SAMI SADIK (avec Y. O.) L’EUROPE À TROIS VITESSES?
Mike James la saison dernière lors de la défaite
en finale de l’Euroligue contre Fenerbahçe.
Ils ont piaffé d'impatience vingt-quatre heures de plus que les autres pour entendre résonner ce soir Devotion, l'hymne de l'Euroligue. Après les sept premiers matches hier, les trois clubs du Championnat de France entament à leur tour un marathon européen désormais bien ancré sur deux continents avec l'apparition de Dubaï.
Mais à Monaco, Paris et Villeurbanne, l'héritage sera lourd à porter: 53 victoires cumulées en saison régulière 2024-2025, une place historique en finale pour la Roca Team, une épopée rafraîchissante jusqu'en play-offs pour le club de la capitale et une belle résistance rhodanienne pour replacer le basket fran- çais dans la hiérarchie européenne. Faire mieux?
La barre est haute, très haute. D'abord, parce que la concur- rence s'est réarmée dans une ligue désormais à 20 clubs, mais aussi parce que le vent du changement a soufflé fort à Paris et dans le Rhône.
Après une saison historique jusqu’à l’apparition de Monaco en finale, les trois clubs du Championnat de France retrouvent l’Euroligue ce soir avec des ambitions différentes dans une compétition toujours plus relevée.
Sami Sadik
1 Oct 2025 - L'Équipe
Ils ont piaffé d’impatience vingt-quatre heures de plus que les autres pour entendre résonner ce soir Devotion, l’hymne de l’Euroligue. Après les sept premiers matches hier, les trois clubs du Championnat de France entament à leur tour un marathon européen désormais bien ancré sur deux continents avec l’apparition de Dubaï.
Mais à Monaco, Paris et Villeurbanne, l’héritage sera lourd à porter: 53 victoires cumulées en saison régulière 2024-2025, une place historique en finale pour la Roca Team, une épopée rafraîchissante jusqu’en play-offs pour le club de la capitale et une belle résistance rhodanienne pour replacer le basket français dans la hiérarchie européenne. Faire mieux?
La barre est haute, très haute. D’abord, parce que la concurrence s’est réarmée dans une ligue désormais à 20clubs, mais aussi parce que le vent du changement a soufflé fort à Paris et dans le Rhône.
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MONACO
La dernière marche
“Quand on a pris du recul, on a compris qu’on avait de quoi être fiers et on revient avec la bonne mentalité
- VASSILIS SPANOULIS, ENTRAÎNEUR DE MONACO
À PROPOS DE LA SAISON 2024-2025 DE SON ÉQUIPE EN EUROLIGUE
De son rocher au désert d’Abu Dhabi, le club de la Principauté est allé trop loin pour faire marche arrière. Fenerbahçe a brisé ses rêves en deuxième mi-temps de la finale 2025 (70-81), dans l’émirat, alors la boussole de Mike James et des siens pointe vers une seule destination : Athènes et le Final Four 2026, pour aller au bout. Sans se cacher.
« Dans la continuité de la saison précédente, avec l’effectif qu’ils ont, Monaco est dans le premier chapeau avec le Panathinaïkos, l’Olympiakos, le Fenerbahçe » , confirme le meneur Léo Westermann, ancien capitaine de la Roca Team (2021-2022) et aujourd’hui à Obradoiro (Espagne) après 176 matches d’Euroligue.
En plus de répéter son objectif – tout gagner – la Roca Team s’en est donné les moyens. « Leur recrutement a été plus intelligent que la saison passée où il y avait beaucoup de joueurs intérieurs aux qualités similaires. Là, Kevarrius Hayes a un profil différent de Daniel Theis et l’arrivée de Nikola Mirotic va amener beaucoup de choses. Il peut s’écarter et élargir le terrain pour laisser plus d’espace au jeu en un-contre-un qui est une des grandes forces de Monaco » , poursuit Westermann.
Hôtes du Zalgiris Kaunas de Sylvain Francisco aujourd’hui à Gaston- Médecin (19h30), les Monégasques ont eu tout l’été pour digérer leur saison à 89 matches mais zéro titre.
« On n’a pas oublié, c’était malgré tout une saison historique. Quand on a pris du recul, on a compris qu’on avait de quoi être fiers et on revient avec la bonne mentalité » , prévenait l’entraîneur Vassilis Spanoulis hier. « Attention à l’enchaînement des matches car l’équipe devient de plus en plus âgée » , pointe toutefois Westermann, avec raison puisque la Roca Team aligne sept trentenaires dont James (35 ans) et Mirotic (34 ans), sans doute les deux meilleurs joueurs à ne pas encore avoir remporté l’Euroligue moderne.
Une association d’anciens MVP (2024 pour James, 2022 pour Mirotic) rêvée depuis plusieurs saisons dans les bureaux du club pour conquérir le titre ultime européen.
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PARIS
Éviter la dégringolade
Au moment de prédire « à l’aveugle » le classement dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de l’Euroligue, Mike James et Jaron Blossomgame ont eu la main lourde, et Paris s’est respectivement retrouvé 18e et 19e. Une prédiction cruelle pour le quart-finaliste 2025, mais les deux Monégasques ne sont pas les seuls en Europe à prédire une dégringolade. Tout le Vieux Continent a suivi cet été le pillage de l’équipe bâtie par Tuomas Iisalo puis Tiago Splitter.
Les chances de play-offs se sont-elles envolées en même temps que T.J. Shorts (Panathinaïkos) & co ? « J’espère qu’ils pourront se battre pour le play-in (7e-10e place), mais ce sera compliqué avec des nouvelles équipes qui ont aussi des effectifs énormes ( Hapoël Tel-Aviv, Dubaï). Je ne parierais pas forcément là-dessus. Je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une saison comme l’an dernier, qui fut extrêmement surprenante. Il y a eu des paris dans le recrutement, des joueurs qu’on connaît peu » , convient Léo Westermann.
Hifi en tête de file
Paris a misé gros sur Nadir Hifi (photo), mais l’effet de surprise est terminé. « Il aura un panneau Wanted (“recherché”) à chaque match, s’amuse l’ancien meneur des Bleus. C’est dans la lignée de ce qu’il a fait ces dernières années ( meilleur jeune de l’Euroligue 2024-2025), il prend de plus en plus d’importance dans le basket français et en Europe, on sait à quoi s’attendre contre lui. Il est attendu au tournant. »
Le budget (28,9 M€) et la masse salariale (8 M€ brut) continuent de grimper, mais le club de la capitale n’évolue pas encore dans la même cour économique que l’Hapoël Tel-Aviv, capable de proposer près de 6 millions de dollars annuels à l’ex-MVP Vasilije Micic ou des géants en reconquête tels que l’Olimpia Milan, l’Étoile Rouge Belgrade ou l’Efes Istanbul, qui s’avancent tous avec l’objectif « play-off ou fiasco ». Mais Paris jouera aussi sa saison hors du parquet avec une licence de membre permanent dans le viseur. Bientôt ? « Je ne dirais pas non » , a répondu à L’Équipe le patron de l’Euroligue Paulius Motiejunas.
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ASVEL
Un petit poucet sous pression
« Nous souhaitons qu’ils élèvent le niveau. Il y a des raisons à leur mauvaise passe, le conflit avec leur ancien sponsor (Skweek) et d’autres choses. Mais ils ont clairement besoin de trouver les moyens d’être compétitifs. » L’analyse, clinique, est signée Paulius Motiejunas, patron de l’Euroligue et s’apparente à un coup de pression pour l’Asvel, avant-dernière ou dernière de l’épreuve trois ans de suite avant un rebond la saison passée (15e, 13 victoires, record égalé). Mais comme le reste de l’Europe, le dirigeant lituanien a noté que Villeurbanne s’avançait sur la ligne de départ avec l’effectif le plus léger du plateau: 13 joueurs, dont Thomas Heurtel, recrue phare de l’été mais out un mois.
« On sera le petit poucet avec tout à prouver, il faudra qu’on soit des morts de faim. On ne sera pas attendus. On fait souvent un lien direct entre les moyens financiers et les performances, on devra montrer qu’on peut faire autrement », reconnaît l’entraîneur Pierric Poupet. Cités plus haut, James et Blossomgame ont été unanimes sur le classement à l’aveugle de l’Asvel cette saison: 20e et dernière. « Beaucoup d’équipes ne sont pas le produit fini qu’elles seront à partir de mars, elles sont plus jouables maintenant pour de petites équipes », veut croire Westermann.
Une saison « de transition »
Mais l’ancien meneur de Monaco rejoint la thèse du petit poucet: « Si Paris va vivre une année de transition, l’Asvel, c’est encore un cran au-dessus avec beaucoup de joueurs qui découvrent l’Euroligue à des postes clés. Il y a des anciens pour les aider (De Colo, photo, Lighty, Heurtel, Jackson), mais sur une saison extrêmement longue, ce sera compliqué de garder le rythme. Quand on voit les autres effectifs et eux, où à part deux ou trois joueurs, les autres ont tout à prouver en Euroligue, ils doivent avoir cette mentalité d’outsider. » Seul club français titulaire d’une licence pluriannuelle, Villeurbanne devra saisir sa chance avec les réceptions de Valence aujourd’hui et de Vitoria vendredi, deux équipes aussi annoncées sur le papier loin de la lutte pour les play-offs.
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