai essayé de récupérer pour mettre le dernier coup de force dans la dernière ascension. On l’a fait avec l’équipe.»
La dernière difficulté et le final technique, qu’il connaissait par coeur, lui ont servi de tremplin de rédemption. «Carapaz est le plus fort dans la haute montagne, je le dis et le redis, observe Baldato. Mais cette dernière montée aujourd’hui, c’est pile ce qui convient à Isaac. Il est plus explosif, il sait gérer les virages, c’ est un très bon pilote.»
« Je l’imaginais comme ça cette victoire. Jusqu’ici, c’était un très bon Giro pour moi. Là, c’est un Giro incroyable. Tout se tient en une poignée de secondes », relevait encore Del Toro, qui devrait pouvoir gérer tranquillement l’étape du jour, promise à une échappée ou aux équipes de sprinteurs. Carapaz, qui pointe à 41 secondes, retrouveraun terrain de jeu à sa mesure demain et samedi. Mais pour l’instant, Del Toro a toujours le sourire.
***
Romain Bardet hier lors de la 17e étape du Giro.
Acharné pas récompensé
Romain Bardet a terminé deuxième hier mais n’avait pas de regrets.
“Quand ils m’ont rattrapé,
j’y croyais encore''
Th. P.
La fuga était si belle, l’image si forte, une dernière fois peut-être, un si grand bonheur au bout. Échappé seul devant ses anciens compagnons et le peloton des favoris, le visage déformé par l’effort, malin dans sa gestion, Romain Bardet était lancé vers Bormio et une victoire sur le Giro. Elle serait venue compléter sa collection après celles déjà décrochées sur le Tour (4) et la Vuelta (1). Mais l’Auvergnat a terminé deuxième derrière le maillot rose. Maudit soit Isaac del Toro.
Bardet n’avait pour tant pas de bidon de frustration ou de rage à déverser un peu plus tard, tranquille sur un vélo de récupération au pied de son car. « Je savais qu’il pouvait y avoir une ouverture aujourd’hui… Je fais quatre fois 2e d’une étape en quatre participations (2021, 2022, 2024, 2025). Je suis quand même fier, souffle le leader de Picnic-PostNL. Ça ne veut pas, mais c’est comme ça. J’ai sûrement laissé passer ma meilleure chance. La gagne ou pas, peu importe, j’ai fait l’étape que j’avais à faire. Je voulais en faire au moins une comme ça pendant ce Giro, elle est faite. »
À 34 ans et avant de terminer sa vie de cycliste au Dauphiné, le 15 juin, Bardet a couru intelligemment dans le final sans avoir fait d’efforts superflus dans la montée du Mortirolo et sa descente. Il est parti dans la dernière bosse, mais a vu revenir sur lui Isaac Del Toro et Richard Carapaz, les deux grands favoris pour la victoire finale à Rome. « Même dans le final à trois, quand ils m’ont rattrapé, j’y croyais encore, avoue Bardet. Je savais que c’était un final très technique. Je savais que ça pouvait le faire. La route commençait à être mouillée. Del Toro est passé comme une fusée. Dans le “S” à deux kilomètres, je n’ai jamais vu quelqu’un virer avec autant d’angle. Carapaz a perdu cinq mètres et à partir de là, c’était fini. » Il a quand même battu l’Équatorien au sprint. Pour l’honneur.
«Quand ils étaient à dix mètres, oui je les ai un peu attendus, car j’avais les jambes explosées. Il m’a manqué dix secondes de plus d’avance au sommet de la dernière bosse. Pas de regrets», confie-t-il. «Je ne pourrai pas donner plus que ce que j’ai donné sur les deux étapes où j’ai été devant (la 8e et la 15e), disait-il lundi lors du jour de repos. Physiquement, je ne pense pas pouvoir faire mieux, mais je pense pouvoir courir différemment pour gagner.» Hier, il avait ciblé l’arrivée à Bormio. Le coup est passé si près…
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