Tour de France : Pogacar, de la terre à la lune


Le Slovène s’est envolé jeudi pour glaner la première étape de haute montagne à Hautacam. 
Et reprendre le maillot jaune.

18 Jul 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan Envoyé spécial à Hautacam Lire aussi

Mercredi, Tadej Pogacar avait frôlé le pire. Après une chute et une longue glissade en vue de l’arrivée à Toulouse, le Slovène s’était relevé avec le côté gauche brûlé, le coude râpé. Il avait laissé un peu de vernis, vu couler de grosses sueurs froides avant de remercier le groupe des favoris qui l’avait attendu. Vingt-quatre heures plus tard, le leader de l’équipe UAE Team Emirates avait retrouvé son mordant. Impitoyable, il a assommé ses rivaux, montré que l’incident avait ruisselé sur sa cuirasse. Pour reprendre son vol en fendant une foule considérable. Visage lisse légèrement froissé par un rictus d’effort. De nouveau seul sur la planète Tour après sa 20e victoire d’étape (la 3e cette année, après Rouen 4e étape et Mûr-de-bretagne 7e étape).Le Slovène Tadej Pogacar a relégué son rival, le Danois Jonas Vingegaard, à plus de 2 minutes à l’arrivée de la 12e étape du Tour, à Hautacam.

Loin devant Jonas Vingegaard, attardé. Éprouvé. Marqué par l’écart creusé. Les deux derniers vainqueurs d’étape à Hautacam l’italien Vincenzo Nibali (2014) et Jonas Vingegaard (2022) ont, cette année-là, remporté le Tour de France…

La première arrivée perchée en haute montagne se fige traditionnellement comme un rendez-vous prisé des candidats à la victoire finale. Elle trotte dans les têtes depuis de longs mois. Il s’agit de montrer les muscles, les dents, de profiter de l’occasion pour asseoir une position. Marquer les esprits et les corps. Entrer dans les têtes. La recette, comme les effets, est connue. Bernard Hinault et Chris Froome y avaient leurs habitudes. Comme d’autres. Certains que ce qui est pris a l’effet d’un baume réconfortant quand les kilomètres mordent les mollets, arrondissent le dos, pèsent dans la tête et les épaules. Ces rendez-vous au sommet offrent de l’air et des perspectives, libèrent du temps et du plaisir, adoucissent le changement toujours brutal de braquets.

Vauquelin premier Tricolore

À Hautacam, la chaleur et Pogacar ont fait de gros dégâts. Le Maillot jaune, Ben Healy, a perdu plus de 13 minutes. Le Pyrénéen Bruno Armirail a, seul en tête, durant de nombreux kilomètres, été parcouru de frissons, porté par les vivats, rêvant d’un succès français, trente et un ans après l’ouverture en fanfare de Luc Leblanc, qui avait troué le brouillard pour devancer le Maillot jaune, Miguel Indurain. Avant de s’incliner. Kévin Vauquelin s’accroche avec coeur, mais les Tricolores courent toujours après une première victoire d’étape sur ce Tour.

Ce vendredi, le peloton sera au pied du deuxième contre-la-montre individuel de ce Tour. Après le « chrono » réservé aux rouleurs (33 km autour de Caen) dominé par le Belge Remco Evenepoel devant Tadej Pogacar, qui visera un nouveau coup de massue entre Loudenvielle et Peyragudes. La montée pourrait aider le Slovène à définitivement éteindre le suspense, baisser le rideau avec une arrivée sur l’altiport où fut tourné le James Bond Demain ne meurt jamais. ■

12e étape (Auch-hautacam ; 180,6 km) : 
1. Tadej Pogacar (SLO/UAD) les 180,6 km en 4 h 21 min 19 (moyenne : 41,5 km/h) ; 
2. Vingegaard (DEN/TVL) à 2 min 10 ; 
3. Lipowitz (GER/RBH) à 2 min 23 ; 
4. Johannessen (NOR/UXT) à 3 min; 5. Onley (GBR/DFP), même temps; 6. Vauquelin (FRA/ARK) à 3 min 33 ;… 

Classement général : 
1. Tadej Pogacar (SLO/UAD) 45 h 22 min 51 ; 
2. Vingegaard (DEN/TVL) à 3 min 31; 
3. Evenepoel (BEL/SOQ) à 4 min 45 ; 
4. Lipowitz (GER/ RBH) à 5 min 34; 5. Vauquelin (FRA/ ARK) à 5 min 40 ;…

13e étape, Loudenvielle-peyragudes (contre-la-montre individuel; 10,9 km), ce vendredi. See page 1618 Jul 2025
Le Figaro
Jean-julien Ezvan Envoyé spécial à Hautacam Lire aussi
Tour de France : Pogacar, de la terre à la lune

Le Slovène s’est envolé jeudi pour glaner la première étape de haute montagne à Hautacam. Et reprendre le maillot jaune.

Mercredi, Tadej Pogacar avait frôlé le pire. Après une chute et une longue glissade en vue de l’arrivée à Toulouse, le Slovène s’était relevé avec le côté gauche brûlé, le coude râpé. Il avait laissé un peu de vernis, vu couler de grosses sueurs froides avant de remercier le groupe des favoris qui l’avait attendu. Vingt-quatre heures plus tard, le leader de l’équipe UAE Team Emirates avait retrouvé son mordant. Impitoyable, il a assommé ses rivaux, montré que l’incident avait ruisselé sur sa cuirasse. Pour reprendre son vol en fendant une foule considérable. Visage lisse légèrement froissé par un rictus d’effort. De nouveau seul sur la planète Tour après sa 20e victoire d’étape (la 3e cette année, après Rouen 4e étape et Mûr-de-bretagne 7e étape).Le Slovène Tadej Pogacar a relégué son rival, le Danois Jonas Vingegaard, à plus de 2 minutes à l’arrivée de la 12e étape du Tour, à Hautacam.

Loin devant Jonas Vingegaard, attardé. Éprouvé. Marqué par l’écart creusé. Les deux derniers vainqueurs d’étape à Hautacam l’italien Vincenzo Nibali (2014) et Jonas Vingegaard (2022) ont, cette année-là, remporté le Tour de France…

La première arrivée perchée en haute montagne se fige traditionnellement comme un rendez-vous prisé des candidats à la victoire finale. Elle trotte dans les têtes depuis de longs mois. Il s’agit de montrer les muscles, les dents, de profiter de l’occasion pour asseoir une position. Marquer les esprits et les corps. Entrer dans les têtes. La recette, comme les effets, est connue. Bernard Hinault et Chris Froome y avaient leurs habitudes. Comme d’autres. Certains que ce qui est pris a l’effet d’un baume réconfortant quand les kilomètres mordent les mollets, arrondissent le dos, pèsent dans la tête et les épaules. Ces rendez-vous au sommet offrent de l’air et des perspectives, libèrent du temps et du plaisir, adoucissent le changement toujours brutal de braquets.

Vauquelin premier Tricolore

À Hautacam, la chaleur et Pogacar ont fait de gros dégâts. Le Maillot jaune, Ben Healy, a perdu plus de 13 minutes. Le Pyrénéen Bruno Armirail a, seul en tête, durant de nombreux kilomètres, été parcouru de frissons, porté par les vivats, rêvant d’un succès français, trente et un ans après l’ouverture en fanfare de Luc Leblanc, qui avait troué le brouillard pour devancer le Maillot jaune, Miguel Indurain. Avant de s’incliner. Kévin Vauquelin s’accroche avec coeur, mais les Tricolores courent toujours après une première victoire d’étape sur ce Tour.

Ce vendredi, le peloton sera au pied du deuxième contre-la-montre individuel de ce Tour. Après le « chrono » réservé aux rouleurs (33 km autour de Caen) dominé par le Belge Remco Evenepoel devant Tadej Pogacar, qui visera un nouveau coup de massue entre Loudenvielle et Peyragudes. La montée pourrait aider le Slovène à définitivement éteindre le suspense, baisser le rideau avec une arrivée sur l’altiport où fut tourné le James Bond Demain ne meurt jamais. ■

12e étape (Auch-hautacam ; 180,6 km) : 
1. Tadej Pogacar (SLO/UAD) les 180,6 km en 4 h 21 min 19 (moyenne : 41,5 km/h) ; 2. Vingegaard (DEN/TVL) à 2 min 10 ; 
3. Lipowitz (GER/RBH) à 2 min 23 ; 
4. Johannessen (NOR/UXT) à 3 min; 5. Onley (GBR/DFP), même temps; 6. Vauquelin (FRA/ARK) à 3 min 33 ;… 

Classement général : 
1. Tadej Pogacar (SLO/UAD) 45 h 22 min 51 ; 
2. Vingegaard (DEN/TVL) à 3 min 31; 
3. Evenepoel (BEL/SOQ) à 4 min 45 ; 
4. Lipowitz (GER/ RBH) à 5 min 34; 5. Vauquelin (FRA/ ARK) à 5 min 40 ;…

13e étape, Loudenvielle-peyragudes (contre-la-montre individuel; 10,9 km), ce vendredi.

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« Le Tour, c’est 24 heures sur 24 », en coulisses avec le numéro deux de la course

Gilles Festor et J.-J. E. Envoyés spéciaux à Hautacam

« La sécurité, c’est un enjeu énorme. C’est la priorité absolue. Le Tour, c’est 10, 12 millions de personnes sur les routes ; 120 ou 130 métiers différents. Le risque existe, il faut le minimiser. Il faut tout anticiper, il faut mettre des policiers, des gendarmes, des préventeurs, faire de l’info… »
Pierre-yves Thouault directeur adjoint du Tour de France

Dans l’effervescence du départ, comme dans le brouhaha de l’arrivée des étapes, Pierreyves Thouault, l’adjoint de Christian Prudhomme, le directeur du Tour, garde un flegme britannique. Comme à Lauwin-planque, au départ de la 2e étape, quand, sur une aire trempée par une pluie diluvienne, il a fallu différer le départ de 15 minutes en raison des difficultés d’accès des équipes au site. À Rouen (arrivée de la 4e étape), quand un homme armé d’un couteau a agressé un policier. Ou à Toulouse (arrivée de la 11e étape), lorsqu’un spectateur portant un portant un tee-shirt « Israël hors du Tour» a couru dans la ligne droite d’arrivée : « Sur un événement itinérant, par essence, il peut tout se passer, même si tout est organisé des mois, même des années avant», résume le numéro deux du Tour, qui révèle : « On a fait notre réunion d’avant-tour au GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale), qui est sur le Tour depuis quelques années pour montrer aux équipes qu’on a nos petits problèmes mais qu’eux en règlent d’autres tous les jours.»

Le chef d’orchestre d’une ville itinérante de 4500 habitants énumère : «Pour l’événement, notre stade c’est 3 500 km. Une armée en mouvement. Et les ordres, c’est une organisation militaire pyramidale. Il y a un chef, un souschef… On manage nos équipes pendant onze mois et on les dirige pendant un mois. On a aussi des yeux un peu partout et ça remonte très vite. Il y a un centre de coordination, tu passes l’info, ça redescend. Et il faut prendre des décisions. En 2008, j’ai dit : “Si le camion qui est tanké dans la descente du col de Prato Nevoso n’est pas enlevé dans trois minutes, vous le poussez”. Les poumons de frein se sont déclenchés… La course, il faut qu’elle passe.»

Avec son immense dispositif à ciel ouvert : «La sécurité, c’est un enjeu énorme. C’est la priorité absolue. Le Tour, c’est 10, 12 millions de personnes sur les routes ; 120 ou 130 métiers différents. Le risque existe, il faut le minimiser. Il faut tout anticiper, il faut mettre des policiers, des gendarmes, des préventeurs, faire de l’info… On a cela en tête en permanence. Avec une attention toute particulière portée à la caravane publicitaire. Le Tour, c’est 24 heures sur 24. Ça monte, ça démonte en permanence… Quand je me réveille, je regarde les infos qui tombent et parfois : “Poum, ah, on a un camion qui a pris feu, c’est parti, quoi…” »

Le Tour, événement phare qui est parfois la cible de menaces : « Le Tour est une caisse de résonance, on rencontre les autorités, les services spéciaux, qui nous alertent tentatives de blocage, des malveillances. Mais le Tour est éminemment pacifique», résume Pierre-yves Thouault, avant de glisser au sujet des tentatives ayant été déjouées : « Il y a des choses que je sais, puis il y a des choses que je ne sais pas. Et tous les gros risques, le ministère de l’intérieur les gère très bien. Je ne suis pas en lien permanent avec les services de renseignements. Les autorités compétentes le font, et c’est pour ça qu’on a, au sein de notre centre de coordination, un sous-préfet, qui est une sous-préfète cette année.»

À 54 ans, l’adjoint de Christian Prudhomme vit son 29e Tour de France et retient : « La qualité pour chapeauter ? Le physique. Jean-marie Leblanc (directeur du Tour de 1989 à 2006) était très costaud. Il en a pris des chocs avec toutes les affaires. Parce que le rythme… Quand on entre au Village départ, les problèmes, ils doivent rester à l’hôtel. Il fait chaud, il fait froid, faut faire sa valise tous les jours, il faut endurer… À l’arrivée, il me faut un peu de temps pour récupérer. Cette année, trois jours après, je pars au vert dans le Cantal, dans un coin paisible.»

En attendant, il vit intensément ce Tour dont il accompagne la route depuis avril 1997 et dont il n’a pas manqué une édition : « Même pas 5 minutes… »

Coureur amateur pendant une petite quinzaine d’années, à Montauban-debretagne, où son père était le président du club cycliste, Pierre-yves Thouault a, en course, côtoyé Frédéric Guesdon (lauréat de Paris-roubaix 1997) et Stéphane Heulot (champion de France 1996, Maillot jaune du Tour en 1996) : « En Bretagne, tu fais du foot et du vélo. Il y avait des courses partout dans tous les villages. Dans mon petit quartier, on m’appelait “Réveil matin” parce que je prenais mon vélo quand mon père partait très tôt. Et je me baladais en faisant un peu de bruit, je sautais… J’ai notamment été inspiré par Bernard Hinault, qui n’habitait pas très loin. J’allais voir tous les critériums d’après-tour. J’étais comme un dingue. Je récupérais ses bouts de guidoline. J’ai tout de suite eu la passion du vélo et de l’effort. Et j’ai fait des études (fac d’éco et management du sport à Rennes) pour travailler à la Société du Tour.»

À l’hébergement d’abord. « Puis Jean-marie Leblanc m’a dit : “Môme, tu ne vas pas rester là, tu vas faire tous les services”. Je suis passé au commissariat général (zone technique, logistique, sécurité), j’ai été adjoint, avant de prendre ce service en charge. Avant de devenir adjoint de Christian (Prudhomme) depuis 2010 pour chapeauter tout le volet vélo, le sportif et les collectivités et celui des épreuves grand public (marathon de Paris…). » Le Tour, un aimant. Une obsession.

« Le Tour ? J’y pense quasiment en permanence. 365 jours par an. Il y a toujours des choses qui me le rappellent », sourit celui qui déroule un calendrier traditionnel : « Après les tractations en juillet et en août, pour le Tour suivant, viennent toutes les phases de reconnaissance. Et à partir de février, ça monte en pression, avec une centaine de réunions extérieures. Et derrière, ça échange. Enfin, durant tout le mois de juin, il y a beaucoup de demandes, de sollicitations, avant la réception du livre de route. Je suis le premier à le recevoir dès qu’ils sortent du moule. Là, les dés sont jetés…»

Depuis Lille, le 5 juillet, les pages tournent. Vite. Et chaque jour (ou nuit) réserve ses surprises. Ses sueurs froides. Et ses idées. Dans l’ombre, Pierre-yves Thouault a travaillé pour que le peloton fasse le tour de l’arc de triomphe (2013), traverse le Grand Palais (2017), prenne ses habitudes dans la Cour carrée du Louvre (depuis 2019) et se hisse, dans le sillage des Jeux olympiques, à Montmartre pour la première fois (21e étape, le 27 juillet) : « J’ai vécu les Jeux dans l’organisation pour les compétitions hommes, mais pour les femmes, je suis allé dans le public comme quand j’étais môme. J’ai vécu un moment absolument incroyable. Je me suis retrouvé dans un bistrot avec l’équipe américaine. J’ai appelé Christian (Prudhomme), il était un peu jaloux “On aurait dû le faire”. J’ai dit : “On fonce. Il faut le faire. Il faut impérativement le faire”. On a fait des reconnaissances de nuit, à pied… On y est allé plusieurs fois. On s’est battus. On a discuté. Il fallait apporter des éléments. Laurent Nuñez (le préfet de police de Paris) avait des difficultés pour mobiliser tous ses policiers. Il va en falloir. Qui met le barillage, qui fait les points de cisaillement ? En entrant dans le détail, on est vraiment dans l’organisation. Là aussi, c’est un avantage d’être passé par tous les services pour dire ce qu’on peut faire. »

Avant l’épilogue, le directeur adjoint du Tour a, ce jeudi, organisé la visite du président de la République. Un passage réglé : « Nicolas Sarkozy, la première fois qu’il est venu, c’est une rock star. Quand il arrive à la sortie de Valloire quand il pose le Puma, les motos qui étaient béquillées commencent à tomber, il y avait un monde dingue. Je me suis dit : ça va être compliqué, la course va arriver. François Hollande, la première fois qu’il est venu à Saint-lary, cela a été chaud parce qu’il est arrivé juste à temps, il saluait tout le monde sur le terrain, les pompiers… Je voyais Christian (Prudhomme) qui attendait et la course que je voyais descendre. Je me suis dit : “C’est mort”. Et c’est passé. Emmanuel Macron ? Très, très facile. Un connaisseur de vélo, un amoureux du Tour… »

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