Le mont des braves


Le Vieux Quaremont s’est imposé comme l’endroit stratégique du Tour des Flandres depuis 2012 et la décision de le franchir à trois reprises. Son dernier passage propulse les plus forts à l’avant.

31 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS (avec Y. H.)

QUAREMONT (BEL) – Il ne faut pas se fier aux images de l’an passé, où le Slovène Tadej Pogacar avait donné l’impression d’aplatir le mont, pour signer le record de la montée, les 2 200 m en un peu moins de 4 minutes. Le Vieux Quaremont demeure un lieu de souffrance, de par sa longueur, déjà, peu commune dans les monts flandriens, et par sa difficulté qui augmente au fil des trois passages. « Le deuxième est un passage de gestion, pour rester au contact, analyse Valentin Madouas, 3e en 2022 derrière Mathieu Van der Poel et Dylan Van Baarle. Il ne fait pas encore très mal. Mais dans le troisième, tu arrives dedans complètement mort, tu viens d’enchaîner cinq ou six monts pavés. Musculairement, tu as pris toutes les vibrations, tu es au bout de tes efforts physiques, il y en a partout et tu dois retaper dedans. Tu es vraiment dans l’inconnu, tu peux passer la première rampe mais exploser dans la suivante. » Voici les trois phases principales auxquelles il faut « survivre ».

Le premier raidard

« Un effort de puncheur » 
(Philippe Gilbert)

Les plus forts pourcentages sont concentrés dans la première partie. « Tu as des passages à 10-11% avec de très mauvais pavés, raconte le Belge Philippe Gilbert, vainqueur en 2017. C’est un effort de puncheur, qui dure environ une minute, donc ça me convenait bien. » Avec une difficulté supplémentaire par rapport aux autres monts, comme le résume Madouas : « À la télé, on a l’impression que le mont commence avec le pavé, mais, 600 mètres avant, c’est déjà hyper dur. C’est un pourcentage de col, donc tu arrives sur le pavé avec très peu de vitesse, tu te fais arrêter et là, ceux qui arrivent à garder de la vitesse font tout de suite un écart. »

Un autre élément est à prendre en compte, l’ambiance dans le mont. «Tu en as beaucoup qui s’enflamment là », témoigne Sébastien Hinault. Le directeur sportif d’Arkéa-B&B a participé à 12 Tours des Flandres en tant que coureur et, en 2013, il était entré en tête, avec le Belge Jurgen Roelandts, dans le dernier passage. « Je me suis laissé dépasser par l’euphorie, se souvient-il, il faut vraiment gérer l’effort tout le long. »

La partie roulante

« Paradoxalement, peut-être la plus compliquée » 
(Philippe Gilbert)

La transition entre la pente et la partie centrale, au niveau du village, est un moment stratégique capital. « Les mecs sortent du raidard asphyxiés et c’est là que les meilleurs réaccélèrent », décrit Gilbert, qui se rappelle que lors de sa victoire il avait passé les deux derniers passages sur le grand plateau, du début à la fin. « Mais je trichais un peu avec la chaîne, rigole-t-il. Je mettais 53x21 dans la partie dure et 53x14 sur la partie roulante. Maintenant, ils ont 54 devant. »

« Beaucoup tiennent jusqu’au village, mais ensuite ils pètent, explique Hinault, parce que c’est là que tu te fais le plus mal, quand tu essaies de repasser le grand plateau sur le replat. Les pourcentages sont les moins sévères, mais paradoxalement, c’est peut-être la partie la plus compliquée. » Madouas : « Sur cette partie plate, il faut que tu gardes de la puissance pour bien mettre de la vitesse. En plus, tu sors du bois, tu as du vent ici, qui peut complètement faire exploser un groupe. Le mec qui pète là, il peut perdre beaucoup. »

Le coup de cul de la fin « Il te termine » 
(Valentin Madouas)

De l’avis général, le tout dernier coup de cul, juste avant de ressortir sur la route à gauche, est la partie la plus terrible du mont. « Cela ne paraît rien, mais tu souffres », soupire Julian Alaphilippe.

« Ce raidard à la fin, il me rend dingue, relaie Madouas. C’est un mur, il t’arrête complètement, c’est un des endroits où tu vas le plus loin dans la douleur de la saison. C’est un chemin de croix, un combat avec toi-même, il ne faut pas lâcher la roue devant toi. Ce dernier raidard te termine. » Et pourtant, il reste encore le terrible Paterberg. « Si tu as les jambes, tu peux attaquer là, car ensuite tu peux accélérer sur la route, ça monte encore un peu avant le virage à gauche vers le Paterberg, tu peux faire une différence », annonce le Belge Yves Lampaert. Le Vieux Quaremont, tremplin vers le final et la gloire.

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