Le Ventoux ouvert à tous


De plus en plus de femmes ne craignent plus de tenter l’ascension du mont Ventoux. 
L’arrivée au sommet permet de sacrifier au rituel de la photo du panneau mythique.

Lundi, à la veille de la 16e étape du Tour de France, une quarantaine de femmes se lanceront sur les pentes du Géant de Provence. Une opération soutenue par Krys, partenaire des deux Tours et soucieux du développement de la pratique féminine.

"C’est une étape mythique. Le symbole est fort"
   - BRUNO CENSIER, DIRECTEUR DE LA MARQUE KRYS

17 Jul 2025 - L'Équipe
QUENTIN COLDEFY

Alors que le Tour de France masculin bat son plein, le Tour féminin (26 juillet-3 août) pourra lui aussi compter sur son lot de têtes d’affiche prêtes à en découdre après une édition 2024 ultra-serrée (Katarzyna Niewiadoma s’était imposée devant Demi Vollering pour 4 secondes). Partenaire depuis 2015 du maillot blanc – le classement du meilleur coureur âgé de moins de 25ans – sur l’épreuve masculine (la marque s’affichait seulement sur les dossards des coureurs en 2014), Krys est aussi un soutien du Tour de France femmes avec Zwift, dont il sponsorise le classement par équipes depuis la deuxième édition, en 2023. « Nous nous sommes engagés la deuxième année uniquement pour des raisons de timing, rappelle Bruno Censier, directeur de la marque. C’était trop tôt et, du coup, nous n’avons pas pu avoir le maillot blanc. Ne pas avoir de maillot distinctif et la différence de visibilité des partenaires sur le Tour féminin nous obligent à nous engager. »

L’entreprise d’optique cherche donc d’autres moyens de se mettre en évidence auprès du cyclisme féminin. Ces deux dernières années, elle a d’abord misé sur le développement de la pratique. Elle a ainsi créé un challenge sur Strava pour inciter à parcourir des kilomètres à plusieurs et débloquer un don à destination des Bornées, une association qui organise des sorties à vélo en groupes mixtes, en France et en Suisse romande, pour promouvoir la mixité en cyclisme et en triathlon. Puis elle a financé une étude menée par Kantar sur la pratique du vélo chez les femmes et les freins à son développement, qui a abouti sur la promotion du pédalage en groupe. Pour cette édition 2025, elle réajuste son message : « Nous voulons nous positionner comme un acteur qui joue en faveur de la visibilité du cyclisme féminin.»

Pour cela, la marque a prévu de profiter de l’exposition du Tour masculin pour «donner rendez-vous» au public. Lundi prochain, pendant la deuxième journée de repos des hommes, Krys réunira sept coureuses amateures, ainsi que la néo-retraitée Audrey Cordon-Ragot (35ans), pour parcourir les 171,5 km de l’étape du lendemain entre Montpellier et le mont Ventoux, vingt-quatre heures avant le peloton masculin. À l’approche de l’ascension finale, elles seront rejointes par une quarantaine d’autres cyclistes. Ce peloton amateur sera composé d’une dizaine de femmes identifiées par les Bornées après une phase de candidatures en ligne et d’une trentaine d’autres mobilisées par le Vélo Club La Pomme, à Marseille. Elles seront notamment accompagnées de personnalités des Étoiles du sport, comme Sarah Ourahmoune (vice-championne olympique 2016 en boxe), Marine Boyer (médaillée de bronze par équipe aux Mondiaux 2023 en gymnastique artistique) et Nikola Karabatic (triple champion olympique de handball).

Depuis le retour de l’épreuve il y a trois ans, le peloton professionnel féminin a déjà eu l’occasion de grimper certains des sommets les plus mythiques de la Grande Boucle, de la Planche des Belles Filles en 2022 à l’alpe d’Huez l’an dernier, en passant par le Tourmalet en 2023. Cet été, Demi Vollering, Pauline Ferrand-Prévôt et Évita Muzic se hisseront, entre autres, sur la cime des cols de la Madeleine et de Joux Plane. Le mont Ventoux, lui, n’a pas encore été inscrit au menu de l’épreuve féminine, ce qui permet de faire de cette montée un événement en la renommant « l’ascension de la confiance» pour valoriser les capacités des cyclistes amateures. «Le point d’orgue sera évidemment cette montée, souligne Bruno Censier. C’est une étape mythique. Le symbole est fort. »

En plus d’en profiter pour inviter le public à venir au bord des routes dès le 26 juillet (le départ sera donné à Vannes) pour soutenir les femmes, la marque accompagne l’opération de la diffusion d’un manifeste pour donner confiance à celles qui souhaitent rouler.

Un coup de projecteur plus que nécessaire

Cantonné à une unique journée en pleine épreuve masculine, le coup de projecteur reste plus que nécessaire, trois ans après le renouveau du Tour de France féminin. Selon une étude de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette) en 2023, à peine plus d’un tiers des cyclistes en France était des femmes (35 %). L’état des lieux, dressé l’an passé avec Kantar auprès de 1010 femmes âgées de 18 à 64 ans, montre que la moitié des non-pratiquantes ne se sent pas capable de faire du vélo. Parmi elles, 46 % affirment ne pas rouler par peur de chuter ou d’être victime d’un accident. 44 % des pratiquantes évoquent avoir connu une situation inconfortable en raison d’un problème mécanique, d’incivilités, de harcèlement ou de propos sexistes.

Face à ces difficultés, la Fédération française de cyclisme (FFC) a lancé un plan de féminisation en 2019. Il a notamment permis la mise en place d’un réseau « Ambassadrices FFC » composé de 25 femmes cyclistes en métropole, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, qui proposent des sorties vélo en groupe dans leur région. Six ans plus tard, les progrès restent timides avec une proportion de licences féminines passée de 10,7 % à 12,6 %.

«Malheureusement, on n’a pas encore de filles au niveau U19, témoigne par exemple Patrick Sorin, président du Vélo Club La Pomme. Notre ADN est la formation des plus jeunes, ça demande un travail permanent pour augmenter le nombre de filles.» Le dirigeant, qui se rend régulièrement au pied du Ventoux, perçoit néanmoins « un frémissement. Il y a des signes qui ne trompent pas. Depuis cinq-six ans, le nombre de filles qui grimpent le Ventoux augmente de façon impressionnante.»

Dans son nouveau projet de développement à horizon 2028, le club ambitionne de rapidement dépasser les 20 % de féminines. «Je crois beaucoup à ce type d’action. Il y a une médiatisation autour du Ventoux qui n’échappe à personne.» De quoi imaginer une répétition de l’opération dans le futur? « On ne pourra pas faire exactement la même chose. On devra se renouveler » , juge Bruno Censier. Avant d’ouvrir la porte : « On ne fait pas des actions “oneshot”. Mais il faut bien les lancer pour voir comment ça prend et comment ça peut se déployer…»

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