VITINHA SUPERSTAR
Auteur d’un triplé mercredi face à Tottenham, Vitinha, déjà essentiel dans la conquête de la Ligue des champions au printemps, s’affirme comme l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste.
28 Nov 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM
Ne pas se souvenir seulement des belles choses. Ces derniers mois et un peu plus encore depuis son triplé spectaculaire face à Tottenham (5-3, mercredi), Vitinha porte le serre-tête le plus connu du football européen. Mais alors qu’il disparaissait dans la nuit parisienne à travers les sous-sols du Parc des Princes, revenaient en tête ces séquences qui semblent aujourd’hui si lointaines. Ces moments où, en 2022, aux côtés des Neymar, Lionel Messi et autres, le Portugais, recruté au FC Porto contre environ 40 M€, était ce milieu anonyme, englué dans une crise de confiance et symbole, pour les stars sud-américaines (notamment l’Argentin), d’un mercato lowcost, raté. Les témoins de l’époque nous racontaient alors ce visage défait, blanc, d’un Vitinha marqué par les remarques ou les regards des stars. En moins de trois ans, la mue est totale.
Vitor Machado Ferreira a changé de dimension. Au point aujourd’hui de devenir, à 25 ans, l’un des meilleurs joueurs à son poste. Et de laisser une trace profonde, déjà, dans l’histoire du club de la capitale (lire aussi page 8). Il le doit à lui et à un homme. Quand Luis Enrique, mercredi soir, évoquait son milieu et parlait de lui comme d’un « joueur sensationnel » , « si spécial» , il mesurait alors, sans doute, l’impact dans sa carrière. Il n’y aurait pas ce Vitinha de 2025 si l’Asturien n’avait pas débarqué sur le banc du PSG à l’été 2023.
L’incarnation d’une génération
Alors que les moqueries ont disparu depuis longtemps, que voit-on chez lui depuis des mois? Ce canonnier (8 de ses 22 buts au PSG depuis la reprise), bien sûr, capable sur une frappe lointaine de faire lever le Parc des Princes. Mais il y a surtout le reste. Qui a savouré le troisième but parisien signé Désiré Doué lors de la finale de Ligue des champions, le 31 mai (5-0 face à l’Inter Milan), et cette course de « Viti », après quarante mètres et une séquence de jeu combiné, comprend l’apport du Portugais. Un milieu si intelligent qu’on a l’impression qu’il a un bac +8 en ingénierie. Un milieu avec une activité si totale qu’on a l’impression qu’il peut aligner douze ultratrails sans manger un raisin sec.
Non, l’ancien du FC Porto, avec son mètre soixante-douze, n’aura jamais les épaules d’un boxeur sous stéroïdes (et même sans). Et dans des scénarios de matches intenses, quand le combat fait rage au milieu, il ne faudra pas attendre de lui qu’il devienne soudain un combo entre Patrick Vieira et Roy Keane. Mais Vitinha incarne cette génération de milieux libres, disponibles, capables du meilleur (et rarement du pire). Un joueur, à la manière du Barcelonais Pedri, qui rend plus intelligent le jeu de son équipe. Un chef d’orchestre qui ne mène personne à la baguette et qui sait aussi laisser jouer la musique de ses coéquipiers.
Dans les prochains jours, semaines, mois, il sera question de sa place dans la hiérarchie mondiale à son poste. Qui peut actuellement s’asseoir à la table de Vitinha ? Pedri, Declan Rice, Joshua Kimmich, Joao Neves – on en oublie sans doute. Pas sûr que le moustachu portugais, joueur d’équipe, pense à ce sujet en se rasant le matin. Le gamin de Porto n’est pas né pour être une star. Et pourtant, les mois passent, les matches avec, et le métronome parisien, malgré lui, en devient une.
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«Il est capable, à la manière d’un Modric, d’aller chercher le Ballon d’Or»
Blaise Matuidi, l’ancien milieu des Bleus et du PSG, pose un regard admiratif sur la progression récente de Vitinha et anticipe un futur doré.
«C’est peut-être le meilleur milieu au monde aujourd’hui»
28 Nov 2025 - L'Équipe
H. De.
Il a été, dans une période récente, lereprésentantd’untriomagique. Cette époque Verratti-MottaMatuidi a marqué toute une génération de fans parisiens. Alors que Vitinha, mois après mois et encore un peu plus depuis son triplé mercredi contre Tottenham (5-3), s’impose déjà comme l’un des plus grands milieux de l’histoire du club de la capitale, qui de mieux que Blaise Matuidi pour décrypter le phénomène ? Le champion du monde 2018 de 38 ans, retraité depuis 2022, ne cache pas son admiration pour l’un deses successeurs.
- Quel regard portez-vous sur la prestation de Vitinha mercredi?
C’est exceptionnel, c’est même presque unique. Onnemesure pas àquel point c’est rare pour un milieu depouvoir inscrire un triplé. Je trouve quecette performance dit tout desonjeu et decequ’il est devenu. Vitinha, il sait tout faire.
- Qu’est-ce qui vous plaît le plus chez lui ?
Cette intelligence dejeu, cette capacité àprendre l’information plus rapidement queles autres et cette justesse dans la dernière passe. Et puis plus récemment, il y ala diversité dans ses frappes. Il aunepalette très large.
- Estimez-vous, comme certains supporters du PSG, qu’il y a une filiation avec votre ancien coéquipier Marco Verratti?
Il y adesressemblances dans la justesse desonjeu court, sa sensibilité technique et sa capacité àmanier le ballon. Il a uneénormeactivité aussi. Mais c’est unautre type dejoueur dans le sens oùMarcon’était pas naturellement attiré par le but.
- Ne se rapproche-t-il pas finalement plus de Thiago Motta ?
Thiago, c’était uneintelligence de jeu exceptionnelle. Vitinha acette faculté, oui, àtoujours être bien placé. Ladifférence se situe dans la mobilité. Vitinha est unjoueur différent dans le sens oùil a besoin, pour donner ce tempo, d’être toujours enmouvementet deserapprocher des attaquants.
- Quelle est sa marge de progression ?
Onal’impression qu’il neva jamais s’arrêter. À25ans, il n’est pas encore entré dans la force de l’âge. Je nelui vois pas delimites. Et donc potentiellement, il est capable, àla manière d’un Luka Modric sur unesaison, d’aller chercher le Ballon d’Or ( le Croate l’a remporté en 2018). Pourun milieu, commelui, il sera forcément plus dépendant de l’équipe qui l’entoure qu’un buteur, mais il enest capable. Après, je nepensepasqu’il y pense. Parce queVitinha, dans ce queje perçois, il pense avant tout à l’équipe, àla réussite dugroupe. Mais ses qualités parlent pour lui. Et c’est ce qui enfait unprofil unique.
- Comment le situez-vous aujourd’hui dans la hiérarchie des milieux dans le monde ?
Onl’entend peu, il est discret sur les réseaux mais sur le terrain, il fait dubruit ( rires). C’est peut-être le meilleur milieu aumonde aujourd’hui. Entout cas, s’il y aune enveloppe avec quelques noms, il est dedans. »
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