Pourquoi la NBA aime tant Paris
Victor Wembanyama, avec ses coéquipiers des Spurs,
le 13 janvier 2025, lors du match contre les Lakers de Los Angeles.
La NBA débarque à Paris cette semaine avec deux matchs au menu et un ambassadeur de choix, Victor Wembanyama. Entre marketing et âge d’or du basket français, succès garanti.
« Au-delà de tout ce qui fait que Paris est une ville extraordinaire, je n’ai pas besoin de vous expliquer pourquoi, on est vraiment dans un âge d’or pour le basket français » George Aivazoglou directeur général de la NBA Europe et Moyen-orient
Christophe Remise
20 Jan 2025 - Le Figaro
Je ne pense qu’à ça. C’est dur d’attendre. » Victor Wembanyama piaffe d’impatience. Il n’est pas le seul. Après avoir investi Londres de 2011 à 2019, quand l’accor Arena avait encore besoin d’un coup de pinceau pour répondre à ses standards, la NBA a choisi, depuis 2020, Paris pour y jouer ses matchs de saison régulière en Europe. Un événement à chaque fois. Cette fois, encore plus. Cette fois, il y a « Wemby ». Plutôt deux fois qu’une. Ses Spurs défieront Indiana jeudi (20 h, bein Sports et Canal+ en clair) et samedi (18 h), à Bercy. Salle comble. Les billets se sont arrachés en moins de 24 heures. La franchise texane s’est envolée tard dimanche. Arrivée prévue à la mi-journée ce lundi.
« C’est un événement parce que, même s’il y a le Paris Basketball qui a joué à Bercy depuis les JO de Paris 2024, c’est le retour de Victor à un endroit où il a obtenu une médaille d’argent olympique. C’est assez symbolique pour lui, décrypte Jacques Monclar, consultant à bein Sports, diffuseur de la NBA en France. Jouer deux matchs en 48 heures à Paris, avec le maillot des Spurs, contre une excellente équipe d’indiana, des personnages emblématiques comme Chris Paul, l’ombre de Gregg Popovich qui sera autour de l’événement, de nombreux francophones dans les deux clubs… Et puis Victor, avec tout ce qu’il développe depuis maintenant cent et quelques matchs en NBA, son impact dans le monde, sur les jeunes, sur le jeu, sur la ligue et les autres joueurs. » Et l’ancien international tricolore d’ajouter : « Ces deux matchs vont compter au classement. C’est la première année où on a une excitation par rapport à l’opposition. »
De l’excitation, il y en a aussi dans les bureaux de la ligue nord-américaine. « Sur une échelle de 1 à 10 ? Près du million (Sourire.) Ce sera la plus grande semaine NBA en dehors des États-unis à tous les niveaux. J’ai hâte d’y être », s’enflamme George Aivazoglou, directeur général de la NBA Europe et Moyen-orient. Et même déjà hâte d’y revenir : « On veut être à Paris pour de nombreuses années. »
Les amoureux français de la NBA peuvent se frotter les mains.
« Au-delà de tout ce qui fait que Paris est une ville extraordinaire, je n’ai pas besoin de vous expliquer pourquoi, on est vraiment dans un âge d’or pour le basket français, explique M. Aivazoglou, au sujet des raisons qui poussent la NBA à investir la capitale française. Il y a ce que les équipes de France ont fait aux JO l’été dernier ; le fait qu’on a 14 joueurs français en NBA, le plus gros contingent derrière les USA et le Canada; les deux derniers premiers choix de la Draft sont français… Évidemment, Paris est aussi un gros marché pour la NBA, mais c’est surtout le moment où se trouve le basket français », jure-t-il, assurant que « ce n’était pas si compliqué » d’organiser deux matchs plutôt qu’un. «C’est une grosse opération, c’est vrai. Mais vous donnez l’occasion à de nombreux fans d’être heureux. »
George Aivazoglou a lâché le mot : « marché ». En fait, il n’y a pas besoin de pousser les dirigeants américains pour qu’ils en parlent. La NBA, ce n’est pas une association loi 1901. C’est un business. Et un business qui tourne bien : 76 milliards de dollars de droits TV entre 2025 et 2034. La Ligue 1, c’est combien, déjà? Bref, contrairement aux autres sports US, la NBA a, depuis longtemps, élargi sa zone de chalandise au-delà des frontières étasuniennes. Le fruit du travail du regretté David Stern, ancien patron de la ligue et grand artisan de son internationalisation. «Un visionnaire», souligne George Eddy, voix du basket sur Canal+, pour qui le choix des Spurs relevait de l’évidence pour les matchs à Paris. « Ça fait deux ans que la NBA proposait une affiche banale. Ils savent bien qu’il faut toujours mettre la barre plus haut, éblouir le public, les médias et le pays. C’était une obligation de voir Victor », assure-t-il.
En effet, difficile de se passer d’un VRP de cette envergure. Quelques chiffres pour mesurer son impact. Depuis le premier match du Français de 21 ans, en 2023, les Spurs ont connu la deuxième plus forte augmentation de l’affluence moyenne à l’extérieur en NBA. En termes d’audience sur le NBA League Pass, les matchs de San Antonio ont bondi de 233 %, et de 78 % en France sur bein. Le maillot Wembanyama est le plus vendu en France, le deuxième en Europe et le cinquième à l’échelle du monde. Notons au passage que la France représente le premier marché des ventes de produits dérivés de la NBA en Europe. Pour les réseaux sociaux, le natif du Chesnay (78) est le troisième joueur NBA le plus vu au monde (735 millions), derrière Lebron James (1,04 milliard) et Steph Curry (737 millions).
«C’est du jamais vu», souffle George Aivazoglou au sujet de l’impact du Français. «Sa modestie, son écoute tout en étant une superstar sur le parquet, c’est ça qui le rend unique», ajoute-t-il. Assez pour faire payer le prix fort. Minimum 200 euros. « J’aurais préféré deux matchs à Nanterre (Paris La Défense Arena, NDLR), où on aurait pu accueillir deux fois plus de monde et proposer des places à des prix plus raisonnables. Mais c’est le business de la NBA. C’est du sport business. Et si les joueurs touchent autant d’argent, c’est grâce à cela aussi. C’est un peu la rançon de la gloire », grince George Eddy.
Tout au long de la semaine, l’association organisera toutefois des événements gratuits aux quatre coins de la capitale, avec notamment la NBA House au Carreau du Temple, du 22 au 25 janvier, mais aussi des tournois de 3 × 3, des cliniques, où les fans croiseront d’anciennes figures de la NBA. «Une semaine réussie ? Des fans heureux, c’est toujours le plus important, mais aussi que les joueurs et les équipes le soient. Nos partenaires aussi, c’est une grosse semaine pour nos partenaires. J’aimerais que tous ces gens aient un large sourire samedi », déclare George Aivazoglou.
À noter que les clubs concernés également viennent autant pour gagner sur le terrain qu’en dehors. Les Spurs n’ont pas attendu pour se pencher sur le marché français, eux qui ont évidemment une longue histoire avec l’hexagone, Tony Parker pour tenir le stylo. La franchise d’alamo City a d’ailleurs déjà joué deux matchs à Paris, le dernier en 2006. Deux matchs de présaison. Ce sera une première pour les Pacers, jamais apparus dans l’une des douze rencontres disputées à Paris.
Toujours est-il que l’histoire francophone des « SA » est repartie de plus belle avec « Wemby », « qui est déjà dans le top 15 des joueurs NBA», résume George Eddy. Avec leur harpon de 2,24 m, les Spurs ciblent le marché français et ne s’en cachent pas, eux qui ont au passage scellé un partenariat avec le PSG. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant de retrouver Wembanyama dans les tribunes du Parc des Princes mercredi, lors de Psg-manchester City, entre deux entraînements, des rendez-vous partenaires (Nike, Vuitton) et une poignée d’interviews. « Je sais que le club me mettra dans les meilleures conditions pour que je sois pleinement concentré sur les matchs et pas distrait par le reste », note le géant. La distraction, c’est pour les autres. Bienvenue en «wembamania».
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