Pogačar comme un sprinteur


Tadej Pogačar à Zurich lors de la course en ligne 
Élite des Championnats du monde 2024 qu’il a remportée.

28 Sep 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS (avec A. Ro.)

Le Slovène réalise des différences par son explosivité mais sa position, au moment de ses attaques, n’est pas sans rappeler celle des sprinteurs, en athlétisme.

“En montée, quand un coureur se met en danseuse, il s’incline au sol. 
Il peut tirer la pédale avec son ischio, pousser fort en tendant la jambe, 
quand il peut tirer l’autre pédale avec le psoas qui va ramener le genou. 
Un peu comme les sprinteurs en athlé
   - RENAUD LONGUÈVRE, ANCIEN ENT'RAÎNEUR DE MURIEL HURTIS 

Personne ne sait quand, ni où, Tadej Pogacar va attaquer, aujourd’hui, dans la côte de Kimihurura ou dans le mur de Kigali. Ni comment. Assis, sa position privilégiée depuis que le travail de gainage, ces deux dernières années, le lui permet « en raison des manivelles plus courtes qu’il utilise et de la fréquence de pédalage plus élevée que cela implique », comme le rappelait Jeroen Swart, directeur de la performance d’UAE Emirates-XRG, cet été? Ou avec une de ses attaques thermonucléaires, debout sur les pédales, quand la pente s’élève vraiment et qu’il veut clouer au sol ses adversaires les plus collants, comme lors de sa victoire à Rouen (4e étape) sur le Tour?

À ce sujet, Frédéric Grappe, au cours d’un échange informel, nous avait interpellés, il y a quelques mois, sur ce type d’attaque, « un modèle biomécanique de transfert d’énergie et de force ». Et le directeur de la performance de Groupama-FDJ d’y voir une analogie avec l’athlétisme : « Prends un sprinteur dans la phase d’accélération des vingt premiers mètres, tu redresses l’image de 45 degrés vers le haut. Tu as Pogacar. »

Renaud Longuèvre, l’ancien entraîneur de Muriel Hurtis, championne d’Europe du 200 m en 2002, ne s’est pas fait prier pour analyser cette piste, « admiratif de Van der Poel, qui optimise le mieux ses leviers osseux. Rien ne bouge, rien n’est perdu dans les transmissions des forces. Chez Pogacar, il y a quand même des mouvements latéraux d’épaule, droite, gauche, des coups de tête. »

Mais sur l’intuition de Grappe, Longuèvre « comprend l’idée car Pogacar est capable de monter plus vite que les autres en force et en fréquence. La course à pied est également dépendante de la fréquence et de l’amplitude. Quand tu as les deux, tu as l’arme fatale. La comparaison avec les vélos, ce sont les braquets. Celui qui est capable de mettre de la fréquence avec de grands braquets va plus vite que les autres. »

C’est aussi la limite de l’analogie entre les deux disciplines selon lui. « La course à pied, c’est produire de la force sur le sol qui te renvoie ces forces dans le sens de la course. En vélo, tu produis des forces sur un pédalier. Sur le plat, tu as les ischios qui tirent sur la pédale pendant que les quadriceps et le fessier vont pousser l’autre pédale, il faut “pédaler rond”. En montée, quand un coureur se met en danseuse, il s’incline au sol. À l’inverse du plat, il peut tirer la pédale avec son ischio, pousser fort en tendant la jambe, quand il peut tirer l’autre pédale avec le psoas qui va ramener le genou. Un peu comme les sprinteurs en athlé. On demande à nos athlètes de ramener, avec la jambe qui n’est pas au sol, le genou vers la poitrine, ce qui permet d’alléger la poussée vers le sol. C’est un travail de transfert de forces. »

Le lancement de l’attaque chez les cyclistes, lui, souffre logiquement d’une explosivité limitée dans « ce sport d’endurance où après six heures de course, les mecs sont cramés, observe Longuèvre. On est donc à des années -lumière des temps de réaction d’athlètes qui ont un effort de dix secondes à faire. Un marathonien face à Noah Lyles (champion olympique du 100 m à Paris) n’existera pas dans les blocs mais à la fin d’un marathon, il finira à 30 km/h. Pogacar, quand il attaque, les autres ne sont plus capables de suivre, ils n’ont plus d’essence. Lui en a encore. Mais comme Julian Alaphilippe, dans ses années fastes, ce qui les caractérise, c’est cette soudaineté très abrupte à produire de l’accélération. »

Et, sous cet angle, assimilable à un sprinteur sortant des starting-blocks ( « avec un angle à30degrés, tu es sur un niveau expert » , note Longuèvre), même si dans le cas du leader d’UAE, plus souvent pris en photo de face que de côté, il n’est pas simple de figer le mouvement, sa position. Lesmieux placés pour en parler seraient ses adversaires. Mais pas certain, car l’instant est fugace…

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NE JAMAIS RENONCER

Derrière la Slovénie de Tadej Pogacar, plusieurs nations affichent leurs ambitions pour la course du jour et veulent exister. Tour d’horizon.

28 Sep 2025 - L'Équipe
P. L. G.

BELGIQUE
Le calme autour d’Evenepoel

Le leadership de Remco Evenepoel, sacré dimanche dernier dans le chrono, est indiscutable. La sélection n’est cette fois pas tiraillée entre deux leaders et leurs fidèles équipiers, ou bousculée par des patrons d’équipes de marques qui comptent et recomptent le nombre de leurs représentants. Les polémiques sur les choix du sélectionneur semblent aussi révolues, d’autant que la nomination de Serge Pauwels fait l’unanimité. Ancien pro (notamment pour Sky et Omega PharmaQuick-Step) jusqu’en 2020, sa légitimité est reconnue, sa parole a du poids.

ESPAGNE
La première de Valverde

Retiré des pelotons depuis trois ans, Alejandro Valverde (45ans) est désormais à la tête de la sélection. Fort de ses 7 podiums aux Mondiaux, dont un titre en 2018, l’Espagnol s’est imposé comme une évidence. Son expérience sera évidemment un atout, même s’il doit gérer la situation complexe de son leader Juan Ayuso, lâché par UAE (ilcourra l’an prochain chez Lidl-Trek) et animé certainement d’un sentiment de revanche. Valverde, plutôt taiseux durant sa carrière, devra trouver les bons mots pour canaliser son coureur.

AUSTRALIE
Un pack de choix

Si le nom de Jay Vine apparaît parmi les outsiders, les Aussies joueront groupés aujourd’hui et leur titre mondial dans l’épreuve du relais mixte a révélé cet état d’esprit. Derrière le meilleur grimpeur de la dernière Vuelta, il y aura autant de cartes à jouer que de talents: Jai Hindley (4ede la Vuelta), Michael Storer (récent vainqueur du Mémorial Pantani), Luke Plapp et Michael Matthews, artisans du succès au côté de Vine mercredi.

ÉRYTHRÉE 
Girmay n’est pas seul

Si tous les projecteurs sont braqués sur Biniam Girmay, la sélection érythréenne a d’autres coureurs expérimentés, qui courent ou ont couru en World Tour : Natnael Tesfazion (Movistar), Henok Mulubrhan (XDS-Astana), Amanuel Ghebreigzabhier (Lidl-Trek) ou Merhawi Kudus (Astana, Dimension Data, EF Education). Ils ont l’avantage aussi de connaître les conditions de course, ils ont tous couru le Tour du Rwanda. Mulubrhan et Tesfazion l’ont gagné, Kudus, Zeray et Girmay y ont remporté des étapes.

ITALIE 
La longue attente

Longtemps spécialiste de l’épreuve, l’Italie attend toujours un successeur à Alessandro Ballan, vainqueur à Varèse (ITA) en 2008. Parmi les nations historiques du cyclisme, elle est de loin la plus à la traîne. Les palabres et les disputes internes pour désigner un leader et surtout convaincre les autres de travailler pour lui semblent bien lointaines. Seul Giulio Ciccone peut, aujourd’hui, dans un grand jour, viser très haut.

SLOVÉNIE 
Roglic en soutien

Quand Tadej Pogacar est là, toute la sélection slovène doit être à son service. Le mérite de Primoz Roglic est de l’avoir accepté depuis déjà quelque temps mais surtout de revenir pour apporter, à 35ans, son aide et son expérience. Certes il n’a jamais vraiment brillé sur les Mondiaux, sa meilleure place (6e) remonte à Imola en 2020, mais sa seule présence auprès du quadruple vainqueur du Tour sera un atout non négligeable.

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Tadej Pogačar a Zurigo durante la gara su strada 
Élite uomini dei mondiali 2024 che ha vinto.

Pogačar come uno sprinter

Lo sloveno fa la differenza con la sua esplosività, ma la sua posizione, al momento degli attacchi, ricorda quella dei velocisti nell'atletica leggera.

«In salita, quando un corridore si mette in piedi sui pedali, si inclina verso il basso. 
Può tirare il pedale con il muscolo posteriore della coscia, spingendo forte con la gamba tesa, 
mentre con l'altro pedale può tirare con il muscolo psoas (*) che riporta indietro il ginocchio. 
Un po' come i velocisti nell'atletica.»
   - RENAUD LONGUÈVRE, EX 
     ALLENATORE DI MURIEL HURTIS 

28 settembre 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS (con A. Ro.)

Nessuno sa quando e dove Tadej Pogačar attaccherà oggi, sulla salita di Kimihurura o sul muro di Kigali. Né come. Da seduto, la sua posizione privilegiata da quando il lavoro di rafforzamento muscolare degli ultimi due anni glielo consente “grazie alle pedivelle più corte che utilizza e alla maggiore frequenza di pedalata che ciò comporta”, come ha ricordato Jeroen Swart, direttore delle prestazioni alla UAE Emirates-XRG, quest'estate? O con uno dei suoi attacchi termonucleari, in piedi sui pedali, quando la pendenza aumenta davvero e lui vuole inchiodare al suolo i suoi avversari più ostinati, come nella sua vittoria a Rouen (4a tappa) al Tour?

A questo proposito, Frédéric Grappe, durante una conversazione informale alcuni mesi fa, ci aveva fatto notare che quel tipo di attacco è «un modello biomeccanico di trasferimento di energia e forza». Il direttore delle prestazioni di Groupama-FDJ vi ha visto un'analogia con l'atletica leggera: «Prendi un velocista nella fase di accelerazione dei primi venti metri, inclina l'immagine di 45 gradi verso l'alto. Ed ecco Pogačar». »

Renaud Longuèvre, ex allenatore di Muriel Hurtis, campionessa europea dei 200 m nel 2002, non si è fatto pregare per analizzare questa pista, «ammiratore di van der Poel, che ottimizza al meglio le sue leve ossee. Nulla si muove, nulla va perso nella trasmissione delle forze. In Pogačar, invece, ci sono comunque movimenti laterali delle spalle, destra, sinistra, colpi di testa».

Ma sull'intuizione di Grappe, Longuèvre «comprende l'idea perché Pogačar è in grado di salire più velocemente degli altri in forza e frequenza. Anche la corsa dipende dalla frequenza e dall'ampiezza. Quando hai entrambe, hai l'arma vincente. Il paragone con le biciclette è quello dei rapporti. Chi è in grado di aumentare la frequenza con rapporti elevati va più veloce degli altri".

Secondo lui, questo è anche il limite dell'analogia tra le due discipline. «La corsa consiste nel produrre forza sul terreno che ti restituisce queste forze nella direzione della corsa. In bicicletta, produci forza sui pedali. In pianura, i muscoli posteriori della coscia tirano il pedale mentre i quadricipiti e i glutei spingono l'altro pedale, bisogna “pedalare in modo rotondo”. In salita, quando un corridore si mette in piedi sui pedali, si inclina verso il suolo. Al contrario che in pianura, può tirare il pedale con il muscolo posteriore della coscia, spingendo forte con la gamba tesa, mentre può tirare l'altro pedale con il muscolo psoas (*) che riporta il ginocchio indietro. Un po' come i velocisti nell'atletica leggera. Chiediamo ai nostri atleti di riportare il ginocchio verso il petto con la gamba che non è a terra, il che permette di alleggerire la spinta verso il suolo. Si tratta di un lavoro di trasferimento di forze. "

Il lancio dell'attacco tra i ciclisti soffre logicamente di una limitata esplosività in «questo sport di resistenza in cui dopo sei ore di gara i ragazzi sono esausti», osserva Longuèvre. Siamo quindi lontani anni-luce dai tempi di reazione degli atleti che devono compiere uno sforzo di dieci secondi. Un maratoneta di fronte a Noah Lyles (campione olimpico dei 100 m a Parigi 2024) non sarà ai blocchi di partenza, ma alla fine di una maratona finirà a 30 km/h. Quando Pogačar attacca, gli altri non sono più in grado di seguirlo, hanno esaurito le energie; lui invece ne ha ancora. Ma come Julian Alaphilippe, nei suoi anni d'oro, ciò che li caratterizza è questa improvvisa e brusca accelerazione.

E, da questo punto di vista, paragonabile a uno sprinter che esce dai blocchi di partenza («con un angolo di 30 gradi, sei a un livello da esperto», osserva Longuèvre), anche se nel caso del leader della UAE, più spesso fotografato di fronte che di lato, non è facile immortalare il movimento, la sua posizione. I più adatti a parlarne sarebbero i suoi avversari. Ma non è detto, perché l'attimo è fuggente...


(*) Psoas (iliopsoas): muscolo essenziale per la flessione dell'anca e la stabilizzazione della colonna vertebrale, che può causare dolori al bacino, all'inguine e alla schiena.

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MAI MOLLARE

Dietro alla Slovenia di Tadej Pogačar, diverse nazionali mostrano le loro ambizioni per la gara di oggi e vogliono farsi valere. Panoramica.

28 settembre 2025 - L'Équipe
P. L. G.

BELGIO
La calma intorno a Evenepoel

La leadership di Remco Evenepoel, incoronato domenica scorsa nella cronometro, è indiscutibile. Questa volta la selezione non è divisa tra due leader e i loro fedeli compagni di squadra, né è turbata dai capi delle squadre di club che contano e ricontano il numero dei loro rappresentanti. Anche le polemiche sulla scelta del selezionatore sembrano ormai superate, tanto più che la nomina di Serge Pauwels è stata accolta all'unanimità. Ex professionista (in particolare per Sky e Omega PharmaQuick-Step) fino al 2020, la sua legittimità è riconosciuta e la sua parola ha peso.

SPAGNA
Il debutto di Valverde

Ritiratosi dal gruppo da tre anni, Alejandro Valverde (45 anni) è ora a capo della nazionale. Forte dei suoi 7 podi ai Mondiali, tra cui il titolo (a Innsbruck, ndr) nel 2018, lo spagnolo si è imposto come una scelta ovvia. La sua esperienza sarà un vantaggio, anche se dovrà gestire la complessa situazione del suo leader Juan Ayuso, scaricato dalla UAE Emirates-XRG (e il prossimo anno alla Lidl-Trek) e animato da un sentimento di rivalsa. Valverde, piuttosto taciturno durante la sua carriera, dovrà trovare le parole giuste per motivare il suo corridore.

AUSTRALIA
Un gruppo di prim'ordine

Se il nome di Jay Vine compare tra gli outsider, gli australiani giocheranno oggi in gruppo e il loro titolo mondiale nella staffetta mista ha rivelato questo stato d'animo. Dietro al miglior scalatore dell'ultima Vuelta, ci saranno tante carte da giocare quanti sono i talenti: Jai Hindley (4° alla Vuelta), Michael Storer (recente vincitore del Memorial Pantani), Luke Plapp e Michael Matthews, artefici del successo al fianco di Vine mercoledì.

ERITREA 
Girmay non è solo

Se tutti i riflettori sono puntati su Biniam Girmay, la selezione eritrea ha altri corridori esperti, che corrono o hanno corso nel World Tour: Natnael Tesfazion (Movistar), Henok Mulubrhan (XDS-Astana), Amanuel Ghebreigzabhier (Lidl-Trek) o Merhawi Kudus (Astana, Dimension Data, EF Education). Hanno anche il vantaggio di conoscere le condizioni di gara, avendo tutti corso il Tour of Ruanda. Mulubrhan e Tesfazion l'hanno vinto, Kudus, Zeray e Girmay hanno vinto alcune tappe.

ITALIA 
La lunga attesa

Da tempo specialista della prova, l'Italia attende ancora un successore di Alessandro Ballan, vincitore a Varese (ITA) nel 2008. Tra le nazioni storiche del ciclismo, è di gran lunga quella più in ritardo. Le discussioni e le dispute interne per designare un leader e soprattutto per convincere gli altri a lavorare per lui sembrano ormai lontane. Il solo Giulio Ciccone può oggi, in una grande giornata, puntare molto in alto.

SLOVENIA 
Roglič a sostegno

Quando è presente Tadej Pogačar, tutta la selezione slovena deve essere al suo servizio. Il merito di Primož Roglič è quello di averlo accettato già da tempo, ma soprattutto di essere tornato per offrire, a 35 anni, il suo aiuto e la sua esperienza. Certo, non ha mai brillato particolarmente ai Mondiali, il suo miglior piazzamento (6°) risale a Imola nel 2020, ma la sua sola presenza al fianco del quattro volte vincitore del Tour sarà una risorsa non trascurabile.

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