Patron incognito
Par ses résultats et son statut de star du peloton, Tadej Pogacar, qui a obtenu de s’aligner sur Paris-Roubaix, est devenu un personnage influent de son équipe.
"Quand ils sont en course, ils font un plan,
mais à la fin, c’est Pogacar qui décide"
- UN MEMBRE DU STAFF DE L’ÉQUIPE UAE
"J’assume la responsabilité:
si ça se passe mal,
je suis le seul responsable"
- FERNANDEZ MATXIN, MANAGER SPORTIF D’UAE
27 Mar 2025 - L'Équipe
Y. H. (avec P. Me.)
Les organisateurs de Paris-Roubaix et les fans peu ventre mercier Tim Wellens. Grâce au Belge parti en reconnaissance des 150 derniers kilomètres du parcours de la reine des classiques, le 10 février, Tadej Pogacar sera présent au départ de Compiègne, le 13 avril, à 26 ans. «Tadej ne voulait pas laisser Tim tout seul, il l’a accompagné et cela lui a plu, explique Mauro Gianetti, manager général d’UAE. On a donc mis Roubaix à son programme tout en se laissant le temps de la réflexion, avec l’idée de faire le point après Milan-San Remo.»
Son équipe ne pouvait pas tenir le troisième de la dernière Primavera en laisse trop longtemps et hier, elle a fini par dégainer un communiqué pour confirmer ce que L’Équipe laissait entendre, la veille, avec son retrait de l’E3Saxo Bank Classic (demain) et de Gand Wevelgem (dimanche): il mettra bien un premier pied dans l’Enfer du Nord. Joueur, il avait allumé beaucoup trop de clignotants, klaxonné trop fort dans la Trouée d’Arenberg – qu’il aurait trouvé très jolie – pour que ce ne soit qu’une simple tentative de rentrer dans la tête des es adversaires.
Mais le processus de décision ne fut pas aussi simple que veulent bien le dérouler au jourd’hui les dirigeants, à commencer par Fernandez Matxin, le manager sportif: «J’ai écrit à Tadej (après la reco), je lui ai demandé ce qu’il en pensait, il m’a dit que c’était vraiment amusant et m’a demandé ce que j’en pensais, si on essayait. On s’est vus 48 heures plus tard au Tour UAE, le premier jour, et on a parlé. Au déjeuner, on s’est assis, il m’a dit: “Ça me semble l’année parfaite pour le tenter.” Depuis la première heure, on est sur la même ligne, on assume la décision d’un coureur comme Tadej, on l’écoute, et voilà.»
Avec ses raids au long cours mais aussi depuis sa victoire sur le Giro l’an dernier et lors des Championnats du monde à Zurich, le triple vainqueur du Tour a gagné peu à peu sa liberté, et le staff, logiquement, ne peut plus le considérer comme le gamin arrivé de Komenda à 18 ans et à qui ils ont longtemps, par exemple, refusé de participer au Giro, sa course de coeur. S’ils peuvent encore lui imposer des sachets de 77 grammes de Dragibus après une étape, pour le reste, ils marchent sur un fil avec leur star et ne cherchent pas à la braquer: «Roubaix, c’est plus qu’une course de vélo, estime Gianetti. On ne pouvait ni lui imposer ni lui refuser.»
Commeencourse,c’estunpeu lui qui décide. Lors de la Grande Boucle, l’été dernier, il avait explosétouslesplansdesonéquipe établis le matin en vue de l’étape vers Saint-Lary-Soulan. «Quand ils sont en course, ils font un plan, mais à la fin, c’est Pogacar qui décide », confirme un membre du staff. En dehors, ce serait plus subtil selon Gianetti, chez qui on sent bien que la question de l’omnipotence éventuelle de son coureur peut froisser : « On se rend compte de la valeur et de l’importance qu’il a pour le cyclisme, mais on ne voulait pas le pousser à faire Paris-Roubaix, même s’il n’y a pas besoin de beaucoup le pousser (sourires). On voulait que cela vienne de lui, qu’il soit convaincu par cette idée.»
À part prendre le départ de la «boucherie» de Bruges-La Panne (voir page 26), l’équipe ne peut plus lui interdire grand chose, ce que nuance son agent Alex Carera: «Tadej n’est pas le boss. Il doit respecter les règles comme les autres coureurs, mais c’est normal que son opinion soit prise en compte. Le patron, c’est Matar.» Matar Suhailal-Yabhouni al-Dhaheri, grand financier de l’équipe, a été tenu au courant des récentsé changes sur la question roubaisienne puis de la décision prise, mardi soir, sans avoir tranché malgré les enjeux économiques qui en tour ent son champion.
Car derrière ses airs de trublion rigolard, «Pogi» incarne le projet UAE sur le long terme (il a prolongé son contrat jusqu’en 2030), bien qu’en juillet dernier, il niait son influence: « Je ne me considère pas comme un leader, je reste le même. Avec les gars autour de moi, on travaille pour un même objectif, la victoire. Je ne suis pas un patron autoritaire (sourires). Nous avons d’autres leaders pour ça, les directeurs sportifs, les managers.»
L’un d’eux, Matxin, présent au Tour de Catalogne, avait conscience hier des dangers de l’exposer aux arêtes des pavés: « Évidemment, il y a un risque, mais la décision était déjà prise du côté sportif. J’assume la responsabilité: si ça se passe mal, je suis le seul responsable. Et si ça se passe bien, c’estparcequ’onad’excellentscoureurs.» Un phénomène, sur tout, qui a obtenu d’aller s’amuser dans l’Enfer du Nord.
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Il patron incognito
Grazie ai suoi risultati e al suo status di superstar del gruppo, Tadej Pogacar, che si è assicurato un posto alla Parigi-Roubaix, è diventato una figura influente nella sua squadra.
“Quando si corre, (alla UAE) facciamo un piano,
ma alla fine è Pogacar a decidere”.
- UN MEMBRO DELLO STAFF DELLA SQUADRA UAE
“Mi assumo la responsabilità:
se qualcosa va storto,
sono l'unico responsabile”.
- FERNANDEZ MATXIN, DIRETTORE SPORTIVO DELLA UAE
27 marzo 2025 - L'Équipe
Y. H. (con P. Me.)
Gli organizzatori della Parigi-Roubaix e i tifosi di Tim Wellens. Grazie al belga, che il 10 febbraio è partito in ricognizione sugli ultimi 150 chilometri del percorso della regina delle classiche, Tadej Pogacar sarà presente alla partenza di Compiègne il 13 aprile, a 26 anni. Tadej non voleva lasciare Tim da solo, così è andato con lui e gli è piaciuto”, spiega Mauro Gianetti, direttore generale della UAE. Così abbiamo inserito la (ricognizione della) Roubaix nel suo programma, prendendoci il tempo di riflettere, con l'idea di fare il punto dopo la Milano-Sanremo”.
La sua squadra non è riuscita a tenere al guinzaglio troppo a lungo il terzo classificato dell'ultima Classicissima di Primavera e ieri (26 marzo, ndr) ha finalmente rilasciato un comunicato che conferma quanto L'Équipe aveva lasciato intendere il giorno prima, con il suo ritiro dalla E3Saxo Bank Classic (domani, venerdì 28) e dalla Gand Wevelgem (domenica 30: sarà infatti lui a mettere il primo piede nell'Inferno del Nord. Come giocatore, ha messo troppi indicatori e ha suonato troppo forte il clacson nella Trouée d'Arenberg - che avrebbe trovato molto bella - perché questo non fosse altro che un semplice tentativo di entrare nella testa dei suoi rivali.
Ma il processo decisionale non è stato così semplice come vorrebbero descriverlo oggi i leader, a cominciare da Fernandez Matxin, il direttore sportivo: “Ho scritto a Tadej (dopo la ricognizione), gli ho chiesto cosa ne pensasse, mi ha detto che era molto divertente e mi ha chiesto cosa ne pensassi, se lo avessimo provato. Ci siamo visti 48 ore dopo all'UAE Tour, il primo giorno, e abbiamo parlato. Ci siamo seduti a pranzo e mi ha detto: “Questo sembra l'anno perfetto per provarci”. Fin dall'inizio, siamo stati sulla stessa linea: abbiamo accolto la decisione di un corridore come Tadej, lo abbiamo ascoltato e basta”.
Con le sue scorribande sulle lunghe distanze, ma anche dopo la vittoria al Giro dell'anno scorso e ai Campionati del Mondo di Zurigo, il tre volte vincitore del Tour ha gradualmente guadagnato la sua libertà e lo staff, logicamente, non può più considerarlo come il ragazzo arrivato da Komenda all'età di 18 anni e che per molto tempo, ad esempio, si è rifiutato di far partecipare al Giro, la sua corsa preferita. Mentre possono ancora costringerlo a mangiare pacchetti di Dragibus da 77 grammi dopo una tappa, per il resto, camminano sul filo del rasoio con la loro star e non cercano di scoraggiarlo: “La Roubaix è più di una semplice gara ciclistica”, dice Gianetti. Non abbiamo potuto né imporglielo né rifiutarlo.
Come nelle corse, spetta a lui decidere. Durante la Grande Boucle dell'estate scorsa, ha mandato all'aria tutti i piani che la sua squadra aveva elaborato al mattino per la tappa di Saint-Lary-Soulan. “Quando corrono, fanno un piano, ma alla fine è Pogacar a decidere”, conferma un membro dello staff. Lontano dalla corsa, la cosa sarebbe più sottile secondo Gianetti, per il quale è chiaro che la questione della possibile onnipotenza del suo corridore potrebbe offendere: “Ci rendiamo conto del valore e dell'importanza che ha per il ciclismo, ma non volevamo spingerlo a fare la Parigi-Roubaix, anche se non c'è bisogno di spingerlo molto (sorride). Volevamo che fosse lui a decidere, a convincerlo dell'idea.
A parte prendere il via alla “macelleria” di Bruges-La Panne (vedi pagina 26), la squadra non può fare molto per impedirgli di farlo.
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