AU BONHEUR DES BELGES
Petit pays en apparence, la Belgique jouit d’un réservoir exceptionnel depuis toujours en lien avec son histoire et sa géographie.
"C’est relativement plat,
beaucoup de gens utilisent le vélo.
Cela part de là"
- PHILIPPE GILBERT, CHAMPION DU MONDE 2012
"Il y a encore vingt ou trente ans,
on se concentrait sur les coureurs de classiques.
Depuis, on travaille sur les grimpeurs"
- FREDERIK BROCHÉ, ENTRAÎNEUR
CHEZ SOUDAL QUICK-STEP
26 Mar 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
COURTRAI (BEL) – Après quelques mois à l’herbage et sous des latitudes exotiques est revenu le temps du printemps arrosé par les giboulées et la bière alors que débute, aujourd’hui, la campagne flandrienne (voir ci-contre) dans un vrai pays de vélo. C’est bien simple, hier, à Courtrai en fin de journée, les bicyclettes grouillaient de partout, avec ou sans batterie, des bécanes hollandaises avec ou sans sacoche, des VTT, des vélos de route, des vélos cargo à gogo, en mouvement ou posés sur les murs en briques de la cité flamande. Un décorum comme on les aime, une mini-serre sous laquelle poussent depuis toujours des champions, avec le plus grand, évidemment, Eddy Merckx.Les Belges Remco Evenepoel, Tim Merlier et Wout Van Aert (de gauche à droite) au départ des Championnats de Belgique sur route, à Izegem, le 25 juin 2023.
Depuis, le quintuple vainqueur du Tour a même enfanté le petit «Cannibale», Remco Evenepoel, représentant d’une génération encore incroyablement dense au regard de la taille du pays et de sa population (11,8millions d’habitants). On ne va pas tous les lister ici mais outre le double champion olympique l’été dernier (route et chrono), la cuvée 2025 a de beaux fruits avec Wout Van Aert, le vice-champion du monde à Glasgow l’an passé, le champion d’Europe Tim Merlier ou Jasper Philipsen, vainqueur de la Primavera il y a un an. En dessous des têtes de gondole, on trouve encore du beau monde, des valeurs sûres (Florian Vermeersch, Tim Wellens, Jasper Stuyven…) comme des pépites (Arnaud De Lie, Jarno Widar, Ilan Van Wilder, William Junior Lecerf, Cian Uijtdebroeks, Maxim Van Gils). « Quand on a des coureurs forts, cela stimule la base, les équipiers », estime Frederik Broché, ancien directeur technique pendant sept ans de la Fédération belge.
Avec 72 coureurs en activité dans les équipes World Tour, la Belgique est le deuxième pays le plus représenté derrière la France (81), et devant l’Italie (57). « Surpris ? Non, rétorque Philippe Gilbert, champion du monde en 2012. C’est presque normal. Par la géographie, dans les Flandres surtout, c’est relativement plat, beaucoup de gens utilisent le vélo. Il suffit de voir la gare de Gand: il y a un parking de 1 000-1 500 vélos, c’est assez parlant. Cela part de là, la population pratique beaucoup. » Grand connaisseur du cyclisme, le sémillant journaliste du quotidien le Soir, Stéphane Thirion, abonde dans le sens du vainqueur du Tour des Flandres en 2017 (« C’est une culture, comme le Brésil a le football») mais arpente aussi une voie plus historique pour expliquer cet improbable vivier (600 000 pratiquants, dont 50 000 licenciés en compétition) : « Au début du XXe siècle, les Flamands étaient des ouvriers, des fermiers, qui se déplaçaient à vélo sur des chemins empierrés. Cela paraît cliché mais c’est la vérité. On est aussi sur le thème de la revanche sociale et politique puisque les organisateurs du Tour des Flandres (1913) ont créé la course pour montrer aux Wallons qu’ils pouvaient avoir une course, qu’il n’y avait pas que Liège-Bastogne-Liège (créée en 1872).»
Pas besoin d’observer longtemps, hypnotisé, les ombres spectrales des cyclistes passant devant la fenêtre, pour comprendre que la Belgique transpire le vélo de tous ses pores, en hiver avec des cyclo-cross bondés comme ensuite sur les épreuves deroute. Un bouillon de culture né de sa géographie. «Parfois, cela a des avantages d’être un petit pays, sourit Christophe Brandt, l’ancien coureur, aujourd’hui directeur sportif de l’équipe Wagner Bazin. Avant, et même si c’est moins le cas, dans chaque village, il y avait un bistrot, qui organisait plusieurs courses dans l’année. C’était ainsi possible de rouler toutes les semaines sans aller très loin.»
Avec une superficie à peine supérieure (30 000 km2) à la Bretagne (27 000 km2), le Plat Pays a joué à fond de son relief, dans les Flandres, mais depuis quelques années, il a su s’adapter, aussi, à ses particularismes régionaux, grâce à la Fédération (la Belgian Cycling qui chapeaute la partie wallonne et la partie flamande), «qui fonctionne bien», selon Christophe Sercu, patron de Flanders Baloise, une des équipes réputées pour la qualité de sa formation. Pour Gilbert, «les jeunes sont très vite intégrés et repérés. J’ai débuté le vélo à 14ans en février 1997. En avril, j’étais appelé en sélection.» «Des courses, il y en a partout dans le pays, cela vit vraiment, poursuit Broché, aujourd’hui entraîneur chez Soudal Quick-Step. Et plus il y a de courses, plus tu identifies de talents, pour les intégrer dans des projets, dans des stages, selon leurs profils. Il y a encore vingt ou trenteans, on se concentrait sur les coureurs de classiques. Depuis, on travaille sur les grimpeurs et les coureurs de chronos. Le cyclocross est également souvent sous estimé dans les autres pays.»
Cette culture a infusé au plus profond de la plupart des fans, et Broché n’a pas oublié cette « course dans mon village près de Gand, pour les élites sans contrat ou amateurs. Ils venaient se préparer chez ma grand-mère, j’ai encore en tête l’odeur de l’huile de massage».
Mais, l’internationalisation du cyclisme, avec des nations émergentes, représente une menace selon Brandt (« depuis un an ou deux, chez les juniors, il y a moins d’équipes belges sur les courses internationales, c’est un signal qui doit nous alerter »), mais également Sercu : « C’est la 32e année que l’équipe existe et quand on voit combien de coureurs sont passés par ici pour aller au plus haut niveau ensuite, c’est énorme. Mais pour être honnête, cela devient de plus en plus difficile, avec les équipes World Tour qui développent leur continentale avec des juniors. Si on doit comparer avec la pêche,c’estcommes’il y avait trop de lignes en mer.» Le réservoir semble encore assez riche pour dessiner un coureur belge ambitieux, analyse Gilbert: «On est constamment remis en question par les médias, les fans, l’encadrement. J’ai toujours remis les compteurs à zéro chaque lundi, même après une grande victoire. Car je me retrouvais parfois avec des cyclos amateurs qui roulaient très vite, car plus frais que nous. Eux étaient surmotivés, c’était leur jour de course. Je pouvais m’entraîner avec 10-15 coureurs capables de tenir 120 kilomètres à 35 km/h de moyenne, cela ne se trouve pas partout. » En Belgique, si.
***
Ouverture entre Bruges et La Panne
La Belgique, dans cette partie nord du pays en tout cas, porte bien son surnom et la course du jour entre Bruges et La Panne sera toute plate tout au long des 196 kilomètres. Le casting est raccord avec la présence des sprinteurs Jasper Philipsen (Alpecin-Deceunink), vainqueur l’an passé et en 2023, mais aussi du champion d’Europe Tim Merlier (Soudal Quick-Step), qui s’était imposé en 2022, et des autres grosses cuisses comme Jonathan Milan, Soren Waerenskjold, Olav Kooij, Milan Fretin ou encore les Français Émilien Jeannière de Total Energies ou Paul Penhoët de Groupama-FDJ, alors que le chouchou Arnaud De Lie semble dans le dur depuis quelques semaines. Cette arrivée sur la côte est un amuse-bouche de ce qui attend un peloton amené à évoluer au fil des jours en fonction des prochaines courses pavées et pentues. (Russo, Penhoët) (Manzin, Jeannière) P. Barbier
La Belgique, dans cette partie nord du pays en tout cas, porte bien son surnom et la course du jour entre Bruges et La Panne sera toute plate tout au long des 196 kilomètres. Le casting est raccord avec la présence des sprinteurs Jasper Philipsen (Alpecin-Deceunink), vainqueur l’an passé et en 2023, mais aussi du champion d’Europe Tim Merlier (Soudal Quick-Step), qui s’était imposé en 2022, et des autres grosses cuisses comme Jonathan Milan, Soren Waerenskjold, Olav Kooij, Milan Fretin ou encore les Français Émilien Jeannière de Total Energies ou Paul Penhoët de Groupama-FDJ, alors que le chouchou Arnaud De Lie semble dans le dur depuis quelques semaines. Cette arrivée sur la côte est un amuse-bouche de ce qui attend un peloton amené à évoluer au fil des jours en fonction des prochaines courses pavées et pentues. (Russo, Penhoët) (Manzin, Jeannière) P. Barbier
***
I nazionali belgi Remco Evenepoel, Tim Merlier e Wout Van Aert (da sinistra a destra)
alla partenza dei Campionati belgi su strada a Izegem il 25 giugno 2023.
IL BENGODI DEI BELGI
Apparentemente piccolo, il Belgio ha sempre avuto un eccezionale bacino, grazie alla sua storia e alla sua geografia.
“È relativamente piatto,
molte persone vanno in bicicletta.
È da qui che parte tutto”.
- PHILIPPE GILBERT, CAMPIONE DEL MONDO 2012
“Venti o trent'anni fa,
ci concentravamo sui corridori delle classiche.
Da allora lavoriamo sugli scalatori”.
- FREDERIK BROCHÉ, ALLENATORE
ALLA SOUDAL QUICK-STEP
26 marzo 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
COURTRAI (BEL) - Dopo mesi di pascoli e latitudini esotiche, è tempo di una primavera bagnata dal nevischio e dalla birra, e oggi inizia la campagna delle Fiandre (vedi a lato) in un autentico Paese di ciclisti. Ieri a Kortrijk, a fine giornata, le biciclette brulicavano ovunque, con o senza batteria, neerlandesi con o senza borse, mountain bike, bici da strada, cargo-bike a bizzeffe, in movimento o appoggiate sui muri in mattoni della città fiamminga.
Nel tempo, il Paese del cinque volte vincitore del Tour ha persino dato alla luce il piccolo “Cannibale”, Remco Evenepoel, rappresentante di una generazione ancora incredibilmente folta viste le dimensioni del territorio e la popolazione (11,8 milioni di abitanti). Non li elencheremo tutti, ma oltre al biolimpionico della scorsa estate (su strada e a cronometro), il gruppo del 2025 comprende alcuni nomi eccellenti come Wout Van Aert, secondo classificato ai campionati del mondo di Glasgow 2023, il campione europeo Tim Merlier e Jasper Philipsen, vincitore della Classicissima di Primavera 2024. Al di sotto dei grandi nomi, si trovano ancora nomi di spicco, sia affermati (Florian Vermeersch, Tim Wellens, Jasper Stuyven...) che di nicchia (Arnaud De Lie, Jarno Widar, Ilan Van Wilder, William Junior Lecerf, Cian Uijtdebroeks, Maxim Van Gils). “Quando si hanno corridori forti, si stimola la base, i compagni di squadra”, afferma Frederik Broché, ex direttore tecnico della Federazione belga per sette anni.
Con 72 corridori attivi nelle squadre World Tour, il Belgio è il secondo Paese più rappresentato dopo la Francia (81) e davanti all'Italia (57). “Sorpreso? No”, replica Philippe Gilbert, campione del mondo nel 2012. È quasi normale. A causa della geografia, soprattutto nelle Fiandre, che sono relativamente piatte, molte persone usano la bicicletta. Basta guardare la stazione di Gand: c'è un parcheggio per 1.000-1.500 biciclette, il che la dice lunga. È da qui che si parte: la gente va molto in bicicletta. Grande conoscitore del ciclismo, Stéphane Thirion, vivace giornalista del quotidiano Le Soir, è d'accordo con il vincitore del Giro delle Fiandre nel 2017 (“È una cultura, come il Brasile ha il calcio”), ma prende anche una strada più storica per spiegare questo improbabile terreno di coltura (600.000 ciclisti, di cui 50.000 iscritti al livello agonistico): “All'inizio del XX secolo, i fiamminghi erano operai e contadini, che pedalavano su strade sterrate. Sembra un cliché, ma è la verità. Si tratta anche di una rivalsa sociale e politica, poiché gli organizzatori del Giro delle Fiandre (1913) crearono la corsa per dimostrare ai valloni di poter avere una propria gara, che non c'era solo la Liegi-Bastogne-Liegi (nata nel 1872)”.
Non è necessario fissare a lungo, ipnotizzati, le ombre spettrali dei ciclisti che passano davanti alla finestra, per rendersi conto che il Belgio respira ciclismo da ogni poro, in inverno con i suoi affollati eventi di ciclocross e poi ancora con le sue corse su strada. Un crogiolo culturale nato dalla sua geografia. "A volte ci sono dei vantaggi nell'essere un piccolo Paese", sorride Christophe Brandt, l'ex corridore che ora è direttore sportivo della squadra Wagner Bazin. "Prima, e anche se ora non è più così, in ogni villaggio c'era un bistrot che organizzava diverse gare durante l'anno. Era quindi possibile pedalare ogni settimana senza dover andare molto lontano".
Con una superficie appena più grande (30.000 km2) della Bretagna (27.000 km2), il Paese Piatto ha sfruttato al massimo i suoi rilievi nelle Fiandre, ma negli ultimi anni ha anche saputo adattarsi alle sue particolarità regionali, grazie alla Fédération (la Federciclismo belga, che sovrintende alle parti vallone e fiamminga), “che funziona bene”, secondo Christophe Sercu, capo della Flanders Baloise, una delle squadre rinomate per la qualità della sua formazione. Per Gilbert, “i giovani ciclisti vengono integrati e individuati rapidamente. Io ho iniziato a pedalare a 14 anni, nel febbraio 1997. Ad aprile sono stato convocato in nazionale". "Ci sono gare in tutto il Paese e i ragazzi si animano davvero", continua Broché, ora allenatore della Soudal Quick-Step. "E più gare ci sono, più talenti si individuano, in modo da poterli integrare in progetti o corsi di formazione, a seconda del loro profilo. Venti o trent'anni fa, ci concentravamo sui corridori da classiche. Da allora, abbiamo lavorato su scalatori e cronomen. Anche il ciclocross è spesso sottovalutato in altri Paesi".
Questa cultura si è infusa profondamente nella maggior parte degli appassionati e Broché non ha dimenticato quella “gara nel mio villaggio vicino a Gand, per corridori d'élite senza contratto o dilettanti. Venivano a prepararsi a casa di mia nonna e ricordo ancora l'odore dell'olio canforato per i massaggi”.
Ma l'internazionalizzazione del ciclismo, con le nazioni emergenti, rappresenta una minaccia secondo Brandt (“nell'ultimo paio d'anni, ci sono state meno squadre belghe nelle gare internazionali a livello juniores, il che è un segnale che dovrebbe metterci in guardia”), ma anche Sercu: “Questo è il 32° anno di esistenza della squadra e quando si vede quanti corridori sono passati da qui per arrivare ai massimi livelli, è enorme. Ma a essere sinceri, è sempre più difficile, con le squadre World Tour che fanno crescere i giovani nelle loro Continental. Se lo paragoniamo alla pesca, è come se ci fossero troppe reti nel mare. "Sembra esserci ancora molto spazio per un corridore belga ambizioso", dice Gilbert: “Siamo continuamente messi in discussione dai media, dai tifosi e dallo staff tecnico. Ho sempre azzerato l'orologio ogni lunedì, anche dopo una grande vittoria. Perché a volte mi sono trovato con ciclisti dilettanti che andavano molto forte, perché erano più freschi di noi. Erano ipermotivati, era il giorno della loro gara. Ho potuto allenarmi con 10-15 corridori capaci di percorrere 120 chilometri a una velocità media di 35 km/h, cosa che non si trova ovunque". In Belgio è possibile.
***
Apertura tra Bruges e De Panne
Il Belgio, in questa parte settentrionale del Paese, è all'altezza del suo soprannome e la corsa di oggi tra Bruges e La Panne sarà tutta pianeggiante per i suoi 196 chilometri. Il cast è adeguato, con la presenza dei velocisti Jasper Philipsen (Alpecin-Deceunink), vincitore nel 2023 e 2024, nonché del campione europeo Tim Merlier (Soudal Quick-Step), che ha vinto nel 2022, e altri big come Jonathan Milan, Soren Waerenskjold, Olav Kooij, Milan Fretin e i francesi Émilien Jeannière della Total Energies e Paul Penhoët della Groupama-FDJ, mentre il favorito Arnaud De Lie è in difficoltà da qualche settimana. Questo arrivo sulla costa è un amuse-bouche (bocconcini pre-antipasti, ndr) di ciò che attende il gruppo che si evolverà nei prossimi giorni in base alle imminenti classiche del pavé e dei muri. (Russo, Penhoët) (Manzin, Jeannière) P. Barbier
Commenti
Posta un commento