Le Tour de France prend la roue des Jeux en escaladant Montmartre


Des cyclistes escaladent la butte Montmartre sous les acclamations du public 
lors de la course sur route masculine des Jeux olympiques 2024, le 3 août.

La dernière étape de la Grande Boucle passera ce dimanche par Montmartre, avant de se conclure sur les Champs-Élysées.

26 Jul 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan et Gilles Festor - Envoyés spéciaux à La Plagne

Anniversaires. Le Tour de France voulait, depuis longtemps, faire de l’arrivée à Paris (après la parenthèse de l’épilogue à Nice en 2024 en raison des Jeux olympiques) un événement. Pour célébrer le cinquantième anniversaire du défilé sur les Champs-Élysées imaginé par Yves Mourousi. Cette année-là, Valéry Giscard d’Estaing s’invita comme le seul président de la République à remettre le maillot jaune au vainqueur, le fier Bourguignon Bernard Thévenet, qui avait terrassé la légende Eddy Merckx.

Mais la folie olympique a déferlé et enrichi le scénario de l’épilogue. Lors des épreuves des JO de cyclisme sur route, les spectateurs accrochés dans Montmartre ont improvisé un Alpe d’Huez urbain. Un cliché du photographe canadien Bilal Aouffen offrant une vue plongeante sur la rue Lepic a même rappelé un tableau de Claude Monet intitulé La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878, qui a fait le tour du monde. Le cyclisme était devenu un tableau, un film en se promenant dans le décor d’Amélie Poulain. Les organisateurs du Tour ont immédiatement eu envie de s’offrir aussi un détour par Montmartre.

Spectacle garanti

Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, raconte: «Pour moi, l’image la plus forte des Jeux, en dehors des exploits des champions, on ne peut pas oublier Léon Marchand, Teddy Riner, Antoine Dupont…, c’est la rue Lepic. Reprise partout. Cette ferveur, cet enthousiasme, c’était formidable. J’étais devant la télé, dans les Pyrénées. Avec une pointe de jalousie. Pierre-Yves (Thouault, son adjoint, NDLR) était rue Lepic, on s’est parlé, on s’est dit: il faut qu’on fasse tout pour avoir Montmartre. Parce que s’il n’y a pas Montmartre sur le parcours du Tour en 2025, il n’y aura jamais Montmartre sur le parcours du Tour. C’est l’héritage, comme on dit aujourd’hui, des Jeux, donc essayons de faire en sorte que cela puisse se réaliser. Et Montmartre est sur le parcours, grâce au préfet de police, à la ville de Paris, au président de la République. C’est sûr qu’il y a un intérêt décuplé pour la dernière étape du Tour.»

Parti de Mantes-la-Ville (départ de la 21e étape), le peloton entrera dans Paris en apercevant la tour Eiffel, avant de passer par le Palais du Louvre. Les coureurs effectueront trois passages sur les Champs-élysées avant de se faufiler dans la folie de la butte Montmartre. Trois passages sont prévus, chacun étant suivi d’une virée sur les Champs-Élysées (six au total), théâtre de l’arrivée. Spectacle garanti: «Inscrire Montmartre sur le parcours du Tour de France, cela fait la joie de tous les amoureux du vélo, des journalistes, des fans, des gens qui s’intéressent au Tour mais pas forcément au cyclisme, constate Christian Prudhomme. C’est plus mitigé du côté des champions, mais comme lorsqu’on a réintroduit les pavés sur le Tour ou décidé de mettre des chemins blancs, je comprends leur réaction. Mais sur les Champs-Élysées, pendant les quinze ou vingt premières années, tout était possible. Je me souviens, j’étais témoin oculaire, place de la Concorde avec ma mère et ma soeur en 1975, on a vu arriver le maillot arc-en-ciel d’eddy Merckx, avec dans la roue le maillot jaune de Bernard Thévenet, je n’en croyais pas mes yeux. Quatre ans plus tard, Bernard Hinault et Joop Zoetemelk, premier et deuxième du classement général, font premier et deuxième de l’étape. Donc il pouvait y avoir des choses et des échappées, ce qui n’était plus le cas aujourd’hui. Donc finalement c’est remettre, grâce à Montmartre, un peu de l’envie originelle des organisateurs.» Thomas Voeckler, le sélectionneur national, acquiesce : « Ce qui change tout, c’est que le Tour ne s’arrêtera pas le samedi, qu’il peut y avoir des chutes, des cassures. Ce qui est intéressant, c’est que c’est une vraie étape. Là, le Tour s’arrêtera dimanche. »

Remonter le temps

Après un feu d’artifice. Même si les prévisions météorologiques annoncent, un an après une cérémonie d’ouverture des JO copieusement arrosée, une journée maussade. À Montmartre, le Tour s’apprête aussi à remonter le temps. Serge Laget, historien du Tour et auteur de Cinquante ans de maillot à pois (Éditions Hugo Sport) rappelle: «C’est Jean-Claude Killy (alors président d’Amaury Sport Organisation) qui avait eu l’idée de la rue Lepic pour le centenaire du Tour en 2003. Autrement, rue Lepic, ou tout près, il y avait Marcel Aymé, qui a écrit des choses magnifiques sur le Tour, en particulier sa nouvelle Le Dernier. Il y avait Robert Sabatier (le Tour est présent dans Les Allumettes suédoises), il y avait le cher Louis Nucéra. Sans oublier le cyclo-cross de Montmartre des années 1940-1945 avec Jean Robic, Raymond Louviot et le merveilleux Victor Cosson en 1944 (deux escaliers en montée, trois en descente)… »

Tony Estanguet, président des Jeux de Paris 2024, savoure le clin d’oeil: «Merci aux organisateurs du Tour de France. Forcément, cela nous touche énormément. On a fait preuve de créativité, on s’est toujours obligés d’être un peu disruptifs, à trouver des idées pour nous démarquer de ce qui se faisait d’habitude, que ce soit pour le marathon ou pour le cyclisme. Et cela a fini par payer, parce que je crois que le public a apprécié, s’est laissé surprendre par toutes ces idées, tout ce qui a été mis en place pour valoriser les athlètes et le sport. Tant mieux si, aujourd’hui, certaines de ces idées sont reprises.»

Après un rodéo dans le Jura vers Pontarlier (20e étape, samedi), sur un profil de tôle ondulée devant servir les desseins des baroudeurs, le peloton du Tour de France s’offrira un bain de foule sur la butte Montmartre. Un détour qui pourrait devenir une habitude. Comme celle qui veut que le Tour femmes vienne prendre le relais de la Grande Boucle. Pour prolonger la fête. Le peloton s’élancera de Vannes, ce samedi, vivra 9 étapes jusqu’à Châtel, le dimanche 3 août. Avec une attraction, Pauline Ferrand-prévot. Un an après son émouvante et inoubliable médaille d’or en VTT. Encore et toujours des frissons olympiques…

20e étape, ce samedi: Nantua-Pontarlier (184,2 km). 
21e étape, dimanche: Mantes-la-ville-paris (132,3 km).

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