LA BÉNÉDICTION DE L’ARC-EN-CIEL
POGACAR DÉFIE L’HISTOIRE
Malgré le doute instillé par Remco Evenepoel lors du contre-la-montre, Tadej Pogacar est le grand favori à sa propre succession dans un Mondial pour l’histoire, au Rwanda, le premier sur le sol africain.
28 Sep 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
KIGALI – Nous revoilà au matin du plus beau jour de l’année, celui qui ne ressemble à aucun autre et on a tellement hâte d’en goûter chaque plaisir, redécouvrir le kaléidoscope des maillots des sélections, le vert fluo, le turquoise, les jaune et rouge pétard, attendre la formation du groupe d’éclaireurs, le Mongol, le Panaméen, le Sierra-Léonais qui réussiront à s’y glisser, leurs coeurs qui tapent fort le temps d’un ou deux tours de circuit, et puis le dénouement dont on aura passé toute la semaine à imaginer l’infini des possibilités.Tadej Pogacar et le Mexicain Isaac Del Toro (son coéquipier chez UAE le reste de la saison), lors d’une des reconnaissances cette semaine. Avec tout au long du parcours un public plein de ferveur.
Une semaine où l’on aura été pris dans un tourbillon de couleurs, de musique, de joie de vivre, un chavirement unique aux Mondiaux. L’édition de Kigali marque l’histoire du cyclisme car elle est la première organisée sur le sol africain, un symbole fort qu’on espère suivi d’effets concrets pour tous les cyclistes talentueux du continent qui ont encore du mal à percer, mais elle est aussi un événement pour celle du Rwanda.
Le cyclisme a agi après
le génocide au Rwanda
comme un baume
pour se reconstruire
Au pays des mille collines, le cyclisme a agi après le génocide des Tutsis en 1994 comme un baume pour se reconstruire, se retrouver, avant de devenir un outil de promotion extérieure, un message envoyé au monde que malgré la tragédie, le pays était debout. On ne peut parler du Mondial ici sans évoquer les récits des atrocités d’il y a trente ans, du miracle de la guérison, mais aussi des blessures encore ouvertes, les milliers de Rwandais sans nouvelles de leurs proches disparus et interdits de deuil, les charniers qu’on découvre encore, les gens littéralement seuls, dont toute la famille a été décimée, les enfants nés après la catastrophe à qui il faut expliquer qu'il n'y a pas de grandsparents à qui rendre visite. Et comment oublier tous ces malheureux qu'on nous à décrits comme des " zombies ", qui errent tout l'année avec leurs souffrances enfouies et craquent chaque mois d'avril au moment des commémorations, pleurent en public, crient, éructent, les stigmates de leurs douleurs subitement visibles.
Le cadre flou du Mondial
convient à merveille
à Pogačar
Il faut avoir tout cela en tête aujourd’hui pour comprendre l’importance du rendezvous, le sens d’un Mondial ici, davantage que les interminables débats sur la chaleur, l’humidité, l’altitude. Mais pas d’inquiétude, rien n’a changé pour la course le temps de cette digression indispensable, Tadej Pogacar en est toujours l’immense favori. Malgré le grain de sable du contrela-montre de dimanche dernier, une claque comme il n’en avait pas pris depuis longtemps, qui a ajouté une pincée de doute bienvenue.
Sa défaite ne présage en rien de ce qui se passera aujourd’hui et après son spleen du Tour de France, le Slovène revient sur le terrain qu’il affectionne, celui des combats sans lendemain. Le cadre flou du Mondial lui convient à merveille, un terrain vague sans les limites et repères habituels, qu’il peut labourer à sa guise, où ses pulsions ne le condamnent pas, où personne ne le corsète, comme à Zurich l’an passé avec son chef-d’oeuvre surréaliste.
En Suisse, Pogacar avait montré qu’il était prêt à tout perdre et cette dimension, qui est son venin, fut le socle de son sacre. C’est d’ailleurs une leçon pour Remco Evenepoel. L’an passé, le Belge n’avait pas osé suivre le Slovène dans son odyssée, mais aujourd’hui, il lui sera impossible de laisser un centimètre à son rival, si c’est le titre qui l’intéresse, sinon sa défaite n’en sera que plus certaine. Evenepoel n’est jamais aussi fort que sous le maillot de son pays, il est libéré après sa victoire dans le chrono qui lui a donné un supplément de confiance, mais il va lui falloir davantage que de bonnes jambes.
Lui comme les autres outsiders demeurent face à un dilemme qui ressemble à une impasse, que la difficulté du parcours rwandais accentue, avec ses 5500m de dénivelé positif et les oracles apocalyptiques qui promettent seulement une poignée de coureurs à l’arrivée. Soit tenter de survivre le plus loin possible pour voir le dernier tour, au risque, très grand, de s’y faire clouer. Ou démarrer de bonne heure, laisser la folie engendrer plus de folie, miser sur le délire collectif, orchestré par ce chien enragé de Ben Healy par exemple, mais il faut être sûr d’avoir les ressources pour cela et surtout de pouvoir être plus fou que le boss de l’asile.
Les Bleus n'ont pas
de grand favori
mails ils se rangent derrière
leur état d'esprit
Pogačar, lui, n’a pas à trancher cette alternative, les deux schémas le ravissent. Il ne doit pas non plus être mécontent qu’un axe UAE traverse la course. Le Mondial, sanctuaire des équipes nationales, n’est pas étanche à la superpuissance de la formation émirienne, dont l’influence s’infiltre à plusieurs niveaux. Celui des forfaits déjà, de Jhonatan Narvaez, Joao Almeida, Tim Wellens, dans lesquels on peut voir le refus de courir contre leur leader habituel. Celui des équipiers présents, qui constituent une colonne redoutable, l’adversité la plus coriace, avec Isaac Del Toro, Pavel Sivakov, Jay Vine ou Juan Ayuso. L’Espagnol, en froid avec son équipe, n’aura aucun état d’âme, mais les autres, refuseront-ils un petit coup de pouce à leur boss si tout est perdu ? Cela ne relève pour l’heure que du fantasme, mais ce sont des mouvements à surveiller.
L’équipe de France, elle, compte bien tirer avantage de la nature du Mondial, gratter les sucs de la course en circuit, de l’absence d’oreillettes, de l’osmose d’un jour pour un bien supérieur, intangible. Les Bleus n’ont pas de grand favori, mais ils se rangent derrière leur état d’esprit et on peut leur faire confiance pour créer des remous autour de Pavel Sivakov, la carte maîtresse avec son endurance, Julian Alaphilippe en capitaine de route de luxe, et les jeunots Paul Seixas et Louis Barré qu’on voit bien naviguer avec beaucoup de liberté.
Quand Thomas Voeckler a répété cette semaine qu’il espérait voir les autres nations courir comme la sienne pour le titre, c’était une sorte d’appel des non-alignés, une exhortation à la résistance en direction de Tom Pidcock, Giulio Ciccone, Thymen Arensman, du trident australien Jay Vine, Michael Matthews, Jai Hindley pour tenter de renverser Pogacar. Ce matin, il faut se souvenir de la beauté sauvage de Glasgow en 2023, de la bataille du siècle à Zurich l’an passé pour effleurer ce qui nous attend. Le Mondial est là, un grand jour s’avance. Un jour pour l’histoire.
Tadej Pogacar e il messicano Isaac Del Toro (suo compagno di squadra alla UAE Emirates-XRG per il resto della stagione), durante una delle ricognizioni di questa settimana.
Con un pubblico entusiasta lungo tutto il percorso.
LA BENEDIZIONE DELL'ARCOBALENO
POGACAR SFIDA LA STORIA
Nonostante il dubbio instillatogli da Remco Evenepoel durante la cronometro, Tadej Pogačar è il grande favorito per succedere a se stesso in un Mondiale storico, in Ruanda, il primo sul suolo africano.
28 settembre 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
KIGALI – Eccoci di nuovo alla mattina del giorno più bello dell'anno, quello che non assomiglia a nessun altro, e non vediamo l'ora di assaporarne ogni piacere, riscoprire il caleidoscopio delle maglie delle nazionali, il verde fluo, il turchese, il giallo e il rosso fuoco d'artificio, aspettare la formazione del gruppo di apripista, il mongolo, il panamense, il sierraleonese che riusciranno a inserirsi, i loro cuori che batteranno forte per uno o due giri di circuito, e poi il finale che avremo passato tutta la settimana a immaginare nelle infinite possibilità.
Una settimana in cui saremo stati travolti da un vortice di colori, musica, gioia di vivere, un'emozione unica ai Mondiali. L'edizione di Kigali segna la storia del ciclismo perché è la prima organizzata in terra africana, un simbolo forte che si spera sia seguito da effetti concreti per tutti i corridori di talento del continente che ancora faticano a emergere, ma è anche un evento importante per il Ruanda.
Il ciclismo ha agito dopo
il genocidio in Ruanda
come un balsamo
per ricostruirsi
Nel Paese delle mille colline, il ciclismo ha agito dopo il genocidio dei Tutsi nel 1994 come un balsamo per ricostruirsi, ritrovarsi, prima di diventare uno strumento di promozione esterna, un messaggio inviato al mondo che, nonostante la tragedia, il Paese era ancora in piedi. Non si può parlare del Mondiale qui senza evocare i racconti delle atrocità di trent'anni fa, del miracolo della guarigione, ma anche delle ferite ancora aperte, delle migliaia di ruandesi senza notizie dei loro cari scomparsi e a cui è vietato il lutto, delle fosse comuni che si scoprono ancora, le persone letteralmente sole, la cui intera famiglia è stata decimata, i bambini nati dopo la catastrofe a cui bisogna spiegare che non ci sono nonni da andare a trovare. E come dimenticare tutti quei poveri sfortunati che ci sono stati descritti come “zombie”, che vagano tutto l'anno con le loro sofferenze sepolte e crollano ogni mese di aprile al momento delle commemorazioni, piangono in pubblico, urlano, eruttano, con i segni del loro dolore improvvisamente visibili.
Il contesto sfocato del Mondiale
si adatta perfettamente
a Pogačar
È necessario tenere presente tutto questo oggi per comprendere l'importanza dell'appuntamento, il significato di un Mondiale qui, più che le interminabili discussioni sul caldo, l'umidità, l'altitudine. Ma non preoccupatevi, nulla è cambiato per la gara durante questa indispensabile digressione, Tadej Pogačar è ancora il grande favorito. Nonostante il granello di sabbia della cronometro di domenica scorsa, una batosta come non ne subiva da tempo, che ha aggiunto un pizzico di dubbio benvenuto.
La sua sconfitta non annuncia nulla di ciò che accadrà oggi e, dopo la sua malinconia al Tour de France, lo sloveno torna sul terreno che ama, quello delle battaglie senza domani. Il contesto sfumato dei Mondiali gli si addice perfettamente, un terreno incolto senza i limiti e i punti di riferimento abituali, che può arare a suo piacimento, dove i suoi impulsi non lo condannano, dove nessuno lo costringe, come a Zurigo l'anno scorso con il suo capolavoro surreale.
In Svizzera (nel 2024), Pogačar aveva dimostrato di essere pronto a perdere tutto e questa sua caratteristica, che è il suo punto di forza, è stata alla base della sua vittoria. È una lezione anche per Remco Evenepoel. L'anno scorso, il belga non aveva osato seguire lo sloveno nella sua odissea, ma oggi gli sarà impossibile lasciare anche solo un centimetro al suo rivale, se è il titolo che gli interessa, altrimenti la sua sconfitta sarà ancora più certa. Evenepoel non è mai così forte come quando indossa la maglia del suo Paese, è liberato dopo la vittoria nella cronometro che gli ha dato una marcia in più in termini di fiducia, ma avrà bisogno di qualcosa di più che delle gambe in forma.
Lui e gli altri outsider si trovano di fronte a un dilemma che sembra un vicolo cieco, accentuato dalla difficoltà del percorso ruandese, con i suoi 5500 m di dislivello positivo e le previsioni apocalittiche che promettono all'arrivo solo un manipolo di corridori. O cercare di sopravvivere il più a lungo possibile per vedere l'ultimo giro, con il rischio, parecchio grosso, di rimanere bloccati. Oppure partire presto, lasciare che la follia generi altra follia, scommettere sulla delirante collettività, orchestrata da quel cane rabbioso di Ben Healy, per esempio, ma bisogna essere sicuri di avere le risorse per farlo e soprattutto di poter essere più pazzi del capo del manicomio.
I Bleus non hanno
un grande favorito
ma si schierano dietro
il loro stato d'animo
Pogačar, dal canto suo, non deve scegliere tra queste alternative, poiché entrambe lo rendono felice. Non deve nemmeno essere scontento che un asse UAE attraversi la gara. Il Mondiale, santuario delle squadre nazionali, non è immune alla superpotenza della formazione emiratina, la cui influenza si infiltra a diversi livelli. Quello dei forfait, già, di Jhonatan Narváez, João Almeida, Tim Wellens, in cui si può leggere il rifiuto di correre contro il loro leader abituale. Quello dei compagni di club presenti, che costituiscono una colonna formidabile, l'avversario più agguerrito, con Isaac Del Toro, Pavel Sivakov, Jay Vine o Juan Ayuso. Lo spagnolo, in contrasto con la sua squadra, non avrà alcun rimorso, ma gli altri rifiuteranno di dare una mano al loro capo se tutto sarà perduto? Per ora è solo una fantasia, ma sono mosse da tenere d'occhio.
La squadra francese, dal canto suo, conta di trarre vantaggio dalla natura del Mondiale, sfruttando al massimo la gara su circuito, l'assenza di radioline e l'osmosi di un giorno per un bene superiore, intangibile. I Bleus non hanno un grande favorito, ma sono uniti dal loro spirito di squadra e si può contare su di loro per creare scompiglio attorno a Pavel Sivakov, la carta vincente con la sua resistenza, Julian Alaphilippe come capitano di lusso e i giovani Paul Seixas e Louis Barré, che si vedono navigare con grande libertà.
Quando (il CT francese) Thomas Voeckler ha ribadito questa settimana che sperava di vedere le altre nazionali gareggiare come la sua per il titolo, è stato una sorta di appello dei non allineati, un invito alla resistenza rivolto a Tom Pidcock, Giulio Ciccone, Thymen Arensman, al trio australiano Jay Vine, Michael Matthews e Jai Hindley per cercare di battere Pogačar. Questa mattina, bisogna ricordare la bellezza selvaggia di Glasgow nel 2023, la battaglia del secolo a Zurigo lo scorso anno per avere un assaggio di ciò che ci aspetta. Il Mondiale è qui, un grande giorno si avvicina. Un giorno che passerà alla storia.

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