PLATINI - Acquitté mais toujours contrarié
26 Mar 2025 - L'Équipe
ALBAN TRAQUET
De nouveau relaxé en appel, hier, dans l’affaire des 2 millions de francs suisses, Michel Platini n’exclut pas de poursuivre les « responsables », selon lui, de cette saga judiciaire qui a précipité sa chute.
Il s’était retenu de dire sa «colère» face aux juges, le 6 mars, au dernier jour de son procès en appel. Hier matin, conforté par une nouvelle relaxe, comme en première instance, dans l’affaire dite des «2millions de francs suisses », Michel Platini a évoqué son « soulagement » après la fin d’une «persécution», selon lui, « de la FIFA et de quelques procureurs fédéraux suisses ».Michel Platini à sa sortie du tribunal de Muttenz, en Suisse, hier.
Le triple Ballon d'Or (1983, 1984 et 1985) serrait un peu les dents, quand même, dans le hall du centre de justice pénale de Muttenz, pour refouler le pire qu’il aurait à (re)dire de cette saga judiciaire et sportive, qui s’est également conclue par un acquittement pour Sepp Blatter, l’autre célèbre prévenu dans ce dossier. Une affaire qui a duré près de dix ans, en balayant le statut des deux dirigeants déchus.
L’ancien président de la FIFA (89 ans), affaibli, va pouvoir « respirer tranquillement », a-t-il réagi, sans « cette espèce d’épée de Damoclès au-dessus de la tête ». De son côté, Platini (69 ans) garde une main sur son fourreau. Dans une vie précédente, celle des instances internationales, de leurs chausse-trappes et de leurs intrigues internes, l’ex-numéro 10 des Bleus avait déclaré sa candidature à la présidence de la Fédération internationale, en juillet 2015, pour succéder à Blatter, englouti par le scandale du « FIFAgate » et contraint à la démission après dix-sept ans de règne.
Destin fauché en 2015
Mais « Platoche » fut également rattrapé et suspendu par la fameuse commission d’éthique de l’instance planétaire, d’abord, puis par la procédure pénale helvétique liée au paiement controversé précité (versé en 2011), pour un travail de « conseiller technique » auprès de Blatter, effectué entre 1998 et 2002. Ce qui l’a donc conduit à deux reprises, comme le HautValaisan, devant un tribunal, notamment pour « escroquerie », avec l’issue que l’on connaît désormais : une double relaxe, en première instance (en juillet 2022) puis en appel, hier, au bénéfice du doute.
Durant le procès en appel, au début du mois de mars, l’ancien patron de l’UEFA (2007-2015) évoquait déjà, entre deux suspensions d’audience, l’idée bien ruminée de se retourner contre ceux qu’il considère à l’origine de sa chute. Cette éventualité a immédiatement resurgi après le prononcé du jugement, par la voix de son avocat suisse. «La procédure pénale a eu des conséquences non seulement juridiques, mais aussi personnelles et professionnelles considérables, a rappelé Me Dominic Nellen. Cette procédure a notamment empêché son élection à la présidence de la FIFA en 2016 (la Fédération internationale est dirigée par Gianni Infantino, ex-bras droit de Platini à l’UEFA, depuis cette date).» Avant d’ajouter: « La défense va maintenant analyser les moyens juridiques à mettre en oeuvre contre les responsables de la procédure pénale. »
Le parquet suisse a écarté toute théorie du complot
Et, même «soulagé», Platini – ce n’est pas un scoop – l’a toujours mauvaise. « Aujourd’hui, mon honneur est revenu et je suis très heureux, soufflait-il à sa sortie du tribunal. Moi, l’histoire, je la connais depuis le début (…), c’est une histoire pour m’empêcher d’être président de la FIFA. »
Dans son réquisitoire, le 4 mars, le procureur fédéral Thomas Hildbrand – qui avait réclamé vingt mois de prison avec sursis contre les deux hommes – avait pourtant soutenu une « tromperie » concernant ce paiement de 2 millions, et réfuté, une nouvelle fois, toute théorie du complot, en martelant: «Nous n’avons pas affaire ici à un roman policier. » Mais le Français n’en démord pas: «Si ce n’avait pas été ce paiement (de 2 millions de francs suisses, soit 1,8 M€ à l’époque) qu’ils ont retrouvé quatre ans après comme par hasard, ç’aurait été autre chose. »
Et maintenant ? « Platoche » fêtera ses 70 ans dans trois mois (le 21 juin), durant la Coupe du monde des clubs remodelée à 32 équipes par son meilleur ennemi, Gianni Infantino. Le Lorrain aurait toujours des «projets dans le football», mais n’a pas voulu parler d’avenir, à chaud, même accroché à une volonté vengeresse. « Je vais prendre le temps, réfléchir tranquillement, souffle-t-il. S’attaquer à la FIFA et à la justice suisse, je l’ai fait: c’est compliqué, c’est cher, ça dure longtemps et on gagne difficilement.»
En face, une ultime menace persiste, cependant, pour les deux prévenus : le dépôt d’un recours du ministère public de la Confédération (MPC, parquet) auprès du Tribunal fédéral de Lausanne, l’autorité judiciaire suprême en Suisse. À l’issue du jugement, le MPC a annoncé qu’il «décidera de la suite de la procédure (…) dès qu’il disposera d’un jugement écrit et motivé».
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