Abécédaire du cyclisme en Italie


Terre du cyclisme par excellence, l’Italie s’apprête à accueillir pour la première fois le Grand Départ du Tour de France.

25 Jun 2024 - L'Équipe
DOSSIER RÉALISÉ PAR PHILIPPE LE GARS

A comme ADORNI 
Natif de Parme, Vittorio Adorni est décédé la veille de Noël 2022 à l’âge de 85 ans. Réputé pour son élégance sur le vélo, il fut équipier de Felice Gimondi chez Salvarani, puis d’Eddy Merckx chez Faema. Surtout, il remporta le Giro en 1965 et le titre mondial à Imola, trois ans plus tard. Il fut par la suite consultant sur les plateaux de la Rai, puis dans des émissions de variétés dans les années 1970, ce qui lui valut d’être surnommé le « showman ».

B comme BINDA
Alfredo Binda fut la première star du cyclisme. Né près de Varèse (Lombardie) en 1902, il fut le premier champion du monde de l’histoire en 1927, au Nürburgring, et s’imposera cinq fois sur le Tour d’Italie. Lassés par sa domination, les organisateurs lui offrirent les prix de la victoire finale en 1930 mais lui interdirent de prendre le départ pour donner un peu plus d’intérêt à l’épreuve. Il reste encore aujourd’hui le corecordman de victoires sur un Championnat du monde (3 succès) avec Van Steenbergen, Merckx, Freire et Sagan. C’est lui qui, plus tard, en tant que sélectionneur national, avait réussi la prouesse de faire cohabiter les deux rivaux Gino Bartali et Fausto Coppi sous le même maillot de l’équipe d’Italie sur le Tour de France 1949 (victoire de Coppi devant Bartali).

C comme CONCONI
Le professeur Francesco Conconi, basé à l’université de Ferrare, près de Bologne, a été surnommé le « faiseur de champions ». Des centaines de sportifs ont eu recours à ses soins basés sur l’hémo-transfusion. C’est le record de l’heure de Francesco Moser en 1984 qui l’a fait connaître du grand public. Il a été par la suite au centre de vastes enquêtes judiciaires dès la fin des années 1990, tout comme plus tard ses assistants Michele Ferrari (avec Armstrong) et Luigi Cecchini (avec Riis et Ullrich).

D comme DOLOMITES
Le plus célèbre des massifs italiens, à la frontière de l’Autriche, là où le Giro a écrit ses plus belles pages comme aux Trois Cimes de Lavaredo, où Eddy Merckx a ouvert son règne en 1968 en écoeurant la concurrence italienne et Felice Gimondi, relégué à plus de 6 minutes, pour remporter son premier grand Tour. C’est aussi le Gavia, théâtre d’une étape de légende en 1988 lorsque Andy Hampsten s’empara du maillot rose dans des conditions dantesques pour devenir le premier Américain vainqueur du Giro, sans oublier le Giau, le Pordoi et le Fedaia.

E comme ELEFANTINO
Le premier surnom donné à Marco Pantani, en référence à Dumbo, le personnage d’un dessin animé de Disney, en raison de ses oreilles proéminentes qui dépassaient de sa casquette à ses débuts dans l’équipe Carrera. C’est un peu plus tard chez Mercatone Uno, qu’il devint « le Pirate » en raison de son bandana, sa petite barbichette et sa boucle d’oreille dorée. Un surnom plus guerrier et moins romantique pour celui qui remporta au total seize étapes sur le Tour d’Italie (8) et le Tour de France (8).

F comme FAEMA
La première équipe italienne d’Eddy Merckx en 1968, alors que la marque de café, dont le siège était basé à Binasco, près de Milan, avait disparu des pelotons pendant six ans après avoir été sponsor de l’équipe de Rik Van Looy, sous licence belge, et même de Charly Gaul quand il remporta le Tour de France en 1958. Merckx gagne son premier Giro en 1968 puis son premier Tour en 1969 sous les couleurs de Faema.


G comme GINO LE PIEUX
Gino Bartali était surnommé ainsi par les journalistes du Tour de France 1938, quand il allait à la messe les jours de repos et qu’il méditait le soir après les étapes. Il fut happé par la guerre, mais remporta le Tour de France avant et après, à dix ans d’intervalle, en 1938 et en 1948. « D’un enfer de neige, d’eau, de glace, Bartali surgit radieusement, archange encroûté de boue, portant sous sa tunique détrempée l’âme précieuse du champion d’exception », l’avait ainsi dépeint Jacques Goddet, le patron du Tour, dans « L’Équipe » en 1948.

H comme HÉLICOPTÈRE
Celui de la RAI, la télévision publique italienne qui diffuse toutes les courses de la péninsule, souvent cité par les commentateurs pour ses belles prises de vue mais accusé aussi de favoriser certains coureurs, comme Francesco Moser sur le Tour d’Italie 1984 lors d’un contre-la-montre décisif à Vérone aux dépens de Laurent Fignon. 

I comme IMOLA 
Le circuit automobile Enzo e Dino Ferrari, en ÉmilieRomagne, tristement célèbre depuis l’accident mortel d’Ayrton Senna le 1er mai 1994, fut le théâtre du final du Championnat du monde remporté par Julian Alaphilippe en 2020, mais aussi celui de Vittorio Adorni en 1968 après 90 kilomètres d’échappée solitaire.

J comme JOLLY
L’une de ces équipes au montage financier chaotique qui apparurent en Italie dans les années 1980 et 1990. Celle-ci avait la particularité d’être dirigée par le champion du monde 1972 Marino Basso, ancien équipier d’Eddy Merckx chez Molteni. Les Français Jean-Claude Leclercq, Philippe Casado, Dante Rezze, Rémy Quinton ou Laurent Pillon portèrent ses couleurs.

K comme KNUDSEN
Le rouleur norvégien Knut Knudsen, champion olympique de poursuite individuelle à Munich en 1972, a fait toute sa carrière professionnelle en Italie et notamment sous les couleurs de l’équipe Bianchi. Il fut le premier Norvégien à remporter une étape du Giro en 1975 et reste le recordman de son pays avec 6 succès.

L comme LUPERINI
Fabiana Luperini a dominé le cyclisme féminin dans les années 1990 et 2000, et reste encore aujourd’hui la détentrice du nombre de victoires sur le Giro (5 succès). Elle avait été surnommée en Italie la « Pantanina » pour ses qualités en montagne.

M comme MALARIA
Le paludisme, qui a emporté Fausto Coppi le 2 janvier 1960 à son retour d’un critérium à Ouagadougou, en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso). Seize ans plus tôt, alors qu’il était prisonnier de l’armée britannique en Tunisie, pendant la guerre, il avait déjà contracté cette maladie infectieuse mais qui avait été rapidement diagnostiquée et soignée.

N comme NENCINI
Le nom de Gastone Nencini est lié à la chute de Roger Rivière sur le Tour de France 1960, qu’il remporta après l’abandon du Français, son principal rival. Vêtu du maillot jaune, il eut aussi l’honneur de serrer la main du Général de Gaulle lors du passage du Tour à Colombey-les-DeuxÉglises.

O comme OROPA
La montée vers le sanctuaire d’Oropa, dans le Piémont, rappelle évidemment l’un des exploits les plus retentissants de Marco Pantani sur le Tour d’Italie en 1999 quand, victime d’un incident mécanique juste au pied de l’ascension, il avait été attaqué par ses adversaires avant de les remonter un à un en l’espace de six kilomètres.

P comme PROSECCO
Le pétillant italien offert au vainqueur des courses italiennes sur le podium mais qui avait failli coûter un oeil à l’Érythréen Biniam Girmay, après sa victoire d’étape à Jesi sur le Giro en 2022, lorsque le bouchon lui avait sauté au visage.

Q comme QUARTIER TAPPA
Autrement dit le quartier de l’étape, c’est-à-dire le centre névralgique de toutes les courses organisées par RCS en Italie (Giro, Milan-San Remo, Tour de Lombardie…), là où sont installés les bureaux du staff et la salle de presse pour les journalistes et où a lieu la conférence de presse du vainqueur.

R comme REQUIN
Vincenzo Nibali est le requin de Messine, la cité portuaire de Sicile où il est né en 1984. Il est l’un des sept champions à avoir remporté durant sa carrière les trois grands Tours, il reste surtout le dernier coureur italien à s’être imposé sur le Giro, en 2016, et sur le Tour de France, il y a tout juste dix ans.

S comme SAN REMO
Si la cité portuaire de la côte ligurienne de 50 000 habitants est célèbre par la Primavera, qui ouvre la saison des classiques en mars, avec son fameux Poggio, elle fut aussi la première ville italienne à accueillir une étape du Tour de France, en 1948, dont le départ avait été donné à 245 kilomètres de là, à Marseille.

T comme TORRIANI
Vincenzo Torriani fut le premier grand patron charismatique du Tour d’Italie, « le Napoléon du Giro » comme le surnomma « la Gazzetta dello sport ». Son règne dura quarante-six ans, entre 1946 et 1992. Réputé pour ses idées originales et son esprit novateur, il fut à la pointe du progrès pour avoir découvert des cols devenus mythiques par la suite, comme le Mortirolo ou le Gavia, et imaginé, avant tout le monde, les contre-la-montre par équipes mais aussi les bonifications pour les vainqueurs d’étape. Ce qui rendait jaloux, paraît-il, son homologue du Tour de France Jacques Goddet.

U comme UNO
Le numéro 1 que se sont partagés Gino Bartali et Fausto Coppi pendant quinze années. Cette rivalité a tenu en haleine toute l’Italie dès 1940, quand le second, plus jeune de cinq ans, débuta comme équipier du premier. Elle dépassa largement le cadre sportif et s’identifia même au « divismo » (la dualité) qui marqua l’Italie d’après-guerre, entre le Nord plus libéral (Coppi) et le Sud plus croyant (Bartali). 

V comme VIGORELLI 
Le mythique vélodrome du Vigorelli, construit en 1935, doit son nom à la marque de cycles éponyme. Il fut le théâtre de neuf records de l’heure, le premier réalisé dès l’année de son inauguration par Giuseppe Olmo, suivi par Maurice Richard, Frans Slaats, Maurice Archambaud, Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Ercole Baldini et le dernier en 1957 par Roger Rivière.

W comme WEYLANDT
Le Belge Wouter Weylandt est décédé à 26 ans sur le Tour d’Italie, le 9 mai 2011, dans la descente du Passo del Bocco, près de Gênes, lors de la 12e étape. Il avait fait ses débuts chez Quick-Step avant de rejoindre les Leopard-Trek. Une stèle a été érigée en sa mémoire sur les lieux du drame. Les coureurs lui rendent hommage chaque 9 mai.

X comme XII
Le pape Pie XII a lui aussi laissé une trace dans l’histoire du cyclisme italien en consacrant la Madonna di Ghisallo en 1949 comme la patronne des cyclistes. La torche, portée notamment par Gino Bartali et Fausto Coppi, se trouve toujours à l’intérieur du sanctuaire, au-dessus du lac de Côme.

Y comme YAD VASHEM
En 2013, le mémorial Yad Vashem de Jérusalem, créé en mémoire des victimes juives de la Shoah, a reconnu Gino Bartali comme Juste parmi les Nations. Grâce à sa couverture de champion cycliste, il a joué un rôle important pour sauver des centaines de Juifs en passant des documents clandestinement. Après la guerre, Bartali a toujours refusé de parler de ces actes de résistance, qui sont donc longtemps restés méconnus.

Z comme DE ZAN
Adriano De Zan est la voix légendaire des courses cyclistes retransmises par la Rai. Il fut au micro de 1955 à 2000 avec des envolées lyriques qu’il tenait sans doute de ses parents chanteurs d’opérettes. Quand le Giro est repris par les chaînes de Silvio Berlusconi, entre 1993 et 1997, c’est son fils Davide qui le remplace. Il est décédé en 2001 à l’âge de 69 ans, un an après avoir quitté la Rai.

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