EVENEPOEL - La désillusion
Le champion olympique n’a pu aller plus loin que les Pyrénées sur ce Tour, au cours duquel il a connu les joies d’une victoire d’étape avant de sombrer ces derniers jours.
"Remco est très déçu, mais il souffrait
vraiment trop sur son vélo aujourd’hui (hier)"
- TOM STEELS, DIRECTEUR SPORTIF CHEZ SOUDAL-QUICK STEP
20 Jul 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
BAGNÈRES-DE-LUCHON (HAUTE-GARONNE) – Remco Evenepoel n’aura donc fait que deux semaines de Tour de France, un an après être monté sur la troisième marche du podium final et avoir décroché dans la foulée deux médailles d’or aux Jeux Olympiques de Paris. Le Belge, qui n’a jamais caché ses ambitions, n’était pourtant pas venu cette année pour tenter de renverser Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, « car je sais ce qui me sépare encore d’eux, avouait-il juste avant le départ. J’ai eu de la chance de gagner beaucoup de grandes courses très jeune, maintenant je dois aussi apprendre la patience ».
Pas facile pour ce coureur à qui tout réussissait, dont l’assurance ressemblait souvent à de l’arrogance, alors que cet état d’esprit conquérant comblait le plus souvent son combat permanent pour remonter la pente après deux terribles chutes au Tour de Lombardie en 2020 et au Tour du Pays basque en 2024 qui auraient pu lui coûter la vie. Cet hiver encore, il avait été victime d’un accident à l’entraînement en rentrant chez lui.Il s’était pris de plein fouet la porte d’une voiture de la poste qui s’était ouverte à son passage. Son abandon, hier, au pied du Tourmalet ne peut évidemment être dissocié de ces épisodes difficiles de sa jeune carrière.
Son début de Tour de France avait été prudent, on l’avait senti moins offensif qu’à l’ordinaire aussi pour espérer une montée en puissance sur les trois semaines. Sa victoire lors du premier contre-la-montre à Caen (5e étape) avait fait oublier son raté du premier jour où il s’était fait piéger dans le final à cause d’un moment d’inattention dans une bordure.
Evenepoel a toujours su rebondir grâce à un mental hors norme, et même hier matin, au départ de Pau, son staff voulait encore y croire, alors que son échec dans le chrono de Peyragudes, jeudi, ne laissait rien présager de bon. « Il a déjà connu ce genre de coup dur, tentait de se convaincre son entraîneur Koen Pelgrim. Sur la Vuelta 2023, il avait connu un jour sans avant de s’imposer sur une étape, le lendemain. C’est un bagarreur, il va relever la tête, aujourd’hui (hier) est un nouveau jour. » Même son de cloche chez son directeur sportif Klaas Lodewyck qui évoquait une «confiance qu’il va retrouver après une bonne nuit. On se battra pour conserver la troisième place».
Mais c’est en pleurs qu’Evenepoel allait quitter le Tour, à cent kilomètres de l’arrivée, montant dans la voiture de son équipe la tête basse. Personne dans son entourage ne pouvait encore expliquer les raisons de cet état de forme défaillant, même si son début de saison amputé de quatre mois de compétition (il a repris à la mi-avril avec une victoire à la Flèche Brabançonne) peut en être la cause. «Remco est très déçu, mais il souffrait vraiment trop sur son vélo aujourd’hui (hier)», a affirmé Tom Steels, l’un de ses directeurs sportifs. «La meilleure solution était de ne pas continuer pour mieux récupérer. Le risque était que la suite de la saison soit perdue s’il avait continué dans cet état. Or, il a encore de beaux objectifs cette année. »

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