Les jeunes s'occupent du suspense
Troisième du Tour en 2024, Remco Evenepoel (en bas) est notamment
concurrencé par Florian Lipowitz (à droite) dans la course au podium.
Loin de Tadej Pogacar, l’intérêt de la course se déplace vers la quête du podium, indécise et animée par la nouvelle génération, qui a livré hier une belle bataille.
18 Jul 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT (avec P. Me.)
ARGELÈS-GAZOST – Le suspense pour le maillot jaune est mort, peutêtre parce qu’il n’est jamais né, mais le souffle de l’incertitude est encore porté par la jeunesse. Il y a une vraie course dans l’ombre de l’invulnérable Tadej Pogacar, des rivalités qui se nouent, des attaques et des contres, des temps forts et des temps faibles, et la bataille pour le podium devrait ainsi composer le meilleur motif de suivre les dix derniers jours du Tour. « Je dirais que le combat pour le maillot jaune est plus clair maintenant, mais il est super de pouvoir observer le futur du vélo, ça fait du bien à notre sport, apprécie Enrico Gasparotto, directeur sportif de Red Bull-Bora-Hansgrohe, l’équipe de Florian Lipowitz (24 ans), à la lutte avec Oscar Onley (22 ans) dans la montée d’Hautacam, le maillot blanc à l’esprit. N’oubliez pas Remco (Evenepoel), qui est encore devant eux. On est devant un groupe de jeunes très talentueux, et c’est leur rivalité qui va rendre ce Tour intéressant à regarder. »
Elle ne disait pas son nom jusque-là, puisque très peu de coureurs sont partis de Lille en osant afficher des ambitions pour le classement général. Mais les puncheurs et les grimpeurs ont compris qu’il était très difficile de gagner une étape quand Pogacar était dans les parages, et une bonne place à Paris revêt ainsi une autre dimension. Alors qu’il espérait avant tout lever les bras pour poursuivre son apprentissage du Tour, qu’il dispute pour la deuxième fois, Onley s’est pris au jeu de rester le plus longtemps possible avec les meilleurs. Au départ d’Auch, hier matin, le staff de Picnic-PostNL ne voulait toutefois pas s’enflammer après onze étapes réussies, car la haute montagne demeurait une inconnue pour l’Écossais, pas exactement un amoureux du soleil. « J’ai été surpris dans la première ascension quand j’ai vu des concurrents être lâchés, je me suis dit qu’ils souffraient probablement de la chaleur. L’équipe a très bien géré cet aspect pour nous, je me sentais bien mais je suis peut-être allé audelà de ma limite à mi-chemin de la dernière montée, soufflait-il, essoré par sa passe d’armes avec Lipowitz, qui a longtemps pu s’appuyer sur Primoz Roglic. Je me sens assez fatigué. C’est difficile quand on est face à deux gars de la même équipe, donc je devais tenter d’attaquer pour au moins distancer l’un d’eux. »
Pour Evenepoel, une tâche plus compliquée qu’en 2024
Le troisième du dernier Tour de Suisse a donc accéléré à plusieurs reprises, a fait sauter Roglic de sa roue mais a été repris par Lipowitz, troisième du dernier Critérium du Dauphiné, qui a fini par le distancer pour achever l’étape en troisième position, 37 secondes devant lui. Vainqueur du duel le plus excitant de la journée, l’Allemand est désormais quatrième au général, devant Kévin Vauquelin et Onley, mais il est celui qui abordait le Tour avec le plus d’ambitions.
« On est deux coureurs très bien placés au général (Roglic est septième), ça nous ouvre plein d'opportunités pour les jours à venir » , annonçait-il avec gourmandise, tandis que Gasparotto assumait la pression. « L’objectif de l’équipe est d’être sur le podium à Paris. Sur quelle marche, on n’en parle pas, confiait le directeur sportif, preuve que Jonas Vingegaard n’inspire plus la même crainte.
C’était une très bonne étape, très prometteuse, et on va continuer de se battre tous les jours. C’est un luxe d’avoir deux coureurs à ces positions et on peut l’utiliser à notre avantage. Cette confiance va aider Lipowitz et tous les coureurs de l’équipe car on prend conscience que notre objectif est réalisable. »
De son côté, Evenepoel a de bonnes raisons de penser que la troisième place et le maillot blanc seront plus difficiles à conquérir que l’année dernière. Lâché dès le col du Soulor, il a achevé l’ascension au train, la meilleure manière de limiter les dégâts : « Je n’avais pas les meilleures jambes, elles étaient lourdes. Sur le plat, c’était déjà dur. J’ai dû prendre mon propre rythme, et j’ai eu la chance d’avoir (ses équipiers) Ilan Van Wilder et Maximilian Schachmann. C’était à moi de continuer à me battre, de faire mon truc, sur un contre-la-montre de presque cinquante kilomètres. » Si le chrono est son affaire, celui d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui qu’il a remporté à Caen. La montée vers Peyragudes va susciter d’autres incertitudes, niveler certaines forces ou creuser des écarts inattendus, mais les jeunes n’ont pas fini de s’asticoter, et Vauquelin peut très bien s’en mêler aussi.
Commenti
Posta un commento