Toujours dans l’agitation


À 8 km de la ligne d’arrivée initialement prévue, le désordre était total, hier, entre les coureurs déboussolés recherchant leurs bus, les véhicules des équipes, les forces de police, les spectateurs...

Bernal gagne dans le tumulte

Étape tronquée de huit kilomètres, bazar incroyable après l’arrivée, l’épreuve espagnole, secouée par les manifestations pro-palestiniennes, se trouve dans un tourbillon dont elle ne parvient pas à s’extraire.

“C’est compliqué de se concentrer sur la course. On comprend et on respecte les manifestants parce que la situation (à Gaza) est terrible. Sur le plan sportif, on fait de notre mieux    
- FERNANDEZ MATXIN, LE MANAGER 
  SPORTIF D’UAE EMIRATES-XRG

10 Sep 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

O PORRIÑO (ESP) – Dans un ballet chaotique, les cars des équipes garés depuis quelques heures sur le chemin de San Cosme ont entrepris des manoeuvres en tout genre, avec l’aide de la Guardia civile réduite à faire la circulation pour que les véhicules ne restent pas à l’arrêt au niveau du rondpoint pris d’assaut par des manifestants pro-palestiniens, de plus en plus remontés.

Direction O Porriño, à quelques kilomètres, dans une zone improvisée où tout le monde cherche à récupérer ses ouailles au milieu de la circulation ouverte au public. Dans un concert de sifflets et de sirènes de police, Eddie Dunbar slalome au coeur du trafic, une partie de la formation Caja Rural descend vers le bas de la route entre O Porriño et Gondomar avant de remonter en quête d’un car que les coureurs ne retrouvent plus. L’étape a pourtant rendu son verdict depuis une heure, tronquée de huit kilomètres par l’organisation alertée par le fait que des dizaines de personnes empiétaient la route menant vers l’ascension finale de Castro de Herville.

Habitué des étapes rabotées (en 2019, il avait pris le maillot jaune sur le Tour après l’étape de Tignes écourtée en raison d’une coulée de boue), Egan Bernal s’est ainsi imposé devant Mikel Landa, sa première victoire internationale depuis son terrible accident en janvier 2022 quand il avait frôlé la mort, mais il n’a pas pu lever les bras. Le Colombien d’Ineos-Grenadiers aurait dû fêter ce succès sur le podium devant une foule énamourée, il n’a même pas vu la ligne, pas la vraie en tout cas, se contentant d’un trait blanc tracé à la va-vite par les services techniques, cent mètres avant la borne des huit kilomètres, donc.

Encore un coup dur pour la Vuelta, qui sauve ce qui peut l’être, après l’étape de Bilbao sans vainqueur, le chrono par équipes au cours duquel Israel-Premier Tech avait été ralentie par des opposants ou la chute, dimanche, de Javier Romo après la tentative d’intrusion d’un militant pro-palestinien. L’Espagnol de Movistar, touché dans sa chair et dans sa tête, a d’ailleurs abandonné hier.

Devant le car d’IntermarchéWanty – et sous la pluie puisque tout vole en escadrille –, Javier Guillen échange avec les dirigeants de l’équipe belge. Le patron de la course ibérique, sonné, refusa de parler dans un premier temps ( « on est dans l’analyse»), il parlerait plus tard en conférence de presse pour exprimer son «rejet une fois de plus de ce que nous avons vécu aujourd’hui (hier). Le message principal que je veux vous transmettre est que nous allons poursuivre la Vuelta et que demain (aujourd’hui) nous entamerons l’étape». Dans quel état émotionnel le peloton se présentera-t-il ce matin, au départ d’O Barco de Valdeorras, alors que le car de l’équipe israélienne était cerné, hier soir, par huit véhicules montés d’un pare-buffle, qu’un des vans de la formation de Matthew Riccitello a été exfiltré par la Guardia dans la montée, que des membres d’autres équipes ont été accusés d’être «complices»?

À voir la tête de Christian Guiberteau, un des directeurs sportifs de Picnic PostNL, on comprend que tout le monde en a plein les bottes : « On sent que la pression monte, ils (les manifestants) sont organisés, c’est dommage que le sport soit impacté de cette façon. Ce n’est pas à un petit groupe de dicter sa loi, c’est inadmissible. Je ne fais pas de politique mais c’est trop facile. On ne sait pas quoi dire, on suit le mouvement. On continue par respect pour tout le monde.»

Un peu plus haut, Fernandez Matxin, le manager sportif d’UAE Emirates-XRG, souffle également: «C’est compliqué de se concentrer sur la course. On comprend et on respecte les manifestants parce que la situation (à Gaza) est terrible. Sur le plan sportif, on fait de notre mieux.»

Hier, quand les officiels ont annoncé que l’arrivée était avancée, son coureur Marc Soler, embarqué dans un groupe de poursuivants derrière l’échappée (longtemps composée, outre Landa et Bernal, de Nico Denz et des deux Français Brieuc Rolland, 3, et Clément Braz-Afonso, 5), s’est relevé franchement à 19 kilomètres de Castro de Herville, car il avait compris qu’il ne reviendrait pas avec un sommet en moins à escalader.

Une contestation qui se durcit

Ce qui pose la question de la légitimité sportive d’une course déjà diminuée à deux reprises. Et rien ne laisse à penser que la fin de semaine sera épargnée, aujourd’hui à l’arrivée au col d’El Morredero, demain à Valladolid avec un parcours du contre-lamontre ouvert à tous les risques d’intrusion, sans oublier l’étape finale à Madrid.

À ce propos, Guiberteau ( « on va voir, on veut juste continuer à faire ce qu’on aime») comme Matxin ( « selon moi, cela va être encore plus compliqué à Madrid») semblaient craindre le pire, que la Vuelta pourrait ne pas aller à son terme, une idée dans l’air depuis quelques jours dans le paddock que Javier Guillen a niée: «Il n’y a pas de plan B. Chacun veut utiliser la plateforme de communication de la Vuelta pour véhiculer le message qu’il veut, mais on ne peut pas bloquer les cyclistes, c’est illégal. Bien sûr, ce qui se passe ( le conflit israélo-palestinien) est terrible, et bien sûr, ce que nous voulons tous – je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute là-dessus –, c’est la paix. Ensuite, chacun a ses propres domaines d’action.»

Celui des contestataires semble se durcir chaque jour un peu plus sous les yeux des forces de l’ordre, nombreuses, qui encadrent les rassemblements sans intervenir dans un pays qui a reconnu l’État palestinien depuis mai 2024. Lundi, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a également dénoncé les opérations menées par l’État hébreu : « Ce n’est pas se défendre ni attaquer, c’est exterminer un peuple sans défense, c’est enfreindre toutes les lois du droit humanitaire.»

***

A 8 chilometri dal traguardo inizialmente previsto, ieri il caos era totale, con corridori disorientati alla ricerca dei rispettivi pullman, delle ammiraglie, degli agenti di polizia, degli spettatori...

Sempre in subbuglio

Bernal vince nel caos

Una tappa accorciata di otto chilometri, un caos incredibile dopo il traguardo, la corsa spagnola, scossa dalle manifestazioni pro-palestinesi, si ritrova in un vortice da cui non può uscire.

"È difficile concentrarsi sulla gara. 
Comprendiamo e rispettiamo i manifestanti perché la situazione (a Gaza) è terribile. 
A livello sportivo, stiamo facendo del nostro meglio."
   - FERNANDEZ MATXIN, DIRETTORE SPORTIVO UAE EMIRATES-XRG

10 settembre 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

O PORRIÑO (SPA) – In un balletto caotico, i pullman delle squadre, parcheggiati per ore sulla strada per San Cosme, hanno intrapreso ogni sorta di manovra, con l'aiuto della Guardia Civil, ridotta a dirigere il traffico in modo che i veicoli non rimanessero bloccati alla rotonda, presa d'assalto da manifestanti filo-palestinesi sempre più arrabbiati.

Diretti verso O Porriño, a pochi chilometri di distanza, in un'area improvvisata dove tutti cercavano di recuperare i propri greggi in mezzo al traffico aperto al pubblico. Tra un coro di fischi e sirene, polizia, Eddie Dunbar fa slalom nel traffico, parte del team Caja Rural scende lungo la strada tra O Porriño e Gondomar prima di risalire alla ricerca di un pullman che i corridori non riescono più a trovare. La tappa era stata completata un'ora prima, accorciata di otto chilometri dagli organizzatori, allertati dal fatto che decine di persone stavano invadendo la strada che portava alla salita finale di Castro de Herville.

Abituato alle tappe abbreviate (nel 2019, ha indossato la maglia gialla al Tour dopo che la tappa di Tignes era stata accorciata a causa di una frana), Egan Bernal ha vinto davanti a Mikel Landa, la sua prima vittoria internazionale dal terribile incidente del gennaio 2022, quando rischiò di morire, ma non è riuscito ad alzare le braccia al cielo. Il corridore colombiano della Ineos-Grenadiers avrebbe voluto festeggiare questo successo sul podio davanti a una folla incantata, ma non ha nemmeno visto la linea d'arrivo, in ogni caso non quella vera, ma solo una riga bianca, tirata in fretta e furia dai servizi tecnici, cento metri prima dell'ottavo chilometro finale.

Un altro duro colpo per la Vuelta, che sta salvando il possibile, dopo la tappa di Bilbao (la 11a, ndr) senza vincitori, la cronosquadre (di Figueres, alla 5a tappa, ndr) durante la quale la squadra Israel-Premier Tech è stata rallentata dai manifestanti e la caduta di domenica (nella 15a tappa, ndr) di Javier Romo dopo il tentativo di irruzione di un attivista filo-palestinese. Lo spagnolo della Movistar, ferito sia al corpo sia nella psiche, ha abbandonato la corsa ieri.

Davanti al pullman della Intermarché Wanty – e sotto l'acqua, visto che "quando piove diluvia" (*) – Javier Guillen ha parlato con i dirigenti della squadra belga. Il patron della corsa iberica, sbalordito, si è inizialmente rifiutato di parlare ("stiamo analizzando"). Sarebbe intervenuto più tardi in conferenza stampa per esprimere il suo "rifiuto ancora una volta di ciò che abbiamo vissuto" oggi (ieri). Il messaggio principale che voglio trasmettervi è che continueremo la Vuelta e che domani (oggi) inizieremo la tappa. Quale sarà lo stato emotivo del gruppo stamattina alla partenza da O Barco de Valdeorras, visto che il pullman della squadra israeliana è stato circondato ieri sera da otto veicoli corazzati, che uno dei furgoni della squadra di Matthew Riccitello è stato scortato dalla Guardia durante la salita e che membri di altre squadre sono stati accusati di essere "complici"?

Vedendo l'espressione di Christian Guiberteau, uno dei direttori sportivi della Picnic-PostNL, è chiaro che tutti sono stufi: "Sentiamo la pressione aumentare, loro (i manifestanti) sono organizzati, ed è un peccato che lo sport venga colpito in questo modo. Non spetta a un manipolo di persone dettare legge, è inaccettabile. Non mi occupo di politica, ma così è troppo facile. Non sappiamo cosa dire, ci lasciamo trasportare dalla corrente. Continuiamo a correre per rispetto di tutti."

Un po' più in alto, Fernández Matxin, direttore sportivo della UAE Emirates-XRG, sospira: "È difficile concentrarsi sulla gara. Comprendiamo e rispettiamo i manifestanti perché la situazione (a Gaza) è terribile. A livello sportivo, stiamo facendo del nostro meglio".

Ieri, quando i funzionari hanno annunciato l'anticipo del traguardo, Marc Soler, che si trovava in un gruppo di inseguitori dietro la fuga (che per lungo tempo includeva, oltre a Landa e a Bernal, Nico Denz e i due corridori francesi Brieuc Rolland, terzo, e Clément Braz-Afonso, quinto), ha compiuto una rimonta decisiva a 19 chilometri da Castro de Herville, perché aveva capito che non sarebbe rientrato con una vetta in meno da scalare.

Una protesta crescente

Ciò solleva dubbi sulla legittimità sportiva di una corsa che è già stata accorciata due volte. E nulla lascia presagire che il fine settimana sarà risparmiato, oggi al traguardo del passo El Morredero, domani a Valladolid con un percorso a cronometro aperto a tutti i rischi di intrusione, per non parlare dell'ultima tappa, a Madrid.

A questo proposito, Guiberteau ("vedremo, vogliamo solo continuare a fare ciò che amiamo") e Matxin ("secondo me, a Madrid sarà ancora più complicato") sembravano temere il peggio, che la Vuelta non si concludesse, un'idea che circolava da diversi giorni nel paddock, smentita da Javier Guillen: "Non esiste un piano-B. Tutti vogliono usare la piattaforma di comunicazione della Vuelta per trasmettere il messaggio che vogliono, ma non si possono bloccare i corridori, è illegale. Certo, quello che sta succedendo (il conflitto israelo-palestinese) è terribile, e, ovviamente, quello che tutti vogliamo – non credo ci siano dubbi al riguardo – è la pace. Dopodiché, ognuno ha i suoi ambiti d'azione".

La posizione dei manifestanti sembra irrigidirsi ogni giorno di più sotto l'occhio vigile delle numerose forze di sicurezza che controllano le manifestazioni senza intervenire in un Paese che ha riconosciuto lo Stato palestinese nel maggio 2024. Lunedì, anche il Primo Ministro spagnolo Pedro Sanchez ha denunciato le operazioni condotte dallo Stato ebraico: "Questa non è né autodifesa né attacco; è lo sterminio di un popolo indifeso; è la violazione di tutte le leggi del diritto umanitario".


(*) La frase in francese "tout vole en escadrille" si traduce come "tutto vola in formazione" o, più letteralmente, "tutto vola in squadriglia". L'espressione si riferisce all'organizzazione e alla coordinazione del volo in gruppo, e trova il suo equivalente italiano in proverbi come "le disgrazie non vengono mai sole", "piove sul bagnato" o "se proprio deve piovere diluvia". (ndr)

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