Lipowitz verrouille son butin
L’Allemand, sauf surprise ce week-end, a assuré, hier, sa place sur le podium à Paris et le maillot blanc.
"Je n’ai jamais vu autant de gens m’encourager au bord de la route,
c’est complètement dingue"
- FLORIAN LIPOWITZ
26 Jul 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
LA PLAGNE (SAVOIE) - Ils étaient séparés par vingt-deux secondes jeudi au sommet du col de la Loze. La pluie qui tombait était la même, hier, à La Plagne mais l’écart s’est creusé et Florian Lipowitz (photo) devance désormais Oscar Onley d’une minute et trois secondes. Ce n’est pas un gouffre, mais c’est un trou suffisamment profond après le passage des Alpes pour que l’Allemand de Red Bull-BoraHansgrohe commence sereinement à imaginer les quelques mots qu’il dira sur la troisième marche du podium demain à Paris.
Dans la montée vers La Plagne, le surprenant mais tenace Lipowitz (24 ans) a longtemps calqué sa course sur Onley. Avant de réussir à garder la roue de Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard alors que le coureur de PicNic PostNL lâchait prise à 2 km du but. « Dans la dernière ascension, j’ai beaucoup cogité car vous ne savez jamais vraiment comment les jambes vont réagir, mais je me suis senti bien à l’approche du sommet. Quand j’ai vu Oscar lâcher derrière moi, j’ai tout donné. Je suis super heureux de mon résultat, avoue Lipowitz. « Même si je me suis senti toujours bien, c’était très dur… 22 secondes d’écart, ce n’est pas beaucoup, on va faire le maximum demain » , avait lancé Onley à La Loze, jeudi. Même s’il a été aidé par son coéquipier Frank Van den Broek et que Lipowitz devait se débrouiller seul, Onley n’a pas été en mesure d’aller chercher la troisième place du général. Celle-ci est logiquement sécurisée par un homme déjà 2e de Paris-Nice en mars et 3e du Dauphiné en juin. « C’est incroyable ce qu’il se passe cet été pour moi, apprécie Lipowitz, qui squatte le podium depuis Superbagnères samedi dernier et qui doit décrocher son troisième maillot blanc de la saison sur une course par étapes. Je n’ai jamais vu autant de gens m’encourager au bord de la route, c’est complètement dingue. Tout ce soutien, ça me donne la chair de poule sur mon vélo. »
« Nous sommes une équipe allemande et pousser si haut un jeune talent allemand, qui a commencé ici dans cette équipe, c’est quelque chose dont on devrait tous être fiers, salue l’un des directeurs sportifs de Red Bull, Enrico Gasparotto. « Lipo » est un coureur super jeune, très motivé, et vous avez pu le voir hier ( jeudi) ou en première partie du Tour, il bouge, il suit son instinct, ses émotions. On a discuté de ce qu’est une troisième semaine de Grand Tour et je pense qu’il a appris. Plus les jeunes apprennent, meilleurs ils sont et plus vite ils ont du succès. Lipo le mérite, il n’y a aucun doute là-dessus. »
« Son histoire pourrait être un conte de fées s’il monte sur le podium à Paris, pour son premier Tour, qu’il a abordé en tant que simple outsider», avouait Rolf Aldag, son directeur sportif, en début de semaine. Le conte de fées est en train de devenir réalité.
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Vauquelin: « On s’est battus comme des lions »
En difficulté sur le bloc alpestre, le Français a flirté avec ses limites pour sauver des situations souvent mal embarquées et sa 7e place au général.
26 Jul 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX
LA PLAGNE (SAVOIE) – C’est avec le visage bouilli et sa jovialité contenue que le néo-grimpeur de l’équipe Arkéa-B&B Hotels est arrivé au bout des deux journées en haute montagne les plus redoutables de ce Tour, hier. « Est-ce que mon corps et ma tête vont vouloir ? », s’interrogeait Kévin Vauquelin (24 ans), lundi. Il suffisait de constater la meute de journalistes à son chevet derrière la ligne d’arrivée pour connaître la réponse. Le Normand a mis le holà – « Il reste deux étapes, attendez! » –, mais le plus dur est passé: il n’a cédé qu’une place au général sur le bloc alpestre. « Je suis pressé d’être la semaine prochaine pour contempler ce qu’il s’est passé, parce que ça a été beaucoup de travail tous les jours, a souligné le meilleur Français de cette édition. On s’est battus comme des lions. »Kévin Vauquelin a pu compter sur le soutien de ses équipiers pour ne pas sombrer hier.
La gestion
« Uniquement aux sensations »
Décroché chaque fois en première partie d’étape, dès la Madeleine jeudi puis dans la desc en te du col du Pré hier, Vauquelin aurait dû subir des éclats monumentaux. 4’34” sur le vainqueur à la Loze, ce n’est pas la craquante ultime, et 6’18” à la Plagne, presque logique car sur une étape aussi courte (95 km), « comme d‘habitude, il me fallait ma mise en route » , a-t-il expliqué. Vauquelin est un diesel, il l’a compris sur Tirreno-Adriatico (12e du général) en mars. « Je donnais un peu trop et j’explosais » , avait-il remarqué. Le Normand fonctionne donc « uniquement aux sensations » , sans un oeil au compteur. C’est en spécialiste du chrono qu’il a lissé sa montée vers La Plagne : « J’ai été prudent. »
Le mental
« J’essaie de me battre »
Dans ces situations critiques, Vauquelin n’a pas paniqué, bien aidé à l’oreillette par ses directeurs sportifs, Yvon Ledanois et Laurent Pichon, situés juste derrière lui après ses décrochages. « Je n’ai plus de voix, a confié ce dernier, jeudi soir. On a essayé de lui apporter de la sérénité dans la Madeleine, de lui dire: “Voilà, tu n’es pas seul, tu as Ewen ( Costiou) avec toi.” » Et pour se motiver, Vauquelin savait sur quels ressorts s’appuyer : « J’essaie vraiment de me battre, je me dis que c’est seulement quelques minutes d’effort, alors qu’on travaille depuis des mois. »
L’équipe
« Ewen et Raul ont encore été extraordinaires »
Harcelé par Tobias Johannessen dès la première ascension hier, Vauquelin a pu demander à Costiou de rouler pour maîtriser le rival norvégien. « Ewen est toujours un peu derrière moi au cas où il faut mettre un coup à la jambe » , expliquait le leader, qui a payé cet effort dans la foulée, pris dans une cassure lors de la descente vers le barrage de Roselend, dont ont profité les Uno-X pour accélérer le rythme du peloton. « C’était un beau combat. Ewen et Raul ( Garcia Pierna) ont encore été extraordinaires. » Les deux équipiers n’étaient plus là pour l’épauler dans le dernier col, Johannessen a pu s’envoler et dépasser Vauquelin, mais leur besogne auparavant a bien limité la casse.
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