Un feu d’artifice sans bouquet final


Très offensifs tout au long de la journée, les « Frelons » ont remporté l’étape avec Simon Yates et secoué le peloton. Mais Jonas Vingegaard, lui, n’a rien pu faire d’autre que suivre Tadej Pogacar.

15 Jul 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT

LE MONT-DORE (PUY-DE-DÔME) – Grischa Niermann a enfilé son casque, enfourché le vélo de rechange de Jonas Vingegaard et a redescendu le Mont-Dore le sourire aux lèvres. Le directeur sportif de Visma-Lease a bike s’attendait à « un feu d’artifice » au départ de l’étape, déjà concentré pendant que Wout Van Aert, derrière lui, rigolait avec ses enfants, et il n’a pas été déçu puisque ce sont ses coureurs qui ont joué les pyrotechniciens, actifs toute la journée au coeur des puys auvergnats, et récompensés, en partie, par la victoire d’étape de Simon Yates ( voir page6).Jonas Vingegaard, Matteo Jorgenson et Sepp Kuss : trois VismaLease a bike roue dans roue au cours d’une étape qu’ils auront embrasée.

Du beau monde à l’avant

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise de voir le Britannique s’imposer au pied des remontées mécaniques du Mont-Dore. «On voulait des gars à l’avant pour disposer de différentes options, jouer l’étape moi-même ou servir de soutien si cela revenait de l’arrière », expliquait le dernier vainqueur du Giro. Victor Campenaerts était ainsi tout proche de gratter le pare-chocs de la voiture de Christian Prudhomme, directeur de course, à l’affût du départ réel, dont il fut le premier attaquant. Le coup mit du temps à partir, après la très raide côte de Loubeyrat, mais ils étaient bien deux « Frelons » dans le groupe de 29 qui s’est fait la belle.

Campenaerts, toujours lui, était accompagné de Yates. Le duo parfait. «Tout de suite, on s’est dit qu’il se concentrait sur la victoire d’étape pendant que je devais survivre le plus longtemps possible pour aider Jonas et les autres en cas d’attaque », affirmait le moustachu belge. Aucun des deux ne dut fournir trop d’efforts, du fait de la consistance de l’échappée et du gros travail des EF Education-EasyPost, cherchant à faire gonfler l’écart pour offrir le Maillot Jaune à Ben Healy ( voir page 7).

Les pions étaient donc placés idéalement. Campenaerts donna un coup d’accélérateur dans le col de la Croix, à 42 kilomètres de l’arrivée, sans succès. Avant de laisser filer, sur l’attaque de Healy aux 30 kilomètres. Yates, lui, put suivre et partit seul au pied de l’ascension finale. «C’est très dur de gagner sur le Tour, donc c’est super, super beau, pour Simon et pour toute l’équipe », appréciait son DS.

Pogacar harcelé mais pas inquiété

Derrière, une autre course se jouait entre les favoris. Et Visma lança les hostilités, à 25 kilomètres de l’arrivée, sur une petite route piégeuse à la sortie de Chambon-sur-Lac. « C’était le plan, lancer Sepp », confiait Tiesj Benoot, qui se mit alors en tête de peloton. Kuss, puisque c’est de lui qu’il s’agit, prit une poignée de secondes d’avance, jamais trop. L’Américain fut repris au train par les UAE et son compatriote et équipier Matteo Jorgenson posa une première banderille en attaquant aussitôt. Pris en chasse par Tadej Pogacar, dans la roue du double vainqueur de Paris-Nice.

Kuss en remit une, un kilomètre plus loin, puis Jorgenson parvint cette fois à le rejoindre. Mais Yates, équipier du Maillot Jaune, fit cette fois l’effort pour ramener tout le monde.

Pour le champion du monde et ses équipiers, la consigne était simple : aucun souci pour que Kuss (à vingt minutes au général), comme Yates plus tôt, puisse filer, mais pas question de laisser un centimètre à Jorgenson.

« On essayait quelque chose, d’être offensifs, de mettre Matteo devant, détaillait Niermann. Mais UAE a été très vigilant. Je pense aussi que le parcours n’était pas assez dur pour ça, et puis Tadej a été super fort, comme toujours.» «Et il y avait trop de vent de face, il était donc impossible de s’échapper», ajoutait Arthur Van Dongen, l’autre directeur sportif de l’équipe néerlandaise.

«Ils se sont très bien défendus aujourd’hui (hier), chapeau à eux, ils ont eu une équipe très forte et Pogacar a parfois travaillé luimême », abondait Vingegaard. Le Danois, en revanche, balayait une idée: «Non, ce n’est pas pour laisser le Maillot Jaune à Tadej qu’on a roulé. Bien sûr, s’il conservait le maillot, c’était de l’énergie dépensée avec le podium tous les soirs, mais on ne pense pas à ça. On collait juste à notre plan qui était de mettre la pression à UAE.»

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6 - Avec tops 3 à son actif depuis le départ du Tour de France, l'équipe Visma-Lease a bike est l'équipe la plus régulière après 10 étapes. Elle devance UAE Team Emirates-XRG, Lidl-Trek et Alpecin-Deceuninck (4 top 3 chacune).

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UAE EMIRATES-XRG Pogacar dans un fauteuil

La perte du Maillot Jaune vécue comme une bénédiction, la gestion à l’économie des attaques de Visma, la formation émirienne a vécu une journée sans encombre.

YOHANN HAUTBOIS

Débarrassé du poids du Maillot Jaune

En jaune, en blanc, à pois ou en arc-en-ciel, Tadej Pogacar a passé ses dix premiers jours sur le Tour à changer de tunique mais hier, en passant la ligne d’arrivée, un simple coupe-vent bariolé a suffi à son bonheur, déchargé de toutes les contraintes médiatiques et protocolaires qui lui pèsent et lui coûtent pas loin d’une heure trente de récupération. Une dizaine de minutes après avoir devancé au petit trot Jonas Vingegaard – qu’il a surveillé du coin de l’oeil, car il est son seul et dernier obstacle, avec la poisse, sur la route d’un quatrième sacre –, le Slovène enfilait un sifflet autour du cou et attaquait la descente poussiéreuse vers le Mont-Dore, où son car l’attendait avant un long transfert vers Toulouse.

Avec ce voyage de 3 h 30, il a perdu ce qu’il a gagné d’un côté mais tout le monde était dans le même bain, hier soir, et rien n’aurait pu gâcher cette «journée parfaite, selon son équipier Tim Wellens. On a tout eu sous contrôle, on ne peut pas se plaindre ». En refilant le Maillot Jaune à Ben Healy tout en tenant l’Irlandais par l’élastique avec Nils Politt et Tim Wellens (« On ne pouvait laisser huit minutes à un gars aussi fort» , expliquait Simone Pedrazzini, le directeur sportif), «Pogi» s’est offert un répit jusqu’à demain et l’étape pour sprinteurs à Toulouse: «C’est bien pour la récupération, estime le directeur sportif. C’est mieux de partir tout de suite après l’étape.»

Une équipe affaiblie mais dans la gestion

Privée de Joao Almeida (abandon), l’équipe UAE Emirates-XRG a su gérer les attaques spasmodiques de Visma ( lire page 8) et passer cette étape de moyenne montagne sans encombre. « On a dû travailler mais on le savait, surtout qu’on était un de moins avec le départ de Joao.» Wellens, avec Nils Politt, a oeuvré un peu plus que d’habitude «afin de contrôler et de compenser son absence. On ne voulait pas harceler les autres ». Cette gestion en bon père de famille, Marc Soler l’a justifiée par un souci d’afficher «aucun stress car le Tour est très long ». Qui ne fera pas de mal car Pavel Sivakov, malade depuis quelques jours, n’avait pas retrouvé des couleurs sur les pentes jaunies d’un été déjà brûlant. Le Français a décroché, raccroché le peloton, avant, sur les consignes de son équipe, de se relever définitivement: «Pavel est toujours en phase de récupération, poursuit Pedrazzini. On a préféré qu’il reste dans le gruppetto. On espère qu’avec le jour de repos et l’étape de plat, il va se remettre.» «Plus malade» , selon le dirigeant, Sivakov a terminé à près de trente-six minutes de Simon Yates, mais on sent bien que la crainte d’un virus se diffuse chez UAE. Après l’arrivée, Soler a évoqué « un mal de gorge » concernant son coéquipier et, on a bien remarqué que le matin, le staff ne tend plus forcément la main ou alors s’empresse de la passer au gel hydroalcoolique. L’an passé, dix jours avant le début du Tour, Pogacar avait été séché par le Covid, sans conséquence par la suite puisqu’il s’était imposé à Nice.

Visma mis sous coupe

Chaque geste compte et voir Vingegaard mettre une petite tape dans le dos de son bourreau des deux dernières années et lui serrer la main dessine comme un renoncement. «S’il pouvait attaquer, il le ferait, dissèque Pedrazzini. Sinon, il n’aurait pas lancé les attaques avec Matteo Jorgenson et Sepp Kuss.» Des attaques « un peu agaçantes, a déclaré à la télévision slovène, le triple vainqueur du Tour. Alors j’ai décidé de mieux attaquer».

En vain sur cette étape dangereuse sur le tableau noir, moins sur les monts d’Auvergne poncés par le temps: «Ils ( Visma-Lease a bike) ont beaucoup essayé mais les pentes n’étaient pas assez fortes pour réaliser des différences. On s’est neutralisés mais de mon côté, je me sentais très bien.»

Sa course à l’économie depuis Lille ne l’empêche pas d’allumer un pétard de temps en temps «parce que c’est Tadej» , répond inlassablement Pedrazzini, pas mécontent d’avoir maté tactiquement la formation néerlandaise: «On s’occupe de nous mais on essaie d’anticiper, de penser à ce qu’ils peuvent faire.» Attendre, défendre et pendre le Danois dans le final mais avant d’attaquer Hautacam, jeudi, l’équipe au budget de plus de 60M€ aimerait bien que d’autres prennent le volant et le directeur sportif suisse espère que certains vont sortir le bleu de chauffe avec la décantation de la course : « On a été les seuls à travailler aujourd’hui (hier) à part Visma à la fin, mais lors des prochaines étapes, des équipes s’y mettront car des coureurs voudront entrer dans le top 10 ou y rester. C’est bon pour nous.»

Au bout d’une journée balayée par un petit vent rafraîchissant au puy de Sancy, Soler résumait le sentiment des siens: «Je ne pense pas qu’on puisse se plaindre. N’importe quelle équipe apprécierait d’être à notre place. Nous sommes là où nous voulions être.»

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6/10 - Tadej Pogacar a terminé dans le top 10 de 60 % des étapes disputées cette année sur le Tour. Le Slovène est également le plus régulier en nombre de tops 3 (4 en 10 étapes).

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