Marco Pantani à Cuba: le voyage de la dernière chance
C'est l'un des épisodes les plus méconnus et les plus mystérieux de la vie du Pirate. Dix semaines avant sa mort, celui-ci s'était rendu à La Havane. Deux séjours rapprochés. D'étonnantes rencontres. Un bain de soleil. Et le retour de la tragédie. Récit.
Barry Ryan
Miroir du cyclisme - n. 475/2025
Au musée Spazio Pantani, à Cesenatico, comme dans tous les sanctuaires, les pèlerins peuvent se procurer des reliques de leur saint. Une boutique de souvenirs jouxte cette bâtisse de brique dans la ville natale de Marco Pantani sur la côte adriatique italienne. Parmi les objets les plus vendus, le passeport que le Pirate embarquait en voyage - du moins, une copie. La mention rédigée en majuscules, sous l'emprise des drogues, à l'hiver 2003, qui figurait sur l'une des pages a elle aussi été reproduite. Le champion cycliste a 33 ans et rentre de Cuba. Son message: « J'ai été humilié pour rien. Pendant quatre ans, j'ai été dans tous les tribunaux. (...) Des règles, oui, mais les mêmes pour tous. »
Cet épisode de la vie de Marco Pantani à Cuba a émergé dans les jours qui ont suivi sa mort à Rimini, le 14 février 2004. Certainement l'une des stations les plus mystérieuses de son long chemin de croix. Cuba, un rayon de soleil, au propre comme au figuré, dans une période de ténèbres qui aura duré huit mois, depuis sa dernière apparition comme coureur au Giro 2003 jusqu'à sa disparition dans une chambre d'hôtel sordide. Mais pourquoi, au juste, Pantani se rendait-il à Cuba?
Plusieurs personnes ont tenté d'assembler les pièces de ce puzzle. Tout d'abord, Manuela Ronchi, agent de Pantani, puis Davide Cassani, ex-coureur et son éphémère attaché de presse, et enfin le journaliste britannique Matt Rendell, auteur de The Death of Marco Pantani (non traduit en français). Malgré ces témoignages et cette biographie enquêtée, des zones d'ombre subsistent. Les différents récits s'accordent au moins à dire que Pantani a effectué deux voyages très rapprochés à Cuba fin 2003. L'un de trois semaines entre la mi-octobre et la mi-novembre; l'autre ayant duré une poignée de jours, entre la fin novembre et début décembre. À cette époque, le grimpeur est dépendant à la cocaïne depuis quatre ans au moins, ce qui n'a pas empêché différents acteurs économiques de l'exploiter sur son vélo. À l'automne, cependant, ces âmes intéressées décident, quoique tardivement, de sauver Pantani. Un propriétaire de boîte de nuit, Michael Mengozzi, est chargé de le tenir à l'écart des dealers. Il emmène d'abord le cycliste en Serbie, au mois d'octobre, pour s'adonner à leur passion commune pour la chasse. Puis les deux hommes se décident pour une destination plus exotique: Cuba.
Il serait tentant d'imaginer que Pantani est guidé dans ce choix par les sympathies communistes de Sotero, son grand-père adoré. En vérité, Cuba est un hasard. Un ami de Mengozzi, appelé Franco Corsini, a l'habitude de chasser dans l'île. Alors, les deux hommes le rejoignent sur place. Point de chute: la Playa Girón, dans la baie des Cochons. Mengozzi raconte que le voyage fut entièrement consacré à la chasse aux canards, avec un réveil très matinal à 4h30, chaque jour. Toutefois, le responsable de chasse, Sebastián Ura Delgado, soutient que les visiteurs ne sont sortis que huit fois en trois semaines. Ce qui sous-entend d'autres occupations.
C'est à l'occasion de ce voyage qu'une rencontre a eu lieu entre deux mythes, deux grands brûlés du sport. Marco Pantani et Diego Maradona sont tombés l'un sur l'autre à Cuba. Le cycliste savait que le footballeur était soigné à la clinique de la Pradera à La Havane, placé sous la protection directe de Fidel Castro. Ce qui aurait pu être une rencontre au sommet, un instant de confidences ou le début d'une amitié a tourné court. Maradona, en effet, n'a pas reconnu Pantani quand celui-ci l'a interpellé de l'autre côté de la clôture. Pour que la discussion s'engage, le Pirate a dû expliquer qu'il était ami avec un ancien coéquipier d'El Diego, Salvatore Bagni. La conversation est vraisemblablement cordiale, sans plus. Selon Mengozzi, Pantani est sorti blessé de cette entrevue, atteint dans sa fierté.
Le coureur erre
au milieu de
meubles brisés
en mille morceaux.
Le même spectacle
que, plus tard, dans
sa chambre fatale
à Rimini...
Il renonce à la cocaïne
Une rencontre d'une nature beaucoup plus heureuse surviendra au restaurant la Barca à La Havane. Le coureur y fait la connaissance d'une jeune Cubaine du nom d'Olguita. Il passe même la fin du séjour dans la maison familiale de celle-ci. «Il se sentait bien avec elle, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas connu ça», dira plus tard Corsini. En rentrant chez lui, Pantani cherche par tous les moyens à faire venir Olguita en Italie. En vain. À cette époque, Pantani aurait réussi l'exploit de renoncer à la cocaïne. C'est Mengozzi qui l'affirme. Un sevrage de soixante-quatre jours, entre septembre et le premier voyage dans les Caraïbes. Or, sitôt rentré à la maison, l'ancien vainqueur du Tour et du Giro rechute. Sa solution: repartir immédiatement à Cuba. Mais, cette fois, il part seul.
Ce second voyage ne sera pas aussi idyllique que le premier. Olguita, qui l'a attendu à l'aéroport, le quitte bien vite. Pantani appelle alors Nevio et Enzo, deux amis prêts à l'accompagner dans ses pires dérives. Il s'installe dans une pension tenue par Lidia Dios Fernandez, qui confiera au magazine Bicycling que le client ne mangeait pas ses repas, préférant engloutir toutes les pilules qu'il trouvait sur son passage. Y compris « des médicaments pour la tension artérielle. Mes médicaments à moi»... Par ailleurs, le vélo que Pantani avait apporté s'est volatilisé, ainsi que sa Rolex à 20 000 dollars. Les versions divergent quant au fait que ces objets ont été volés ou échangés contre autre chose.
Complètement désorienté, Pantani consulte un voyant prétendument aveugle pour entrer en contact avec un ami depuis peu décédé. Mais quand ce praticien de l'audelà embarque avec lui en voiture et lui donne des indications un peu trop précises sur la route à suivre, Pantani comprend qu'il s'est fait flouer... Furieux, il se retranche dans un des quartiers les plus malfamés de La Havane. Dans ce naufrage, il y a des détails troublants. Comme ceux que rapporte Ura, le responsable de chasse, venu rendre visite à Pantani dans la pension de Lidia et qui l'a trouvé très affaibli. Le coureur erre au milieu de meubles brisés en mille morceaux. Le même spectacle que, plus tard, dans sa chambre fatale à Rimini...
Très inquiets, les parents de Pantani demandent à Mengozzi et Corsini de se rendre à Cuba pour ramener leur fils à la maison. Mengozzi découvre que Pantani a dormi trois jours de suite; il semble qu'il ne se nourrisse que d'eau et de papayes. Il pèse dix kilos de moins que lors de son premier déplacement à Cuba. Son vélo et sa Rolex ont réapparu comme par magie. Après cette quête manquée d'un monde meilleur sous les tropiques, Pantani sombre dans le brouillard. Plus que dix semaines, et il aura cessé de vivre.
Barry Ryan
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Marco Pantani a Cuba: il viaggio dell'ultima possibilità
È uno degli episodi più sconosciuti e misteriosi della vita del Pirata. Dieci settimane prima della sua morte, si era recato all'Avana. Due soggiorni ravvicinati. Incontri sorprendenti. Un bagno di sole. E il ritorno della tragedia. Il racconto.
Barry Ryan
Miroir du cyclisme n. 475/2025
Al museo Spazio Pantani, a Cesenatico, come in tutti i santuari, i pellegrini possono acquistare reliquie del loro santo. Un negozio di souvenir è adiacente a questo edificio in mattoni nella città natale di Marco Pantani, sulla costa adriatica italiana. Tra gli oggetti più venduti c'è il passaporto che il Pirata portava con sé in viaggio, o almeno una copia. Anche la scritta in maiuscolo, redatta sotto l'effetto di droghe nell'inverno del 2003, che figurava su una delle pagine, è stata riprodotta. Il campione di ciclismo ha 33 anni e sta tornando da Cuba. Il suo messaggio: «Sono stato umiliato per niente. Per quattro anni sono stato in tutti i tribunali. (...) Regole sì, ma uguali per tutti».
Questo episodio della vita di Marco Pantani a Cuba è emerso nei giorni successivi alla sua morte a Rimini, il 14 febbraio 2004. Una delle tappe più misteriose nel suo lungo calvario. Cuba, un raggio di sole, in senso proprio e figurato, in un periodo buio durato otto mesi, dalla sua ultima apparizione come corridore, al Giro 2003, fino alla sua scomparsa in una squallida camera d'albergo. Ma perché, esattamente, Pantani si recava a Cuba?
Diverse persone hanno cercato di mettere insieme i pezzi di questo puzzle. Per prima Manuela Ronchi, agente di Pantani, poi Davide Cassani, ex corridore e per poco suo addetto stampa, e infine il giornalista britannico Matt Rendell, autore di The Death of Marco Pantani (non tradotto in francese). Nonostante queste testimonianze e questa biografia investigativa, permangono alcune zone d'ombra. Le diverse versioni concordano almeno sul fatto che Pantani abbia effettuato due viaggi molto ravvicinati a Cuba alla fine del 2003. Uno di tre settimane tra metà ottobre e metà novembre; l'altro della durata di pochi giorni, tra la fine di novembre e l'inizio di dicembre. A quel tempo, il corridore era dipendente dalla cocaina da almeno quattro anni, il che non ha impedito a diversi attori economici di sfruttarlo sulla sua bicicletta. In autunno, tuttavia, queste anime non disinteressate decidono, anche se tardivamente, di salvare Pantani. Un proprietario di night club, Michael Mengozzi, viene incaricato di tenerlo lontano dagli spacciatori. Lo porta in Serbia, nel mese di ottobre, per dedicarsi alla loro comune passione per la caccia. Poi i due decidono di scegliere una destinazione più esotica: Cuba.
Sarebbe allettante immaginare che Pantani sia stato guidato in questa scelta dalle simpatie comuniste di Sotero, il suo adorato nonno. In realtà, Cuba è una coincidenza. Un amico di Mengozzi, Franco Corsini, è solito andare a caccia sull'isola. Così, i due lo raggiungono sul posto. Punto di arrivo: Playa Girón, nella Baia dei Porci. Mengozzi racconta che il viaggio è stato interamente dedicato alla caccia alle anatre, con una sveglia molto mattiniera, alle 4:30, ogni giorno. Tuttavia, il responsabile della caccia, Sebastián Ura Delgado, sostiene che i visitatori siano usciti solo otto volte in tre settimane. Il che implica ci fossero altre occupazioni.
È stato durante quel viaggio che ha avuto luogo l'incontro tra due leggende, due grandi personaggi dello sport. Marco Pantani e Diego Maradona si sono incontrati a Cuba. Il corridore sapeva che il calciatore era in cura presso la clinica La Pradera de l'Avana, sotto la protezione diretta di Fidel Castro. Quello che avrebbe potuto essere un incontro al vertice, un momento di confidenze o l'inizio di un'amicizia, si è concluso prematuramente. Maradona, infatti, non aveva riconosciuto Pantani quando questi lo aveva chiamato dall'altra parte della recinzione. Per avviare la discussione, il Pirata dovette spiegare che era amico di un ex compagno di squadra di El Diego, Salvatore Bagni. La conversazione fu probabilmente cordiale, niente di più. Secondo Mengozzi, Pantani uscì ferito da quell'incontro, colpito nel suo orgoglio.
Il corridore vaga tra mobili frantumati in mille pezzi.
Lo stesso spettacolo che, in seguito,
si ripeterà nella sua fatale camera a Rimini...
Rinuncia alla cocaina
Un incontro molto più felice avverrà al ristorante La Barca a l'Avana. Il corridore fa la conoscenza di una giovane cubana di nome Olguita. Trascorre la fine del soggiorno nella casa della famiglia di lei. «Si sentiva bene con lei, era da molto tempo che non provava una sensazione del genere», dirà più tardi Corsini. Tornato a casa, Pantani cerca con tutti i mezzi di far venire Olguita in Italia. Invano. In quel periodo, Pantani era riuscito a smettere di assumere cocaina. È Mengozzi ad affermarlo. Una disintossicazione durata sessantaquattro giorni, tra settembre e il primo viaggio ai Caraibi. Tuttavia, appena tornato a casa, l'ex vincitore del Tour e del Giro ricadde nella dipendenza. La sua soluzione: ripartire subito per Cuba. Ma stavolta da solo.
Quel secondo viaggio non sarà idilliaco come il primo. Olguita, che lo ha aspettato all'aeroporto, lo lascia ben presto. Pantani chiama allora Nevio ed Enzo, due amici pronti ad accompagnarlo nelle sue peggiori derive. Si sistema in una pensione gestita da Lidia Dios Fernandez, che confiderà alla rivista Bicycling che il cliente non consumava i suoi pasti, preferendo ingoiare tutte le pillole che trovava sul suo cammino. Compresi «i farmaci per la pressione arteriosa. I miei farmaci»... Inoltre, la bicicletta che Pantani aveva portato con sé era scomparsa, così come il suo Rolex da 20.000 dollari. Le versioni divergono sul fatto che questi oggetti siano stati rubati o scambiati con qualcos'altro.
Completamente disorientato, Pantani consulta un sensitivo, presumibilmente cieco, per entrare in contatto con un amico recentemente scomparso. Ma quando questo praticante dell'aldilà sale in macchina con lui e gli dà indicazioni un po' troppo precise sulla strada da seguire, Pantani capisce di essere stato raggirato... Furioso, si rifugia in uno dei più malfamati quartieri di l'Avana. In quel naufragio ci sono dettagli inquietanti. Come quelli riportati da Ura, il responsabile della caccia, venuto a trovare Pantani nella pensione di Lidia e che lo aveva trovato molto indebolito. Il corridore vagava in mezzo a mobili ridotti in mille pezzi. Lo stesso spettacolo che, in seguito, si ripeterà nella sua fatale camera a Rimini...
Molto preoccupati, i genitori di Pantani chiesero a Mengozzi e a Corsini di andare a Cuba per riportare a casa il figlio. Mengozzi scopre che Pantani aveva dormito per tre giorni in fila; sembra che si fosse nutrito solo di acqua e papaia. Pesava dieci chili in meno rispetto al suo primo viaggio a Cuba. La sua bicicletta e il suo Rolex erano ricomparsi come per magia. Dopo quella ricerca fallita di un mondo migliore ai tropici, Pantani sprofondò nella nebbia. Ancora dieci settimane e smise di vivere.
Barry Ryan

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