Dans les puys d’Auvergne, le Tour de France se déchaîne


L’Irlandais Ben Healy (à gauche) sur le col de la Croix-Morand,
dans le massif du Mont-Dore, lundi
PHOTO BENOIT TESSIER. REUTERS

Après neuf étapes sans montagne, la journée de lundi a vu les paysages changer et les maillots s’échanger. L’Irlandais Ben Healy s’empare du jaune tandis que le Français Lenny Martinez endosse les pois du meilleur grimpeur.

15 Jul 2025 - Libération
Par Romain Boulho Envoyé spécial sur le Tour

Les sommets défilent. Une ascension puis une autre, encore une et ainsi de suite. Et tout ça dans un environnement brisé, des sapinières puis des pelouses dénudées par les hivers qui mordent, dans les plus hautes altitudes, à -20 ºC ou -30 ºC.

Le Tour s’est raidi d’un coup sec. Lundi, il a obliqué vers la montagne, en partant d’Ennezat, petite commune rurale du Puy-de-Dôme. La veille, c’était l’Amérique, des cieux magistraux qui calottaient des champs blonds et sans frontière. Là, c’est l’Auvergne opulente, celle qui décline toute la palette de vert sur son nuancier. Une étape bâtie pour les naturalistes. Et de tous les dangers : «Je pense que l’ensemble du Tour va dépendre de l’étape d’aujourd’hui», prédit au départ celui qui convoite le maillot jaune, Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike).

Les coureurs n’ont pas dépassé le kilomètre 0 que, déjà, ils voient à l’horizon les liserés des volcans et la grande carcasse bleue du Puy-de-Dôme. Ce sera la vigie d’une moitié du jour, son renflement qui apparaît dès que s’entrouvre le paysage. Après neuf étapes sans col, et dès la plaine et les cultures intensives d’Ennezat franchies, les vieux noyers qui bordent les champs, le peloton voit se dresser la côte de Loubeyrat. La mise en garde d’une journée de spasmes: les coureurs cahoteront sur 4 500 mètres de dénivelé positif, amassés en huit cols, sept de deuxième catégorie, un de trois et même un col caché, qui surgit à 28 kilomètres de l’arrivée.

CHASSE VICTORIEUSE

Dans cette première côte, une gendarme a discrètement glissé le reste d’une banane derrière la roue d’une voiture avant le passage des coureurs. Fallait-il y déceler le signe de possibles culbutes ? C’est ici, déjà, que la longue queue du peloton se disloque. Les grosses cuisses, Jonathan Milan, Tim Merlier ou Biniam Girmay, ainsi que les fatigués du rythme effréné entrepris depuis le grand départ de Lille (lire ci-contre), mènent front commun à l’arrière. On ne les reverra plus.

Au sommet, Lenny Martinez emporte avec lui un groupe replet d’échappés, Ben O’Connor (Jayco-Alula), Simon Yates (Visma-Lease a Bike) ou quatre coureurs d’EF Education-EasyPost, dont l’infatigable Ben Healy. Le jeune grimpeur français de la Bahrain Victorious quête les pois et, à l’arrivée, après une chasse victorieuse, le nez en sang, il revêt le maillot tant désiré. Il souffle : «J’ai beaucoup souffert aujourd’hui. Je voulais pas repartir sans rien, je pouvais pas lutter pour l’étape, j’avais plus grand-chose à la fin. Mon grand-père [le coureur Mariano Martinez, ndlr] l’a ramené à Paris, ça fait bizarre de l’avoir aussi.»

A cet instant, le groupe d’échappés tente d’amplifier l’écart avec le peloton suspicieux, tenu par les équipes des cadors. Il descend vers Enval (kilomètre 22), longe des gorges aux eaux ferrugineuses qui ruminent dans le frais d’une forêt humide. Dans Dernières Pages, un recueil de nouvelles paru en 1877, l’année suivant sa mort, George Sand portraiture l’Auvergne, «forteresse» dans laquelle «on ne s’y sent point seul avec le ciel, comme sur les sommets tourmentés ou glacés des hautes montagnes». L’écrivaine mentionne Enval, où elle séjourne de temps à autre: «Cet étrange village avait une physionomie que je n’ai jamais retrouvée ailleurs. On eût dit qu’il avait été construit pour des singes. Mais dans l’adresse et la prévoyance de l’aménagement on retrouvait l’esprit auvergnat : économie de l’espace et habile à conjurer l’inclémence de son climat.»

Puis Volvic, ses bâtisses couleur du charbon, fabriquées avec le basalte des carrières locales. Des chênaies, toutes vibrantes de vert et d’ombre. Dans la côte de Charade, le Français Pavel Sivakov, coéquipier du grand favori de l’épreuve, Tadej Pogacar (UAE Emirates), fait l’élastique. Un tracas sans conséquence ou un orage à venir, alors que João Almeida, berger en montagne du Slovène, a dételé de son train après une chute survenue à Mûrde-Bretagne.

Puis, c’est déjà une nouvelle grimpe, le col de la Moreno, pile entre le puy de Dôme et le puy de Côme et cette fois, «on est à l’étage montagnard, indique Stéphane Herbette, professeur en biologie végétale à l’université de Clermont-Ferrand. C’est là qu’on va trouver le hêtre, le sapin et beaucoup d’autres conifères». Les sommets défilent. Une ascension puis une autre et encore une et ainsi de suite. Et tout ça dans un environnement brisé, des sapinières puis des pelouses dénudées par les hivers qui mordent ici, dans les plus hautes altitudes, à -20 ºC ou -30 ºC. Il y a des lacs, celui du Guéry, où, quand les mois rudes arrivent, que l’eau se pétrifie, on y pêche en creusant de gros trous dans la glace. Des tourbières qui recèlent de canneberges et d’arbrisseaux gris et velus, des saules des Lapons, reliques de l’ère glaciaire. Des landes seulement traversées par des cours d’eau ou des petites étendues de pierre. Des prairies de gentianes, dont on ramasse les racines à la grosse fourche quand elles sont en pleine fleur, c’est-à-dire tous les cinquante ans, pour faire de la suze. Ou d’arnicas, la plante pour les bleus.

DÉGAINE DE PISTOLERO

C’est dans ce terrain de jeu jusqu’au MontDore que la course éclate en piqûres, claques et gnons. Sur tous les fronts. Pour le maillot jaune, dont s’empare l’Irlandais à la dégaine de pistolero Ben Healy, au terme d’une course contre-la-montre et le temps de Tadej Pogacar. Si Ben Healy, vainqueur lors de la sixième étape entre Bayeux et Vire, ne lève pas les bras sur la ligne, il remporte peut-être la plus belle victoire de sa carrière. La gagne s’est disputée entre Simon Yates et Thymen Arensman (Ineos Grenadiers), l’Anglais devançant le Néerlandais. Il entre dans le cercle des vainqueurs d’étape dans les trois Grands Tours (TDF, le Giro et la Vuelta). Enfin, le classement général. Remco Evenepoel, troisième du dernier Tour de France, envoie une pichenette ? Pogacar répond dans l’instant et seul Jonas Vingegaard peut réagir, lui qui a tenté de martyriser le Slovène en faisant rouler ses lieutenants.

A l’arrivée, c’est bonnard pour Pogacar. Depuis des jours, il tente de se délester des formalités d’usage réservées aux détenteurs des maillots de leaders. C’est-à-dire tournée des télés et conférences de presse, autant d’occasions de distribuer des sédatifs aux suiveurs et de lâcher quelques minutes de repos supplémentaires. Il y a peu, le coureur d’UAE détenait trois tuniques, jaune, à pois et vert. Au Mont-Dore, il ne lui en reste plus aucune, mais le répit semble de courte durée. Le Tour de France pointe sa grande flèche vers les Pyrénées, et Pogacar semble hégémonique.

***

Depuis le départ, une vitesse à en perdre les pédales

Dès le premier jour, les coureurs ont affiché des allures moyennes très élevées. Un signe de l’évolution du matériel et de la préparation des cyclistes, qui inquiète quant au risque de chutes.

LOUIS MOULIN Envoyé spécial sur le Tour

Un TGV à travers la plaine. Dimanche, le peloton du Tour de France a roulé entre Chinon (Indre-et-Loire) et Châteauroux (Indre) à 50,013 km/h de moyenne. Il s’en est fallu d’un rien pour que ne tombe le record de rapidité sur une étape du Tour (50,36 km/h entre Laval et Blois) en 1999. «Ça roule vite depuis le début du Tour, constate Alexis Renard (Cofidis). Les étapes où ça monte un peu, je dois m’accrocher pour tenir.» «Depuis le début de l’année, c’est élevé, abonde le champion de France Dorian Godon (Decathlon-AG2R), absent du Tour après avoir couru le Giro au printemps. Même quand ça roule tranquille, ça va vite. Souvent, sur la dernière demi-heure, on atteint des 50-55 km/h. Ce sont des vitesses que je ne connaissais pas en début de carrière.»

«AÉRO»

Depuis le départ du Tour, les coureurs flétrissent sur leur passage les pages du livre de route des organisateurs. Cette bible compulsée par tous les suiveurs comporte trois hypothèses de vitesse moyenne pour chaque étape. Par cinq fois, les coureurs ont été au moins aussi rapides que la vélocité la plus élevée attendue. Et parfois beaucoup plus. Vendredi, lors de l’étape vers Mûr-de-Bretagne, Tadej Pogacar et les principaux favoris sont arrivés avec près de dix minutes d’avance, roulant 2 km/h plus vite que ce qu’avait imaginé l’organisation.

«Si une étape se roule à bloc toute la journée et avec des vélos qui sont très performants niveau aérodynamisme, au final l’étape se roule plus vite que prévu, résume l’ancien champion de France Anthony Roux. Compliqué pour ASO [l’organisateur du Tour, ndlr] d’anticiper le déroulement de la course et l’évolution du matériel quelques mois avant le grand départ.» A l’instar d’Anthony Roux, la plupart des observateurs pointent l’équipement toujours plus performant des coureurs pour expliquer les vitesses plus élevées. «Il y a des vélos et des textiles aéro [aérodynamiques], une évolution des pneumatiques aussi…» liste Dorian Godon.

«Tout s’est amélioré : les casques, les tenues, les vélos, les pneus, les roues, confirme Alban Lorenzini, conseiller matériel pour plusieurs équipes. Autant le matériel joue peu quand la vitesse est faible, autant il a un impact fort quand ça va vite.» Cet ancien ingénieur reconverti en entraîneur prend les roues en exemple. «Aujourd’hui on a des pneus profilés avec des jantes hautes, un accord parfait pour que ce soit extrêmement fluide du point de vue de l’évacuation du flux d’air. C’est un vrai gain à haute vitesse.» Les cadres de vélo ou les guidons font l’objet d’un même travail pour améliorer l’aérodynamisme.

Autant de gains marginaux qui se sont diffusés à toutes les formations. «Il y a quelques années, il y avait encore des disparités de matériel, mais c’est fini», assure Alban Lorenzini. Et l’expert d’appuyer ses dires avec des données de puissance, les fameux watts. «Depuis quinze ans, si on empile tout (textile, casque, vélo, pneus) on est entre 40 à 50 watts de gagnés à 45 km/h pour le peloton moyen, calcule Lorenzini. Sur du plat, avec des conditions favorables, c’est un gain de 2 à 3 km/h.» Les vélos et les tenues n’expliquent pas tout. «Le parcours est favorable, on a souvent eu le vent dans le dos, estime Alexis Renard. Et puis il y a toutes les motos et les voitures, ça abrite. Surtout, la plupart des coureurs arrivent à leur meilleur niveau. Ils sortent de stage en altitude, ont travaillé la nutrition spécifiquement pour le Tour… Moi je vise des objectifs un peu plus lointains alors je subis un peu.» Sans parler de la foire d’empoigne sur l’épreuve la plus prestigieuse du monde. «Il y a toujours plus de nervosité sur le Tour, des étapes où tout le monde veut être devant parce qu’il y a peu d’occasions», analyse Godon.

BITUME

Si la vitesse élevée ne faisait que bouleverser le planning de France Télévisions, ce ne serait pas bien grave. Sauf qu’elle accroît la probabilité de chutes, autant que leur gravité. «On a pris quasiment 10 % de vitesse en plus depuis le Covid-19, mais ça multiplie peut-être par dix les risques, s’alarme Thierry Gouvenou, le directeur de course du Tour. On fait beaucoup plus qu’auparavant en matière de sécurité et la gravité des chutes ne baisse pas.» Depuis le début du Tour, plusieurs figures ont abandonné après avoir goûté le bitume: Filippo Ganna, Jasper Philipsen ou encore João Almeida, le premier lieutenant de Pogacar.

Pour tenter de freiner le peloton, l’Union cycliste internationale (UCI) a annoncé en juin une série de mesures, dont le test d’un braquet maximum (le rapport entre pignons et plateau) et des limitations de taille pour plusieurs éléments des vélos. «Certains vélos ont des guidons tellement étroits qu’ils ne sont pas maniables, confirme Dorian Godon. Il faut des réglementations pour éviter que ça soit n’importe quoi.» Sauf qu’en imposant une taille minimale de 40 cm pour les guidons, l’UCI a oublié toute une partie du peloton : les coureuses, à la morphologie différente de leurs homologues masculins. Nombre d’entre elles ont crié à la discrimination, tout comme la Cyclist Alliance, leur syndicat indépendant. Contactée par Libération, l’UCI n’a pas souhaité commenter.

***

L'irlandese Ben Healy (a sinistra) sul Col de la Croix-Morand,
nel massiccio del Mont-Dore, lunedì
FOTO BENOIT TESSIER. REUTERS

Il Tour de France scatena la sua furia sulle colline dell'Alvernia

Dopo nove tappe senza montagne, lunedì sono cambiati lo scenario e le maglie. L'irlandese Ben Healy ha conquistato la gialla, il francese Lenny Martinez ha indossato quella (à pois) di miglior scalatore.

15 lug 2025 - Libération
Di Romain Boulho Inviato speciale al Tour

Le cime passano. Una salita, poi un'altra, poi un'altra ancora e così via. E tutto questo in un ambiente spezzato, foreste di pini e poi prati denudati da inverni che alle quote più alte raggiungono i -20ºC o i -30ºC.

Il Tour si è improvvisamente irrigidito. Lunedì, ha virato verso le montagne, partendo da Ennezat, una cittadina rurale nella regione del Puy-de-Dôme. Il giorno prima c'era l'America, un cielo magistrale che abbracciava campi biondi e senza confini. Qui è l'opulenta Alvernia, con la sua tavolozza di verdi. Una tappa costruita per i naturalisti. "Credo che l'intero Tour dipenderà dalla tappa di oggi", aveva previsto Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike) all'inizio della tappa.

Appena superato il chilometro 0, i corridori potevano già scorgere all'orizzonte i fianchi dei vulcani e la grande carcassa "blu" del Puy-de-Dôme. Sarà la loro vedetta per metà giornata, il suo rigonfiamento apparirà non appena il paesaggio si aprirà. Dopo nove tappe senza passi di montagna, appena attraversata la pianura e le coltivazioni intensive dell'Ennezat, i vecchi alberi di noce che costeggiano i campi, il gruppo vede profilarsi la côte de Loubeyrat. Un'avvisaglia di una giornata di spasmi: i corridori sobbalzeranno sui 4.500 metri di dislivello positivo, accumulati su otto passi, sette di seconda categoria, uno di terza categoria e persino un passo nascosto, che si staglia a 28 chilometri dall'arrivo.

INSEGUIMENTO VITTORIOSO

Su questa prima salita, un poliziotto ha fatto scivolare discretamente i resti di una banana al volante di un'auto prima che i corridori fossero passati. Era un segnale di possibili cadute? È qui che la lunga coda del gruppo ha iniziato a spezzarsi. Le "cosce grosse", Jonathan Milan, Tim Merlier e Biniam Girmay, oltre a quelli stanchi per il ritmo forsennato imposto sin dalla Grand Départ di Lille (vedi a lato), hanno formato un fronte compatto nelle retrovie. Non li rivedremo più.

In vetta, Lenny Martinez ha portato con sé un folto gruppo di fuggitivi, Ben O'Connor (Jayco-Alula), Simon Yates (Visma-Lease a Bike) e quattro corridori della EF Education-EasyPost, tra cui l'instancabile Ben Healy. Il giovane scalatore francese della Bahrain-Victorious è andato alla ricerca della maglia à pois e, al traguardo, dopo un vittorioso inseguimento, con il naso sanguinante, ha indossato la tanto attesa casacca. Dice: "Ho sofferto molto oggi. Non volevo andarmene senza niente, non potevo lottare per la tappa, e alla fine non mi restava molto. Mio nonno [il corridore Mariano Martinez, n.d.r.] l'ha portata a Parigi, quindi è strano averla anche io".

A questo punto, il gruppo in fuga ha cercato di aumentare il distacco dal gruppo sospettoso, controllato dalle squadre dei leader. Si scende verso Enval (chilometro 22), costeggiando gole con acque ferruginose che ruminano nel fresco di una foresta umida. In Dernières Pages (Ultime pagine), una raccolta di racconti pubblicata nel 1877, l'anno successivo alla sua morte, George Sand descrive l'Alvernia come una “fortezza” in cui “non ci si sente soli con il cielo, come sulle cime tormentate o gelide delle alte montagne”. La scrittrice cita Enval, dove soggiornò di tanto in tanto: "Questo strano villaggio aveva una fisionomia che non ho mai trovato altrove. Sembrava che fosse stato costruito per le scimmie. Ma nell'abilità e nella lungimiranza della disposizione, si poteva vedere lo spirito dell'Alvernia: economia di spazio e capacità di respingere l'inclemenza del suo clima".

Poi Volvic, con i suoi edifici color carbone realizzati con il basalto delle cave locali. I boschi di querce, tutti vibranti di verde e di ombra. Sulla côte de Charade, il francese Pavel Sivakov, compagno di squadra del favorito della corsa Tadej Pogacar (UAE Emirates-XRG), faceva l'elastico. Un fastidio insignificante o un temporale a venire, mentre João Almeida, il pastore di montagna dello sloveno, si è sganciato dal suo treno dopo la caduta nel finale della tappa di Mûr-de-Bretagne.

Poi si è passati a un'altra salita, il passo Moreno, proprio tra il Puy de Dôme e il Puy de Côme, e questa volta “siamo a livello della montagna”, ha spiegato Stéphane Herbette, professore di biologia vegetale all'Università di Clermont-Ferrand. È qui che troveremo faggi, abeti e molte altre conifere". Le cime passano. Una salita, poi un'altra, poi un'altra ancora e così via. E tutto questo in un ambiente spezzato, foreste di abeti e poi prati spogliati dagli inverni che qui, alle quote più alte, mordono a -20ºC o -30ºC. Ci sono laghi, come il Guéry, dove, quando arrivano i mesi freddi e l'acqua diventa dura, si può pescare scavando grandi buche nel ghiaccio. Torbiere che pullulano di mirtilli rossi e arbusti grigi e pelosi, salici lapponi, relitti dell'èra glaciale. Brughiere attraversate solo da ruscelli o da piccoli tratti di pietra. Prati di genziane, le cui radici vengono raccolte con una grande forca quando sono in piena fioritura, cioè ogni cinquant'anni, per farne suze (amaro a base di genziana maggiore di colore dorato, ndr). Oppure le arniche, la pianta per le contusioni.

DISEGNO DEL PISTOLERO

È su questo terreno, fino a Le Mont-Dore, che la gara esplode con pugni, schiaffi e colpi. Su tutti i fronti. Per la maglia gialla, conquistata dal pistolero irlandese Ben Healy dopo una corsa contro il tempo di Tadej Pogacar. Anche se Ben Healy, vincitore della sesta tappa, la Bayeux-Vire, non alzerà le braccia al traguardo, potrebbe aver ottenuto la più grande vittoria della sua carriera. La vittoria è stata infatti contesa tra Simon Yates e Thymen Arensman (Ineos Grenadiers), con l'inglese davanti al neerlandese. Yates entra così nella cerchia dei vincitori di tappa dei tre Grandi Giri (TdF, Giro e Vuelta). Infine, la classifica generale. Remco Evenepoel, terzo all'ultimo Tour de France, manda un segnale? Pogacar risponde immediatamente e solo Jonas Vingegaard è in grado di reagire, dopo aver cercato di intimorire lo sloveno facendo tirare i propri luogotenenti.

Alla fine, (cedere la maglia gialla) è stato un bene per Pogacar. Da giorni cercava di scrollarsi di dosso le solite formalità riservate ai detentori delle maglie di leader. In altre parole, un giro di televisioni e conferenze stampa, tutte occasioni per distribuire sedativi agli inseguitori e concedere loro qualche minuto di riposo in più. Fino a poco tempo fa, il corridore della UAE Emirates-XRg indossava tre casacche: gialla, à pois e verde. A Le Mont-Dore non ne ha più nessuna, ma la tregua sembra essere di breve durata. Il Tour de France sta puntando la sua grande freccia verso i Pirenei e Pogacar sembra esserne egemone.

***

Sin dall'inizio, una velocità fuori controllo

Fin dal primo giorno, i corridori hanno raggiunto velocità medie molto elevate. Un segno dell'evoluzione dei materiali e della preparazione, e che però suscita preoccupazioni per l'alto rischio di cadute.

LOUIS MOULIN Inviato speciale del Tour

Un TGV attraverso le pianure. Domenica la carovana del Tour de France ha viaggiato tra Chinon (Indre-et-Loire) e Châteauroux (Indre) a una velocità media di 50,013 km/h. Era solo questione di tempo prima che il record della tappa più veloce del Tour (50,36 km/h tra Laval e Blois nel 1999) fosse battuto. "È stato un Tour veloce fin dall'inizio", afferma Alexis Renard (Cofidis). "Nelle tappe in cui si sale un po', devo aggrapparmi per resistere". "(La velocità) è stata alta dall'inizio della stagione", concorda il neocampione nazionale francese Dorian Godon (Decathlon-AG2R), che in primavera ha corso il Giro e non partecipa a questo Tour. "Anche quando l'andatura è tranquilla, si va veloce. Spesso, nell'ultima mezz'ora, si toccano i 50-55 km/h. Medie che all'inizio della carriera non conoscevo".

"AERO"

Dall'inizio del Tour, i corridori scrutano man mano le pagine del "Garibaldi" degli organizzatori. Questa bibbia, consultata da tutti gli atleti in gara, contiene tre ipotesi di velocità media per ogni tappa. Per cinque volte, i corridori hanno raggiunto almeno la velocità massima prevista. E a volte molto più veloce. Venerdì, durante la tappa di Mûr-de-Bretagne, Tadej Pogacar e i principali favoriti sono arrivati con quasi dieci minuti di vantaggio sul gruppo, andando a 2 km/h più veloci di quanto previsto dagli organizzatori.

"Se una tappa viene percorsa in pianura per tutto il giorno e con biciclette molto efficienti dal punto di vista aerodinamico, alla fine la tappa va più veloce del previsto", riassume l'ex campione francese Anthony Roux. È difficile per la ASO [la società organizzatrice del Tour] prevedere a pochi mesi dalla partenza come si svolgerà la corsa e come evolveranno i materiali. Come Anthony Roux, la maggior parte degli osservatori indica i materiali sempre più performanti la ragione per spiegare le velocità più elevate. “Ci sono biciclette e tessuti aerodinamici, e ci sono stati anche sviluppi negli pneumatici”, dice Dorian Godon.

"Tutto è migliorato: caschi, abbigliamento, biciclette, pneumatici e ruote", conferma Alban Lorenzini, consulente tecnico di diverse squadre. Così come i materiali non hanno molto effetto quando la velocità è bassa, hanno invece un grande impatto quando si va veloci". Questo ex ingegnere diventato preparatore prende ad esempio le ruote. "Oggi abbiamo pneumatici profilati con cerchi alti, un abbinamento perfetto per garantire un flusso d'aria estremamente fluido. È un vero vantaggio alle alte velocità". Lo stesso lavoro viene fatto sui telai delle biciclette e sui manubri per migliorare l'aerodinamica.

Si tratta di miglioramenti marginali che si sono estesi a tutti i corsi di formazione. “Qualche anno fa c'erano ancora delle disparità nelle attrezzature, ma ora sono finite”, assicura Alban Lorenzini. E l'esperto conferma le sue affermazioni con i dati sulla potenza, i famosi watt. "Negli ultimi quindici anni, se si mette insieme tutto (abbigliamento, casco, bicicletta, pneumatici), il gruppo medio ha guadagnato tra i 40 e i 50 watt a 45 km/h", calcola Lorenzini. "In pianura, con condizioni favorevoli, si tratta di un guadagno di 2-3 km/h". Le biciclette e l'abbigliamento però non spiegano tutto. "Il percorso era favorevole e spesso abbiamo avuto il vento in poppa", dice Alexis Renard. "E poi ci sono tutte le moto e le auto, e questo è un pedaggio. Soprattutto, la maggior parte dei corridori arriva al meglio. Sono appena usciti da un training camp in altura, hanno lavorato sull'alimentazione specificamente per il Tour... Io sto puntando a obiettivi un po' più lontani, quindi sono un po' sopraffatto". Senza contare la lotta per le posizioni nella corsa più prestigiosa del mondo. “Al Tour c'è sempre più nervosismo, ci sono tappe in cui tutti vogliono stare davanti perché ci sono poche opportunità”, analizza Godon.

ASFALTO

Se l'alta velocità disturbasse semplicemente il palinsesto di France Télévisions, non sarebbe un gran problema. Se non fosse che aumenta la probabilità di incidenti, oltre che la loro gravità. "Dal Covid-19 in poi siamo andati quasi il 10% più veloci, ma questo decuplica i rischi", avverte Thierry Gouvenou, direttore di gara del Tour. "Stiamo facendo molto di più di prima in termini di sicurezza e la gravità degli incidenti non sta diminuendo". Dall'inizio del Tour, alcuni corridori di spicco si sono arresi dopo aver assaggiato l'asfalto: Filippo Ganna, Jasper Philipsen e João Almeida, primo luogotenente di Pogacar.

Nel tentativo di far rallentare il gruppo, l'Unione Ciclistica Internazionale (UCI) ha annunciato a giugno una serie di misure, tra cui la sperimentazione di un rapporto di trasmissione massimo (il rapporto tra pignoni e ingranaggi) e limiti di dimensioni per diversi componenti della bicicletta. "Alcune biciclette hanno manubri così stretti da non poter essere guidati", conferma Dorian Godon. "Abbiamo bisogno di norme per evitare che qualcosa vada storto". Se non fosse che, imponendo una misura minima di 40 cm per i manubri, l'UCI ha trascurato un'intera sezione del gruppo: le cicliste, la cui morfologia è diversa da quella dei loro colleghi maschi. Molte di loro hanno gridato alla discriminazione, così come la Cyclist Alliance, il loro sindacato indipendente. Contattata da Libération, l'UCI ha rifiutato di commentare.

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