Redford ever
ROBERT REDFORD - L’homme qui murmurait à l’oreille de l’Amérique
Icône des années 70 à la beauté solaire et au charisme rassurant, l’acteur aura marqué un certain cinéma, engagé et triomphant, avant de jouer les mentors, grâce à son festival de Sundance, pour une nouvelle génération d’artistes indépendants. Il est mort mardi à 89 ans.
17 Sep 2025 - Libération
Par Léo Soesanto Suite page 18
«J’ai encore confiance en pas mal de gens, c’est ça le problème» : cette réplique dans la bouche de Robert Redford dans les Trois Jours du Condor dit tout sur l’interprète et son personnage – un type traqué par la CIA qui ne devrait justement faire confiance à personne. Mais c’était tout Redford, un antidote au cynisme d’alors et d’aujourd’hui, une star à la présence aussi solaire qu’un panneau photovoltaïque ou un panoramique sur un paysage de l’Utah. Il s’est éteint mardi à 89 ans. Pour les boomers européens, c’est le beau gosse blond all-American qui fit chavirer les coeurs dans les années 1970 ; outre-Atlantique, c’est l’activiste écolo, le démocrate bon teint engagé et le parrain du film indépendant américain façon festival de Sundance ; pour les fans de la Classe américaine, détournement culte de films hollywoodiens, c’est «Steven» (prononcez «Sté-veune»), reporter chargé de la nécrologie de George Abitbol, l’homme le plus classe du monde. Pour les millenials rivés à leur clavier, c’est le barbu souriant, l’air approbateur, du GIF du «nodding guy», redfordien en diable par son optimisme (une image tirée du film Jeremiah Johnson) mais que les internautes avaient d’abord pris pour Zach Galifianakis.
«D’une blondeur alarmante»
Au-dessus de tout cela, Robert Redford fut l’image d’une Amérique positive mais réfléchie, pas dupe. Un peu lisse mais responsable, qu’on voudrait voir débarquer comme la cavalerie. Cette synthèse a sans doute à avoir avec ses géniteurs, une mère texane franche et spontanée, un père laitier de la côte Est plus réservé et distant. Charles Robert Redford Jr naît le 18 août 1936 à Santa Monica, en Californie. Hollywood est à côté mais le jeune homme sportif n’est pas pressé de taper à sa porte. Il a d’abord la bougeotte, mauvais garçon fêtard porté sur la bouteille et les virées à moto, ce qui le fait virer illico de l’université. L’évasion passe par l’art, spontanément, sans grand diplôme, ni théorisation ou intellectualisation: une constante dans sa vie. Lorsque, pour un rôle tout frais de lieutenant nazi à la télé, il gifle violemment le vétéran Charles Laughton, qui lui avait pourtant dit honnir tout contact physique, c’est par instinct, par réflexe.
Le jeune Redford est doué pour le dessin et la peinture. En 1956-1957, il entreprend un tour d’Europe pour affiner sa technique. Il dessine les visages de clients tristes dans des bodegas espagnoles, des autoportraits cubistes devant son miroir à Florence et dit s’être éveillé politiquement à Paris lorsque des Français de rencontre lui font sentir tout ce qu’ils pensent de l’impérialisme américain. Il revient sans un sou au bercail et s’essaie aux planches. Parce que c’est de l’art et que son physique wasp avantageux ouvre des portes. Note : toute personne s’exprimant sur Robert Redford rappellera toujours combien il est beau et combien il est Robert Redford, sauf l’intransigeante critique du New Yorker Pauline Kael qui aura toujours une dent contre lui («Il est d’une blondeur alarmante. Il n’est plus blond platine, il doit être blond plutonium; ses cheveux sont assortis avec ses dents», écrira-t-elle). Il s’inscrit en 1959 à l’American Academy of Dramatic Arts, respectable école new-yorkaise de théâtre d’où sont sortis Lauren Bacall et John Cassavetes, parce que sa page de publicité est chic et en grosses lettres dans un magazine. Redford joue dans la Mouette de Tchekhov (sans connaître la pièce ou l’auteur), ce qui le fait remarquer par un agent. Place à Broadway et à la télévision où il se cherche, conscient déjà que sa beauté pourrait limiter les offres, s’échinant à jouer les méchants dans des séries télé (il est «l’Ange de la mort» dans un épisode de la Quatrième Dimension). On commence alors à le comparer à Spencer Tracy et Jack Lemmon, pour la versatilité tragicomique.
Pour son premier rôle majeur au cinéma, il écope du personnage le moins intéressant de La guerre est aussi une chasse (1962) de Denis Sanders, impuissant et compatissant face à un soldat psychopathe sur le front coréen. Il joue ensuite un évadé dans la Poursuite impitoyable (1966) d’Arthur Penn, abattu à la fin comme symbole de la déliquescence morale d’une petite ville. Frisson de la mort d’un blond qui aurait pu être le frère perdu des Kennedy (on est à peine surpris qu’en 2019 la série Watchmen ait imaginé, dans un monde parallèle, un président des Etats-Unis nommé Robert Redford). A côté de la diva tourmentée Marlon Brando, Robert Redford a cette présence rassurante, vieille école, impeccablement repassée, loin de la tension intérieure recherchée par ses contemporains Gene Hackman et Dustin Hoffman. Ce dernier le supplanta ainsi pour le rôle-titre du Lauréat parce que, selon le réalisateur Mike Nichols, il était invraisemblable que Redford joue le rôle d’un perdant tombant dans les griffes de Mrs Robinson.
Si Robert Redford annonce Brad Pitt (il en fera un héritier en jouant avec lui dans Spy Game ou en le mettant en scène dans Et au milieu coule une rivière), il y a aussi quelque chose d’un proto-George Clooney : ce charisme ravageur vous faisant davantage considérer comme une vedette que comme un acteur et qui entraîne la sous-estimation de vos talents ; la présence au pied levé quand il y a une bonne cause à défendre; cette gêne craquante face à l’effet produit par son aura. Jane Fonda, qui fut plusieurs fois sa partenaire au cinéma, se rappelle comment une groupie s’était jetée littéralement à ses pieds sur le tournage du Cavalier électrique (1979) et combien il voulait «disparaître dans des moments pareils». «Vous sentez qu’il est en quelque sorte meilleur que les mortels, vous voulez qu’il vous aime», renchérit-elle.
Un perdant au visage de gagnant
Ce sera finalement Butch Cassidy et le Kid (1969) de George Roy Hill qui le propulse au sommet. Imposé au grand dam du studio par le cinéaste et sa co-star Paul Newman, Redford conquiert enfin le public avec son charme de vaurien cool aux dents blanches. Ce western a beau se conclure sur une note violente et crépusculaire, celle-ci paraît presque légère tant l’acteur est apollinien. Il a alors 33 ans et va dominer les années1970. Il refait équipe avec Newman et Hill dans l’Arnaque (1973), encore un film de bons potes qui lui vaudra son unique nomination aux oscars en tant qu’acteur. A côté de ses collègues Burt Reynolds, Steve McQueen ou Clint Eastwood, le truc de Redford est de vouloir jouer le perdant au visage de gagnant. Ou le contraire. Ces traits bien définis, ce regard flottant. Et puis, il écoute son prochain («un attribut qu’on associe d’habitude aux femmes, dira Meryl Streep, donc pour les femmes, c’est facile de lui parler»). Même si souvent, à la fin de ses films, sa copine ou son épouse le quitte malgré tout, il est debout, raide, fort.
Photo12 via AFP
Alors, il est champion de ski virtuose mais trop imbu de lui-même dans la Descente infernale (1969), candidat sénateur trop vert, victorieux mais dépassé dans Votez McKay (1972), trappeur surgelé dans sa légende tragique dans le western Jeremiah Johnson (1972) ou écrivain talentueux mais pas assez dans le mélo fondant Nos Plus Belles Années (1973). Où les lignes que rédige son personnage semblent viser Redford lui-même. «D’une certaine façon, il était comme le pays où il vivait. Tout lui venait trop facilement. Mais au moins il le savait.» Sa première apparition dans le film évoque celle d’un «Beau au bois dormant» que va réveiller Barbra Streisand, une statue grecque aux yeux clos par l’ivresse. Cette beauté marmoréenne en fait le visage idéal pour un autre superbe perdant, le personnage de Gatsby le magnifique (1974), adapté de Francis Scott Fitzgerald. Mais de façon peut-être consensuelle, sans le masochisme d’un Eastwood par exemple, l’acteur cherche aussi à sa façon à caresser sa «fêlure» (titre d’un autre livre de l’écrivain américain), celle de ses rôles, celle de son pays dans décennie plombée par le scandale du Watergate.
Robert Redford joue aussi au chevalier blanc, tout juste victorieux dans les Trois Jours du Condor (1975), où sa dernière réplique confiante sur le pouvoir de la presse («Ils le passeront !» dit-il, transfiguré, à propos d’un scoop qu’il a proposé à un journal) trouve un écho magistral dans les Hommes du Président (1976), reconstitution de l’enquête des reporters Bob Woodward (interprété par Redford) et Carl Bernstein (Dustin Hoffman) sur le scandale qui précipitera la démission du président Nixon (la légende veut que l’acteur avait été tellement obsédé par l’affaire au moment où elle avait éclaté qu’il s’enfermait dans sa loge pour suivre les nouvelles à la télé entre les prises de Gatsby, réduisant à néant les efforts de sa partenaire Mia Farrow pour créer une alchimie entre eux). «Si la persona de Redford a un impact, disait-il de lui-même et du film au Washington Post à l’époque, c’est au public de décider. Ce qui m’intéresse est de retranscrire la réalité de la façon la plus exacte.»
Le refuge de la nature
La réalité est que les films avec Redford se classent régulièrement en tête du box-office américain, qu’il est une des vedettes préférées au monde et que ses fans lui postent leurs sous-vêtements. C’est une icône, chevelure balayée par le vent, planquée derrière ses Ray-Ban, en boots, jeans et blazer en tweed qui hésite entre western et artiste bohème. Bonus pour son caban dans les Trois Jours du Condor. Son ami, l’écrivain James Salter, saisira ce moment précis de la vie de Redford à 40 ans comme on écrirait sur un souverain: «Le bel étudiant, quelque peu superficiel, avait disparu et un homme mince, perspicace, avait pris sa place. D’une sorte de désinvolture amusée et d’un naturel réservé, il en avait tiré un succès monumental. Ses jours avaient pris forme, il avait accompli quelque chose entre eux. Tout le monde voulait le voir ou lui parler. Comme si regardant un menu, il était en mesure de choisir sa vie.»
Que faire après tout cela ? Redford avait coproduit les Hommes du Président, le voilà logiquement réalisateur de son premier long métrage Des gens comme les autres (1980), drame feutré sur une famille ravagée par un deuil, modeste, presque gêné par son déballage d’impudeur. Les échos personnels sont inévitables : le décès d’un fils (Redford a nd perdu un premier enfant victime de la mort subite du nourrisson), la blondeur redfordienne et les yeux bleus du personnage du père, moins mignon certes (incarné par Donald Sutherland) mais ciment sûr de la maisonnée. Vagues clés d’une vie privée pépère à l’échelle de ses collègues : un divorce, pas de tableau de chasse façon Warren Beatty (son double maléfique). Le film remporte quatre oscars, dont ceux de meilleur film et de meilleur réalisateur. Mais ça ne lui suffit pas. Redford a su très tôt qu’il y avait un monde auune delà de Hollywood. Son refuge précoce est la nature, l’Amérique vierge dont il s’énamoure adolescent lorsque sa mère l’emmène visiter le parc de Yosemite. Enfant, il préférait les animaux (dont Bambi, vu 23 fois au cinéma) à Charlie Chaplin, «trop froid». Il s’engagera dans les luttes environnementales, la rédaction de lois écologiques, fera venir des scientifiques soviétiques aux EtatsUnis en 1989 pour discuter (déjà) du réchauffement climatique. A 25 ans, en 1961, il s’était déjà offert deux arpents de terrain dans l’Utah (sa première épouse, l’historienne Lola Van Wagenen, en était originaire), construisant dessus une cabane de ses propres mains. Il agrandit la propriété au fil des années jusqu’à en faire une station de sports d’hiver pour empêcher spéculations et développements immobiliers hasardeux et destructeurs. Il la baptise Sundance, du nom de son personnage dans Butch Cassidy… Sundance, ce sera bien sûr le festival un institut de cinéma, lancés en 1985 pour promouvoir le ciné indépendant américain: manière sincère de continuer à jouer les cowboys dans un Hollywood dont il jouera le jeu en restant méfiant, de transmettre comme mentor, de décentraliser et purifier le système à l’air des montagnes. Voilà le principal de Redford dans les années 1980-1990, lorsque les films incubés et montrés à Sundance (Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, Slacker de Richard Linklater, Clerks de Kevin Smith…) revitalisent le cinéma américain, se construisent d’abord comme satellites autour des grands studios comet merciaux, puis deviennent une économie, un genre en soi – le «film de Sundance», indé-chic, parfois toc, mollement subversif, dont on peut égrener les clichés comme au bingo: chemise de bûcheron, stars non maquillé(e)s et filmé(e) s dans les WC, bande-son folk…
Le dernier spécimen
Pour le meilleur et pour le pire, Sundance sera sans doute plus vital que sa carrière d’acteur. «Ma présence dans quelque chose est assez forte pour lui donner un air d’artificialité», admettra comme un aveu de défaite celui qui jouera, ironie, dans The Natural, titre anglais du film de base-ball le Meilleur. Alors, il sera Robert Redford face au caméléon Meryl Streep, elle munie d’un accent danois, dans Out of Africa (1985), oscar du meilleur film et une de ses cinq collaborations avec le cinéaste Sydney Pollack (son binôme idéal, tout aussi mainstream mais plus cérébral). Il propose un contreemploi mémorable en Gatsby le priapique dans le navet Proposition indécente (1993). Comme un boyscout avec sa feuille de route, il continue de réaliser des films au charme fané (le plaidoyer pour la pêche à la ligne de Et au milieu coule une rivière, 1992), démodés lorsqu’ils se veulent contemporains (Lions et Agneaux, en 2007, sur la guerre contre le terrorisme), forcément soignés lorsqu’il y fait coucou en lonesome cowboy romantico-analegs chronique (l’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, 1998). Il continue de sonder la fêlure américaine (le faussement rétro et très élégant Quiz Show, 1994, assez fortiche dans sa dénonciation de la sempiternelle vulgarité de la télévision), mais n’oublie pas de soigner ses rides et son mythe : All is Lost (2013) est ainsi un survival maritime où il est tout seul à l’écran à 77 ans, et prouve en vieux pro qu’il n’a besoin de personne pour exister, avec sa crinière d’une blondeur impossible. Comme s’il était le dernier spécimen de son genre sur terre, le dernier Redford qui ne ferait qu’un avec son environnement. Vieil homme et la mer ici et The Old Man and The Gun (2018) là pour sa retraite d’acteur à l’âge de 82 ans où, en gentleman braqueur de banques multirécidiviste, il quitte le cadre sur ce dernier carton-manifeste : «Il souriait.» Sourire de confiance («mon optimisme me vient des jeunes, parce qu’ils sont inspirés, engagés, passionnés», déclarait-il à Rolling Stone en avril 2021 dans un numéro spécial sur le climat). Sourire de l’homme privilégié qui avait envie de donner, redonner, redistribuer. Et résonnent encore jusqu’au bout, pour Redford et cette idée de l’Amérique propre qu’il cultivait, ces mots qu’il écrit dans Nos Plus Belles Années : «Il n’y a pas de raison pour nous de changer. Mais bien sûr jusque-là, ils étaient trop perdus ou paresseux. Cela avait toujours été trop facile.» Comme si le meilleur rôle de Robert Redford avait toujours été de s’excuser d’être Robert Redford.
***
Robert Redford en sept facettes
Retour sur les rôles marquants de l’acteur, gangster charmeur, homme traqué ou journaliste justicier.
«La Poursuite impitoyable» d’Arthur Penn (1966)
Dans une ambiance de western poisseux, Redford interprète un jeune rebelle évadé de prison, poursuivi par un shérif incorruptible joué par Marlon Brando, comme un passage de flambeau entre les deux acteurs. Portrait crépusculaire d’une société rongée par l’alcool, le racisme et la corruption, le film d’Arthur Penn prépare le terrain pour Bonnie et Clyde, dont la sortie, un an plus tard, marquera le début du Nouvel Hollywood. (A.Cf)
«L’Ultime Randonnée» de Sidney J. Furie (1970)
On se souvient moins, dans cet ersatz vite fait bien fait d’Easy Rider, de la performance de Redford que de Rollin’ Free, la chanson de Johnny Cash composée pour la BO, et de l’affiche, sur laquelle la star en devenir apparaissait torse nu. Mais l’Ultime Randonnée est aussi resté pour les états d’âme de l’acteur à son sujet, à la limite de regretter d’avoir joué un sale type typique de l’orée des seventies : «Le héros de ce film était un incommensurable connard.» (O.L.)
«L’Arnaque» de George Roy Hill (1973)
Son surgissement à la télévision française des années 80 glamourisait instantanément le tout-venant du PAF avec son entraînante rengaine, ses stars à la sexitude mise au carré et son intrigue de gangsters bernés dans le Chicago des années 30. L’Arnaque réunit le tandem Newman-Redford et épingle durablement les taches de rousseurs du second au mur de chambres adolescentes du monde occidental. Le film rafle sept oscars et l’on en garde le délicieux souvenir d’une bulle de savon. (É.F.-D.)
«Les Trois Jours du Condor» de Sydney Pollack (1975)
Un analyste planplan de la CIA échappe miraculeusement à un gang qui massacre ses collègues. Seul, doutant de tous et de tout, il tente de s’évanouir dans New York. Un chef-d’oeuvre de la grande vague de thrillers paranos du début des années 70, témoignages d’une époque de doutes radicaux face à un pouvoir pris en flagrant délit de mensonge. Beau en diable en homme discret contraint de (se) faire violence, Redford incarne une figure rêvée de la contestation. (M.C.)
Référence du film d’investigation, le thriller seventies reconstitue, deux ans seulement après le scandale du Watergate, l’enquête de Woodward et Bernstein au Washington Post qui mena à la démission de Nixon. L’Amérique est scrutée en ses mensonges, le contrepouvoir des journalistes, héroïsé. Flanqué de Dustin Hoffman, Redford y est un justicier en chemise-cravate, sourd aux intimidations, le héros minéral d’un classique hollywoodien. (S.O.)
«Proposition indécente» d’Adrian Lyne (1993)
Dans ce thriller soft porn emblématique du style sexy pubard d’Adrian Lyne, un jeune couple aux abois (Demi Moore et Woody Harrelson) accepte le pacte immoral proposé par un milliardaire : un million de dollars contre une nuit d’amour avec la femme. Fait rare dans sa carrière, Redford interprète le bad guy par qui arrive la crise (morale, sentimentale), prêtant son sourire ravageur de vieux beau à ses noirs desseins (avilir le couple blanc comme neige). (O.L.)
«The Old Man and The Gun» de David Lowery (2018)
Si Avengers : Endgame marque la dernière apparition de Redford au cinéma, on préfère garder ses adieux dans The Old Man and The Gun. Au lieu d’être crépusculaire ou fantomatique, l’acteur y reste doux et crémeux dans le rôle d’un braqueur de banques dont le fait d’armes est de n’avoir jamais tiré de coup de feu. Son ultime politesse, ou coquetterie ? Nous tourner le dos en guise de plan final et laisser comme dernière image celle qu’on se fait dans la tête. (Lé.S.)
***
ROBERT REDFORD - L'uomo che sussurrava all'orecchio dell'America
Icona degli anni '70 dalla bellezza solare e dal carisma rassicurante, l'attore ha lasciato un segno indelebile in un certo cinema, impegnato e trionfante, prima di diventare mentore, grazie al suo festival di Sundance, di una nuova generazione di artisti indipendenti. È morto martedì all'età di 89 anni.
17 settembre 2025 - Libération
di Léo Soesanto
«Ho ancora fiducia in molte persone, è questo il problema»: la battuta pronunciata da Robert Redford ne I tre giorni del Condor la dice lunga sull'attore e sul suo personaggio, un uomo braccato dalla CIA che non dovrebbe fidarsi di nessuno. Redford però era proprio così, un antidoto al cinismo di allora e di oggi, una star dalla presenza solare come un pannello fotovoltaico o una panoramica sul paesaggio dello Utah.
Si è spento martedì all'età di 89 anni. Per i baby boomer europei, è il bel ragazzo biondo All-American che ha fatto battere i cuori negli anni '70; oltreoceano, è l'attivista ecologista, il democratico convinto e il padrino del cinema indipendente americano in stile Sundance Film Festival; per i fan di La classe americana, cult movie hollywoodiano, è “Steven” (si pronuncia “Sté-veune”), il giornalista incaricato della necrologia di George Abitbol, l'uomo più elegante al mondo. Per i millennial incollati alla tastiera, è il barbuto sorridente, dall'aria compiaciuta, della GIF del «nodding guy», redfordiano da morire per il suo ottimismo (un'immagine tratta dal film Jeremiah Johnson) ma che gli internauti avevano inizialmente scambiato per Zach Galifianakis.
“Di un biondo allarmante”
Oltre a tutto questo, Robert Redford era l'immagine di un'America positiva ma riflessiva, non ingenua. Un po' leggero ma responsabile, che vorremmo vedere arrivare come la cavalleria. Questa sintesi ha a che fare con i suoi genitori, una madre texana schietta e spontanea, un padre lattaio della costa orientale più riservato e distante.
Charles Robert Redford Jr nasce il 18 agosto 1936 a Santa Monica, in California. Hollywood è vicina, ma il giovane sportivo non ha fretta di bussarle alla porta. All'inizio è irrequieto, un ragazzaccio festaiolo dedito all'alcool e alle scorribande in moto, il che gli costa l'espulsione immediata dall'università. La sua fuga avviene attraverso l'arte, in modo spontaneo, senza grandi diplomi, teorie o intellettualizzazioni: una costante nella sua vita. Quando, per un ruolo appena ottenuto di tenente nazista in televisione, schiaffeggia violentemente il veterano Charles Laughton, che gli aveva detto di detestare ogni contatto fisico, lo fa per istinto, per riflesso.
Il giovane Redford è dotato per il disegno e la pittura. Nel 1956-1957 intraprende un viaggio in Europa per affinare la sua tecnica. Disegna i volti dei clienti tristi nelle bodegas spagnole, autoritratti cubisti davanti allo specchio a Firenze e racconta di essersi risvegliato politicamente a Parigi quando alcuni francesi incontrati per caso gli fanno capire chiaramente cosa pensano dell'imperialismo americano.
Torna a casa senza un soldo e si cimenta nel teatro. Perché è arte e il suo fisico da WASP gli apre molte porte. Nota: chiunque parli di Robert Redford ricorderà sempre quanto è bello e quanto è Robert Redford, tranne l'intransigente critica del New Yorker, Pauline Kael, che avrà sempre qualcosa da ridire su di lui («È di un biondo allarmante. Non è più biondo platino, deve essere biondo plutonio; i suoi capelli sono abbinati ai suoi denti», scriverà).
Nel 1959 si iscrive all'American Academy of Dramatic Arts, rispettabile scuola di teatro newyorkese da cui sono usciti Lauren Bacall e John Cassavetes, perché la sua pagina pubblicitaria è elegante e in grandi caratteri su una rivista. Redford recita ne Il gabbiano di Cechov (senza conoscere né l'opera né l'autore), attirando l'attenzione di un agente. Passano gli anni a Broadway e in televisione, dove cerca di trovare la sua strada, consapevole che la sua bellezza potrebbe limitargli le offerte, sforzandosi di interpretare i cattivi nelle serie televisive (è “l'angelo della morte” in un episodio di Ai confini della realtà). Si comincia allora a paragonarlo a Spencer Tracy e Jack Lemmon, per la sua versatilità tragicomica.
Per il suo primo ruolo importante al cinema, gli viene assegnato il personaggio meno interessante di La guerra è anche una caccia (1962) di Denis Sanders, impotente e compassionevole di fronte a un soldato psicopatico sul fronte coreano. Interpreta poi un fuggitivo in La fuga senza pietà (1966) di Arthur Penn, ucciso alla fine come simbolo del declino morale di una piccola città. Il brivido della morte di un biondo che avrebbe potuto essere il fratello perduto dei Kennedy (non sorprende che nel 2019 la serie Watchmen abbia immaginato, in un mondo parallelo, un presidente degli Stati Uniti di nome Robert Redford). Accanto al tormentata divo Marlon Brando, Robert Redford ha quella presenza rassicurante, vecchio stile, impeccabilmente stirata, lontana dalla tensione interiore ricercata dai suoi contemporanei Gene Hackman e Dustin Hoffman. Quest'ultimo lo soppiantò così per il ruolo da protagonista ne Il laureato perché, secondo il regista Mike Nichols, era improbabile che Redford interpretasse il ruolo di un perdente che cade nelle grinfie della signora Robinson.
Se Robert Redford annuncia Brad Pitt (ne farà l'erede recitando con lui in Spy Game o dirigendolo in In mezzo scorre il fiume), c'è anche qualcosa di un proto-George Clooney: quel carisma devastante che ti fa considerare più una star che un attore e che porta a sottovalutare il tuo talento; la presenza immediata quando c'è una buona causa da difendere; quel timido imbarazzo di fronte all'effetto prodotto dalla sua aura. Jane Fonda, che è stata più volte (quattro, ndr) sua partner al cinema, ricorda come una groupie si fosse letteralmente gettata ai piedi di Robert durante le riprese de Il cavaliere elettrico (1979) e quanto lui volesse «sparire in momenti come quello». «Senti che è in qualche modo migliore dei comuni mortali, vuoi che ti ami», aggiunge.
Un perdente dal volto da vincitore
Sarà infine Butch Cassidy e The Kid (1969) di George Roy Hill a portarlo al successo. Imposto allo studio, con grande disappunto dei produttori, dal regista e dal suo co-protagonista Paul Newman, Redford conquista finalmente il pubblico con il suo fascino da ragazzaccio cool dai denti bianchi. Questo western si conclude con una nota violenta e crepuscolare, ma sembra quasi leggera, tanto l'attore è apollineo. All'epoca ha 33 anni e dominerà gli anni '70. Torna a lavorare con Newman e Hill in The Sting (1973), un altro film di buoni amici che gli valse la sua unica nomination agli Oscar come attore. Accanto ai colleghi Burt Reynolds, Steve McQueen o Clint Eastwood, la particolarità di Redford è quella di voler interpretare il perdente dal volto da vincitore. O il contrario. I suoi lineamenti ben definiti, lo sguardo vagante. E poi ascolta il prossimo (“un attributo che di solito si associa alle donne, dirà Meryl Streep, quindi per le donne è facile parlargli”). Anche se spesso, alla fine dei suoi film, la sua ragazza o sua moglie lo lasciano nonostante tutto, lui rimane in piedi, dritto, forte.
Allora, è un campione di sci virtuoso ma troppo pieno di sé in La discesa infernale (1969), un politico troppo ingenuo che si candida al Senato, "vincente" ma superato, ne Il candidato (1972), un cacciatore congelato nella sua tragica leggenda nel western Jeremiah Johnson (Corvo rosso non avrai il mio scalpo!, 1972) o uno scrittore di talento ma non abbastanza nel melodramma commovente Come eravamo (1973). Dove le battute scritte dal suo personaggio sembrano riferirsi allo stesso Redford. «In un certo senso, era come il Paese in cui viveva. Tutto gli veniva troppo facile. Ma almeno ne era consapevole».
La sua prima apparizione nel film evoca quella di un «Principe Azzurro» che Barbra Streisand risveglierà, una statua greca con gli occhi chiusi dall'ebbrezza. Questa bellezza marmorea lo rende il volto ideale per un altro splendido perdente, il personaggio de Il grande Gatsby (1974), tratto da Francis Scott Fitzgerald. Ma in modo forse consensuale, senza il masochismo di un Eastwood per esempio, l'attore cerca anche a modo suo di accarezzare la sua «fêlure» (titolo di un altro libro dello scrittore americano), quella dei suoi ruoli, quella del suo Paese in un decennio appesantito dallo scandalo Watergate.
Robert Redford interpreta anche il cavaliere bianco, appena vittorioso ne I tre giorni del Condor (1975), dove la sua ultima battuta fiduciosa sul potere della stampa («Lo pubblicheranno!» dice, trasfigurato, a proposito di uno scoop che ha proposto al New York Times) trova un'eco magistrale in Tutti gli uomini del presidente (1976), ricostruzione dell'inchiesta dei giornalisti Bob Woodward (interpretato da Redford) e Carl Bernstein (Dustin Hoffman) sullo scandalo Watergate che porterà alle dimissioni del presidente Richard Nixon (la leggenda narra che l'attore fosse così ossessionato dal caso, al momento dello scoppio, che si chiudeva nel suo camerino per seguire le notizie in tv tra una ripresa e l'altra di Gatsby, vanificando così gli sforzi della sua partner sul set Mia Farrow di creare un'alchimia tra loro). «Se la persona di Redford ha un impatto, diceva di sé stesso e del film al Washington Post all'epoca, spetta al pubblico decidere. Quello che mi interessa è trasmettere la realtà nel modo più accurato possibile».
Il rifugio della natura
La realtà è che i film con Redford sono regolarmente in cima al box office americano, che è uno degli attori più amati al mondo e che le sue fan gli spediscono la loro biancheria intima. È un'icona, con i capelli mossi dal vento, nascosto dietro i suoi Ray-Ban, con stivali, jeans e blazer di tweed, a metà strada tra il western e l'artista bohémien. Bonus per il suo mongomery ne I tre giorni del Condor. Il suo amico, lo scrittore James Salter, coglierà quel preciso momento della vita di Redford a 40 anni come si scriverebbe di un sovrano: «Il bel studente, un po' superficiale, era scomparso e al suo posto era subentrato un uomo magro e perspicace. Con una sorta di divertita disinvoltura e una naturale riservatezza, aveva ottenuto un successo monumentale. I suoi giorni avevano preso forma, aveva realizzato qualcosa tra di essi. Tutti volevano vederlo o parlargli. Come se guardando un menu, fosse in grado di scegliere la sua vita».
Cosa fare dopo tutto questo? Redford aveva coprodotto Tutti gli uomini del presidente, ed ecco che ora è logicamente il regista del suo primo lungometraggio, Gente comune (1980), un dramma sommesso su una famiglia devastata dal lutto, modesto, quasi imbarazzato dal suo sfoggio di impudenza. I riferimenti personali sono inevitabili: la morte di un figlio (Redford ha perso un primo figlio vittima della morte improvvisa del lattante), i capelli biondi e gli occhi azzurri del personaggio del padre, meno carino, certo (interpretato da Donald Sutherland), ma cemento sicuro della famiglia. Vaghi indizi di una vita privata tranquilla rispetto a quella dei suoi colleghi: un divorzio, nessuna conquista alla Warren Beatty (il suo doppio malvagio). Il film vince quattro Oscar, tra cui quelli per il miglior film e il miglior regista. Ma a lui non basta.
Redford ha capito molto presto che c'era un mondo al di là di Hollywood. Il suo rifugio precoce è la natura, l'America incontaminata di cui si innamora da adolescente quando sua madre lo porta a visitare il parco di Yosemite. Da bambino preferiva gli animali (tra cui Bambi, visto 23 volte al cinema) a Charlie Chaplin, «troppo freddo». Si impegna nelle lotte ambientaliste, nella stesura di leggi ecologiche, fa venire scienziati sovietici negli Stati Uniti nel 1989 per discutere (già allora) del riscaldamento globale. A 25 anni, nel 1961, aveva già acquistato due acri di terreno nello Utah (da dove proveniva la sua prima moglie, la storica Lola Van Wagenen), costruendovi con le proprie mani una capanna. Nel corso degli anni ampliò la proprietà fino a trasformarla in una stazione sciistica per impedire speculazioni e sviluppi immobiliari azzardati e distruttivi. La chiamò Sundance, dal nome del suo personaggio in Butch Cassidy... Sundance sarebbe diventato naturalmente il festival e l'istituto cinematografico lanciato nel 1985 per promuovere il cinema indipendente americano: un modo sincero per continuare a interpretare il cowboy in una Hollywood di cui avrebbe continuato a fare parte pur rimanendo diffidente, per trasmettere il suo sapere come mentore, per decentralizzare e purificare il sistema all'aria delle montagne. Questo è il ruolo principale di Redford negli anni '80-'90, quando i film incubati e proiettati al Sundance (Le iene di Quentin Tarantino, Slacker di Richard Linklater, Clerks di Kevin Smith...) rivitalizzano il cinema americano, costruendosi prima come satelliti attorno ai grandi studi commerciali, poi diventando un'economia, un genere a sé stante: il “film da Sundance”, indie-chic, a volte pacchiano, vagamente sovversivo, di cui si possono elencare i cliché come al bingo: camicie da boscaiolo, star senza trucco e riprese nei bagni, colonna sonora folk...
L'ultimo esemplare
Nel bene e nel male, il Sundance sarà più importante della sua carriera di attore. «La mia presenza in qualcosa è abbastanza forte da conferirgli un'aria di artificialità», ammetterà come una confessione di sconfitta colui che reciterà, ironia della sorte, in The Natural, titolo inglese del film sul baseball Il migliore. Allora sarà Robert Redford di fronte alla camaleontica Meryl Streep, con il suo accento danese, in Out of Africa (La mia Africa, 1985), Oscar al miglior film e una delle sue cinque (in realtà sette, ndr) collaborazioni con il regista Sydney Pollack (il suo partner ideale, altrettanto mainstream ma più cerebrale).
Propone un contro-ruolo memorabile del priapico Gatsby nel film di scarso successo Proposta indecente (1993). Come un boy scout con la sua tabella di marcia, continua a realizzare film dal fascino sbiadito (l'appello alla pesca con la lenza de In mezzo scorre il fiume, 1992), demodé quando vogliono essere contemporanei (Leoni per agnelli, nel 2007, sulla guerra al terrorismo), inevitabilmente curati quando fa capolino il cowboy solitario romantico-analgesico cronico (L'uomo che sussurrava ai cavalli, 1998). Continua a sondare le crepe dell'America (il finto retrò ed elegantissimo Quiz Show, 1994, piuttosto abile nella sua denuncia della sempiterna volgarità della televisione), ma non dimentica di curare le sue rughe e il suo mito: All is Lost (2013) è quindi un survival marittimo in cui è solo sullo schermo a 77 anni e dimostra, da vecchio professionista, di non aver bisogno di nessuno per esistere, con la sua chioma di un biondo impossibile.
Come se fosse l'ultimo esemplare della sua specie sulla terra, l'ultimo Redford che sarebbe tutt'uno con l'ambiente che lo circonda. Il vecchio e il mare qui e The Old Man and The Gun (2018) là per il suo ritiro dalla recitazione all'età di 82 anni, quando, nei panni di un gentiluomo rapinatore di banche recidivo, esce di scena con quest'ultima frase-manifesto: «Sorrideva».
Un sorriso di fiducia («il mio ottimismo mi viene dai giovani, perché sono ispirati, impegnati, appassionati», dichiarava al Rolling Stone nell'aprile 2021 in un numero speciale sul clima). Il sorriso dell'uomo privilegiato che voleva dare, ridare, ridistribuire. E risuonano ancora fino alla fine, per Redford e per l'idea di un'America pulita che coltivava, queste parole che scrive in Come eravamo: «Non c'è motivo per noi di cambiare. Ma naturalmente fino ad allora erano troppo persi o pigri. Era sempre stato troppo facile». Come se il migliore ruolo di Robert Redford fosse sempre stato quello di scusarsi per essere Robert Redford.
***
Ritorno sui ruoli più significativi dell'attore, gangster affascinante, uomo braccato o giornalista giustiziere.
«La caccia senza pietà» di Arthur Penn (1966)
In un'atmosfera da western cupo, Redford interpreta un giovane ribelle evaso dal carcere, inseguito da uno sceriffo incorruttibile interpretato da Marlon Brando, come un passaggio di testimone tra i due attori. Ritratto crepuscolare di una società divorata dall'alcool, dal razzismo e dalla corruzione, il film di Arthur Penn prepara il terreno per Bonnie e Clyde, la cui uscita, un anno dopo, segnerà l'inizio della New Hollywood. (A.Cf)
«Lo spavaldo» di Sidney J. Furie (1970)
Di questo surrogato di Easy Rider, realizzato in fretta e furia, si ricorda meno la performance di Redford che Rollin' Free, la canzone di Johnny Cash composta per la colonna sonora, e la locandina, sulla quale la star in erba appariva a torso nudo. Ma Lo spavaldo è rimasto, anche per gli stati d'animo dell'attore al riguardo, al limite del rimpianto per aver interpretato un tipico cattivo dell'inizio degli anni Settanta: «L'eroe di questo film era un imbecille senza pari». (O.L.)
«La stangata» di George Roy Hill (1973)
La sua comparsa sulla televisione francese degli anni '80 ha immediatamente reso affascinante il panorama televisivo nazionale con la sua melodia coinvolgente, le sue star dal fascino irresistibile e la sua trama di gangster ingannati nella Chicago degli anni '30. Il grande colpo riunisce il duo Newman-Redford e fissa in modo indelebile le lentiggini del secondo sulle pareti delle camere da letto delle adolescenti del mondo occidentale. Il film vinse sette Oscar e ne conserviamo il delizioso ricordo di una bolla di sapone. (É.F.-D.)
“I tre giorni del Condor” di Sydney Pollack (1975)
Un analista della CIA sfugge miracolosamente a un commando che ne massacra i colleghi. Solo, diffidente verso tutti e tutto, cerca di sparire a New York. Un capolavoro della grande ondata di thriller paranoici dei primi anni '70, testimonianza di un'epoca di dubbi radicali di fronte a un potere colto in flagrante a mentire. Di una bellezza diabolica, uomo discreto costretto a usare la violenza (anche su se stesso), Redford incarna una figura da sogno della contestazione. (M.C.)
“Tutti gli uomini del presidente” di Alan J. Pakula (1976)
Riferimento del cinema d'inchiesta, questo thriller anni Settanta ricostruisce, solo due anni dopo lo scandalo Watergate, l'indagine di Woodward e Bernstein al Washington Post che portò alle dimissioni di Nixon. L'America viene messa sotto esame per le sue menzogne, mentre il potere contrapposto dei giornalisti viene eroizzato. Affiancato da Dustin Hoffman, Redford è un giustiziere in camicia e cravatta, sordo alle intimidazioni, l'eroe impassibile di un classico hollywoodiano. (S.O.)
«Proposta indecente» di Adrian Lyne (1993)
In questo thriller soft porn emblematico dello stile sexy e pubblicitario di Adrian Lyne, una giovane coppia in difficoltà economiche (Demi Moore e Woody Harrelson) accetta il patto immorale proposto da un miliardario: un milione di dollari in cambio di una notte d'amore con la donna. Cosa rara nella sua carriera, Redford interpreta il cattivo che provoca la crisi (morale, sentimentale), prestando il suo sorriso devastante da vecchio bellimbusto ai suoi oscuri disegni (avvilire la coppia candida come la neve). (O.L.)
«The Old Man and The Gun» di David Lowery (2018)
Se Avengers: Endgame segna l'ultima apparizione di Redford al cinema, preferiamo conservare il suo addio in The Old Man and The Gun. Invece di essere crepuscolare o spettrale, l'attore rimane dolce e cremoso nel ruolo di un rapinatore di banche il cui fatto d'armi è quello di non aver mai sparato un colpo. La sua ultima cortesia o civetteria? Voltarci le spalle come scena finale e lasciare come ultima immagine quella che ci facciamo nella nostra mente. (Lé.S.)


Commenti
Posta un commento