Meneur à l’origine de la dynastie des Celtics dans les années 1960,
Bob Cousy (96 ans) a la particularité d’avoir été le premier joueur francoaméricain en NBA, lui dont les parents ont migré d’un village de l’est de la France vers New York quand sa mère
“Mon premier chèque était de 9000 dollars la saison.
C’est fou de se dire que soixante-dix ans plus tard,
certains joueurs signent des contrats à plus des contrats à plus de 300 millions"
- BOB COUSY, PREMIER JOUEUR
FRANCO-AMÉRICAIN EN NBA
"Je n’étais pas assez conscient du racisme systémique que Bill Russell subissait.
J’aurais dû faire plus pour lui
22 Oct 2024 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
WORCESTER (USA) – La démarche jusqu’à son bureau est hésitante et assistée d’un déambulateur. C’est dans cette pièce à la moquette rose, aux murs encombrés de trophées et de reliques que Bob Cousy (96 ans) nous reçoit, chez lui, dans sa maison de Worcester, ville paisible du Massachusetts située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Boston. «Vous prendrez un thé? Quoique, les Français sont bons vivants, j’ai un cognac centenaire à vous faire goûter» , lance-t-il la mine enjouée. Une fois confortablement installé dans son fauteuil gris, le nonagénaire paraît 20 ans de moins, très enthousiaste et parfaitement alerte au moment de déballer tous les souvenirs d’une vie bien remplie. « J’ai été conçu en France, dans un petit village de fermiers d’Alsace» , débute-t-il dans un français presque parfait, sans accent. De l’autre côté de la frontière alsacienne plus exactement, à Lachapelle-sous-Rougemont, dans le Territoire de Belfort. C’est ici que la famille de son père cultive les pommes de terre, tandis que sa mère est une institutrice originaire de Dijon. «C’était un couple dysfonctionnel déchiré par la Première Guerre mondiale », raconte Cousy, avec d’un côté une mère profondément anti-allemande, et de l’autre un père apolitique, forcé à servir dans les troupes allemandes pendant sa jeunesse. «“Sale Boche! Sale père, Boche!” Ma mère insultait souvent mon père, voire meme le frappait insultait parfois.» Quand Juliette couple prend Cousy la tombe décision enceinte de tout en 1927, quitter le pour un avenir meilleur. Ils embarquent sur un paquebot à Cherbourg, direction New York et le rêve américain. «Je suis né dans le ghetto new-yorkais, poursuit Cousy, qui passe les premières années de sa vie dans le quartier de Yorkville, à Manhattan.
On passait nos journées dehors à jouer au stoop ball (*), de quoi développer très tôt la coordination entre l’oeil et la main.»
Son adaptation à la «Big Apple» est difficile, puisque le jeune Bob ne parle que le français à la maison. Il hérite rapidement du surnom de «Flenchy», «parce que mes “R” ressemblaient à des “L” en anglais» , se marre-t-il. Son premier contact avec un ballon de basket a lieu à l’âge de 13ans, lorsque ses parents emménagent dans le borough du Queens, où il est scolarisé dans un collège local. «Je découvre alors que j’ai un don de Dieu pour jouer à ce jeu d’enfants» , résume-t-il.
Cousy a 18 ans lorsqu’il est invité à faire un essai dans une université jésuite de Worcester, en septembre 1946. Il ne le sait pas encore, mais il ne quittera plus jamais le Massachusetts. «J’ai fui cet environnement familial toxique dès que j’ai pu. Une petite ville reculée était tout ce dont j’avais besoin après New York.» La légende du « Houdini des parquets» va alors débuter, les États-Unis découvrant un jeune meneur de 1,85m, très agile, capable d’inventer des dribbles et des passes jamais
vues auparavant. Ce qui l’amène à un premier contrat professionnel avec les Boston Celtics en 1950. « La NBA était une toute jeune ligue à l’époque. Mon premier chèque était de 9000dollars la saison ( 8 100 €). C’est fou de se dire que soixante-dix ans plus tard certains joueurs signent des contrats à plus de 300 millions. » Comme JaysonTatum, l’une des stars de l’équipe actuelle de Boston, qui a signé cet été un contrat à 314millions de dollars (289M€) sur cinq ans.
Pour se rendre compte de l’impact de Bob Cousy aux Celtics, il suffit de faire le tour de ce bureau aux airs de cabinet de curiosités. On y trouve notamment une photo en noir et blanc sur laquelle il célèbre le premier titre remporté par la franchise en 1957, et l’une des six bagues gravées du trèfle vert glanées par le joueur dans sa carrière. «On aurait dû remporter sept titres si Bill Russell ne s’était pas blessé en finale en 1958» , commente l’ancien joueur devenu Hall of Famer, en référence à la série perdue face à Saint Louis, avec Russell diminué par une cheville en vrac (2-4).
Son duo avec le pivot californien fera des ravages dans la Ligue, Cousy décrochant au passage 8 titres de meilleur passeur de la saison, 13 sélections au All-Star Game et le trophée de MVP en 1957. Lorsque Russell rejoint la NBA en 1956, la société américaine est encore déchirée par la ségrégation raciale. « Russ était destiné à Saint Louis, qui avait le deuxième choix de la draft. Mais la franchise doutait du fait de recruter un joueur de couleur noire» , raconte celui qui sera son équipier pendant sept saisons.
Boston saute sur l’occasion, en échangeant un joueur All-Star (Ed Macaulay) et un autre qui le deviendra (Cliff Hagan) pour le récupérer. «On nous a dit qu’il allait régler notre problème au rebond. Il a fait mieux que ça, il a révolutionné le jeu tout entier ! » Malgré une entente parfaite sur le terrain, Cousy et Russell ne sont jamais devenus amis. «Russ était un homme noir révolté quand il est arrivé à Boston, il détestait tout ce qui était blanc. Je ne l’ai jamais jugé pour ça, mais je suis plutôt du genre à combattre la haine par l’amour» , explique le numéro14 historique des Celtics. Ce dernier a longuement réfléchi à cette relation difficile après sa carrière, jusqu’à sortir un livre sur le sujet en 2018, intitulé The Last Pass. «Ce bouquin est mon mea-culpa. Je n’étais pas assez conscient du racisme systémique qu’il subissait. J’aurais dû faire plus pour lui.» Cousy ne s’est pas arrêté à la publication d’un livre, puisqu’il s’est engagé ces dernières années dans plusieurs projets pour aider la communauté afro-américaine, apportant par exemple un soutien financier au Musée de l’esclavage et du racisme, à Montgomery, en Alabama.
À 7000 kilomètres de là, Bob Cousy avait découvert une première fois la France de ses parents dans les années 1950, une étape avant d’aller animer un camp de basket sur une base militaire américaine en Allemagne. « J’y ai découvert les Folies Bergères, le Louvre et des vins blancs extraordinaires», raconte la légende bostonienne, qui y a également construit une amitié avec Robert Busnel, ancien entraîneur qui sera ensuite président de la Fédération française de basket.
Cousy y reviendra en famille au printemps 1962, avec sa femme Missie et ses deux filles, lors d’une tournée officielle organisée par la marque Gillette.
Une visite en France en 1962 immortalisée par «L’Équipe»
L’occasion de rendre visite à ses oncles français dans la ferme familiale. Un voyage immortalisé en photos par L’Équipe, que nous avons pu lui montrer lors de notre entretien. «C’est flou dans ma tête, mais Dieu merci, quelqu’un a gardé une trace de ça» , commente-t-ilenchanté,accompagnépar sa fille Mary Patricia. «C’était la première fois de ma vie que je les rencontrais. Ma mère n’avait jamais voulu qu’on reste en contact.»
Une rencontre en forme de choc des mondes, face à des agriculteurs au train de vie très modeste. «Vous imaginez, je serais né quelques mois plus tôt, peut-être que j’aurais planté des patates toute ma vie.» Une vie retracée en 2 h 23’, avant que la fatigue ne le rattrape. Et tant pis pour la dégustation de cognac initialement promise.
(*) Ce jeu de rue consiste à lancer une balle contre un mur ou des escaliers et tenter de la rattraper à la main.
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Wembanyama, « le nouveau Russell » ?
« Et Victor alors ? Quand est-ce qu’on parle de lui ? » nous relance Bob Cousy après déjà deux heures de discussions à bâtons rompus. « Très heureux » du dix-huitième titre remporté par les Celtics en juin dernier, l’ancien meneur a suivi la première saison de Victor Wembanyama aux Spurs avec attention. « Je me couche tôt, donc je ne regarde pas tous les matches en entier. Mais de ce que j’ai vu, Victor est très talentueux. Il a tout ce qu’il faut pour devenir le nouveau Bill Russell. » Au rayon des conseils qu’il donnerait à l’intérieur français de 20 ans, Cousy préfère insister sur l’extra sportif. « Il va avoir accès dans sa carrière à des moyens financiers que je n’avais pas à l’époque. Il faut qu’il s’en serve pour améliorer la société. Avant de devenir un super joueur, on a besoin qu’il devienne un super citoyen. » A la fin de notre entretien, il tient à formuler une demande en forme de passage de flambeau. « S’il vous plaît, dites bien à Victor que le premier Français de l’histoire de la NBA va suivre sa carrière très attentivement. » Le message est passé.
(M. A.)
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“Forse avrei piantato patate per tutta la vita”.
Il playmaker che diede inizio alla dinastia dei Celtics negli anni '60, Bob Cousy (96) ha la particolarità di essere stato il primo giocatore franco-americano della NBA, essendo i suoi genitori emigrati da un villaggio della Francia orientale a New York quando sua madre era bambina.
“Il mio primo assegno era di 9.000 dollari a stagione.
È pazzesco pensare che settant'anni dopo,
alcuni giocatori firmano contratti da oltre 300 milioni”. - BOB COUSY, PRIMO GIOCATORE FRANCO-AMERICANO FRANCO-AMERICANO NELL'NBA
"Non ero abbastanza consapevole del razzismo sistemico
che Bill Russell stava vivendo.
Avrei dovuto fare di più per lui"
22 ottobre 2024 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
WORCESTER (USA) - Il cammino verso il suo ufficio è esitante e aiutato da un deambulatore. È in questa stanza dalla moquette rosa e dalle pareti piene di trofei e cimeli che Bob Cousy (96) ci accoglie nella sua casa di Worcester, una tranquilla cittadina del Massachusetts a circa sessanta chilometri a ovest di Boston. “Gradite un po' di tè? Anche se, dato che i francesi sono dei bon vivants, ho un cognac centenario da farvi assaggiare”, ci dice allegramente. Una volta sistemato comodamente nella sua poltrona grigia, il nonagenario sembrava più giovane di vent'anni, molto entusiasta e perfettamente sveglio mentre dipanava i ricordi di una vita intensa. “Sono stato concepito in Francia, in un piccolo villaggio agricolo dell'Alsazia”, esordisce in un francese quasi perfetto e senza accenti. Per la precisione dall'altra parte del confine alsaziano, a Lachapelle-sous-Rougemont, nel Territoire de Belfort. È qui che la famiglia del padre coltivava patate, mentre la madre era una maestra originaria di Digione. “Erano una coppia disfunzionale, lacerata dalla Prima Guerra Mondiale”, racconta Cousy, con una madre profondamente anti-tedesca da una parte e un padre apolitico dall'altra, costretto da giovane a servire nelle truppe tedesche. “Sporco Boche! Sporco padre Boche! Mia madre insultava spesso mio padre, a volte lo colpiva”. Quando il marito e la moglie Juliette , incinta di Cousy, presero la decisione, nel 1927, partirono per un futuro migliore. Si imbarcarono su un transatlantico a Cherbourg, diretti a New York e al sogno americano. Sono nato nel ghetto di New York”, racconta Cousy, che trascorse i primi anni della sua vita nel quartiere Yorkville di Manhattan.
Trascorrevamo le giornate all'aperto giocando a stoop ball (*), il che ci ha aiutato a sviluppare molto presto la coordinazione occhio-mano”.
Il suo adattamento alla Grande Mela è stato difficile, poiché il giovane Bob parlava solo francese a casa. Si guadagnò presto il soprannome di “Flenchy”, “perché le mie ‘R’ sembravano ‘L’ in inglese”, dice ridendo. Il suo primo contatto con la pallacanestro avvenne all'età di 13 anni, quando i suoi genitori si trasferirono nel Queens, dove frequentò la scuola secondaria locale. “Ho scoperto allora di avere un dono divino per questo gioco da bambini”, riassume.
Cousy aveva 18 anni quando, nel settembre del 1946, fu invitato a tenere un saggio presso l'università gesuita di Worcester. All'epoca non lo sapeva, ma non avrebbe mai più lasciato il Massachusetts. “Sono fuggito da quell'ambiente familiare tossico non appena ho potuto. Una città piccola e remota era tutto ciò di cui avevo bisogno dopo New York”. La leggenda dell'“Houdini del parquet” doveva iniziare, con gli Stati Uniti che scoprivano un giovane playmaker di 1,85 m, molto agile, capace di inventare palleggi e passaggi mai visti prima. Questo lo portò a firmare il suo primo contratto da professionista con i Boston Celtics nel 1950. “L'NBA era una lega molto giovane all'epoca. Il mio primo assegno fu di 9.000 dollari a stagione (8.100 euro). È pazzesco pensare che settant'anni dopo alcuni giocatori firmino contratti da oltre 300 milioni di euro. Come Jayson Tatum, una delle stelle dell'attuale squadra di Boston, che quest'estate ha firmato un contratto quinquennale da 314 milioni di dollari (289 milioni di euro).
Per avere un'idea dell'impatto di Bob Cousy sui Celtics, basta fare un giro in questo ufficio, che sembra un armadio delle curiosità. C'è una foto in bianco e nero che lo ritrae mentre festeggia il primo titolo della franchigia nel 1957 e uno dei sei anelli con inciso il trifoglio verde che il giocatore ha collezionato durante la sua carriera. “Avremmo dovuto vincere sette titoli se Bill Russell non si fosse infortunato nella finale del 1958”, dice l'ex giocatore diventato Hall of Famer, riferendosi alla serie persa (2-4) contro Saint Louis, con Russell condizionato da una caviglia malconcia.
La sua collaborazione con il pivot californiano avrebbe portato scompiglio nella lega, con Cousy che avrebbe ottenuto otto premi come miglior passatore della stagione, 13 selezioni all'All-Star Game e il trofeo di MVP nel 1957. Quando Russell entrò nella NBA nel 1956, la società americana era ancora lacerata dalla segregazione razziale. “Russ era destinato a Saint Louis, che aveva la seconda scelta al draft. Ma la franchigia aveva dei dubbi sull'ingaggio di un giocatore nero”, racconta colui che sarebbe stato il suo compagno di squadra per sette stagioni.
Boston colse al volo l'occasione, scambiando per lui un All-Star (Ed Macaulay) e un altro che lo sarebbe diventato (Cliff Hagan). “Ci dissero che avrebbe risolto il nostro problema dei rimbalzi. Ha fatto di più, ha rivoluzionato l'intero gioco!”. Nonostante la perfetta sintonia in campo, Cousy e Russell non divennero mai amici. “Russ era un nero ribelle quando arrivò a Boston, odiava tutto ciò che era bianco. Non l'ho mai giudicato per questo, ma sono più il tipo che combatte l'odio con l'amore”, spiega lo storico numero 14 dei Celtics. Dopo la sua carriera ha riflettuto a lungo su questo difficile rapporto, pubblicando anche un libro sull'argomento nel 2018, intitolato The Last Pass. “Questo libro è il mio mea-culpa. Non ero abbastanza consapevole del razzismo sistemico che stava vivendo. Avrei dovuto fare di più per lui”. Cousy non si è fermato alla pubblicazione di un libro, perché negli ultimi anni si è impegnato in una serie di progetti per aiutare la comunità afroamericana, ad esempio fornendo un sostegno finanziario al Museo della schiavitù e del razzismo di Montgomery, in Alabama.
A 7.000 chilometri di distanza, Bob Cousy scoprì per la prima volta la Francia dei suoi genitori negli anni '50, prima di andare a gestire un campo di basket in una base militare americana in Germania. “Ho scoperto le Folies Bergères, il Louvre e alcuni vini bianchi straordinari”, racconta la leggenda di Boston, che ha anche stretto amicizia con Robert Busnel, un ex allenatore che è diventato presidente della Federazione francese di basket.
Cousy vi tornò con la famiglia nella primavera del 1962, con la moglie Missie e le due figlie, in occasione di un tour ufficiale organizzato dal marchio Gillette.
Una visita in Francia nel 1962 immortalata da “L'Équipe”.
Fu l'occasione per visitare gli zii francesi nella fattoria di famiglia. Un viaggio immortalato nelle foto de “L'Équipe”, che abbiamo potuto mostrargli durante la nostra intervista. “È tutto confuso nella mia mente, ma grazie a Dio qualcuno ne ha tenuto traccia”, dice con gioia. commenta estasiato, accompagnato dalla figlia Mary Patricia. “Era la prima volta in vita mia che li incontravo. Mia madre non ha mai voluto che ci tenessimo in contatto.
Era uno scontro di mondi, con i contadini che conducevano uno stile di vita molto modesto. Se fossi nato qualche mese prima, forse avrei piantato patate per tutta la vita”. Una vita ripercorsa in 2h 23', prima che la stanchezza lo raggiunga. E tanti saluti alla degustazione di cognac promessa all'inizio.
(*) Questo gioco di strada consiste nel lanciare una palla contro un muro o una scala e cercare di prenderla con le mani.
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Wembanyama, “il nuovo Russell”?
“E Victor? Quando parleremo di lui?” chiede Bob Cousy dopo due ore di discussioni informali. “Molto contento” del diciottesimo titolo vinto dai Celtics lo scorso giugno, l'ex playmaker ha seguito da vicino la prima stagione di Victor Wembanyama agli Spurs. “Vado a letto presto, quindi non guardo tutte le partite nella loro interezza. Ma da quello che ho visto, Victor ha molto talento. Ha tutte le carte in regola per diventare il nuovo Bill Russell”. Per quanto riguarda i consigli che darebbe al ventenne centro francese, Cousy preferisce concentrarsi sul lato extra-sportivo delle cose. “Durante la sua carriera avrà accesso a risorse finanziarie che io non avevo all'epoca. Deve usarle per migliorare la società. Prima di diventare un grande giocatore, abbiamo bisogno che diventi un grande cittadino”. Alla fine della nostra intervista, fa una richiesta sotto forma di passaggio della torcia. “Per favore, dite a Victor che il primo francese nella storia dell'NBA seguirà la sua carriera molto da vicino”. Il messaggio è stato trasmesso (M. A.)
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