GODEFROOT - LE RIVAL DU CANNIBALE
Double vainqueur du Tour des Flandres (1968 et 1978), de Paris-Roubaix (1969) et de Liège-Bastogne-Liège (1967), Walter Godefroot est décédé hier à 82 ans.
Il avait réussi à se construire un très beau palmarès à la grande époque d’Eddy Merckx.
«J’étais, selon lui (Merckx), le coureur qui l’avait le plus souvent battu.
Venant d’Eddy, c’était un très beau compliment mais
je ne me suis jamais senti dans la peau de son dauphin»
- WALTER GODEFROOT
2 Sep 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
Walter Godefroot, qui s’est éteint hier à 82ans, s’était muré depuis quelque temps déjà dans le silence, chez lui près de Gand. Rongé par une maladie dégénérative, il vivait sous calmants, ce qui ne l’empêchait pas de recevoir encore les anciens du vélo, ceux qui ont fait son monde pendant près de quarante ans.
Ce qui frappait chez lui de prime abord, c’était ses yeux, d’un bleu perçant. Sur le podium de son premier Tour des Flandres en 1968, on ne voit qu’eux, leur lueur, ressortir de cette tribune bondée où les visages, dont le sien évidemment, étaient marqués par la douleur. Mais ses yeux offraient aussi une autre image, celle d’un caractère forgé à la dure dans cette Flandre profonde où le cyclisme était surtout un moyen de sortir de la misère dans l’après-guerre. On avait échangé avec lui à son domicile, juste avant le Covid, en 2020. Il racontait alors pourquoi il n’était plus un «vrai Flamand» … Tout ça parce qu’il sortait à vélo seulement quand il faisait soleil. On l’avait senti nostalgique, mais aussi presque désolé de nous faire cet aveu.
Car Godefroot a été l’un des monstres sacrés des années 1960 et 1970, celui qui osa s’opposer au grand Eddy Merckx, prenant la relève de Rik Van Looy, déchu par le futur Cannibale. «Sans Merckx, Godefroot serait un nouveau Van Looy », avait ainsi résumé Pierre Chany dans L’Équipe.
Il fut surnommé tantôt « la Fusée de Drongen » (sa ville natale) pour ses qualités de sprinteur ou «le Bulldog flamand» pour sa force et sa position râblée sur le vélo. Dans les années 1960, il fut, avec Roger De Vlaeminck, Eric Leman et André Dierickx, l’un des piliers de l’équipe Flandria des frères Claeys, présentée souvent comme une armée anti-Merckx. Lui n’aimait pourtant pas cette définition: «C’était plutôt une vue de l’esprit des journalistes », souriait-il. Il préférait rappeler la manière dont Merckx le présentait quand ils se retrouvaient lors de réceptions. «J’étais, selon lui, le coureur qui l’avait le plus souvent battu. Venant d’Eddy, c’était un très beau compliment, mais je ne me suis jamais senti dans la peau de son dauphin.»
Merckx sera néanmoins bel et bien son repère durant toute sa carrière. Celui qui valorisera son palmarès car ses plus beaux succès furent acquis face à l’intouchable champion, Liège-Bastogne-Liège en 1967 et Paris-Roubaix en 1969 notamment. Il remporta aussi, un an avant Merckx, son premier Tour des Flandres en 1968 (le second survint dix ans plus tard). Il se souvenait aussi de ses deux titres de champion de Belgique remportés devant lui. «En 1965, je n’étais pro que depuis trois mois chez Groene Leeuw. J’étais dans l’échappée avec un groupe de coéquipiers quand Tuur Decabooter, qui deviendra plus tard mon beau-frère, est revenu sur nous. Il a immédiatement attaqué et Eddy Merckx qui, à 19 ans, débutait aussi chez les pros, s’est jeté sur lui. Je me suis mis dans sa roue et je l’ai dépassé avant la ligne d’arrivée.» Mais sa victoire de 1972 lui semblait encore plus importante, en plein apogée de Merckx. «À l’époque, si vous ne le battiez pas, vous ne gagniez pas.»
Directeur sportif de la Telekom d’Ullrich
Si sa victoire à Paris-Roubaix en 1969 a consacré mondialement Godefroot, lui offrant de beaux contrats chez Salvarini en Italie puis chez Peugeot, lui était surtout attaché au Tour des Flandres. « On rêvait tous de Roubaix avant de comprendre que le Tour des Flandres pouvait aussi changer notre vie.» Il n’était pas qu’un simple double vainqueur de l’épreuve, il était né là, en plein coeur du champ de bataille. De nature timide, il n’osait pas se comparer aux grands champions qu’il avait côtoyés et affrontés.
En 1965, tout juste champion de Belgique, il avait été invité à une kermesse pour inaugurer son maillot tricolore. Il y rencontrait pour la première fois ses idoles et se retrouvait présenté au public sur la ligne de départ au côté de Van Looy (double champion du monde, vainqueur de tous les Monuments dont Paris-Roubaix trois fois et le Tour des Flandres deux fois).
« J’avais là en face de moi l’empereur d’Herentals. Je venais d’une famille d’ouvriers, je ne savais pas comment l’aborder. Fallait-il l’appeler monsieur Van Looy ou Rik?» Il en rougissait encore en évoquant l’anecdote. Après quinze ans chez les professionnels, il était devenu directeur sportif chez IJsboerke puis chez Lotto et Weimann, où il forma un jeune compatriote, Patrick Lefévère, avant de prendre les rênes de l’équipe allemande Telekom au début des années 1990, celle de Jan Ullrich, démantelée à la suite de l’affaire Puerto en 2006. Il fit encore une pige auprès de l’équipe Astana jusqu’en 2007 pour aider Alexandre Vinokourov, qu’il appréciait.
Marqué par ces affaires de dopage, il avait ensuite pris du recul, suivant l’actualité à distance, devant sa télé ou dans les journaux. «Je vis heureux, loin de toute l’agitation de l’extérieur. J’ai vécu de belles années, le cyclisme a occupé quarante ans de ma vie, j’ai été bien rassasié.»
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IL RIVALE DEL CANNIBALE
Due volte vincitore del Giro delle Fiandre (1968 e 1978), una della Parigi-Roubaix (1969) e della Liegi-Bastogne-Liegi (1967), Walter Godefroot è deceduto ieri all'età di 82 anni.
Era riuscito a costruirsi un palmarès di tutto rispetto nella grande epoca di Eddy Merckx.
«Secondo lui (Merckx), ero il corridore che lo aveva battuto più spesso.
Detto da Eddy, era un gran complimento,
ma io non mi sono mai sentito il suo secondo».
- WALTER GODEFROOT
2 settembre 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
Direttore sportivo della Telekom di Ullrich
- WALTER GODEFROOT
2 settembre 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
Walter Godefroot, deceduto ieri all'età di 82 anni, da tempo si era ritirato in silenzio nella sua casa vicino a Gand. Consumato da una malattia degenerativa, viveva sotto l'effetto di sedativi, ma ciò non gli impediva di ricevere ancora i veterani del ciclismo, coloro che avevano fatto parte della sua vita per quasi quarant'anni.
Ciò che a prima vista colpiva di lui erano i suoi occhi, di un blu penetrante. Sul podio del suo primo Giro delle Fiandre nel 1968, si vedono solo quelli, il loro bagliore, che risalta da quella tribuna affollata dove i volti, compreso il suo, erano segnati dal dolore. Ma i suoi occhi offrivano anche un'altra immagine, quella di un carattere forgiato dalla dura realtà delle Fiandre profonde, dove il ciclismo era soprattutto un mezzo per uscire dalla miseria del dopoguerra. Avevamo parlato con lui a casa sua, poco prima del Covid-19, nel 2020. Ci aveva raccontato perché non era più un «vero fiammingo»... Tutto perché usciva in bicicletta solo quando c'era il sole. Lo avevamo percepito nostalgico, ma anche quasi dispiaciuto di farci quella confessione.
Godefroot è stato infatti uno dei grandi campioni degli anni '60 e '70, colui che ha osato opporsi al grande Eddy Merckx, prendendo il posto di Rik Van Looy, detronizzato dal futuro Cannibale. «Senza Merckx, Godefroot sarebbe un nuovo Van Looy», aveva sintetizzato Pierre Chany su L'Équipe.
È stato soprannominato “il razzo di Drongen” (la sua città natale) per le sue qualità di velocista o “il bulldog fiammingo” per la sua forza e la sua posizione robusta sulla bicicletta. Negli anni '60, insieme con Roger De Vlaeminck, Eric Leman e André Dierickx, fu uno dei pilastri della squadra Flandria dei fratelli Claeys, spesso presentata come un'armata anti-Merckx. Tuttavia, a lui quella definizione non piaceva: «Era piuttosto una visione nella mente dei giornalisti», sorrideva. Preferiva ricordare il modo in cui Merckx lo presentava quando si incontravano ai ricevimenti. «Secondo lui, ero il corridore che lo aveva battuto più spesso. Detto da Eddy, era un gran complimento, ma io non mi sono mai sentito il suo secondo».
Merckx resterà comunque il suo punto di riferimento per tutta la carriera. Colui che ne valorizzerà i successi perché le vittorie più belle Godefroot le ha ottenute contro il campione imbattibile, in particolare la Liegi-Bastogne-Liegi nel 1967 e la Parigi-Roubaix nel 1969. Vincendo anche, un anno prima di Merckx, il suo primo Giro delle Fiandre nel 1968 (il secondo arrivò dieci anni dopo). Ricordava anche i suoi due titoli di campione del Belgio conquistati davanti a lui. «Nel 1965 ero professionista da soli tre mesi alla Groene Leeuw. Ero in fuga con un gruppo di compagni di squadra quando Tuur Decabooter, che sarebbe poi diventato mio cognato, ci raggiunse. Attaccò immediatamente e Eddy Merckx, che a 19 anni era anche lui al suo esordio tra i professionisti, si lanciò su di lui. Mi misi nella sua scia e lo superai prima del traguardo». Ma la sua vittoria del 1972 gli sembrava ancora più importante, proprio nel momento di massimo splendore di Merckx. «All'epoca, se non lo battevi, non vincevi».
Direttore sportivo della Telekom di Ullrich
Se la vittoria alla Parigi-Roubaix nel 1969 consacrò Godefroot a livello mondiale, offrendogli ottimi contratti con la Salvarani in Italia e poi con la Peugeot (in Francia, ndr), lui era soprattutto affezionato al Giro delle Fiandre. «Tutti sognavamo la Roubaix prima di capire che anche il Giro delle Fiandre poteva cambiarci la vita». Non era solo un semplice due volte vincitore della gara, era nato là, nel cuore dei campi di battaglia. Di natura timida, non osava paragonarsi ai grandi campioni che aveva frequentato e affrontato.
Nel 1965, appena diventato campione del Belgio, era stato invitato a una festa per celebrare la sua maglia tricolore. Là, incontrò per la prima volta i suoi idoli e si ritrovò presentato al pubblico sulla linea di partenza al fianco di Van Looy (due volte campione del mondo, vincitore di tutti le Monumento, tra cui tre volte la Parigi-Roubaix e due volte il Giro delle Fiandre).
«Avevo davanti a me l'"Imperatore di Herentals". Venivo da una famiglia di operai, non sapevo come rivolgermi a lui. Dovevo chiamarlo signor Van Looy o Rik?» Arrossiva ancora al ricordo di quell'episodio. Dopo quindici anni da professionista, era diventato direttore sportivo alla IJsboerke, poi alla Lotto e alla Weimann, nella quale aveva formato un giovane connazionale, Patrick Lefévère, prima di prendere le redini della squadra tedesca Telekom all'inizio degli anni '90, quella di Jan Ullrich, poi smantellata in seguito all'indagine Operación Puerto nel 2006. Ha continuato a lavorare come freelance per il team Astana fino al 2007 per aiutare Alexandre Vinokourov, che apprezzava molto.
Segnato da questi scandali di doping, ha poi preso le distanze, seguendo l'attualità da lontano, davanti la TV o sui giornali. «Vivo felice, lontano da tutto il trambusto esterno. Ho vissuto anni bellissimi, il ciclismo ha occupato quarant'anni della mia vita, ne ho avuto abbastanza».
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Le dénicheur du Koppenberg
Walter Godefroot fut l’un des plus farouches opposants à la modernisation du Tour des Flandres à la charnière des années 1960 et 1970, au moment où les services de l’État ont commencé à rénover et bitumer les routes. Il avait connu le Kemmel et le Paterberg quand la chaussée était encore en terre et il refusait qu’on dénature le parcours des courses flamandes. Proche de Noël Foré, ancien vainqueur de Paris-Roubaix (en 1959) et du Tour des Flandres (en 1963) qui aidait les organisateurs du Ronde à dénicher de nouveaux parcours, il participa à sa manière au renouveau de la course, même s’il se garda bien de révéler tous ses petits secrets. Comme le Koppenberg, qu’il fut le premier à franchir mais seulement à l’entraînement. Il avait seulement dit à Foré qu’il connaissait une bosse très pentue, idéale pour la course mais qu’il en préciserait l’emplacement seulement après sa carrière. C’est finalement le propriétaire de la maison au sommet du Koppenberg qui indiqua le lieu aux organisateurs. Affolé à l’idée de passer « son » mont en course pour la première fois en 1976, il le dompta deux ans plus tard lors de son deuxième succès.
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Lo scopritore del Koppenberg
Walter Godefroot è stato uno dei più accaniti oppositori della modernizzazione del Giro delle Fiandre a cavallo tra gli anni '60 e '70, quando i servizi statali iniziarono a rinnovare e asfaltare le strade. Aveva conosciuto il Kemmel e il Paterberg quando la strada era ancora sterrata e si rifiutava di accettare che il percorso delle gare fiamminghe venisse snaturato. Amico di Noël Foré, ex vincitore della Parigi-Roubaix (nel 1959) e del Giro delle Fiandre (nel 1963), che aiutava gli organizzatori della Ronde a trovare nuovi percorsi, contribuì a modo suo al rinnovamento della gara, anche se si guardò bene dal rivelare tutti i suoi piccoli segreti. Come il Koppenberg, su cui fu il primo a scollinare, ma soltanto durante gli allenamenti. Aveva solo detto a Foré di conoscere una salita molto ripida, ideale per la gara, ma che ne avrebbe rivelato la posizione solo dopo la fine della propria carriera. Alla fine fu il proprietario della casa in cima al Koppenberg a indicare il luogo agli organizzatori. Turbato all'idea di superare la “sua” montagna in gara per la prima volta nel 1976, la domò due anni dopo con la sua seconda vittoria.
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EN BREF
Né le 2 juillet 1943 à Gand (BEL). Décédé le 1er septembre.
Palmarès : médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Tokyo (1964, amateur) ; 10 étapes du Tour de France (entre 1967 et 1975) ; 1 étape du Tour d’Italie (1970) ; 2 étapes du Tour d’Espagne (1971) ; champion de Belgique (1965, 1972) ; Liège-BastogneLiège (1967) ; Tour des Flandres (1968 et 1978) ; Gand-Wevelgem (1968) ; 3 étapes de Paris-Nice (1968, 1973) ; Paris-Roubaix (1969) ; Bordeaux-Paris (1969, 1976).

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