Heureux en embuscade


À l’abri dans l’échappée, le Britannique Simon Yates a fini par surgir pour remporter l’étape, comme il avait gagné le Giro sur le fil en mai. Équipier de Jonas Vingegaard, il s’épanouit en retrait.

"Il ne se sentait pas top le premier week-end, 
mais il est là quand la montagne arrive, 
c’est bien car c’est pour cette raison qu’il est ici"
   - TIESJ BENOOT, coéquipier de Simon Yates

15 Jul 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT

LE MONT-DORE (PUY-DE-DÔME) – Rester le plus longtemps à l’ombre est pour Simon Yates le meilleur moyen de voir la lumière, et c’est ainsi qu’il a encore levé les bras hier, au bout d’une échappée qu’il a pu prendre en touriste, sans donner le moindre coup de pédale en tête de groupe. Équipier de Jonas Vingegaard, en infériorité numérique car seulement accompagné par Victor Campenaerts, il avait de bonnes raisons de ne pas s’exposer avant de surgir enfin, dans l’ultime montée, comme il l’a fait en mai dernier pour remporter le Giro à vingt-quatre heures de l’arrivée à Rome, en réussissant le renversement dont il avait été victime sur la même course, au même endroit, en 2018.

Ce traumatisme ne lui avait pas vraiment servi de leçon car il était revenu en Italie, un an plus tard, en annonçant la couleur : il s’était désigné comme le favori n° 1 et avait assuré que ses adversaires devaient avoir peur de lui. Il s’était ensuite effondré, avait découvert les doutes qui vont avec les désillusions, et il n’est maintenant plus le même. Hier, alors que ses références l’installaient en favori de l’échappée, il n’envoyait pas des signaux positifs en coulisses. « Simon était incroyablement fort mais il en doutait pendant l’étape, il nous disait qu’il ne savait pas s’il avait les bonnes jambes, qu’il était possible qu’il ne les ait pas, mais c’était un parcours super dur et elles ont parlé à la fin, sourit Campenaerts. C’est vraiment un bon mec, toujours là pour faire une bonne blague, mais dans le même temps, il est très timide. Il se place toujours en retrait, il ne dira jamais au briefing “les gars, aujourd’hui c’est mon jour”, même s’il est en forme. Il vient de gagner le Giro et il aurait de quoi rouler des mécaniques, avoir un gros ego, mais il est le total opposé de ce genre de comportement. »

Lorsque le staff de Visma-Lease a bike l’a entendu s’interroger sur ses possibilités, il n’était donc pas question de le laisser tergiverser. « On lui a répondu que ça ne comptait pas, qu’il devait se sentir bien, qu’on avait besoin de cette victoire d’étape et qu’il était l’un des meilleurs gars à l’avant, confie Grischa Niermann, directeur sportif de l’équipe néerlandaise. Il a montré beaucoup de classe et a gagné l’étape, c’est une belle journée. Il avait un grand rêve, remporter le Giro, et il l’a réussi juste après être arrivé chez nous. C’est une belle réussite. Je pense qu’il est heureux dans notre structure mais il était déjà un excellent coureur avant d’être avec nous, et il avait gagné deux étapes du Tour. »

C’était en 2019, à Bagnères-de-Bigorre et au Prat d’Albis, quand il s’était relevé de son Giro raté en passant le mois de juillet au service de son jumeau Adam, qui nourrissait alors des ambitions pour le classement général. Les Britanniques (32 ans) ont fait leur classe ensemble dans leur cocon australien de GreenEdge, qu’Adam a quitté le premier en 2020 pour évoluer aujourd’hui chez UAE. En 2023, il avait battu son frère pour gagner la première étape du Tour à Bilbao. Hier, il a travaillé en tête du peloton au service de Tadej Pogacar, mais Simon était assez costaud pour résister.

Une victoire bonus avant un rôle de sherpa

« Les échappés ont roulé très fort toute la journée, ce n’était pas facile non plus dans le peloton, souffle Tiesj Benoot, qui vit son premier Tour aux côtés de Simon. Ça marche bien, il signe déjà l’une de ses meilleures saisons. Il est super relax, arrive toujours en retard au petit-déjeuner car il dort longtemps. C’est un mec très facile à vivre. Il ne se sentait pas top le premier week-end, mais il est là quand la montagne arrive, c’est bien car c’est pour cette raison qu’il est ici. »

Sherpa de Vingegaard quand la route s’élève, Yates est moins à l’aise quand la bataille a lieu en plaine : il a perdu 6’41’’ sur la route de Lille, dès le premier jour, et a laissé l’incarnation du plan B à Matteo Jorgenson. Mais il y a trouvé une liberté dont il a profité hier, en parallèle de la lutte pour le général. « C’était l’un des objectifs de l’avoir devant. Le plan était fixé avec lui et on est contents d’y être arrivés, explique Arthur Van Dongen, un autre directeur sportif de VismaLease a bike, ravi de l’avoir engagé.

On est déjà très satisfaits de lui comme recrue, c’est incroyable. Il s’est très bien intégré et on l’attend encore dans les deux prochaines semaines. »

Ce sera dans un rôle d’équipier qui lui convient bien sur le Tour, puisque le maillot jaune a toujours paru un peu grand pour celui qui a aussi remporté la Vuelta en 2018. « On est pleinement concentrés sur le général avec Jonas, assume-t-il, satisfait d’avoir tourné le dos à une première semaine délicate. Les bordures, ce n’est pas mon truc. Ce n’était pas facile, j’étais un peu rouillé après le Giro qui est la plus grande victoire de ma carrière. Se reconcentrer sur l’entraînement était plus difficile que d’habitude. Mais ça va de mieux en mieux. » Cette victoire est seulement un bonus, comme celles de 2019, et si la suite du Tour se passe dans l’ombre des cadors, ce ne sera surtout pas un souci.

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