DIX JOURS QUI VONT COMPTER - QUI PEUT METTRE LE FEU?


La flamme olympique a parcouru Paris dimanche et hier. À dix jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux (26 juillet-11 août), le mystère reste entier sur l’identité de la personne qui allumera la vasque.

16 Jul 2024 - L'Équipe
MARC VENTOUILLAC

C’est un secret encore mieux gardé que l’annonce de la dissolution. Le nom de celui (ou celle, ou ceux) qui allumera la vasque olympique au soir du 26 juillet. Au comité d’organisation, ils ne seraient que trois à connaître le nom de l’heureux élu : le président Tony Estanguet ( « c’est son domaine réservé », lâche un proche), le directeur général délégué Michaël Aloïsio (c’est à lui qu’on prête l’idée du choix de Jul à Marseille) et le directeur des cérémonies, Thierry Reboul. Le président du CIO Thomas Bach a demandé expressément à ne pas en être informé avant le matin même de la cérémonie et, au sein du Comité International Olympique, les doigts d’une main seront largement suffisants pour compter le nombre de gens au courant.

Le président de la République saura, bien sûr. Comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, et son adjoint Pierre Rabadan. Il y en aura sans doute d’autres, mais élargir trop le cercle est risqué pour la confidentialité de l’opération.

Qui donc allumera la vasque olympique, et où? Information révélée par L’Équipe mais jamais confirmée par le comité d’organisation, elle devrait se situer pendant les Jeux au jardin des Tuileries. Mais le jour J à l’heure H? On imagine mal des dizaines de chefs d’État et des milliers d’athlètes se contenter de regarder sur écran géant cet instant magique. L’air plus malicieux et énigmatique que jamais, Reboul promet des surprises…

Le dernier porteur en sera-t-il une? Le choix de Marie-José Pérec s’impose ( lire ci-contre), mais, justement, il semble bien trop évident eu égard au contre-pied permanent qui est la marque de fabrique de Paris 2024. Alors, on se tourne vers les autres stars. Celles du ballon rond.

Un champion olympique en lice, 
un parathlète ou un allumage collectif?

Tout le monde attendait Zinédine Zidane à Marseille et il n’a pas figuré dans les choix du COJO. Sa cote est depuis remontée en flèche : si on n’a pas fait appel à lui sur les bords de la Méditerranée, c’est pour le préserver pour quelque chose de plus grand.

Porter la flamme en dernier pourrait aussi être un beau lot de consolation pour Kylian Mbappé. Il n’a pas su négocier sa présence aux Jeux avec le Real Madrid, on lui offrirait ainsi l’équivalent moral d’un titre. Mais cela paraîtrait un peu gros. Pourquoi pas un autre absent de marque, comme Renaud Lavillenie qui a déjà porté la flamme hier?  Mais les cogitations d’Estanguet avaient commencé bien avant l’échec du perchiste face aux minima.

Et puis, il y a les très grands champions de l’Olympe: le triple champion olympique de Grenoble Jean-Claude Killy serait une magnifique illustration et un clin d’oeil à son choix de Platini pour les Jeux Olympiques d’hiver 1992.

Avec ses cinq titres olympiques en biathlon, le président de la commission des athlètes Martin Fourcade aurait fière allure et cela ferait un lien avec les Jeux d’hiver 2030, même si le choix de la présidence du futur COJO s’oriente vers un rôle quasiment non-exécutif. Quels autres profils pourraient faire l’affaire? Celui d’un champion olympique en lice à Paris type Teddy Riner? Celui, pour innover, de champions paralympiques tels Marie-Amélie Le Fur ou Michaël Jeremiasz? Ou alors un allumage collectif, comme cela s’est fait à Londres? L’équipe de France de foot sacrée à Paris en 1998 aurait fière allure.

Et il y a ceux sans rapport direct avec le sport. Une star de cinéma connue à l’étranger, type Omar Sy ou Marion Cotillard? Le médiatique spationaute Thomas Pesquet ? Pas sûr que sa notoriété internationale soit celle des stars du grand écran. Autre choix possible, quelqu’un que personne ne connaît. On l’a déjà vu avec des jeunes athlètes, mais certains imaginent l’idée de rescapés des attentats de Charlie Hebdo ou du 13novembre 2015. Ou, tant qu’on y est, pourquoi ne pas aller chercher quelqu’un à l’étranger, Carl Lewis, Usain Bolt, Michael Phelps? Mais cela ne s’est jamais fait. Une chose est certaine, pour trouver un choix aussi fort émotionnellement que Muhammad Ali à Atlanta en 1996 ou Cathy Freeman en 2000 à Sydney, il y a du boulot.

***

Pérec, candidate (trop?) idéale

La triple championne olympique est favorite pour être la dernière relayeuse de la flamme. Mais le COJO pourrait à nouveau avoir envie de « casser les codes ».

JEAN-PHILIPPE LECLAIRE

Main innocente au tirage au sort de Roland-Garros, marraine du trophée UNFP de meilleur footballeur de l’année remis à Kylian Mbappé, star sur le tapis rouge du festival de Cannes, équipière lors de la traversée de l’Atlantique à bord du Maxi Banque- Populaire XI pour amener la flamme olympique en Guadeloupe, mannequin en robe tricolore place Vendôme pour le défilé Vogue World, et encore dimanche dernier passagère d’un Alpha Jet de la patrouille de France au-dessus du défilé du 14 juillet… Depuis quelques semaines, Marie-José Pérec (56 ans) est partout, sur terre, sur mer et dans les airs.

Une exposition maximale qui n’a rien d’un hasard: « Beaucoup de gens pensent que pendant longtemps on ne m’a rien proposé, alors que c’est moi qui disais non. Un an avant les Jeux de Paris, j’ai annoncé à mes proches qui ne me croyaient pas: “Les Jeux en France, c’est une fois par siècle, j’ai des choses à raconter, alors je vais accepter des invitations que j’avais jusque-là refusées. Il faut juste qu’elles aient du sens, que je puisse rester moimême” », expliquait la triple championne olympique (400m en 1992, 200m et 400m en 1996), la semaine dernière, en pleine promotion du documentaire Marie-Jo, à voir dimanche prochain, sur Canal+.

"Si je dois partager 
cet immense honneur 
avec Zinédine (Zidane), 
moi, ça me va parfaitement bien!"
   - AU SUJET DU DERNIER RELAIS DE LA FLAMME

Le top du top serait évidemment que cette farandole de réjouissances se termine le 26 juillet, comme dernière relayeuse de la flamme olympique. Pérec n’a jamais caché son envie, ou plutôt son rêve, d’éclairer Paris du feu sacré. Est-elle pour autant en campagne? « Non, quand même pas… », s’empourpre-t-elle, avant de chercher minutieusement ses mots: « Disons que j’ai envie de vivre les Jeux à 300 %. Je ne fais pas campagne, mais je trouve que… Je ne sais pas comment le dire joliment… Avec tout ce qui se passe, ce serait bien que ce soit la France qu’on voit dans les rues et pas dans les institutions qui soit représentée pendant la cérémonie.»

Comme le fait remarquer le dernier grand champion français à avoir été l’ultime relayeur de la flamme aux JO, un certain Michel Platini (en 1992 aux Jeux d’Albertville), « Marie-Jo coche beaucoup de cases, car immense championne, femme, noire… ». C’est justement cette évidence qui inquiète le plus la vraie fausse candidate: « Les organisateurs doivent imaginer quelque chose de complètement dingue, d’inattendu. À Marseille, tout le monde attendait Zidane et c’est Jul qui a allumé le chaudron! »

Zidane justement, Pérec se demande si le grand absent des cérémonies marseillaises ne pourrait pas devenir l’un de ses plus sérieux concurrents pour le final pari sien. À moins que «ZZ» et Pérec ne se trouvent associés ?« Si je dois partager cet immense honneur avec Zinédine, moi, ça me va parfaitement bien! », sourit celle à qui personne ne peut contester le titre de plus grande athlète française de l’histoire des JO.

Dès le 23 janvier, elle avait profité de la cérémonie des voeux du président de la République au monde sportif pour déclarer sa flamme de dernière relayeuse à Emmanuel Macron. Avant d’à nouveau interpeller le chef de l’État sur le même sujet à l’occasion de l’inauguration du village olympique le 29 février. Pas en campagne, vraiment? « Le président Macron et Tony (Estanguet) décideront, mais allumer la vasque, ce serait comme gagner cette quatrième médaille d’or que je n’ai pas eue à Sydney », résume la Championne des championnes de L’Équipe 1992 et 1996.

Une sérénité retrouvée

Car derrière cette volonté de retrouver les Jeux par la très grande porte se cache encore un peu le traumatisme de la fuite de Sydney, il y a vingt-quatre ans. Dans le documentaireMarie- Jode Canal+, la rivale de Cathy Freeman évoque sans faux-semblant la dépression. Elle précise: « C’était un enfer, je ne me sentais bien nulle part. Heureusement, j’ai rencontré quelqu’un de formidable, Marie-José Lallart, de l’Unesco. Elle m’a invitée à l’accompagner sur des voyages au Congo, en Ouganda, au Rwanda… À chaque fois que je rentrais à la maison, je me parlais à moi-même: “Mais ferme ta gueule, quoi! Il y a tellement de gens qui ont beaucoup plus de raisons de se plaindre que toi!” Ces voyages m’ont fait un bien fou, je me suis sentie à nouveau utile, pleine d’énergie. »

Grâce aussi à sa rencontre avec Sébastien Foucras, médaillé d’argent en ski acrobatique lors des JO d’hiver de 1998, et la naissance de leur fils Nolan, en 2010, l’exécorchée vive a trouvé une sérénité qui semble désormais à toute épreuve : « Si je ne suis pas désignée comme dernière relayeuse, je serai très triste, prévient-elle, mais vous avez vu l’année que je me fais, elle est trop géniale! Je prends mon pied, je vis ma meilleure vie! »

***

Ce n’est qu’un au revoir

JUSTINE SAINT-SEVIN

Ce fut un au revoir aux airs de « à très bientôt », une invitation à des retrouvailles où l’on attend au moins autant de sourires enfantins, et ces tympans qui bourdonnent aux sons des «Allez Ysa» , «Allez Niko» sous les encouragements bouillants adressés aux athlètes qui représenteront la France aux Jeux. Voilà le rendezvous lancé par ce relais de la flamme qui a vadrouillé dans tout Paris et ses lieux emblématiques pendant deux jours. Et par le triple champion olympique Nikola Karabatic, pas peu fier de conclure ce périple de 58km hier soir, en allumant le chaudron place de la République devant 30000 personnes. « C’est de la folie de sentir que ça devient réel. On est en pleine prépa, dans le sprint final. D’avoir ce petit break, sentir ce soutien populaire, cette énergie, dont on va avoir besoin, c’est juste fou. Je me sens très heureux, très chanceux, et j’ai hâte que çacommence.»

Les déambulations avaient commencé porte de la Chapelle, torche entre les mains de la fleurettiste Ysaora Thibus, filant de l’Arc de triomphe au Trocadéro, passant à l’Opéra Bastille, s’invitant à Roland-Garros et surtout à l’Insep où 17 anciens porte-drapeaux français olympiques et paralympiques étaient réunis lors d’un relais collectif sur la piste d’athlétisme estampillée Marie-José Pérec, en présence de l’intéressée, devant une tribune copieusement garnie.

L’émotion était palpable pour Jackson Richardson, invité surprise, comme chez David Douillet qui confiait la torche à la paranageuse Béatrice Hess, au CV alourdi de 26 médailles dont 20 en or, ou chez Christine Caron, première femme à avoir été porte-drapeau de la délégation française, pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, c’est au tour de Saint-Quentin (Aisne) de reprendre le flambeau, avant qu’il ne revienne une bonne fois pour toutes lancer les hostilités lors de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet.

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