Rigoberto Uran: «Jamais je ne me suis plaint»


Retraité depuis trois jours, le Colombien en a fini avec une carrière de dix-neuf ans qui l’a vu se mêler aux meilleurs, fier et exubérant, après une enfance difficile dans un pays où les narcotrafiquants lui ont volé son père.

“À chaque épisode de ma vie où je pensais que j’étais foutu, je me disais: 
c’est pas si difficile, tu es passé par quelque chose de bien pire. 
En fait, j’ai vraiment eu beaucoup de chance ''
“Vu d’où je viens et où je me trouve aujourd’hui, 
je peux dire que j’ai atteint l’objectif ''

3 Jan 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT

Il était l’un des animateurs des podiums protocolaires avant le départ des courses. Il s’y baladait, casque de Viking sur la tête, tout sourire, à multiplier les photos. Rigoberto Uran (EF Education-EasyPost) a donné ses derniers coups de pédale en 2024, à 37 ans, mais il a profité jusqu’au bout d’une carrière qui l’a sauvé. Lui, le gamin d’Urrao, village de la région de Medellin (Colombie), à 1 800 mètres d’altitude, arrivé au vélo par hasard lors d’une course locale. Lui, l’ado de 14 ans qui s’est mis à vendre des tickets de loterie dans la rue pour faire vivre sa mère et sa soeur, après que son père a été tué par les narcotrafiquants, victime collatérale de la violence patente. Lui qui s’est toujours relevé, malgré une chute dès son arrivée en Europe en 2006, puis une autre en 2007, après laquelle il a craint de ne plus jamais rouler. Mais rien n’a pu arrêter « Rigo », personnage multifacette parmi les plus appréciés des siens, qui sait faire fructifier son image avec de nombreuses entreprises (café, produits dérivés, vêtements). En février dernier, lors du Tour de Colombie, « l’ami de tous » , comme il se définit, était revenu sur sa vie, à laquelle il ne changerait rien, aucune deuxième place (Tour 2017, Giro 2013 et 2014, JO 2012), aucunefêlure.Rigoberto Uran est resté toute sa carrière très apprécié du public. Ici en février 2024, au Tour de Colombie.

«Qui est vraiment Rigoberto Uran?

Ri go est d’ abord une personne qui profite sur le vélo. Très colombie na us si, donc fier des es origines, du village, de la montagne. Très authentique. Et les gens ont apprécié ça, je crois. Je profite sur le vélo comme en dehors. J’ essayais de toujours m’ amuser avant ou après les courses, car c’ était le seul moment où on peut donner du bonheur à un fan, notamment aux jeunes qui me suivaient beaucoup ces dernières années. Je voyais des messages, certains en pleurs, car ils sont montés toute la journée pour voir Ri go et n’ ont pas pu… Mais en course, ça va tellement vite, c’ est difficile. Donc j’ essayais de partager quand jepouvais.

Avez-vous aimé le cyclisme?

Beaucoup. Tout ce qu’ est Ri go, c’ est grâce au vélo. Sans le cyclisme, je ne serais pas… (Il s’ interrompt.) Je ne sais pas si je ne serais rien, mais toute la reconnaissance que j’ ai, tout ce que j’ ai, tout ce que je fais, toutes mes affaires, tout ça est né grâce au fait d’ être professionnel. Je n’ ai pas la moindre idée de ce qu’ aurait été ma vie sans le cyclisme.

Quel les era-t-ellemaintenant que vous êtes retraité?

J’ ai plusieurs entreprises, mais je crois que l’ entreprise la plus importante est la famille (sourire ). Durant ta carrière, tu n’ as pas le temps suffisant à accorder aux enfants qui grandissent, tu manques beaucoup de moments. Je veux me reposer un peu, évidemment apprendre d’ autres sports, nager et courir pour faire du triathlon (il a depuis annoncé qu’ il voulait essayer de se lancer dans une carrière de footballeur professionnel ). Je quitte le cyclisme tranquille, car j’ ai réussi tout ce que je voulais.

Vous avez longtemps été un grand frère pour les Colombiens qui arrivaient en Europe. Allez-vous continuer à transmettre?

Évidemment! Moi, on m’ a beaucoup aidé. J’ aime que les jeunes qui arrivent soient tranquilles, donc j’ essaie de les aider après les courses qu’ il sont gagné es, mais aussi quand ils perdent, qu’ ils ne se démotivent pas alors qu’ ils s’ étaient préparés du mieux possible. Mes équipier sont vu que j’ étais toujours présent pour les aider, les booster, car tout continue. Tu termines un Tour de France, eh bien il yen aura un autre dans un an, tu ne peux pas rester à te lamenter sur tes échecs, il faut déjà se préparer pour le suivant.

Qui vous a aidé, vous, quand vous avez débarqué en Europe en 2006?

C’ était très compliqué devenir en Europe, nous étions peu de Colom biens. À cette époque, j’ arrive en Italie et j’ ai eu la chance qu’ une famille m’ accueille chez elle, dans sa maison, alors que je vivais dans leur appartement juste au-dessus, dans lequel l’ équipe( Te nax)m’ avait logé. Ils sont devenus quasiment comme mes parents. J’ ai eu un accident en course en mars, ils sont venus à la clinique et nous avons noué une relation, il sont toujours été là dans les moments les plus difficiles, mon adaptation, quand j’ étais seul, quand je tombais. En Colombie, la vie est totalement différente de celle en Europe, donc il faut du temps pour s’ adapter.

D’autant que votre enfance a été particulière, avec la mort de votre père à vos 14 ans, victime des narco trafiquants.

J’ avais eu une jeunesse si difficile qu’ ensuite, chaque moment était plus facile. À chaque épisode de ma vie où je pensais que j’ étais foutu, je me disais: c’ est pas si difficile, tues passé par quelque chose de bien pire. En fait, j’ ai vraiment eu beaucoupdechance.

C’est-à-dire? 

Les premières années àUrrao,quandj’ ai commencé à vendre des tickets de loto pour survivre, tout le monde m’ en achetait, et me donnait de la nourriture. Pour m’ aider. Ensuite, le maire de la ville nous a épaulés pour nous loger. Ils m’ ont aidé, car j’ avais une excellente attitude. Jamais je ne me suis plaint, à pleurer, à me dire qu’ il m’ est arrivé ceci ou cela et que c’ est dur. Non, je suis toujours resté positif, avec l’ envie de réussir, de rejoindre une équipe cycliste. Les gens voyaient cela. Si tues mal, triste, à te plaindre de tes difficultés, c’ est mort, personne ne t’ aide. Donc oui, j’ ai eu de la chance, j’ ai rencontré beaucoup de gens déterminants, et aujourd’ hui encore, des personnes très importantes qui m’ aident pour mes entreprises sans attendreenretour.

“Je savais que j’ avais quelquechose de grand à réaliser dans ma vie”, disiezvous lors du Giro 2014. Pensez-vous avoirréussi?

Oui, je crois. J’ ai pu devenir un homme important, une personne reconnue. Il m’ a manqué des titres, c’ est sûr. Je n’ ai pas gagné unGiro ou un Tour, mais j’ ai pu créer des choses pour continuer avec réussite. Pour moi, la chose la plus importante dans la vie, c’ est la vie. La famille, les entreprises, la santé, le bonheur. Pas seulement le cyclisme. Sans aucun doute, vu d’ où je viens et où je me trouve aujourd’ hui, je peux dire que j’ ai atteint l’ objectif.

Vous ne change riez rien à votre carrière?

Rien. Je suis tranquille avec tout ce qu’ il s’ est passé. Si je n’ ai pas gagné, c’ est qu’ il y avait toujours meilleur que moi. Sur le Tour (2 eà 54’’ en 2017), Christopher Froomeét ait bien meilleur que moi. AuGiro, Ni baliét ait meilleur la première fois(2eà 4’43’’ en 2013) etlaseconde( 2e à2’ 58’’en2014), il s’est passé cette histoire du drapeau rouge avec Nairo Quint ana (*), ça pourrait être une de mes erreur souque j’ étais trop confiant, mais ça s’ est passé comme ça et j’ ai tourné la page. Aujourd’ hui, je suis heureux d’ avoir terminéàla2e placecette année- là.»

(*) Quint ana avait attaqué dans la descente du Stelvio, malgré les appels répété s des régulateurs à neutraliser la course, et repris plus de 4 minutes à Uran à l’arrivée de la 16e étape.

***

Rigoberto Uran è rimasto molto popolare tra il pubblico durante 
tutta la sua carriera. Qui nel febbraio 2024, al Giro di Colombia.

Rigoberto Uran: “Non mi sono mai lamentato”.

Ritiratosi tre giorni fa, il colombiano ha concluso una carriera di diciannove anni che lo ha visto mescolarsi con i migliori, fiero ed esuberante, dopo un'infanzia difficile in un Paese in cui i narcotrafficanti gli hanno ucciso il padre.

“Ogni volta che pensavo di essere spacciato, 
mi dicevo: non è così difficile, hai passato di peggio. 
Anzi, sono stato davvero fortunato”.
Considerando da dove vengo e dove sono oggi, 
posso dire di aver raggiunto il mio obiettivo”.

3 gennaio 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT

Era uno dei padroni di casa dei podi ufficiali prima dell'inizio delle gare. Camminava con il casco vichingo in testa, sorridendo e scattando tante foto. Rigoberto Uran (EF Education-EasyPost) ha pedalato per l'ultima volta nel 2024, all'età di 37 anni, ma ha sfruttato al meglio una carriera che lo ha salvato. Era un ragazzino di Urrao, un villaggio della regione colombiana di Medellin, a 1.800 metri di altitudine, che si avvicinò al ciclismo per caso durante una gara locale. Il quattordicenne che ha iniziato a vendere biglietti della lotteria per strada per mantenere la madre e la sorella dopo l'uccisione del padre da parte dei narcotrafficanti, vittima collaterale della violenza. Si è sempre rimesso in piedi, nonostante sia caduto appena arrivato in Europa nel 2006, e poi di nuovo nel 2007, dopo di che ha temuto di non poter più pedalare. Ma nulla è riuscito a fermare “Rigo”, un personaggio poliedrico che è uno dei più amati dalla sua famiglia e che sa far fruttare la sua immagine con una serie di attività commerciali (caffè, merchandising, abbigliamento). Lo scorso febbraio, durante il Giro di Colombia, “l'amico di tutti”, come lui stesso si definisce, è tornato in gara. 

Chi è veramente Rigoberto Uran?

Rigo è prima di tutto una persona che ama il ciclismo. Molto colombiano, orgoglioso delle sue origini, del Paese e delle montagne. Molto autentico. E la gente lo apprezza, credo. Io mi diverto sia in bici sia fuori. Ho sempre cercato di divertirmi prima o dopo le gare, perché è l'unico momento in cui puoi dare felicità ai tifosi, soprattutto ai giovani che mi hanno seguito molto negli ultimi anni. Ricevevo messaggi, alcuni dei quali piangevano, perché erano stati svegli tutto il giorno per vedere Rigo partire e non potevano... Ma le corse sono così veloci che è difficile. Così ho cercato di condividere quando ho potuto.

Le piaceva il ciclismo?

Molto. Tutto ciò che Rigo è, è merito del ciclismo. Senza il ciclismo, non sarei... (fa una pausa) Non so se sarei qualcosa, ma tutti i riconoscimenti che ho ottenuto, tutto quello che ho fatto, tutto quello che faccio, tutti i miei affari, è tutto merito dell'essere stato professionista. Non ho idea di come sarebbe stata la mia vita senza il ciclismo.

Come sarà ora che si è ritirato?

Ho diverse attività, ma credo che l'attività più importante sia la famiglia (sorriso). Durante la carriera, non si ha abbastanza tempo da dedicare ai figli che crescono. Voglio riposare un po', ovviamente imparare altri sport, nuotare e fare triathlon (nel frattempo ha annunciato di voler tentare la carriera di calciatore professionista). Lascio stare il ciclismo, perché ho realizzato tutto quello che volevo.

Per molto tempo sei stato un fratello maggiore per i forti Colombiani che sono venuti in Europa: continuerai a trasmetterlo?

Certo che lo farò! Mi hanno aiutato molto. Mi piacciono i giovani che arrivano per divertirsi, quindi cerco di aiutarli dopo le gare vinte, ma anche quando perdono, in modo che non perdano la motivazione se si sono preparati al meglio. I miei compagni di squadra hanno visto che ero sempre lì per aiutarli, per dare loro una spinta, perché tutto va avanti. Finisci un Tour de France e poi ce n'è un altro tra un anno: non puoi sederti e lamentarti dei tuoi fallimenti, devi iniziare a prepararti per il prossimo.

Chi l'ha aiutata quando è arrivato in Europa nel 2006?

Era molto complicato essere un colombiano in Europa. A quel tempo, sono arrivato in Italia e ho avuto la fortuna di essere accolto da una famiglia nella loro casa, mentre vivevo nel loro appartamento appena sopra, dove la squadra (Tenax) mi aveva ospitato. Sono diventati quasi dei genitori. A marzo ho avuto un incidente in gara, sono venuti in clinica e abbiamo instaurato un rapporto. Mi sono sempre stati vicini nei momenti più difficili, quando mi stavo adattando, quando ero solo, quando sono caduto. La vita in Colombia è totalmente diversa da quella europea, quindi ci vuole tempo per adattarsi.

Soprattutto perché la sua è stata un'infanzia particolare, con la morte di suo padre a 14 anni, vittima dei narcotrafficanti.

Ho avuto un'infanzia così difficile che, dopo, ogni momento è stato più facile. Ogni volta che pensavo di essere spacciato, mi dicevo: non è così difficile, hai passato di peggio. In effetti, sono stato molto fortunato.

Che cosa intende dire? 

I primi anni a Urrao, quando ho iniziato a vendere biglietti della lotteria per sopravvivere, tutti me li compravano e mi davano da mangiare. Per aiutarmi. Poi il sindaco della città ci ha aiutato a trovare un posto dove vivere. Mi hanno aiutato perché avevo un atteggiamento eccellente. Non mi sono mai lamentato, piangendo, dicendo che mi era successo questo o quello e che era difficile. No, sono sempre rimasto positivo, con il desiderio di avere successo, di entrare in una squadra di ciclismo. La gente lo vedeva. Se sei infelice, triste, ti lamenti delle tue difficoltà, sei morto, nessuno ti aiuta. Quindi sì, sono stato fortunato, ho incontrato molte persone decise, e ancora oggi ci sono persone molto importanti che mi aiutano nelle mie iniziative imprenditoriali senza aspettarsi nulla in cambio.

“Sapevo di avere qualcosa di grande da realizzare nella mia vita”, ha detto al Giro 2014. Pensa di esserci riuscito?

Sì, credo di sì. Sono riuscito a diventare un uomo importante, una persona riconosciuta. Mi sono mancati alcuni titoli, questo è certo. Non ho vinto un Giro o un Tour, ma sono riuscito a creare le cose per continuare con successo. Per me la cosa più importante nella vita è la vita stessa. La famiglia, gli affari, la salute, la felicità. Non solo il ciclismo. Senza dubbio, visto da dove sono venuto e dove sono oggi, posso dire di aver raggiunto il mio obiettivo.

Non cambierà nulla nella sua carriera?

Non cambierà nulla. Sono in pace con tutto quello che è successo. Sto bene. Se non ho vinto è perché c'era sempre qualcuno migliore di me. Al Tour (2° a 54'' nel 2017), Christopher Froome è stato molto più bravo di me. Al Giro, Nibali è stato migliore la prima volta (2° a 4'43'' nel 2013) e la seconda (2° a 2'58'' nel 2014), poi c'è stato l'incidente della bandiera rossa con Nairo Quintana (*), che potrebbe essere stato un mio errore perché ero troppo sicuro di me, ma è andata così e sono andato avanti. Oggi sono felice di essere arrivato secondo quell'anno.

(*) Quintana aveva attaccato nella discesa dello Stelvio, nonostante i ripetuti inviti dei regolatori a neutralizzare la corsa, e aveva recuperato più di 4 minuti su Uran al traguardo della 16ª tappa.

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