Bernard Hinault, le « Blaireau » fête ses 70 ans en pleine forme


PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/MAXPPP 
Bernard Hinault pose avec la flamme olympique, au sommet du pic du Midi (2 876 m), dans les Hautes-pyrénées, le 19 mai dernier, sur la route des JO de Paris 2024.

Les confidences de la légende du cyclisme français

Le célèbre Breton, qui célébrera cet été les 40 ans de son dernier succès sur le Tour de France, conserve un regard attentif sur le monde du sport.

13 Nov 2024 - Le Figaro
Jean-julien Ezvan

«Quand on n’a pas de soucis physiques et qu’on peut donner un coup de main pour la recherche contre le cancer ou pour des opérations humanitaires, il faut le faire. 
C’est une façon de redonner ce que la nature m’a donné » 
   - Bernard Hinault

« Quand vous êtes le champion, les champions d’autres disciplines veulent être avec vous. J’ai été avec Cyrille (Guimard), avec Paul Koechli. Ce sont des gens que l’on choisit et qui vous choisissent »

« Le jour où on aura un coureur qui aura les capacités de Pogacar, on pourra rêver d’une victoire. Le vainqueur du Tour, c’est un athlète hors norme. Il n’est pas fait comme les autres »

Mâchoires serrées, regard noir, Bernard Hinault a passé sa carrière à lutter contre le temps. Spécialiste du contre-lamontre, recordman des chronos remportés sur le Tour de France (15, devant Eddy Merckx, 13, et Jacques Anquetil, 11), le Tabarly des terres est souvent sorti vainqueur. De longues années plus loin, le boxeur en cuissard est un monument régulièrement restauré par de nouveaux regards. Après avoir été raconté sous forme de films, de livres ou d’une pièce de théâtre, Bernard Hinault a, l’an dernier, été croqué dans un manga. Une manière de rester à la page pour celui qui a appris à laisser glisser le temps. Sans chercher à le retenir. À la veille de ses 70 ans (ce jeudi), il raconte : « Je ne suis pas encore à la maison de retraite, c’est bon… J’ai autour de moi ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, que pourrais-je avoir de plus que ma famille et les amis avec qui je m’entends super bien. J’ai une vie de rêve. J’ai la chance d’avoir une bonne santé et cela joue énormément. »

Posé au sommet du pic du Midi (2 876 m), le Breton a, en mai, été un porteur de flamme enthousiaste sur la route des Jeux de Paris 2024 : « On a eu de la chance avec le temps, le soleil est sorti entre les deux flammes. C’était un plaisir. Si à l’époque on nous avait autorisés à participer aux Jeux olympiques, cela aurait été avec grand plaisir, j’aurais pu me confronter avec les coureurs des pays de l’est, notamment Sergueï Soukhoroutchenkov (Soviétique vainqueur notamment de la Course de la paix en 1979, 1981 et 1984, NDLR). » Bernard Hinault a ensuite vécu l’événement intensément avec l’un de ses petits-fils : « C’était beau de voir la France comme ça. Ces Jeux ont, avec certaines compétitions, montré nos beaux monuments. On n’avait jamais vu ça. La montée de Montmartre avec le vélo, l’arrivée en face de la tour Eiffel…, la France a été mise en valeur. Il faut dire merci à tous ceux qui ont pensé à ça. Durant les JO et les Paralympiques on voyait la ferveur. C’était génial. »

Actif, parrain de plusieurs oeuvres caritatives, Bernard Hinault, à la retraite depuis 2016, souligne : « Je suis pas mal occupé. Une semaine de sept jours est parfois trop courte, mais il faut savoir lever le pied, ne pas tout vivre à fond. J’ai cette chance de pouvoir choisir ce que je veux faire. Quand on n’a pas de soucis physiques et qu’on peut donner un coup de main pour la recherche contre le cancer ou pour des opérations humanitaires, il faut le faire. C’est une façon de redonner ce que la nature m’a donné. Je participe aussi à des campagnes de sensibilisation à la pratique quotidienne du sport, avec un cardiologue. Pour dire aux gens : “Faites un peu de sport, ne serait-ce que trente minutes de marche par jour.” Je fais toujours un peu de vélo, mais pas comme je voudrais. Cette année, j’en ai fait moins que les autres années, mais ça va revenir… Alors, assis à regarder le temps qu’il fait dehors, c’est juste quand il pleut, sinon on va dans la forêt, on coupe, on plante… Rien que tout ça, ça occupe pas mal. J’ai une vie bien remplie, qui n’a rien de monotone, loin de là. C’est royal.»

Dans un environnement paisible, à Carloguen (700 habitants), dans les Côtes-d’armor, commune qui sera traversée lors de la 7e étape (Saint-malomûr-de-bretagne) en hommage lors du prochain Tour de France.

S’il assure avoir gardé « des maillots, des photos… il y en a un peu partout mais sans les mettre en valeur», le Bernard Hinault d’hier et d’aujourd’hui accepte de feuilleter une carrière arrêtée à 32 ans, comme il l’avait longtemps auparavant annoncé. En gardant une tendresse particulière pour le tout premier bouquet remporté à Planguenoual, à 16 ans : « Je suis parti en disant à ma mère : “Ce soir, je te ramène le bouquet.” Elle m’a répondu : “Espèce d’innocent, tu rigoles, tu n’as jamais fait de vélo en compétition.” Mais j’avais des attitudes physiques hors norme par rapport à tous mes collègues. Il fallait savoir en profiter… »

La collection sera folle. S’il se refuse à classer ses succès, Bernard Hinault retient avec plaisir : « Sallanches 1980, les championnats du monde, c’était un vrai plaisir sur un terrain de jeu qui était fait pour moi. Liège-bastogne-liège 1980

(rebaptisé Neige-bastogne-neige en raison des conditions climatiques épouvantables), Paris-roubaix 1981, avec le maillot de champion du monde sur le dos pour venir à bout de cette “cochonnerie” ou les succès sur les grands Tours


(5 Tours de France, 3 Giros, 2 Vueltas)… Tout cela, ce sont de très grands moments. Mais même une petite course qu’on gagne alors que ce n’est pas prévu dans le programme, parce qu’on n’est pas entraîné suffisamment et qu’on finit par remporter par le jeu, cela fait énormément plaisir. La compétition, c’est le jeu, ce n’est pas un métier. C’est ce qui fait la différence. Durant toute ma période sportive, j’ai beaun’était coup joué, même si c’est un jeu qui fait mal de temps en temps comme lors de l’abandon du Tour 1980 (avec le maillot jaune au soir de la 12e étape, à Pau, en raison d’une blessure au genou gauche).»

Il a lutté avec les Néerlandais Joop Zoetemelk et Jan Raas, les Italiens Francesco Moser et Giuseppe Saronni, a brillé par tous les temps. Porté des maillots de légende : « Les plus beaux ? Le maillot jaune et le maillot arc-en-ciel. Et ceux de Renault-gitane et de La Vie claire, deux magnifiques maillots qui sont un peu sortis de l’ordinaire. Le Renault rayé jaune et noir et le Mondrian de La Vie claire, c’était exceptionnel. On me parle encore aujourd’hui du maillot de La Vie claire. » Une carrière riche et des rencontres inoubliables : « Quand vous êtes le champion, les champions d’autres disciplines veulent être avec vous. J’ai été avec Cyrille (Guimard), avec Paul Koechli. Ce sont des gens que l’on choisit et qui vous choisissent. Tapie, c’étaient des moments fantastiques. Être engagé comme technicien et pas comme coureur cycliste (pour adapter le système de fixation des skis aux pédales de vélo). Des moments fantastiques… »

Mais avec Hinault, la nostalgie n’a pas le droit de s’asseoir et les regrets sont interdits : « Ce qu’on a fait, on l’a fait, on ne pourra pas le refaire. Il faut l’apprécier, se dire après tout que ce pas si mal. Et regarder les jeunes qui, aujourd’hui, sont performants, nous font rêver. Pogacar m’épate. Je l’avais vu sur le Tour de l’avenir (en 2018), quand il avait gagné. Il avait 18 ans. J’étais avec Philippe Bouvet (ancien journaliste de L’équipe) et on s’était dit : “Celui-là, attention.” Et il a confirmé, a progressé d’année en année. Il domine le cyclisme magnifiquement. Il fait déjà partie de la classe des grands. Et ce qui fait plaisir à beaucoup d’anciens, c’est qu’il ne se pose pas de questions. Il attaque de loin par rapport à une période où cela ne bougeait pas, où de grosses équipes bloquaient tout. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus ouvert et on a une génération de jeunes, de tous les pays, qui arrive. Au Mexique, en Espagne, en Belgique… Il y en a partout et ça fait rêver. »

Au coeur d’une époque dominée par Tadej Pogacar, déjà le plus grand ? « On ne peut pas comparer les époques. Parce que ce ne sont pas les mêmes vélos, les mêmes méthodes d’entraînement. Mais c’est le grand champion des années 2000, 2020, 2030… Parce que sa carrière est loin d’être finie, à moins d’un accident. Quand on le voit partir, on sent qu’il s’amuse, se fait plaisir à faire du vélo, c’est ce qui fait qu’il durera longtemps. Je me reconnais dans cette attitude, cette envie. Ne pas se poser de questions et attaquer. Lors du championnat du monde de Zurich (en septembre), quand il attaque à 100 kilomètres de l’arrivée, tout le monde a dit que c’était une folie, mais non. Il a surpris tous ses adversaires. Il faut surprendre. Et, quand on regarde le finale, les autres sont bien fatigués. À la fin du Tour de France, après avoir déjà gagné le Tour d’italie, il avait dit : “Je veux gagner le championnat du monde.” Pas “j’ai envie”, “je veux”… Et il l’a fait. Et l’année prochaine, il aura une occasion fantastique, le Rwanda, avec un terrain encore plus difficile que cette année, puis à Montréal en 2026, ce ne sera pas non plus un parcours facile, avant Sallanches en 2027. Il peut être champion du monde quatre années de suite… »

Quant aux doutes qui accompagnent certaines performances, sempiternelle rengaine dans le cyclisme, le «Blaireau », toujours prêt à mordre, lâche : « C’est un peu ridicule. Ont-ils des preuves? On se pose toujours des questions sur les coureurs cyclistes, mais on ne se pose pas de questions sur les athlètes aux Jeux olympiques. Il y a des sportifs qui sont hors norme. Les records sont faits pour être battus. En natation, on a vu des athlètes qui ont fait des performances incroyables et on ne se pose pas la question. Pourquoi toujours le cyclisme ? Le cyclisme est très contrôlé. On n’est pas à l’abri d’un idiot qui croit qu’il va être le champion parce qu’il va prendre un produit, mais pour l’instant on n’en a pas. »

S’il accompagne toujours certaines épreuves (Tour de Bretagne, Tour de l’avenir, notamment), Bernard Hinault se languit de voir un Français lui succéder au palmarès de la Grande Boucle : « Je ne pensais pas quand j’ai gagné en 1985 que je serais encore, quarante ans après, le dernier vainqueur français du Tour de France. On n’a peut-être pas le champion avec des aptitudes comme peuvent en avoir Pogacar, Vingegaard ou même Remco (Evenepoel) et d’autres jeunes. C’est comme ça. Le jour où on aura un coureur qui aura les capacités de Pogacar, on pourra rêver d’une victoire. Le vainqueur du Tour, c’est un athlète hors norme. Il n’est pas fait comme les autres. Il est capable de grimper, il est capable de rouler, il est capable de sprinter. Et actuellement, chez nous, on n’a pas ça. Il faudra le découvrir. Comme on a un Léon Marchand, qui a fait des performances extraordinaires. Comme Teddy Riner. Un combattant. Il a 35 ans, mais a parlé d’aller aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. C’est l’expression d’un athlète qui domine à tous les niveaux la compétition. »

Les petits-enfants (Armand, 10 ans, et Lucien, 8 ans) de Bernard Hinault meublent son quotidien. Il confie : « Celui qui a 10 ans commence le cyclisme. Je me suis fait plaisir sur le vélo. J’espère que lui prendra autant de plaisir que moi, s’il continue. On verra bien. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Ce serait pas mal s’il devenait un Mathieu Van der Poel (petit-fils de Raymond Poulidor), mais il ne faut pas lui mettre ça dans la tête. Il faut le laisser vivre sa vie, c’est le plus important… »

***

Bernard Hinault posa con la fiamma olimpica in cima al Pic du Midi (2.876 m) negli Hautes-Pyrénées il 19 maggio, sulla strada per le Olimpiadi di Parigi 2024.

Bernard Hinault, il “Tasso”, festeggia il suo 70° compleanno in forma smagliante

Le confidenze della leggenda del ciclismo francese

Il famoso bretone, che quest'estate festeggerà il 40° anniversario del suo ultimo successo al Tour de France, segue da vicino il mondo dello sport.

di Jean-Julien Ezvan

13 novembre 2024 - Le Figaro

"Quando non hai preoccupazioni fisiche e puoi dare una mano alla ricerca sul cancro o alle operazioni umanitarie, devi farlo.
È un modo per restituire ciò che la natura mi ha dato”.
- Bernard Hinault

"Quando sei il campione, i campioni di altre discipline vogliono stare con te. Sono stato con Cyrille (Guimard), con Paul Koechli. Sono persone che scegli e che ti scelgono.

"Il giorno in cui avremo un corridore con le capacità di Pogacar, potremo sognare la vittoria. Il vincitore del Tour è un atleta straordinario. Non è come gli altri."

Mascelle serrate, occhi neri, Bernard Hinault ha trascorso la sua carriera lottando contro il tempo. Specialista delle cronometro e detentore del record di cronometro vinte al Tour de France (15, davanti a Eddy Merckx (13) e Jacques Anquetil (11)), l'interno di Tabarly ne uscì spesso vittorioso. Molti anni dopo, il pugile in calzoncini è un monumento regolarmente restaurato da nuovi occhi. Dopo essere stato raccontato in film, libri e opere teatrali, l'anno scorso Bernard Hinault è stato ritratto in un manga. È un modo per stare al passo con i tempi per un uomo che ha imparato a lasciarsi trasportare dal tempo. Senza cercare di trattenerlo. Alla vigilia del suo 70° compleanno (questo giovedì), dice: “Non sono ancora in casa di riposo, va bene così... Sono circondato da mia moglie, dai miei figli, dai miei nipoti, cosa posso avere di più della mia famiglia e dei miei amici con cui vado molto d'accordo.Ho una vita da sogno. Ho la fortuna di essere in buona salute e questo gioca un ruolo fondamentale.

In cima al Pic du Midi (2.876 m), il bretone è stato un entusiasta tedoforo sulla strada verso i Giochi di Parigi 2024 a maggio: “Siamo stati fortunati con il tempo, il sole è uscito tra le due fiamme. È stato un piacere. Se all'epoca ci avessero permesso di partecipare ai Giochi Olimpici, sarebbe stato un grande piacere. Avrei potuto misurarmi con corridori dell'Europa dell'Est, in particolare con Sergei Sukhorushenko (vincitore sovietico della Peace Race nel 1979, 1981 e 1984, ndr)”. Bernard Hinault ha poi vissuto intensamente l'evento con uno dei suoi nipoti: “È stato meraviglioso vedere la Francia così. Questi Giochi, insieme ad alcune competizioni, hanno messo in mostra i nostri bellissimi monumenti. Non avevamo mai visto nulla di simile. La salita a Montmartre con la bicicletta, l'arrivo davanti alla Torre Eiffel... La Francia è stata messa in mostra.

Grazie a tutti coloro che ci hanno pensato.Durante le Olimpiadi e le Paraolimpiadi, si vedeva il fervore. È stato fantastico.

Bernard Hinault, che si è ritirato nel 2016, è uno sponsor attivo di diverse associazioni di beneficenza: “Sono molto impegnato. Una settimana di sette giorni a volte è troppo corta, ma bisogna sapere quando è il caso di allentare la tensione e non fare il passo più lungo della gamba. Ho la fortuna di poter scegliere cosa fare. Quando non hai preoccupazioni fisiche e puoi dare una mano alla ricerca sul cancro o alle operazioni umanitarie, devi farlo. È un modo per restituire ciò che la natura mi ha dato. Con un cardiologo partecipo anche a campagne di sensibilizzazione sull'importanza dell'esercizio fisico quotidiano. Per dire alle persone: “Fate un po' di sport, anche solo una passeggiata di trenta minuti al giorno”.

Vado ancora un po' in bicicletta, ma non come vorrei.

Quest'anno l'ho fatto meno degli altri anni, ma tornerà... Quindi, stare fuori a guardare il tempo, solo quando piove, altrimenti andiamo nel bosco, tagliamo, piantiamo... Tutto questo mi tiene abbastanza occupato.Ho una vita molto piena, tutt'altro che monotona.

È reale”.

In un ambiente tranquillo, a Carloguen (700 abitanti), nella Côtes-d'Armor, un comune che sarà attraversato durante la 7ª tappa (Saint-malomûr-de-bretagne) in omaggio al prossimo Tour de France.




Anche se insiste sul fatto di aver conservato “maglie, foto... sono dappertutto, ma non sono in mostra”, il Bernard Hinault di ieri e di oggi accetta di ripercorrere una carriera che si è conclusa a 32 anni, come aveva annunciato molto tempo prima. È particolarmente affezionato al primo mazzo di fiori vinto a Planguenoual all'età di 16 anni: “Me ne andai dicendo a mia madre: ‘Stasera ti riporto il mazzo di fiori’. Lei mi rispose: “Bastardo innocente, stai scherzando, non hai mai corso in bicicletta in una competizione”. Ma avevo un'attitudine fisica straordinaria rispetto a tutti i miei colleghi. Bisognava solo sfruttarla al meglio...”.

È stata una collezione pazzesca. Anche se si rifiuta di stilare una classifica dei suoi successi, Bernard Hinault ricorda volentieri: “Sallanches 1980, il campionato del mondo, è stato un vero piacere su un campo di gioco fatto apposta per me.

La Liegi-bastogne-liegi 1980 (ribattezzata Neige-bastogne-neige a causa delle terribili condizioni meteorologiche), la Parigi-Rubaix 1981, con la maglia di campione del mondo sulle spalle per superare quella “brutta” corsa, o i successi nei grandi Giri (5 Tour de France, 3 Giri, 2 Vuelta)... Tutti questi sono grandi momenti. Ma anche una piccola corsa che vinci anche se non era nel tuo programma, perché non ti sei allenato abbastanza, e che finisci per vincere perché stai giocando, ti dà un enorme piacere. La competizione è un gioco, non una professione.

È questo che fa la differenza.

È stata una collezione pazzesca”. Anche se rifiuta di stilare una classifica dei suoi successi, Bernard Hinault ricorda volentieri: “Sallanches 1980, i campionati del mondo, è stato un vero piacere su un campo di gioco fatto apposta per me. La Liegi-bastogne-liegi 1980 (ribattezzata Neige-bastogne-neige a causa delle terribili condizioni meteorologiche), la Parigi-Rubaix 1981, con la maglia di campione del mondo sulle spalle per superare quella “brutta” corsa, o i successi nei grandi Giri (5 Tour de France, 3 Giri, 2 Vuelta)... Tutti questi sono grandi momenti. Ma anche una piccola corsa che vinci anche se non faceva parte del tuo programma, perché non ti sei allenato abbastanza, e finisci per vincere perché stai giocando, è un piacere enorme. La competizione è un gioco, non una professione. È questo che fa la differenza. Nel corso della mia carriera sportiva, ho sempre giocato, anche se ogni tanto fa male, come quando mi sono ritirato dal Tour nel 1980 (con la maglia gialla la sera della 12ª tappa a Pau, a causa di un infortunio al ginocchio sinistro)”.

Ha lottato con gli olandesi Joop Zoetemelk e Jan Raas e con gli italiani Francesco Moser e Giuseppe Saronni e ha brillato in tutte le condizioni atmosferiche. Indossando maglie leggendarie: "Le migliori? La maglia gialla e la maglia iridata. E le maglie Renault-Gitane e La Vie Claire, due maglie magnifiche che erano un po' fuori del comune. La Renault a strisce gialle e nere e la Mondrian de La Vie Claire erano eccezionali. Ancora oggi la gente mi parla della maglia de La Vie Claire". Una carriera ricca e incontri indimenticabili: “Quando sei il campione, i campioni di altre discipline vogliono stare con te. Sono stato con Cyrille (Guimard) e Paul Koechli. Sono persone che scegli e che ti scelgono. Con Tapie sono stati tempi fantastici. Essere assunto come tecnico e non come corridore (per adattare il sistema di fissaggio degli sci ai pedali della bicicletta). Tempi fantastici...”.

Ma per Hinault la nostalgia non ha posto e i rimpianti sono vietati: “Quello che abbiamo fatto, lo abbiamo fatto, non possiamo rifarlo. Bisogna apprezzarlo, dirsi che in fondo non è stato così male. E guardare i giovani che oggi si comportano bene, che ci fanno sognare. Pogacar mi stupisce. L'ho visto vincere il Tour de l'avenir (nel 2018). Aveva 18 anni. Ero con Philippe Bouvet (ex giornalista de L'équipe) e ci siamo detti: “Attenti a questo”. E lo ha confermato, migliorando di anno in anno. Domina magnificamente il ciclismo. È già uno dei grandi. E ciò che piace a molti dei vecchietti è che non si pone domande. Attacca da lontano, rispetto a un periodo in cui le cose erano ferme e le grandi squadre bloccavano tutto. Oggi le cose sono molto più aperte e abbiamo una generazione di giovani che arrivano da tutto il mondo. Messico, Spagna, Belgio... sono ovunque ed è un sogno che si realizza".

Nel cuore di un'epoca dominata da Tadej Pogacar, già il più grande? "Non si possono confrontare le epoche. Perché non hanno le stesse moto o gli stessi metodi di allenamento. Ma è il grande campione degli anni 2000, 2020, 2030... Perché la sua carriera è tutt'altro che finita, salvo incidenti. Quando lo si vede partire, si capisce che si sta divertendo, che si sta godendo il ciclismo, e questo è ciò che lo farà andare avanti per molto tempo. Mi riconosco in quell'atteggiamento, in quella voglia. Non fare domande e attaccare. Ai campionati del mondo di Zurigo (a settembre), quando ha attaccato a 100 chilometri dall'arrivo, tutti dicevano che era una follia, ma non lo era. Ha sorpreso tutti i suoi avversari prendendo il comando. Ha sorpreso tutti i suoi avversari. Bisogna sorprendere.

E se si guarda al finale, gli altri sono molto stanchi.

Alla fine del Tour de France, dopo aver già vinto il Giro d'Italia, ha detto: “Voglio vincere il campionato del mondo”. Non “voglio”, “voglio”... E l'ha fatto. E l'anno prossimo avrà una fantastica opportunità, in Ruanda, con un terreno ancora più difficile di quello di quest'anno, poi a Montreal nel 2026, che non sarà un percorso facile, prima di Sallanches nel 2027. Potrebbe essere campione del mondo per quattro anni di fila...”.

Quanto ai dubbi che accompagnano certe prestazioni, un eterno ritornello nel ciclismo, il “Tasso”, sempre pronto a mordere, dice: “È un po' ridicolo. Hanno qualche prova? Facciamo sempre domande sui corridori di ciclismo, ma non facciamo domande sugli atleti dei Giochi Olimpici. Ci sono atleti che sono fuori dal comune. I record sono fatti per essere infranti. Nel nuoto, abbiamo visto atleti fare prestazioni incredibili e non li mettiamo in discussione. Perché il ciclismo? Il ciclismo è molto controllato. Non siamo immuni da qualche idiota che pensa di diventare campione perché prende un prodotto, ma per il momento non ne abbiamo.

Anche se accompagna ancora alcuni eventi (Giro di Bretagna, Tour de l'Avenir, in particolare), Bernard Hinault desidera che un francese gli succeda nella lista dei vincitori della Grande Boucle: “Non pensavo, quando ho vinto nel 1985, che sarei stato ancora, quarant'anni dopo, l'ultimo vincitore francese del Tour de France. Forse non abbiamo un campione con le capacità che hanno Pogacar, Vingegaard o anche Remco (Evenepoel) e altri giovani corridori. Le cose stanno così. Il giorno in cui avremo un corridore con le capacità di Pogacar, potremo sognare la vittoria. Il vincitore del Tour è un atleta straordinario. Non è come gli altri. Sa scalare, sa pedalare, sa sprintare. E al momento non abbiamo queste caratteristiche. Dovremo scoprirlo. Come (il nuotatore) Léon Marchand, che ha offerto prestazioni straordinarie. Come (il judoka) Teddy Riner. Un combattente. Ha 35 anni, ma ha parlato di andare alle Olimpiadi di Los Angeles nel 2028. È l'espressione di un atleta che domina la competizione a ogni livello.

I nipoti di Bernard Hinault (Armand, 10 anni, e Lucien, 8) fanno parte della sua routine quotidiana. Confida: “Chiunque a 10 anni inizia ad andare in bicicletta. Mi sono divertito in bicicletta. Spero che anche lui si diverta come me, se continuerà ad andare avanti. Vedremo. Ma non dobbiamo mettere il carro davanti ai buoi. Non sarebbe male se diventasse un Mathieu van der Poel (nipote di Raymond Poulidor), ma non possiamo metterglielo in testa. Lasciamogli vivere la sua vita, è questa la cosa più importante...”.

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