Le tri a commencé
Depuis l’étape d’hier, trois prétendants à la victoire finale se dégagent :
Jonas Vingegaard, qui allait lâcher sa tunique rouge de leader,
Joao Almeida (au premier plan) et Giulio Ciccone (ici suivi d’Egan Bernal).
La première étape de montagne, vers Andorre, a mis hors jeu Juan Ayuso (UAE), lâché très tôt.
Jonas Vingegaard reste dans un fauteuil : il compte un rival de moins et a lâché le maillot rouge à l’échappée pour économiser ses troupes.
«On savait que Vingegaard était très fort et il l’a encore montré.
Je me suis un peu impressionné à réussir à rester dans sa roue,
car il appuyait vraiment fort»
- GIULIO CICCONE
29 Aug 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
PAL ANDORRE (AND) – Le chat est toujours là, mais il laisse pour l’instant les souris danser. Après David Gaudu (arrivé à 28’’ des meilleurs hier), maillot rouge une journée en profitant du coup de frein de Jonas Vingegaard dans le final vers Voiron, mardi, c’est Torstein Traeen qui a enfilé cette tunique, hier, puisque le Danois, leader au départ d’Olot, la « ville des volcans », a gentiment endormi la course et laissé les échappés se disputer la victoire d’étape et la « Roja » (lire ci-contre). Jay Vine (UAE) en a profité pour régler tout le monde, sauf qu’en dépit de la victoire du moustachu australien, l’équipe émirienne a vécu une journée contrastée.
L’ascension de Pal a en effet révélé ce que le directeur sportif Joxean Fernández Matxín et ses troupes espéraient masquer: Juan Ayuso n’est pas du tout en mesure de lutter pour le podium. L’Espagnol faisait partie d’une stratégie à deux leaders avec Joao Almeida. Il a lâché à six kilomètres du sommet, et perdu plus de sept minutes sur la ligne. « Je l’ai dit dès le premier jour, mon but n’était pas de courir pour le général, expliquait le maillot blanc, presque étrangement souriant à l’arrivée. L’équipe m’a dit d’essayer. J’ai tenté, mais je ne me suis pas senti bien et j’ai laissé filer. Maintenant, je vais aider comme je peux. »
Aider João Almeida, « notre seule carte désormais », concédait Matxin, qui a roulé hier comme depuis le début de sa carrière. D’abord lâché quand Giulio Ciccone a tout secoué, à un peu plus de trois kilomètres de l’arrivée, et que l’Italien de Lidl-Trek fut seulement suivi, et relayé, par Vingegaard. Puis revenu au train, et finalement à l’attaque à deux reprises dans les 1500 derniers mètres. « Joao est incroyablement fort, le meilleur d’entre nous, il est dans une forme incroyable et a montré qu’il savait gagner cette année », louait Vine. « Vu sa condition, je crois qu’on peut se battre pour le maillot rouge, oui » , appuyait Marc Soler, son autre lieutenant en montagne.
Le vainqueur des Tours de Suisse, de Romandie et du Pays basque 2025 n’a que huit secondes de retard sur le favori danois, une miette à l’échelle de la Vuelta, mais le scénario d’hier, sur la première étape de montagne, a plutôt laissé entrevoir la domination des Visma-Lease a bike et de leur poulain.
Les Néerlandais « ne voulaient pas gaspiller de l’énergie dans une journée comme ça, avec beaucoup de vallées, d’autant que nous comptons un coureur de moins (Axel Zingle, non partant sur la 3 étape), expliquait Sepp Kuss. Donc c’était bon d’avoir une échappée. C’est bien d’avoir le maillot rouge dans l’équipe, évidemment, mais il ne faut pas laisser trop d’énergie làdedans. » Ils ont donc roulé à leur rythme, tranquilles, avant que d’autres accélèrent un peu à l’approche des deux dernières bosses. Et ils entouraient Vingegaard, à deux dans le groupe de costauds (Sepp Kuss et Matteo Jorgenson), même s’ils n’ont pas vraiment eu besoin d’aider le double vainqueur du Tour.
Une étape plus dure aujourd’hui avec plus de 4000 m de dénivelé
Celui-ci zieutait derrière lui, à renifler les forces en présence, quand Ciccone tenta donc son mouvement, « pas prévu, mais pour tester », avouait l’Italien, et il n’eut aucun mal à le suivre. « On savait que Jonas était très fort et il l’a encore montré, poursuivait “Cicco”. Je me suis un peu impressionné à réussir à rester dans sa roue, car il appuyait vraiment fort. »
Le récent vainqueur de la Clásica San Sebastián assurait ne pas venir en Espagne pour le général, mais sa forme est telle qu’il se retrouve à jouer les premiers rôles jusqu’ici, ce qui oblige le Scandinave à le coller. « On veut laisser les choses ouvertes pour le général, admettait Grégory Rast, l’un des directeurs sportifs de Lidl-Trek. Giulio a essayé mais Jonas est très fort et son équipe, toujours en contrôle. »
Vingegaard, Almeida, Ciccone: un trio se dessine doucement avant « une étape plus dure toute la journée et qui permettra d’en savoir davantage » aujourd’hui, imaginait Rast. Les plus de 4000 mètres de dénivelé entre Andorre-la-Vieille et Cerler constituent un beau terrain de jeu. Reste à savoir si le gros minet voudra prendre part à la partie.
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Deuxième de l’étape, Bruno Armirail s’est battu en vain
pour enlever la précieuse tunique rouge de leader.
Armirail à 30’’ du bonheur
Le Bigourdan, parmi les mieux placés des échappés au général, a « tout donné » mais manqué de peu le maillot de leader, enfilé par Torstein Traeen.
29 Aug 2025 - L'Équipe
P. Me, à Pal Andorre.
La sixième étape a été la bonne pour l’échappée. Ils étaient dix à l’avant, hier, pour la première vraie journée de montagne, et alors que l’écart a d’abord peiné à dépasser les trois minutes, le groupe de costauds a pu se disputer l’étape quand les Visma-Lease a bike ont lâché l’élastique pour de bon à micourse. Celle-ci est revenue à Jay Vine (UAE), échappé dans la descente de l’Alto de la Comella (à 20 km de l’arrivée), lui qui descend comme un fer à repasser mais connaissait chaque virage par coeur puisque résident andorran. « La Vuelta est une course spéciale, ma première en World Tour, celle où j’ai obtenu ma première victoire », pétillait l’Australien, qui s’était révélé sur les routes espagnoles en 2022 en remportant deux étapes.
Le meilleur grimpeur de l’édition 2024 est vite apparu comme le plus fort à l’avant, alors l’autre enjeu a été de savoir qui récupérerait le maillot rouge de Jonas Vingegaard. Bruno Armirail était le deuxième mieux placé du groupe, juste derrière Torstein Traeen (Bahrain-Victorious), et tout s’est joué dans la dernière montée. Où le Norvégien, à 5,5 bornes du sommet, a réussi à distancer le rouleur de Decathlon.
« Je suis déçu, soufflait le Bigourdan, assis à même le sol après son gros effort (4e à 1’ 15’’ de Vine). Je me suis focalisé sur le maillot rouge, je suis monté au train, je me suis retrouvé avec Fortunato (XDS-Astana) mais il attaquait puis ne roulait pas avec moi, c’était trop bizarre. J’ai tout donné, il ne m’en a pas manqué beaucoup. Il n’y a pas beaucoup d’occasions comme ça dans une carrière. Je suis fier d’avoir eu le maillot rose au Giro (deux jours, en 2023), tout le monde m’en parle encore, c’est mon plus beau moment sur le vélo et ça aurait été beau d’avoir le rouge peu après David Gaudu. » Il doit se contenter de la 2e place au général, à 31’’ de Traeen, et imagine « qu’on ne [ le] laissera pas sortir » aujourd’hui.
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