PSG - Une belle lignée

Il n’est pas facile d’évaluer la place de Vitinha dans l’histoire des milieux de terrain du PSG, parmi des profils très différents. Mais il n’est pas loin du sommet, à l’évidence.

“Il est complet, il est capable de tout faire, 
aussi à l’aise dans les petits espaces que dans les grands, 
et il a beaucoup de volume»
   - VINCENT GUÉRIN, À PROPOS DE VITINHA

28 Nov 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC

Il est toujours aussi délicat de comparer les époques, et encore plus de mélanger les profils : à l’heure de réfléchir à la place de Vitinha dans la grande histoire des milieux de terrain du Paris Saint-Germain, on peut avoir le sentiment de mélanger les torchons et les serviettes en mêlant des numéros10 à des milieux défensifs, en comparant Safet Susic à Blaise Matuidi, Rai à Luis Fernandez, ou João Neves à Mustapha Dahleb.

Mais la fantastique année 2025 du milieu de terrain portugais, ponctuée par la conquête de la première Ligue des champions, et prolongée par un récital et un triplé mercredi soir face à Tottenham (5-3), permet, déjà, d’évaluer la trace laissée par un joueur de 25 ans, débarqué frêle et incertain à l’été 2022.

Il faut sans doute sortir les numéros 10 de l’équation, ce qui permet de ne pas pousser la comparaison jusqu’à un profil aussi atypique que Ronaldinho, et se concentrer sur les numéros6 et les relayeurs. Cela représente, déjà, du monde au balcon, à travers 55 ans d’histoire : on peut citer, parmi les joueurs qui ont marqué la vie du club sur la durée, Luis Fernandez (19781986), Paul LeGuen (1991-1998), Vincent Guérin (1992-1998), Blaise Matuidi (2011-2017), Thiago Motta (2012-2018), Marco Verratti (2012-2023), alors qu’Adrien Rabiot (2012-2019) a sans doute connu ses meilleures années juste après.

Le profil complet de Vitinha, joueur technique, meneur de jeu en position basse, et décisif dans les trente derniers mètres, rappelle plutôt le côté relayeur de Vincent Guérin, qui avait été élu par France Football joueur français de l’année 1995, à 30 ans, l’année de sa plénitude. L’ancien international (19 sélections, 2 buts) réclame un peu de temps avant de classer Vitinha dans l’histoire parisienne: « Il n’a que 25 ans, c’est sa première très grosse année, on connaîtra mieux sa place plus tard, dans trois ou quatre saisons. » Mais sur le profil, il avoue s’en sentir proche: « Il ressemble plus à un relayeur qu’à une sentinelle. Il joue devant la défense, mais il ne reste pas toujours dans cette position, parce que les milieux du PSG dézonent sans cesse. Je ne sais pas si l’on peut vraiment comparer, mais il est complet, il est capable de tout faire, aussi à l’aise dans les petits espaces que dans les grands, et il a beaucoup de volume.»

L a comparaison, quand même, vient naturellement quand le nom de Marco Verratti, le joueur adoré du public du Parc, arrive dans la conversation : « Verratti était un joueur de lumière, spectaculaire, dont l’aisance attirait les regards, surtout dans les petits espaces, ajoute Guérin. Mais pour devenir un plus grand joueur encore et monter une marche, il aurait dû être plus efficace. Dans ce registre, Vitinha a tout ce qu’il manquait à Verratti. Dans les trente derniers mètres, leur influence et leur efficacité sont incomparables. » Difficile, alors, de faire un classement, mais si Vitinha est devant Verratti, c’est, sans doute, qu’il n’y a pas énormément de monde devant lui.

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COSTINHA
« Sa plus grande qualité, c’est son cerveau »

50 ans, ancien milieu du FC Porto et de l’AS Monaco, 53 sélections avec le Portugal.

« Parler de Vitinha, ça me fait penser tout de suite aux gens qui, à Porto, à l’époque, disaient: “Il n'est pas assez fort physiquement, il ne va pas tenir.” La plus grande qualité de Vitinha, c’est son cerveau. C’est un joueur d’une grande intelligence. Il sait se déplacer, trouver les zones libres, compenser et sait toujours comment faire vivre le ballon. Dans la gestion du temps, j’ai rarement vu un joueur aussi intelligent. Il sait ce que le jeu demande, toujours. Et en plus, il a ajouté les buts à sa panoplie, il avait besoin de ça. Ça lui donne une dimension de leader. C’est quelqu’un qui, aujourd’hui, est capable de transformer un match, de faire basculer le rapport de forces à lui seul. Il est l’un des meilleurs milieux du monde en ce moment, sans aucun doute. J’ai toujours du mal avec les comparaisons mais il est dans le top 5 avec des Pedri, Neves, Barella, Bellingham. Il n’y a personne au-dessus. Et il peut encore progresser, oui. Parce qu’à chaque fois qu’il a dû affronter une difficulté, il est tellement intelligent qu’il l’a surmontée. Devenir le meilleur milieu de l’histoire du Portugal ? C’est difficile à dire parce que selon les époques, les équipes sont très différentes et dans ma génération, sans parler des années 80, il y avait des Deco, Rui Costa, Maniche… Mais dans la sienne, oui, c’est le meilleur. Et j’espère qu’il amènera le Portugal au titre de champion du monde ». (H. De)

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RUI BARROS
« Il ressemble beaucoup à Deco »

60 ans, ancien milieu de l’OM, de Monaco et du FC Porto, 36 sélections avec le Portugal.

« C’est un enfant du FC Porto, alors c’est une énorme fierté pour tout le club. Jeune, il était déjà techniquement incroyable, et on savait qu’il deviendrait un bon joueur. Mais un top joueur, on ne pouvait pas le savoir. On lui a enseigné des choses, mais c’est lui qui est allé chercher le reste, ce qui fait la différence entre les très bons joueurs et les top joueurs. Il s’est développé à tous les niveaux.

Aujourd’hui, c’est un cerveau, le cerveau de l’équipe au PSG mais aussi en équipe nationale. C’est le fruit de son travail.

Il a la dimension d’un futur Ballon d’Or, c’est indiscutable, parce que tous les ans, il joue tous les matches et ses prestations sont presque toujours de haut niveau. Au pire, il est acceptable dans les mauvais jours. En fait, il est prodigieux. Ce n’est pas juste un joueur qui intercepte, gratte des ballons, dribble ou assure le contrôle du ballon. Il a une grande diversité dans son jeu, il sait trouver et ouvrir des espaces par la passe et par ses déplacements : il est très vaillant physiquement, en activité permanente, c’est lui qui fait progresser l’équipe. Il sait aussi tirer au but, marquer de loin.

Il n’y a pas grand-chose qu’il puisse beaucoup améliorer dans son jeu, sinon dans les duels aériens, mais à son poste ce n’est pas très important. Je trouve qu’il ressemble beaucoup à Deco, mêmesi Deco jouait un peu plus haut. Mais, comme lui, il était fabuleux pour sa qualité technique, sa faculté à trouver des passes que les autres ne voient pas ou ne peuvent pas réaliser ». (R.D.)

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SAMI KHEDIRA
« Je ne lui vois même aucun défaut »

38 ans, ancien milieu du Real Madrid ou de la Juventus Turin, 77 sélections avec l'Allemagne.

« Son triplé contre Tottenham vient récompenser sa progression impressionnante de ces derniers mois. En 2025, il a pris une nouvelle dimension. Il fait désormais partie des tout meilleurs à son poste. Il avait été fabuleux tout au long de la phase à élimination directe en 20242025 dans la conquête de la Ligue des champions du Paris SaintGermain et il continue cette saison comme s'il n´y avait jamais eu de pause.

Ce que j'aime surtout chez Vitinha, c'est la confiance qu'il dégage dès qu'il touche le ballon, son expression corporelle avec le torse bombé et sa vision du jeu assez phénoménale. Il parvient quasiment à chaque rencontre à exploiter toutes ses qualités. Sa précision et sa puissance sur ses frappes sont spectaculaires. Il est d'ailleurs plutôt rare que ses tentatives ne soient pas cadrées.

Vitinha est le métronome de cette formation parisienne, le régulateur du jeu et il est complet. Je ne lui vois même aucun défaut. En plus, il est très complémentaire de Joao Neves et de Fabian Ruiz, et ils forment à eux trois un entrejeu de classe mondiale. Dans les duels, il est percutant, il ne s'avoue jamais vaincu et il diffuse le sentiment d'aimer aller au combat et de s'arracher pour récupérer un ballon. » (A. Me.)

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