Pedersen, un appétit d’enfer


Brut d’entraînement mais réticent aux stages en altitude, le Danois s’approche à sa façon du niveau des coureurs intouchables sur les Monuments, seule ligne manquante à son palmarès. Et c’est à Roubaix qu’il a ses meilleures chances.

4 Apr 2024 - L'Équipe
LUC HERINCX

«Gagner un Monument, 
c’est mon objectif principal.
Si je pouvais choisir je prendrais Roubaix, 
mais un Monument reste un Monument, 
alors peu importe lequel» 
   - MADS PEDERSEN

« C’était un pari, convenait Mads Pedersen après sa victoire sur Gand-Wevelgem le 24 mars. Je devais absolument me convaincre que je pouvais battre au sprint Mathieu Van der Poel. » Le Danois doit même s’en convaincre toute l’année, tant le monstre des classiques est constamment érigé en favori au-dessus de lui, comme ce sera encore le cas dimanche sur Paris-Roubaix. « Il n’a pas de chance de courir à la même époque que des mecs comme Van der Poel, Van Aert, Pogacar ou Evenepoel, concède son coéquipier chez Lidl-Trek, Julien Bernard. Mais il s’approche de leur niveau et il y a des jours où il est capable de les battre. Les gens commencent à réaliser qu’il est en train de rentrer doucement dans ce cercle restreint des fantastiques. » Et ce, grâce à sa méthode.

Car, à 28 ans, Pedersen fait un autre pari, celui d’esquiver les stages en altitude que tous les grands coureurs du cyclisme moderne – Van der Poel et Wout Van Aert y étaient début mars – estiment pourtant incontournables dans leur préparation. « Je n’aime pas ça donc ça sert à rien de m’acharner » , justifie-t-il simplement. Sacrifier pendant trois semaines en montagne une vie de famille déjà minime le reste de l’année à cause des courses, le champion du monde sur route en 2019 ne le supporte pas. Et son entraîneur, Mattias Reck, n’insiste surtout pas.

« Pour un grimpeur ou un coureur qui vise un classement général, il ne fait aucun doute qu’il est nécessaire d’aller en altitude, explique le Suédois, qui établit les programmes de Pedersen depuis juin 2021. Mais, pour un coureur comme Mads, c’est différent. Je ne veux pas le persuader d’aller en montagne s’il n’en a pas envie et que je ne sais pas exactement ce qu’il a à y gagner. On essaiera sûrement un jour, mais sûrement pas cette année ou l’année prochaine, car cela devra venir de lui. Ce n’est pas parce que Wout le fait qu’on doit le faire! » Bernard résume: « Mads a ses certitudes, il sait ce qui marche pour lui ou non. »

La chaleur pour compenser l’altitude

Les gros volumes d’entraînement, par exemple, cela fonctionne. Selon le nombre de courses et de pépins physiques, Pedersen enquille entre 700 et 1100 heures de vélo par an, « ce qui le situe parmi ceux qui en font le plus dans l’équipe, d’après son entraîneur. Si un coéquipier s’entraînait aussi durement, ce serait sûrement trop. On fait des sorties de plus en plus longues chaque année et il adore ça, c’est très rare que je doive le motiver. »

Pour compenser l’altitude, Reck a aussi décidé d’intégrer un nouveau facteur dans la préparation du coureur danois: la chaleur. « Il avait beaucoup de mal avec ça au début, donc on en a fait de plus en plus pour qu’il s’y adapte. Puis de récentes études scientifiques ont montré que l’entraînement sous chaleur sur une longue période permettait non seulement d’augmenter le volume sanguin et sa capacité à tempérer son corps, mais aussi d’obtenir une forme comparable à celle après un stage en altitude. »

Pendant les rudes hivers chez lui, en Suisse, ou dans sa famille au Danemark, Pedersen s’impose donc régulièrement des séances de home-trainer recouvert par des couches de vêtement après un bain chaud ou pire, il s’entraîne dans un sauna. « Et on essaie de faire ces sessions sous chaleur à plusieurs moments de l’année, notamment à l’approche d’une grande course » , détaille son coach.

Une grande course, il y en aura une dimanche. Mais pour l’instant, les sorties se font plutôt sous pluie fine et vent frais. Avant-hier, Pedersen est allé reconnaître certains secteurs de Paris-Roubaix, suivi en voiture par son entraîneur. « C’était bien boueux et glissant, on voulait commencer à

Haveluy ( secteur pavé situé avant la trouée d’Arenberg) et ce n’était même pas possible » , décrit Reck.

Quatrième l’an dernier au vélodrome de Roubaix, Pedersen aime ces pavés car ils sont les plus à même de l’aider à atteindre son rêve ultime: remporter un Monument. « C’est mon objectif principal, lâchait-il sans détour en février. Si je pouvais choisir je prendrais Roubaix, mais un Monument reste un Monument, alors peu importe lequel. » Et malgré sa chute il y a huit jours sur À travers la Flandre, le Danois met tout en oeuvre pour être prêt sur la Reine des classiques. « Quand je le suivais à l’entraînement le vendredi avant le Tour des Flandres, il se sentait tellement mal… raconte son entraîneur. On a dû l’aider à voir les choses positivement. Dans les moments difficiles, même ces machines ont besoin de gens autour d’eux pour les soutenir. »

Très voire trop à l’offensive sur le Ronde dimanche, le coureur de Lidl-Trek a grillé maladroitement toutes ses cartouches pour espérer l’emporter (il a terminé à la 22e place), mais s’est sûrement rassuré du même coup.

« Il y a dix ans, peut-être que le Tour des Flandres aurait pu correspondre à son profil, mais avec la manière dont courent les Van der Poel, Evenepoel et Pogacar, c’est devenu bien plus compliqué, explique de toute façon son entraîneur. Mads n’a pas leur talent, il l’a déjà dit. Mais parfois, c’est possible de les battre. » Surtout à Roubaix, où seul le Néerlandais, son bourreau déjà dimanche dernier, sera présent. « Mads est sûrement le meilleur au sprint, et l’équipe s’est bien renforcée pour essayer de gagner un Monument » , rassure en plus son coéquipier Tim Declerq. Sans Jasper Stuyven (fracture d’une clavicule) mais avec Jonathan Milan, Pedersen arrive armé et taillé pour cette course. « Il a la morphologie parfaite pour Roubaix, observe son entraîneur. La puissance n’y est pas divisée par le poids du corps, il est à l’aise sur les pavés, et il devient meilleur que les autres quand la fatigue s’accumule. » Certains paris pourraient en inspirer d’autres.

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