LE DERNIER SOUFFLE


PHOTOS : ÉTIENNE GARNIER Tadej Pogacar, 
lors de la reconnaissance du parcours de Liège-Bastogne-Liège, vendredi.

Frissons garantis

Au bout d’une campagne de classiques vibrionnante et épique, tentera de remporter aujourd’hui sa troisième Doyenne. Face au champion du monde, ce grognard magnifique de Remco Evenepoel et une armée de rebelles menée par Mattias Skjelmose.


27 Apr 2025 - L'Équipe
TEXTE : ALEXANDRE ROOS

LIÈGE (BEL) – Alors qu’à l’aube la brume se dissipera sur les toboggans de l’Ardenne, il flottera l’impression d’un dernier matin, une pointe de mélancolie au moment où la campagne des classiques s’achève, où l’on repensera à Sienne, à la Cipressa, au Quaremont, à Pont-Thibault, tous ces noms qui nous ont accompagnés pendant le printemps et sur lesquels des souvenirs se sont imprimés. On peut rouvrir cette discussion infinie, plutôt classiques ou courses par étapes, au fond de nous chacun sent où va sa préférence, heureusement c’est une question que nous ne sommes pas obligés de trancher – les classiques, bien sûr –, mais il règne tout de même dans les Monuments quelque chose d’un absolu, d’une quintessence de la course cycliste et d’un précipice qui vont nous manquer jusqu’au Championnat du monde.

Avant de tirer le rideau, il reste un épisode à boulotter, où Tadej Pogacar sera encore en représentation, au bout du bout, avec la fatigue et l’épuisement qui le grignotent, mais rendons d’abord hommage aux supposés seconds rôles, Remco Evenepoel, grâce à qui il pourraity a voir un match tout à l’heure, ou Mattias Skjelmose, même si le Danois a été remué par sa chute dans la Flèche Wallonne, qui a brandi le flambeau de la rébellion et de l’espoir en réglant les deux golgoths au sprint dans l’Amstel Gold Race. Sans savoir dans quel état il se trouverait après six mois sans compétition, Remco Evenepoel a rapidement montré qu’il serait un rival à la hauteur et surtout qu’il n’avait rien perdu de son caractère entier, ce pedigree qui lui interdit de lâcher l’os qu’il serre entre ses crocs, ce qui alimente l’idée d’un dernier combat, jusqu’à la fin des fins, tout à l’heure.

Il aura bien fallu deux ogres sur l’ensemble du printemps 
pour stopper la marche infernale de Pogacar

Le Belge est un grognard magnifique, avec des ressources psychologiques si profondes, lui qui à 25 ans a déjà fait face à deux reprises à la mort, en Lombardie et au Pays basque, et qui a dû une nouvelle fois se relever après sa chute à l’entraînement en décembre. Dans la triangulation des monstres, si Pogacar est le Merckx moderne, Evenepoel est l’héritier de Bernard Hinault, notre « Blaireau» à nous, piquant et aboyeur. Là où Mathieu van der Poel est froid et tranchant comme une scie circulaire, Remco Evenepoel est chaud, bouillant, une marmite en ébullition.

Depuis Paris-Roubaix, le Néerlandais a passé le relais au Brabançon pour tenter de contrer les desseins absolutistes de Tadej Pogacar, et il aura bien fallu deux ogres sur l’ensemble du printemps pour stopper la marche infernale du champion du monde, qui depuis les Strade Bianche n’est jamais descendu du podium. On n’a pas idée de la force mentale nécessaire pour rester sous tension sur toute cette période, quasiment chaque semaine, à chaque fois dans un sommet de la saison, jamais un GP de la tartelette pour tourner tranquillement les gambettes. Si le Slovène est encore dans les trois premiers tout à l’heure, il bouclera une campagne que seul Merckx a réalisée avant lui, il y a cinquante ans, à savoir finir sur le podium des quatre premiers Monuments de la saison, de l’Amstel et de la Flèche.

Le schéma pour aujourd’hui est assez connu, la Doyenne n’a pas été ces derniers temps la reine du suspense, elle aime son cérémonial millimétré et planifié comme un conclave, surtout avec un vent de face qui va freiner les velléités dans certaines parties stratégiques, à la sortie da la trilogie Wanne-Stockeu-Haute Levée etenhautdelacôtedelaRedoute. Tout dépendra donc de la capacité d’Evenepoel, et des autres bien sûr, à répondre à l’attaque de Pogacar dans cette dernière, à 34 km de l’arrivée. Si Liège est un meilleur terrain que la Flèche pour le double champion olympique, il est sans doute aussi moins favorable que l’Amstel, car bien plus ardu, avec moins de parties roulantes où il pourrait utiliser ses qualités de rouleur pour reprendre le Slovène. On ne voit pas le chef des Soudal Quick-Step déposer Pogacar dans la Redoute ou la Roche-aux-Faucons, alors qu’on imagine facilement l’inverse, et c’est d’ailleurs l’impasse dans laquelle se trouvent d’autres outsiders, comme Tom Pidcock, Ben Healy, Romain Grégoire et les Français en chasse de places d’honneur, qui manquent d’options sur ce parcours si dur.

Pogacar pourrait presque courir à l’économie, laisser l’initiative aux autres pour mieux les empaler. En est-il capable? Ce n’est pas le genre de la maison d’en laisser dans le fût, ce qui n’est pas celui des Wallons non plus, ni même d’Evenepoel et l’on peut donc s’attendre à ce que les deux, avec leurs ego, cherchent à marquer l’autre au fer rouge dès que l’occasion se présentera.

L’Amstel Gold Race a allumé une flamme dans la résistance

Même si le balancier de la confiance est revenu dans la direction de Pogacar après sa victoire en haut du mur de Huy mercredi, l’Amstel Gold Race a tout de même allumé une flamme dans la résistance. La classique néerlandaise a mis en relief l’émoussement du leader des UAE, rattrapé par le col, ce qui ne lui arrive jamais, puis dominé dans un sprint à trois.

Cette configuration est une des options les plus favorables si quel qu’un veut le battre cet après midi, d’autant plus qu’on a souvent eu des sprints anarchiques à Liège, lors de la première victoire de Pogacar en 2021, ou l’année précédente quand Primoz Roglic avait sauté sur la ligne Julian Alaphilippe. La petite incertitude pour aujourd’hui naît dans un rapprochement des courbes, entre celle de la forme ascendante d’Evenepoel et celle déclinante de Pogacar, qui pourrait nous offrir le duel dans la Redoute qu’on attend depuis trois ans et dont nous avons été privés par leurs forfaits et chutes successifs, alors qu’ils seront tous les deux en quête d’une troisième Doyenne.

Si le champion du monde a été gloutonnesque depuis début mars, il n’a pas non plus été parfait. Van der Poel l’a battu, Skjelmose aussi. Mais surtout, il a commis des erreurs, autant de failles dans sa cape d’invincibilité. N’oublions pas qu’il est tombé à deux reprises, à chaque fois de sa faute, une fois sans conséquence dans les Strade Bianche, une autre qui lui a coûté la victoire dans son premier Paris-Roubaix. Aurait-il déposé plus loin avn der Poel sur les pavés? C’est une autre question éternelle qu’on emportera avec nous par-delà ce printemps. Mais pour l’heure, le dernier matin est là, et avec lui, le dernier tressaillement.

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FOTO: ÉTIENNE GARNIER Tadej Pogacar, 
durante la ricognizione del percorso della Liegi-Bastogne-Liegi di venerdì.

L'ULTIMO SOSPIRO

Emozioni garantite

Al termine di una vibrante ed epica campagna delle classiche, Tadej Pogacar tenterà oggi di vincere la sua terza Doyenne. Di fronte al campione del mondo, il magnifico Remco Evenepoel e un esercito di ribelli guidati da Mattias Skjelmose.

27 aprile 2025 - L'Équipe
TESTO: ALEXANDRE ROOS

LIÈGE (BEL) - Quando all'alba si diraderà la nebbia dai toboga delle Ardenne, ci sarà la sensazione di un ultimo mattino, un pizzico di malinconia mentre la campagna delle classiche volge al termine e si ripensa a Siena, alla Cipressa, al Quaremont, a Pont-Thibault, a tutti i nomi che ci hanno accompagnato per tutta la primavera e sui quali sono rimasti impressi i ricordi. Possiamo riaprire questa discussione infinita, se preferiamo le classiche o le corse a tappe, in fondo tutti sentiamo dove stia la nostra preferenza, per fortuna è una questione che non dobbiamo decidere - le classiche, naturalmente - ma c'è lo stesso nelle Monumento qualcosa di assoluto, una quintessenza del ciclismo e un precipizio che ci mancherà fino ai Mondiali.

Prima che cali il sipario, manca ancora una puntata, in cui Tadej Pogacar si esibirà ancora, alla fine, con la fatica e la stanchezza che lo divorano, ma prima rendiamo omaggio al presunto supporting cast, Remco Evenepoel, o Mattias Skjelmose, anche se devastato dalla caduta alla Freccia Vallone, che ha acceso la fiaccola della ribellione e della speranza battendo i due in volata all'Amstel Gold Race. Senza sapere in che condizioni sarebbe stato dopo sei mesi senza gare, Remco Evenepoel ha subito dimostrato di essere un degno rivale e, soprattutto, di non aver perso nulla del suo carattere genuino, di quel pedigree che gli impedisce di mollare l'osso che stringe tra le zanne, alimentando l'idea di una battaglia conclusiva, fino alla fine, più avanti.

Ci sono voluti due orchi per tutta la primavera 
per fermare la marcia infernale di Pogacar.

Il belga è un magnifico grugno, con risorse psicologiche così profonde, che a 25 anni ha già affrontato la morte due volte, in Lombardia e nei Paesi Baschi, e che ha dovuto rialzarsi dopo l'incidente in allenamento del 3 dicembre. Nella triangolazione dei mostri, se Pogacar è il moderno Merckx, Evenepoel è l'erede di Bernard Hinault, il nostro “Tasso”, pungente e abbaiante. Là dove Mathieu van der Poel è freddo e tagliente come una sega circolare, Remco Evenepoel è caldo, bollente come una pentola in ebollizione.

Dalla Parigi-Roubaix, il neerlandese ha passato il testimone al corridore del Brabante nel tentativo di contrastare i disegni assolutistici di Tadej Pogacar, e ci sono voluti due orchi per tutta la primavera per arrestare la marcia infernale del campione del mondo, che dalla Strade Bianche non è mai sceso dal podio. Non avete idea di quale forza mentale ci voglia per rimanere sotto pressione per così tanto tempo, quasi ogni settimana, ogni volta in un momento-clou della stagione, mai un GP della stagione per far girare le gambe. Se lo sloveno sarà ancora tra i primi tre, completerà una campagna che solo Merckx ha realizzato prima di lui, cinquant'anni fa, ovvero finire sul podio delle prime quattro Monumento stagionali, dell'Amstel e della Flèche.

Lo schema di oggi è abbastanza familiare: la Doyenne non è stata la regina della suspense negli ultimi tempi, e le piace che il suo cerimoniale sia meticoloso e pianificato come un conclave, soprattutto con un vento contrario che frenerà ogni speranza in alcuni punti strategici, all'uscita del trittico Wanne-Stockeu-Haute Levée e sul fianco della Redoute. Tutto dipenderà dalla capacità di Evenepoel, e naturalmente degli altri, di rispondere all'attacco di Pogacar in quest'ultimo tratto, a 34 km dall'arrivo. Sebbene la Liegi sia un terreno migliore della Freccia Vallone per il bicampione olimpico, è anche probabilmente meno favorevole dell'Amstel, in quanto è molto più ardua, con meno tratti ondulati in cui potrebbe sfruttare le sue qualità di rouleur per andare a riprendere lo sloveno. Non vediamo il leader della Soudal-Quick Step staccare Pogacar sulla Redoute o sulla Roche-aux-Faucons, mentre è facile immaginare il contrario, ed è questa l'impasse in cui si trovano altri outsider, come Tom Pidcock, Ben Healy, Romain Grégoire e i corridori francesi a caccia di posti d'onore, che non hanno opzioni su un percorso così duro.

Pogacar potrebbe quasi correre in economia, lasciando agli altri l'iniziativa di impalmarli. Ne è capace? Non è nello stile della casa lasciarne uno in canna, e non è nemmeno nello stile dei valloni, e nemmeno in quello di Evenepoel, quindi possiamo aspettarci che entrambi, con il loro ego, cerchino di mettere in difficoltà l'altro a ogni occasione.

L'Amstel Gold Race ha acceso la fiamma della resistenza

Anche se il pendolo della fiducia è tornato nella direzione di Pogacar dopo la vittoria di mercoledì in cima al Mur de Huy, l'Amstel Gold Race ha comunque acceso una fiamma nella resistenza. La classica neerlandese ha messo in evidenza lo stato di smussamento del leader degli Emirati Arabi Uniti, che è stato sorpreso dal passaggio - cosa che non gli succede mai - e poi ha dominato in uno sprint a tre.

Sebbene il campione del mondo sia stato goloso dall'inizio di marzo, non è stato perfetto. Van der Poel lo ha battuto, così come Skjelmose. Ma soprattutto ha commesso errori, come tante crepe nel suo mantello di invincibilità. Non dimentichiamo che è caduto due volte, entrambe per colpa sua, una senza conseguenze alla Strade Bianche, un'altra che gli è costata la vittoria nella sua prima Parigi-Roubaix. Sarebbe andato più forte di van der Poel sul pavé? Questa è un'altra eterna domanda che ci porteremo dietro anche dopo questa primavera. Ma per ora, l'ultima mattina è arrivata e con essa l'ultima emozione.

***


Demi Vollering, hier, lors de la présentation des équipes, 
au milieu d’un public liégeois toujours enthousiaste.

P. Me.
Vollering attendue

La Néerlandaise espère conclure sa campagne ardennaise par une victoire, autour d’une solide équipe FDJ-Suez.

LIÈGE – En l’absence de la vainqueure 2024, Grace Brown, retirée du peloton depuis janvier, c’est Demi Vollering qui aura le dossard numéro 1 au départ de Bastogne, cet aprèsmidi. Mais la Néerlandaise n’avait pas besoin de ça pour sentir un surplus de pression. Vainqueure en 2021 et 2023, Vollering trouverait ça « génial » de remettre ça. Mais, après sa rentrée brillante (victorieuse du Tour de Valence et des Strade Bianche), la recrue phare de FDJ-Suez (28 ans) a un peu manqué ses ardennaises : 20e à l’Amstel Gold Race, dimanche dernier, un jour où son équipière Juliette Labous a pu jouer sa carte (4e), et 2e de la Flèche Wallonne, mercredi, coiffée par Puck Pieterse. « On n’a gagné ni l’Amstel ni la Flèche, donc on a un peu la pression dans l’équipe, a avoué Labous, en souriant. On va tout jouer pour Demi, car elle reste la meilleure carte.»

L’équipe française pourrait profiter de sa densité (Muzic, Chabbey) pour glisser du monde à l’avant et prendre un coup d’avance sur la concurrence, très solide sur les routes belges. Elisa Longo Borghini (UAE), Katarzyna Niewiadoma (Canyon/SRAM), Pieterse (Fenix-Deceuninck) et les SD Worx (Kopecky, Bredewold, van der Breggen) viseront toutes la victoire, comme les Françaises Cédrine Kerbaol (EF Education-Oatly) et surtout Pauline Ferrand-Prévôt (Visma-Lease a bike).

La Rémoise assure avoir « bien récupéré » de Roubaix, où elle a chuté, souffert de la cheville, et gagné, le 12 avril. « Je suis très motivée pour cette dernière classique », pétillait-elle hier.

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Demi Vollering, ieri, alla presentazione della squadra, 
in mezzo a un pubblico entusiasta di Liegi.

P. Me.
Vollering atteso

La ciclista olandese spera di concludere la sua campagna delle Ardenne con una vittoria, sostenuta da una forte squadra FDJ-Suez.

LIEGI - In assenza della vincitrice del 2024 Grace Brown, fuori dal gruppo da gennaio, sarà Demi Vollering ad avere il pettorale numero 1 alla partenza di Bastogne questo pomeriggio. Ma l'olandese non ha avuto bisogno di questo per sentire la pressione extra. Vincitrice nel 2021 e nel 2023, Vollering troverebbe “fantastico” ripetersi. Ma dopo la sua brillante rimonta (vittoriosa al Giro di Valencia e alla Strade Bianche), la debuttante della FDJ-Suez (28 anni) ha mancato un po' l'appuntamento con le Ardenne: 20ª all'Amstel Gold Race domenica scorsa, in una giornata in cui la sua compagna di squadra Juliette Labous ha potuto giocare la sua carta (4ª), e 2ª alla Freccia Vallone mercoledì, vinta da Puck Pieterse. "Non abbiamo vinto né l'Amstel né la Freccia, quindi siamo un po' sotto pressione come squadra", ha ammesso Labous, sorridendo. "Faremo tutto il possibile per Demi, perché è la nostra carta migliore". 

La squadra francese potrebbe approfittare della sua densità (Muzic, Chabbey) per infilare gente in testa e avere un vantaggio sulla concorrenza, che è molto forte sulle strade belghe. Elisa Longo Borghini (UAE), Katarzyna Niewiadoma (Canyon/SRAM), Pieterse (FenixDeceuninck) e SD Worx (Kopecky, Bredewold, van der Breggen) punteranno alla vittoria, così come le francesi Cédrine Kerbaol (EF Education-Oatly) e soprattutto Pauline Ferrand-Prévôt (Visma-Lease a bike).

La ciclista di Rémoise afferma di aver “recuperato bene” dalla Roubaix, dove è caduta, ha subito un infortunio a una caviglia e ha vinto il 12 aprile. “Sono molto motivata per questa ultima classica”, ha dichiarato ieri.

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