Didier Deschamps, la dernière danse


« Je ne vis pas avec un compte à rebours, de la nostalgie ou des regrets », affirme « DD » (ici, à Clairefontaine, lundi).

Le sélectionneur lance son ultime campagne avec l’équipe de France, sans montrer aucun signe d’usure, de stress ou d’inquiétude.

« En septembre l’année prochaine, je ne serai pas là, c’est une certitude. Et je serai ailleurs, mais je ne sais pas où. J’ai l’impression que je fais mes adieux, ce n’est pas le cas » 
   - Didier Deschamps Sélectionneur de l’équipe de France

3 Sep 2025 - Le Figaro
Baptiste Desprez

Dimanche 8 juin 2025. L’équipe de France vient de battre l’allemagne (0-2) pour la troisième place du Final Four de la Ligue des nations. Dans le vestiaire, à Stuttgart, Didier Deschamps sait que ses troupes, après une année à rallonge, ne pensent qu’aux vacances ou à quelques jours de repos avant de partir aux États-unis disputer le Mondial des clubs. Avant de les laisser filer, le sélectionneur souhaite faire passer un message. Il insiste sur la rentrée avec le début des qualifications à la Coupe du monde 2026 et fait référence à son cas personnel avec l’élimination de la sélection en 1993 face à la Bulgarie, alors que toute la France voyait les Bleus déjà aux États-unis. Deschamps, titulaire ce soir-là, évoque la soirée cataclysmique du 17 novembre, l’excès de confiance, Joe Dassin et L’amérique dans la sono du Parc des Princes. L’idée est, déjà, de sensibiliser son groupe contre toute forme de relâchement pour aborder avec sérieux les rendezvous face à l’ukraine (ce vendredi en Pologne) et à l’islande (mardi prochain au Parc des Princes), deux adversaires qui ne font rêver personne. À 56 ans et après treize ans en poste, «DD» ne pense qu’à une chose : se qualifier pour le Mondial (11 juin-19 juillet 2026) et y faire quelque chose de grand. Avant de tirer sa révérence.« Je ne vis pas avec un compte à rebours, de la nostalgie ou des regrets », affirme « DD » (ici, à Clairefontaine, lundi).

Septembre est là, les feuilles qui tombent, l’air frais, le temps maussade et les prémices de l’automne aussi à Clairefontaine, mais le discours du patron des Bleus n’a pas bougé d’un iota.

La qualif’ et rien d’autre. Lundi, en conférence de presse, il a été taquiné sur ce qu’il fera en septembre… 2026. « Oui, bien sûr, tout est programmé, planifié, vous me connaissez, rétorque-t-il avec un franc sourire. Après, en septembre l’année prochaine, je ne serai pas là, c’est une certitude. Et je serai ailleurs, mais je ne sais pas où. J’ai l’impression que je fais mes adieux, ce n’est pas le cas. C’est la dernière année, c’est tout. » La dernière danse, très peu pour lui. Pourtant, c’est le cas. Toute la saison sera synonyme de dernière campagne.

En officialisant son départ de la sélection le 8 janvier dernier, Didier Deschamps a clarifié les choses. L’ombre de Zinédine Zidane ressurgira en temps voulu, mais le programme de l’année est tout tracé. «Cette annonce ne change rien pour moi, avouait-il dans nos colonnes en mars. J’ai la même détermination, la même énergie, pas de fatigue, ni d’usure. Dans ma tête, tout est clair. » Six mois plus tard, rien n’a changé : « Je suis plein d’énergie et je cherche à tout faire pour nous maintenir là où on est arrivé. Je ne vis pas avec un compte à rebours, de la nostalgie ou des regrets. Cette adrénaline, ce n’est pas du stress, ça me plaît, et j’en ai besoin », rappelaitil lundi au début du rassemblement.

Dans un groupe qui ne comporte plus que quatre champions du monde (Dembélé, Lucas Hernandez, Mbappé, Pavard) et autant de trentenaires (Maignan, Rabiot, Samba, Digne), Deschamps ne laisse transparaître aucun signe de lassitude. Sa feuille de route est claire. Les objectifs, connus de tous. «Personne ne voit un coach usé, blasé par sa dernière rentrée, témoigne le proche d’un joueur. On sent qu’il a faim et qu’il veut encore gagner. » Un avis forcément partagé par son staff. Homme de toutes les campagnes internationales avec son acolyte, depuis leur collaboration à Marseille entre 2009 et 2012, Guy Stéphan maîtrise «le Deschamps» comme personne. « Je le trouve serein et déterminé, avance-t-il sans en rajouter. Depuis l’annonce de son départ, je le sens plus léger, toujours aussi ambitieux, mais j’ai constaté également que l’atmosphère générale autour de la sélection et de sa personne est plus détendue .»

Entre le Deschamps de 2012 et celui de 2025, treize années se sont écoulées, trois Coupes du monde et autant d’euro, avant le grand rendez-vous de l’été prochain, si qualification il y a. « Je maîtrise plus de choses aujourd’hui dans ma fonction, à travers les différentes expériences et compétitions, reconnaît-il. Il y a des choses qui se font de manière naturelle. La première fois, on découvre, c’est différent d’un club. Aujourd’hui, le vécu est important. » Et sa manière de manager aussi, avec des générations différentes, entre les Lloris, Varane, Kanté, Griezmann et Giroud au début de son mandat, et la bande des Maignan, Konaté, Upamecano, Tchouaméni, Doué, Mbappé aujourd’hui. Son attitude face aux critiques a aussi évolué. L’expérience aidant. Le technicien basque prend plus de recul. Le cuir est solide.

« Depuis bien longtemps, je suis totalement imperméable à tout ce qui peut être extérieur, affirme « DD ». Les joueurs sont plus sensibles, mais cela fait partie du monde sportif. Je n’ai aucun problème avec les analyses, critiques, positives ou non. Chacun a cette liberté. À partir du moment où il ne faut pas franchir cette ligne. Si c’est sportif et terrain, ça va. Le côté humain, ce n’est pas pareil. Cela fait partie de ma vie, mais cela ne m’a jamais empêché de dormir. »

S’il a profité du week-end dernier sur la Côte d’azur pour marier son fils, Dylan, entouré de certains de ses proches, notamment Guy Stéphan, son agent Jean-pierre Bernès, ou encore l’animateur Nagui et son ancien partenaire Marcel Desailly, Deschamps a rapidement basculé sur sa rentrée et celle des Bleus. Dès lundi matin à Clairefontaine, il a visionné avec un membre de la Direction technique nationale (DTN) les montages vidéo de l’ukraine. À son groupe qui pourrait se sentir plus concerné par le mercato, le début de saison en club et la prochaine Ligue des champions, il a insisté sur l’importance de ce premier rendez-vous, face à un pays en guerre, et de la rencontre en Pologne vendredi soir.

« Didier est toujours dans la motivation, dans l’obsession du résultat, de la gagne, de bien faire les choses, de mettre tous les atouts de son côté pour l’équipe nationale à laquelle il est très, très attaché, avance Jean-pierre Bernès. Croyezmoi ou non, mais il ne pense pas à sa personne. » Sur son avenir après l’équipe de France, son conseil botte en touche.

« On n’en parle pas, le monde du foot et les clubs savent qu’il ne pense qu’aux Bleus sur l’année à venir. Le reste, on verra plus tard. » Quid du principal intéressé ? « Je ne suis certainement pas à la retraite», nous avouait-il en mars.

« Je ne ferme aucune porte. » Et un proche de la sélection de conclure : « Il est motivé comme jamais pour réussir quelque chose de grand et sortir par la grande porte. » Place à la dernière danse.

***

Pourquoi Benjamin Pavard a dit oui à L’OM

3 Sep 2025 - Le Figaro
B. D.

Benjamin Pavard est d’humeur badine, mardi, malgré la pluie qui s’abat sur le centre national de Clairefontaine. Le champion du monde déambule dans les couloirs pendant que certains de ses partenaires répondent aux sollicitations médiatiques. Entre rires et chambrages, notamment pour déconcentrer les frères Hernandez ou Lucas Digne face à nos confrères, le nouveau défenseur de l’olympique de Marseille diffuse joie de vivre et légèreté avant de regagner sa chambre pour la sieste du jour.

La veille, le natif de Maubeuge a fait parler de lui en s’engageant avec le club phocéen, dans un deal qui s’est fait en douze heures. Pour le plus gros coup du mercato marseillais. Exit Adrien Rabiot et bienvenue à Benjamin Pavard (55 sélections), qui gonfle le contingent des héros de 2018 de retour au bercail cet été, après Olivier Giroud (Lille), Paul Pogba (Monaco) et Florian Thauvin (Lens).

Être plus visible

Excusé lors de l’entraînement des Bleus lundi après-midi, le défenseur central de 29 ans, passé par le Losc, Stuttgart, le Bayern Munich et l’inter Milan, avait une bonne raison. Avec la permission de Didier Deschamps, il se trouvait… dans sa chambre à Clairefontaine, en lien avec ses conseillers, pour affiner les derniers détails de son arrivée sur la Canebière. « Pendant que certains s’entraînent, d’autres signent des contrats», souriait le sélectionneur face aux rares médias présents. « Il est où, Ben’ ?, s’interrogeait faussement Lucas Hernandez. Déjà à Marseille?» Bingo. Peu avant 20 heures, l’international français est prêté une saison à L’OM par l’inter (option d’achat à 15 millions d’euros).

Comment expliquer un tel mouvement sur le gong ? Ouvert à un départ de Lombardie cet été, Benjamin Pavard a senti le vent tourner. Séduit par le discours de Mehdi Benatia, directeur du football à L’OM, le futur trentenaire (mars 2026) accepte le défi olympien. Une place de titulaire, la ferveur du Vélodrome, la Ligue des champions, un retour en Ligue 1… Les raisons sont nombreuses, et si certains y voient un déclassement après le Bayern et l’inter, Pavard estime que le challenge phocéen lui permettra d’être plus visible pour l’équipe de France. Plus titulaire depuis mars 2024 chez les Bleus, l’ancien Intériste ne veut pas rater le train du Mondial 2026 après un Euro 2024 et une Coupe du monde 2022 passés sur le banc. À Marseille, il compte sur cette exposition pour gagner du crédit dans l’esprit de Deschamps et garder sa place en sélection malgré la folle concurrence. La balle est dans son camp.

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

I 100 cattivi del calcio

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?