Toute une histoire
27 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À LIÈGE (BELGIQUE)
La Doyenne des classiques a traversé 133 ans d'histoires et d’aventures humaines qui ont forgé le palmarès des champions. Des pionniers «purs» Liégeois à la fin du 19e siècle à Joseph Bruyère et Philippe Gilbert, en passant par les «étrangers» italiens et, aujourd’hui, Tadej Pogacar, presque comme chez lui sur ces routes de l’Ardenne, des légendes sont nées au fil des décennies.
Le malheureux Criquielion
Claudy Criquielion a toujours tourné autour de la victoire dans les années 1980, en tentant de succéder à Joseph Bruyère, qui était alors le dernier Belge vainqueur, sans jamais trouver la clé de la réussite. Même s’il était originaire de Wallonie, il habitait tout de même à près de 200 kilomètres de là (à Renaix), « le Crique » faisait pourtant partie des « locaux ». Le pire scénario de ses trois podiums se dessine en 1987. À quelques centaines de mètres de l’arrivée sur le boulevard de la Sauvenière, le Belge, focalisé sur Stephen Roche échappé avec lui, se fait rattraper à moins de 200 mètres de l’arrivée par l’Italien Moreno Argentin.
Dynastie italienne
La côte de Saint-Nicolas, juge de paix avant l’arrivée quand elle se déroulait à Ans dans la banlieue de Liège, était aussi surnommée « la côte des Italiens », car c’est là que les Transalpins ont souvent dessiné leurs victoires durant trois décennies : Moreno Argentin dans les années 1980 (4 fois vainqueur), Michele Bartoli et Paolo Bettini, doubles vainqueurs dans les années 1990 puis 2000. D’autres nations ont également été adoptées par les Liégeois, la Suisse avec Ferdi Kübler (vainqueur en 1951 et en 1952) et l’Espagne avec Alejandro Valverde, seul quadruple vainqueur avec Moreno Argentin, derrière Eddy Merckx. Tadej Pogacar est également désormais comme chez lui ici, avec déjà deux victoires en 2021 et en 2024. Le Slovène est en lice pour faire partie du cercle restreint des triples vainqueurs (avec Houa, Schepers et De Bruyne).
Merckx, le roi de Rocourt
Comme pour Milan-San Remo, « le Cannibale » détient le record du nombre de victoires sur un Monument (cinq succès entre 1969 et 1975). C’est sur le vélodrome de Rocourt, où jouait le FC Liège, qu’il s’est imposé le plus souvent, seule sa dernière victoire en 1975 s’est jouée sur le boulevard de la Sauvenière. Il aurait pu en ajouter une autre à son palmarès en 1970 si une embrouille provoquée par Eric De Vlaeminck dans le tunnel d’entrée du vélodrome à l’abri des regards n’avait pas aidé son frère Roger à devenir vainqueur.
Hinault attend son héritier
Bernard Hinault attend toujours son successeur depuis 1980, une édition légendaire courue dans des conditions climatiques dantesques. Personne n’a encore fait mieux que le Breton qui était arrivé cette année-là avec une avance record de 9’24’’ sur son dauphin Hennie Kuiper. Liège-Bastogne-Liège est la classique Monument où on attend un Français vainqueur depuis autant de temps (quarante-cinq ans !). Si Romain Bardet est monté sur la deuxième marche du podium l’an passé, c’est Laurent Jalabert et Julian Alaphilippe qui se sont le plus souvent approchés de la victoire, deux fois chacun en 1997 et en 1998 pour le premier à chaque fois derrière Michele Bartoli, et en 2015 et en 2021 pour le second, déclassé en 2020 (à la 5e place) pour avoir gêné Pogacar alors qu’il avait fini 2 derrière Primoz Roglic.
Joseph Bruyère, fidèle équipier d’Eddy Merckx, est le premier Liégeois à remporter la Doyenne après la Seconde Guerre mondiale, en 1976 puis en 1978 (Victor Fastre, Dieudonné Smets, Ernest Mottard et François Gardier s’étaient imposés entre 1909 et 1933). Plus récemment, en 2011, c’est Philippe Gilbert, l’Ardennais originaire de Remouchamps au pied de la côte de la Redoute, qui prit le relais.
Son club de supporters y est toujours actif chez Yvette à l’auberge du Cheval Blanc, la référence régionale des fameux boulets à la liégeoise. D’autres Belges, et des Flamands notamment, se sont aussi aventurés sur ces terres ardennaises, le plus connu fut Fred De Bruyne, le premier après la guerre à s’imposer trois fois (en 1956, 1958 et 1959), avant de devenir commentateur pour la télévision.
Frank Vandenbroucke – originaire de Mouscron, enclave francophone du Hainaut en région flamande – a aussi coché cette classique à son palmarès en 1999 pour perpétuer l’honneur wallon à Liège. Remco Evenepoel, brabançon de la grande banlieue bruxelloise, est le dernier vainqueur belge en terre liégeoise (en 2022 et en 2023).
Léon Houa, premier vainqueur de la Doyenne
Si Liège-Bastogne-Liège porte le nom de la Doyenne des classiques encore au calendrier, Milan-Turin est en fait la plus ancienne, créée seize ans plus tôt en 1876. Mais l’épreuve belge en sera aujourd’hui à sa 111e édition contre 106 pour l’Italienne. C’est le club du Liège Cyclist Union, ancêtre du Pesant Club Liégeois, qui l’a portée à ses débuts avec le journal local l’Express. Au même moment, naissait le premier grand club de football de la cité ardente, le FC Liège, six ans avant le Standard. Les deux premières éditions, réservées aux amateurs, sont remportées par l’ancien boxeur Léon Houa en 1892 et en 1893. Accusé de professionnalisme, il fut exclu de la Fédération belge avant d’être finalement réintégré. Il s’imposera une troisième fois en 1894 avant de se consacrer à la course automobile. Une plaque à son nom a été inaugurée en sa mémoire dans le centre de Liège en 2014. La société du Tour de France (aujourd’hui ASO) en a repris l’organisation en 1990.
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Un'intera storia
27 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS DAL NOSTRO INVIATO SPECIALE A LIEGI (BELGIO)
La più antica delle classiche ha attraversato 133 anni di storia e di avventure umane che hanno forgiato le vittorie dei suoi campioni. Dai pionieri “puri” della Liegi di fine Ottocento a Joseph Bruyère e Philippe Gilbert, passando per gli “stranieri” italiani e, oggi, Tadej Pogacar, quasi di casa su queste strade delle Ardenne, sono nate leggende nel corso dei decenni.
Lo sfortunato Criquielion
Claudy Criquielion è sempre stato in bilico negli anni Ottanta, cercando di succedere a Joseph Bruyère, l'ultimo vincitore belga, senza mai trovare la chiave del successo. Pur essendo originario della Vallonia, ma vivendo a quasi 200 chilometri di distanza (a Ronse), “le Crique” era comunque uno dei “locali”. Lo scenario peggiore dei suoi tre podi si verificò nel 1987. A poche centinaia di metri dall'arrivo sul Boulevard de la Sauvenière, il belga, concentrato su Stephen Roche che era andato in fuga con lui, fu raggiunto a meno di 200 metri dall'italiano Moreno Argentin.
Dinastia italiana
La côte de Saint-Nicolas, arbitro prima dell'arrivo quando il traguardo era posto ad Ans, alla periferia di Liegi, è stata anche soprannominata “côte des Italiens”, poiché è qui che i corridori transalpini hanno spesso ottenuto le loro vittorie nel corso di tre decenni: Moreno Argentin negli anni '80 (4 volte vincitore), Michele Bartoli e Paolo Bettini, due volte vincitori negli anni '90 e 2000. Anche altre nazioni sono state adottate dai liegesi, la Svizzera con Ferdi Kübler (vincitore nel 1951 e nel 1952) e la Spagna con Alejandro Valverde, l'unico quattro volte vincitore con Moreno Argentin, dopo Eddy Merckx. Anche Tadej Pogacar è ormai di casa qui, avendo già vinto due volte, nel 2021 e nel 2024. Lo sloveno è in lizza per entrare nella ristretta cerchia dei tre volte vincitori (insieme con Léon Houa, Alphons Schepers e Fred De Bruyne).
Merckx, re di Rocourt
Come per la Milano-Sanremo, “il Cannibale” detiene il record di vittorie in questa Monumento (cinque tra il 1969 e il 1975). È sul velodromo di Rocourt, dove giocava l'FC Liegi, che ha vinto più spesso, e solo la sua ultima vittoria nel 1975 è arrivata sul boulevard de la Sauvenière. Avrebbe potuto aggiungerne un'altra nel 1970 se non fosse stato per un pasticcio causato da Eric De Vlaeminck nel tunnel d'ingresso del velodromo, nascosto alla vista, che ha aiutato il fratello Roger per farlo vincere.
Hinault aspetta il suo erede
Bernard Hinault aspetta il suo successore dal 1980, quando la gara si svolse in condizioni leggendarie. Nessuno ha mai fatto meglio del bretone, che quell'anno terminò con un vantaggio record di 9'24” sul secondo classificato Hennie Kuiper. La Liegi-Bastogne-Liegi è la classica Monumento in cui ci si aspettava che un francese vincesse da così tanto tempo (quarantacinque anni!). Mentre Romain Bardet è salito sul secondo gradino del podio l'anno scorso, sono Laurent Jalabert e Julian Alaphilippe ad aver sfiorato più spesso la vittoria: due volte nel 1997 e nel 1998 per il primo, entrambe le volte dietro a Michele Bartoli, e nel 2015 e nel 2021 per il secondo, retrocesso nel 2020 (al 5° posto) per aver ostacolato Pogacar quando era arrivato 2° dietro a Primoz Roglic.
Gilbert e Bruyère, l'orgoglio di Liegi
Joseph Bruyère, leale compagno di squadra di Eddy Merckx, è stato il primo corridore di Liegi a vincere la Doyenne dopo la Seconda Guerra Mondiale, nel 1976 e di nuovo nel 1978 (Victor Fastre, Dieudonné Smets, Ernest Mottard e François Gardier l'avevano vinta tra il 1909 e il 1933). Più recentemente, nel 2011, è subentrato Philippe Gilbert, originario delle Ardenne e residente a Remouchamps, ai piedi della Côte de la Redoute.
Il suo fans club è ancora attivo presso l'auberge du Cheval Blanc di Yvette, riferimento regionale per le famose boulets in stile Liegi. Anche altri belgi, e fiamminghi in particolare, si sono avventurati in queste terre delle Ardenne: il più famoso è Fred De Bruyne, il primo belga del dopoguerra a vincere tre volte (nel 1956, 1958 e 1959), prima di diventare commentatore televisivo.
Anche Frank Vandenbroucke - originario di Mouscron, enclave francofona dell'Hainaut, nella regione fiamminga - ha aggiunto questa classica al suo palmarès nel 1999, perpetuando l'onore vallone a Liegi. Remco Evenepoel, corridore brabantino della periferia di Bruxelles, è l'ultimo vincitore belga a Liegi (nel 2022 e nel 2023).
Léon Houa, primo vincitore della Doyenne
Se la Liegi-Bastogne-Liegi porta il nome della più antica classica ancora in calendario, la Milano-Torino è in realtà la più antica, nata sedici anni prima, nel 1876. Ma l'evento belga giungerà alla sua 111ª edizione, contro le 106 di quello italiano. Fu l'Unione Ciclisti di Liegi, antesignana del Pesant Club Liégeois, a promuoverla agli inizi, insieme con il quotidiano locale Express. Contemporaneamente, sei anni prima dello Standard, nacque la prima grande squadra di calcio della città, l'FC Liegi. Le prime due edizioni, riservate ai dilettanti, furono vinte dall'ex pugile Léon Houa nel 1892 e nel 1893. Accusato di professionismo, fu espulso dalla federazione belga prima di essere finalmente reintegrato. Vinse una terza volta nel 1894 prima di dedicarsi alle corse automobilistiche. Nel 2014 è stata inaugurata una targa in sua memoria nel centro di Liegi. Il Tour de France (ora della ASO) ha assunto l'organizzazione della corsa dal 1990.
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