SIVAKOV - La touche française


18 Aug 2024 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

En rejoignant cet hiver la formation UAE de Tadej Pogacar, le Français a validé son choix de carrière en tant qu’équipier de luxe. Il le sera encore sur la Vuelta auprès d’Adam Yates et de Joao Almeida.

"Je grandis comme homme et comme coureur, 
j’ai plus confiance aussi. 
Je n’ai pas toujours été le gars le plus confiant"
   PAVEL SIVAKOV

"J’adore rouler avec Pavel, 
m’entraîner avec lui"
   - TADEJ POGACAR

Rencontré à Florence la veille du grand départ du Tour de France, Pavel Sivakov s’avançait porté par son intuition d’avoir effectué le bon choix après six années chez Ineos Grenadiers (2018-2024). Trois semaines plus tard à Nice, il avait remporté le Tour par procuration, au service de Tadej Pogacar, après une unique participation en 2020, qui fut « spéciale avec le Covid. Je n’avais pas vraiment vécu la course» . Puis les années suivantes, la caravane s’était élancée sans lui au sein d’une formation britannique dans laquelle il a vécu une «expérience exceptionnelle, car j’ai pu côtoyer de très grands champions comme (Chris) Froome, G ( Geraint Thomas), Kwiatko (Michal Kwiatkowski) ». Avant que la confiance ne s’étiole ces derniers mois: «Même pour disputer un Paris-Nice, je devais prouver ma valeur, cela commençait à peser.»Pavel Sivakov, ici lors de la présentation des équipes jeudi, a fini 36e du contre-lamontre hier.

Au moment de signer chez UAE, il s’était assuré de passer l’été sur les routes de l’Hexagone, lui qui possède la nationalité française depuis 2017. «Ce n’était pas inscrit dans le contrat mais ils ont respecté leur promesse. Dès le mois de décembre, on connaissait l’équipe sélectionnée sur le Tour. Malgré un début de saison mitigé, l’équipe m’a toujours fait confiance.» Son manager Mauro Gianetti ne regrette pas de l’avoir rapatrié puisqu’il fut, en juillet, un des étages de la fusée émirienne, un relais essentiel après les propulseurs Nils Politt et Tim Wellens. «Cela faisait déjà des années qu’on voulait l’avoir avec nous. Chez Ineos, il a démontré sa fidélité et chez nous, il s’est tout de suite mis au service de l’équipe.»

Il aurait pu opter pour un statut de leader dans pas mal d’équipes. Il a eu des offres en ce sens mais «dans une formation moins forte qu’UAE, face à un gars comme Tadej, je n’aurais aucune chance. Autant être équipier avec lui que de courir contre lui. Être leader dans une équipe plus modeste, cela signifie que c’est plus difficile d’être placé, plus dangereux, plus fatigant aussi» .

Pourtant, pour le sacre du Slovène, Sivakov (27 ans) s’est rincé et, presque tous les jours, on l’a vu rejoindre le car de son équipe le visage marqué, la bouche asséchée et mangée par la bave. Un soldat qui refuse l’idée d’un renoncement de ses ambitions personnelles («J’ai envie de gagner, je suis là pour gagner») , mais concède «une maturation plus lente» alors qu’il était un espoir solide, 9e du Tour d’Italie en 2019, au plus haut de sa forme. «Je suis jeune encore, même si je suis vieux dans le cyclisme moderne, observe-t-il. Mais je grandis comme homme et comme coureur, j’ai plus confiance aussi. Je n’ai pas toujours été le gars le plus confiant.» Il se connaît bien et dessine en creux une personnalité (« Je suis très carré, méticuleux, je me mets la pression tout seul») , que confirme sa maman Aleksandra Koliaseva, championne deRussiesurrouteen1995: «Il est très perfectionniste. Parfois un peu trop. À l’école, il voulait toujours être le premier pour apprendre à lire et à écrire. Quand ce n’était pas le cas, ce n’était pas toujours facile, mais cela ne lui arrivait pas souvent de ne pas réussir.»

Né à San Dona di Piave (Italie) de parents russes, il a migré avec sa famille en France à l’âge de six mois, d’abord en région parisienne où son père Alexei a évolué au sein de l’équipe Big Mat-Auber 93 et disputé trois Tours de France (1998, 1999 et 2001), puis à Soueich (Haute-Garonne) que le peloton a frôlé en juillet lors de l’étape du plateau de Beille. C’est dans les Pyrénées qu’il est monté sur un vélo, «parce qu’il n’avait pas trop le choix, sourit sa maman. On ne l’a pas poussé, je ne voulais pas qu’il fasse de vélo. Mais après avoir tout essayé, le basket, le tennis, le judo, le foot, il a commencé à rouler avec moi, puis de plus en plus avec les garçons de Katyusha (réserve de l’équipe professionnelle Katusha) que son père dirigeait. Le vélo, c’est notre vie» .

La sienne a sinué de BMC, en équipe continentale (2016-2018), à Sky devenu plus tard Ineos, sans valider les attentes nées de ses victoires sur le Tour de Pologne et le Tour des Alpes en 2019. «Le plus dur a été de confirmer. J’ai un peu coincé, plus mentalement que physiquement. À cette époque, j’étais parmi les meilleurs avec ( Jai) Hindley qui a ensuite gagné le Giro, Jonas (Vingegaard) qui a remporté deux fois le Tour… Mais j’ai toujours couru à l’avant, j’ai envie de continuer. » Sa volonté de rejoindre UAE a été validée avec sa mère ( « On a même fait un petit tableau mais c’est lui qui a choisi à la fin » ) et, très vite, ce polyglotte s’est intégré dans cette formation «plus latine qu’Ineos, peut-être pas aussi carrée mais avec une approche plus relax, avec moins de pression» . Un peu partout chez lui, celui qui a obtenu la nationalité sportive française seulement en 2022, qui a couru pour la sélection russe, puis a disputé les Mondiaux en Australie en 2022 sous les couleurs tricolores ( «Un rêve depuis tout jeune») estime avoir «une bonne habileté à (s)’adapter aux cultures, aux groupes. Je me suis beaucoup enrichi en côtoyant des personnes de plusieurs pays. On apprend de chacun».

Il jongle, selon sa mère, entre son «âme russe et sa mentalité française, car ses amis sont des Français» , mais c’est bien avec le coeur tricolore qu’il a vibré en juillet sur la promenade des Anglais à Nice, au côté d’un leader qui louait « un super mec. J’adore rouler avec Pavel, m’entraîner avec lui. En décembre, alors qu’on ne se connaissait pas, j’ai ressenti qu’il était hypersérieux, qu’il est très attentif au moindre détail, perfectionniste» . Sa première mission estivale remplie, Pavel Sivakov a rempilé hier dans la Vuelta auprès de nouveaux commandants, Adam Yates et Joao Almeida. Mais Gianetti l’attend au-delà de son seul travail de lieutenant, car «il ne lui manque peutêtre rien, juste de croire en lui-même. C’est important pour lui de penser qu’il n’est pas arrivé, qu’il peut revenir au moment où il était très fort. On aimerait le voir passer un cap» . Pas un coup de pression, plutôt un voeu.

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A. Ro. à Oeiras (POR)
McNulty frustre Van Aert

La formation UAE a tapé fort d’entrée hier et, sur les 12 km le long de l’embouchure du Tage, dans la fournaise de Lisbonne, Brandon McNulty, 5e du chrono des Jeux Olympiques, a cette fois renversé la hiérarchie parisienne pour devancer Wout van Aert, en bronze à Paris, et Joshua Tarling (4e). Van Aert a échoué à 3 secondes de l’Américain, 3e de l’étape juste derrière la surprise Mathias Vacek, une frustration dans la mesure où le Belge a annoncé qu’il était sur cette Vuelta pour engranger des résultats, et pas pour préparer les Mondiaux, après un début de saison pourri. Primoz Roglic a réalisé le meilleur temps de la meute des favoris pour le général, 2 secondes plus vite que Joao Almeida, 17 sur Adam Yates, mais jusqu’à Sepp Kuss à 36 secondes, les écarts demeurent insignifiants.

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