JOUR DE MÉDAILLE ET DE RECONNAISSANCE


Julian Alaphilippe et le reste de l’équipe de France ont débarqué hier matin à Kigali. 
Pas le temps de souffler, ils sont montés directement sur le circuit pour une première reconnaissance. 
Et un premier saut dans la chaleur locale.

"C’est un très beau parcours, 
qu’on n’a pas l’habitude de voir ailleurs (…)" 
   - THOMAS VOECKLER À PROPOS DE 
      L’ORGANISATION DE L’ÉQUIPE DE FRANCE 

"C’est l’enchaînement des deux bosses qui va faire les différences"
   - VALENTIN MADOUAS 

25 Sep 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS

KIGALI – Julian Alaphilippe a un peu la mèche de travers à son arrivée à l’hôtel des Bleus, à 9 h 30 hier matin, mais il a toujours son agilité de chat pour trouver le chemin le plus direct et rapide vers la machine à café, à savoir les bords étroits et périlleux de la piscine. « Je suis trop content d’être là » , sourit « Loulou » dans sa tenue ample fatiguée par le vol.Julian Alaphilippe (à droite), Louis Barré et les Bleus en pleine reconnaissance du tracé des Mondiaux au Rwanda.

En arrière-plan, Thomas Voeckler tire les valises de ses coureurs vers le hall de l’établissement. Le sélectionneur des Bleus sue un peu, mais il souffle d’avoir récupéré ses gars à temps. L’avion a décollé de Paris avec deux heures de retard mardi soir, mais c’est finalement mieux comme cela. Les cinq coureurs – Alaphilippe, Valentin Madouas, Louis Barré, Jordan Jegat et Julien Bernard – ont pu s’endormir directement à leur montée dans l’avion, vers 23 heures, ils ont été réveillés à 6 heures plutôt qu’à 4 heures avant l’atterrissage à Kigali. Surtout, ils sont dans les temps pour l’ouverture du circuit rwandais pour les reconnaissances.

Mais il ne faut pas traîner. Pierre Pasquier, le nutritionniste, qui officie en temps normal chez TotalEnergies, leur fait un rapide briefing, quelques consignes élémentaires: éviter les jus frais, privilégier ce qui est cuit. Les nouveaux arrivants saluent leurs collègues déjà présents, Pavel Sivakov, Paul Seixas, notamment, mais pas d’embrassades, de poignées de main, c’est désormais proscrit.

La délégation française a tenté d’anticiper au maximum, de border le contexte particulier de ce Mondial. Un cuisinier guadeloupéen installé depuis un an au Rwanda a été engagé. « Notre volonté était d’avoir des hommes qui connaissent le terrain pour aller se fournir aux bons endroits, pour la nourriture, mais aussi pour le reste » , explique Voeckler. Il y a forcément quelques imprévus, et quand les coureurs découvrent leurs chambres, certains y trouvent de la moquette, alors il faut entamer une petite gymnastique logistique et les transférer vers des piaules à parquets, pour éviter les allergies. Alaphilippe redescend changé. « Putain, on sent l’anti-moustique » , rigolet-il. À cause de la citronnelle dont les tenues ont été imprégnées.

Le sélectionneur, affûté comme un coureur, ouvre la sortie, un sémaphore qui indique les directions pour rejoindre le circuit. Pour y grimper, star du cyclisme ou pas, il faut sortir les accréditations, passer aux détecteurs de métaux, sous la surveillance des chiens de la police, et hier le malinois devait être en RTT car le berger allemand était chargé du reniflage. Alaphilippe salue Tom Pidcock dans la zone de départ.

Un peu plus loin, Julien Bernard discute avec son équipier espagnol Carlos Verona dans les premiers mètres, puis les Bleus plongent sur le serpentin au bitume impeccable, balayé chaque matin à l’aube avec minutie par les locaux, comme toutes les rues de la ville d’ailleurs, encadrés par ces rangées de milliers de barrières noires et blanches qui ont été fabriquées pour l’occasion, gardées par un policier tous les 50 mètres et des bénévoles qui invitent les promeneurs à ne pas marcher sur les pelouses.

Un décor majestueux

Le décor est luxuriant, des arbres majestueux, des couleurs vives, le bleu des jacarandas, le rouge des flamboyants, le jaune des trompettes d’or, les bougainvilliers, les hibiscus, les frangipaniers. Un jardin sublime, enchanté par les « beats » des enceintes, les grésillements des petits transistors qu’on pose sur le trottoir ou tient à la main, les concerts improvisés un peu partout par ces groupes folkloriques locaux où l’on porte parfois de longues perruques blondes loufoques, où l’on chante le tube Ogera, « Félicitations », écrit pour la dernière victoire de Paul Kagame à l’élection présidentielle l’an passé.

À l’approche du golf, survolé par des vautours, Voeckler commence à donner des consignes, à s’agiter de la main. Après un départ plutôt roulant, souvent en descente, la première côte répertoriée n’est plus loin.

« Elle va faire très mal, plus une bosse pour puncheur, d’effort assez court, une petite minute, décrit Madouas. Et ensuite tu auras très peu de récupération, ça ne bascule pas tout de suite d’ailleurs, tu as une petite cuvette qui fait que ça va bien se tendre, tu vas vite prendre la descente. »

La transition est en effet rapide, le temps de trouver une large avenue, l’alignement des palmiers, et de traverser Kacyiru, le quartier des ambassades, et la deuxième côte, celle de Kimihurura, se présente. Au pied, alors que le groupe se disloque, le sélectionneur crie: « On se regroupe après l’arrivée. »

La pente est surtout brutale au début. Madouas y voit un « mont flandrien » , un mélange entre le mont Cassel pour le revêtement, « un pavé qui tape un peu » , et le Vieux Quaremont, « dur au pied, qui va fatiguer, mais c’est la reprise sur le haut qui va faire mal » . Bernard file à l’avant, mais il est retardé par un petit ennui mécanique sans gravité. En haut, Marie Le Net, Léa Curinier et Évita Muzic rejoignent leurs collègues pour un deuxième tour de manège, puis un peu de rab sur le parcours des contre-lamontre.

De retour à l’hôtel, Madouas (29 ans) a faim. Mais avant de manger, il livre son impression générale. « C’est un très beau parcours, apprécie le Breton, qu’on n’a pas l’habitude de voir ailleurs, pas technique du tout, pas de virages ou très peu. C’est l’enchaînement des deux bosses qui va faire les différences, tu les aurais mises séparément dans le circuit, ç’aurait été un chouïa plus facile. »

Le récent vainqueur du Grand Prix de Québec est sur la même ligne. « C’est comme je pensais, difficile, on sent bien la chaleur, l’humidité, l’altitude, énumère-t-il.

La bosse en pavés va vraiment être usante, mais sans ne parler que d’elle, il va aussi y avoir pas mal de relances. Ça va rouler vite. »

Le double champion du monde de 33 ans repart pour un tour en solo, histoire d’allonger la sauce. Voeckler est aux petits oignons à ses côtés: « Attends, je ne veux pas que tu partes sans un téléphone », « Tu as des gels? » « Fais attention aux motos-taxis » . On sent qu’il aime son leader, l’âme de son équipe. « Tant que Julian sera sur un vélo, il ne sera jamais fini » , glissait le sélectionneur français mardi.

Il restera désormais aux Bleus à découvrir le grand circuit, aujourd’hui ou demain, l’ascension du mont Kigali (5,9 km à 6,9 %), puis le terrible mur de Kigali, où le pavé est plus mauvais, ensablé, et surtout la pente si raide. « Ce n’est pas une boucle anodine du tout, anticipe le champion de France sur route en 2004, surtout à cette distance de l’arrivée (100 km au sommet du mont Kigali). Elle a beaucoup influé sur le profil des sélectionnés. »

Elle permettra aussi de montrer un autre visage de la capitale rwandaise, plus populaire, au milieu des ruelles de terre rouge, des petites maisons aux toits de tôle qui ont été fraîchement repeintes en jaune, où l’on appelle le mur « Kwa Mutwe », « Chez Mutwe », du nom de celui qui habitait ce chemin avant qu’il ne devienne une rue célèbre. Dans ce quartier de Nyamirambo, où l’on aperçoit quelques mosquées, des minarets blancs et vert émeraude, qui, il y a plus de trente ans, au moment du génocide, avait résisté aux injonctions aux massacres. Un endroit stratégique, un lieu magnifique.

***


Pavel Sivakov, Cédrine Kerbaol, Bruno Armirail, Maeva Squiban, Paul Seixas 
et Juliette Labous (de g. à d.) sur le podium hier à Kigali.

Les Bleus battus sur le fil

Dans l’épreuve atypique du relais mixte contre-la-montre, les Français n’ont échoué qu’à cinq secondes des Australiens, tenants du titre.

25 Sep 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PHILIPPE LE GARS

KIGALI – Si certaines nations comme la Slovénie, la Grande-Bretagne ou le Danemark n’ont pas jugé utile cette année de s’aligner sur le relais mixte contre-lamontre, cette épreuve atypique – inscrite au programme des Mondiaux depuis 2019 – n’en reste pas moins spectaculaire.

Le principe est simple: chaque équipe est composée de trois hommes et trois femmes.Les premiers s’élancent d’abord pour effectuer un tour du circuit, les femmes ne prennent le départ qu’à l’arrivée du deuxième homme. Le temps est pris sur le second à franchir la ligne, tout comme lors de l’arrivée finale.

C’est justement là que le suspense a, une nouvelle fois, été total. Pour cinq secondes, les Australiennes ont privé la France, représentée par ses deux dernières cartes Juliette Labous et Maeva Squiban (Cédrine Kerbaol avait cédé un peu plus tôt). Si les trois Australiens Jay Vine, Michael Matthews et Luke Plapp avaient réalisé le meilleur temps intermédiaire avec 33 secondes d’avance sur les Français (Bruno Armirail, Paul Seixas et Pavel Sivakov) lors de leur tour de circuit de 21km, Amanda Spratt et Brodie Chapman se sont accrochées pour conserver un maigre avantage et offrir à leur pays un deuxième titre mondial d’affilée. L’an passé, à Zurich, il s’était joué pour seulement un dixième de seconde face à l’Allemagne.

Deuxième médaille pour les Bleus

C’est la deuxième fois que la France monte sur le podium, également en argent à Glasgow, il y a deux ans. Les Suisses (3es à 18’’), doubles champions du monde (en 2022 et 2023), n’ont pas été gâtés. Marlen Reusser, championne du monde dimanche du chrono individuel, a été victime d’un problème technique. Un souci qui l’a obligé à fournir un effort violent pour revenir sur ses coéquipières Noemie Ruegg et Jasmin Liechti, lâchant même cette dernière dans la dernière côte pavée de Kimihurura.

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