POGACAR GUETTE L’ARC-EN-CIEL


Le casse-tête Pogacar

Pogacar cherchera à réparer l’anomalie de ne pas encore avoir conquis l’arc-en-ciel, au contraire de ses deux rivaux
On doute de la capacité de Van der Poel, même asséché, à encaisser l’accumulation des côtes

29 Sep 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS

Les trois meilleurs coureurs du monde s’affrontent aujourd’hui pour conquérir le plus beau maillot du cyclisme. Le Slovène est le grand favori, mais Remco Evenepoel et Mathieu Van der Poel ont les moyens de le surprendre. Et les autres se grattent la tête pour savoir comment exister dans ce Mondial.

ZURICH (SUI)– C’est un matin de tremblements, de fébrilité, de ceux qu’on attend toute l’année, pas seulement parce que la fin de saison et l’automne sont à nouveau là, et avec eux la plongée en mélancolie, ou qu’il fera une fraîcheur à claquer des dents à l’aube au bord du lac de Zurich, mais parce que le Mondial qui s’avance, sa nature imprévisible, ses incertitudes, ses inconnues et son affiche de rêve sont la promesse d’une nouvelle secousse dont on est impatients qu’elle nous engloutisse.

À Winterthur, au moment du départ tout à l’heure, le peloton du Championnat du monde, Rubik’s Cube géant aux couleurs inhabituelles, tournera le dos à l’Adoration des mages dans un paysage d’hiver, le tableau du XVIe siècle de Brueghel l’Ancien, chef-d’oeuvre qui dans les tourbillons de flocons mêle le prosaïque et le spirituel, l’ordinaire et le métaphysique, la poésie et les tourments, précisément les thèmes qui traversent le cyclisme, le magnétisent, en font une source d’inspiration infinie, un remuement permanent, une matière qui déborde et nous interroge, y compris sur la mort, et la tragédie qui a fauché jeudi la jeune Muriel Furrer, 18ans, fut le dernier rappel que ce sport, magnifique et cruel, restera toujours à part.

À l’image de la peinture du maître flamand, les trois rois du cyclisme actuel ont effectué le pèlerinage jusqu’à Zurich pour se pencher sur la relique la plus sacrée du cyclisme, la sainte flanelle, immaculée, ce maillot arcen-ciel au centre de toutes les convoitises. Tadej Pogacar, Remco Evenepoel et Mathieu van der Poel ont écrasé les derniers mois et leur domination raconte en surimpression les difficultés de Jonas Vingegaard, mais aussi les limites de son territoire, ainsi que le déclassement de Wout Van Aert, pour qui l’hiver a commencé depuis un moment déjà et qui, comme son équipier danois, sera absent ce matin.

Les trois ogres vont se livrer deux derniers rounds, aujourd’hui et dans deux semaines en Lombardie, pour patiner leurs bijoux de saisons. Van der Poel a honoré son maillot irisé conquis à Glasgow l’an passé de la magie d’un doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix. Remco Evenepoel, lui, revêt le maillot national belge comme une cape de super-héros: double champion olympique, du chrono et en ligne, et déjà un nouveau titre mondial, il y a une semaine, dans le contre-la-montre suisse. Mais par contraste, leurs bilans rapetissent au moment où l’on déroule le palmarès, effrayant, de Tadej Pogacar cette année, avec déjà 22 succès, que du clinquant, pas un seul critérium de la quetsche.

L’auteur du doublé Giro-Tour, récent vainqueur à Montréal, est le très grand favori, autant pour l’empilement de ses succès que pour la manière dont il les a bâtis. Le Slovène est ce matin au pied d’un de ses grands objectifs de 2024, un Mondial qui l’a empêché de songer sérieusement à tenter le triplé sur les grands Tours. Il cherchera à réparer l’anomalie de ne pas encore avoir conquis l’arcen-ciel, au contraire de ses deux principaux adversaires du jour. Le programme des quatre prochaines éditions, sur les parcours exigeants de Kigali, Montréal et Sallanches, semble avoir été échafaudé pour corriger cette incongruité et le tracé de Zurich, le moins dur de tous, ardu mais pas infernal non plus, pourrait être le moins favorable pour lui. Pourrait car, tout de même, cette saison, personne n’a été en mesure de prendre la roue de Pogacar quand il s’est envolé, et personne ne l’a non plus revu après. Son équipier chez UAE Pavel Sivakov résumait le dilemme vendredi soir lors du point presse des Français: «Plus c’est dur, plus Tadej aime ça. Donc soit il va durcir la course avec son équipe, soit les autres équipes, si elles attaquent, vont le faire pour lui.» Face à cette impasse, la moins pire des solutions, car il n’y en a pas de bonne, pourrait être pour Evenepoel et van der Poel d’attendre et de compter sagement leurs noisettes. Ce qui est contre-nature pour ces attaquants débridés et ne dissout pas tous les soucis non plus.

Le Belge est peut-être le seul à pouvoir suivre Pogacar dans les trois pentes du circuit, mais il ne peut pas se permettre d’arriver avec lui sur la ligne, ou alors il aura oublié que le Slovène a battu Mads Pedersen au sprint, au bout de 300 bornes, pour la 3e place à San Remo en mars. Quant au Néerlandais, même asséché après son régime estival, on doute de sa capacité à encaisser au fil des sept tours l’accumulation des côtes, qui n’ épousent pas son meilleur registre, et à pouvoir répondre à Pogacar quand il allumer a les réacteurs, notamment dans Witikon, la deuxième partie de la première difficulté de la boucle, qui semble la piste de décollage idéale.

Le champion du monde en titre devra trouver une porte dérobée, un interstice, partir par surprise dans une portion de transition, qui ne sont pas non plus légion. Dans tout cela, on ne peut écarter la possibilité d’une neutralisation, d’un enterrement. C’est même paradoxalement un scénario qui a de l’épaisseur. Un groupe de costauds dans lesquels les Belges auraient envoyé en éclaireur Maxim Van Gils, les Slovènes Primoz Roglic, oùd es nations aux ossatures solides mais sans épouvantail se joindraient aux opérations, comme les Espagnols, les Danois, les Français, Aranburu, Skjelmose, Jorgenson à l’avant, Valentin Madouas et Romain Bardet, pour sa dernière avec les Bleus, avec eux, pendant que Julian Alaphilippe resterait au chaud, et à partir de là, il n’y aura plus de garantie sur qui roulera.

C’est l’espoir de tous, un moment de flottement qui fera basculer la course, bousculera l’ordonnancement des choses, et le Mondial, en circuit et sans oreillettes, est un terrain propice pour cela. Le ciel zurichois devrait enfin fermer ses vannes aujourd’hui. Après la pluie, c’est l’heure de l’arc-en-ciel. De la plus belle course de l’année.

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POGACAR GUARDA L'ARCOBALENO

Il puzzle di Pogacar

Pogacar cercherà di rimediare all'anomalia di non aver ancora conquistato l'arcobaleno, a differenza dei suoi due rivali.
Ci sono dubbi sulla tenuta di van der Poel, anche se asciugato, di far fronte alla sequela di côtes

29 settembre 2024 - L'Équipe
DAL NOSTRO INVIATO SPECIALE ALEXANDRE ROOS

I tre migliori corridori del mondo si contendono oggi la maglia del ciclismo più bella. Lo sloveno è il grande favorito, ma Remco Evenepoel e Mathieu van der Poel hanno le carte in regola per sorprenderlo. Gli altri si staranno grattando la testa per capire come lasciare il segno in questo mondiale.

ZURICH (SUI) - È una mattinata di trepidazione ed eccitazione, di quelle che si aspettano tutto l'anno, non solo perché la fine della stagione e l'autunno sono di nuovo qui, e con loro il tuffo nella malinconia, o perché farà abbastanza freddo da far battere i denti all'alba sulle rive del lago di Zurigo, ma perché l'imminente Mondiale, con la sua natura imprevedibile, le sue incertezze, le sue incognite e la sua starting list da sogno, è la promessa di un'ondata di emozioni da cui non vediamo l'ora di farci travolgere.

Alla partenza da Winterthur, il gruppo del mondiale, un gigantesco cubo di Rubik dai colori insoliti, volterà le spalle alla "Adorazione dei Magi" in un paesaggio invernale, un dipinto del XVI secolo di Brueghel il Vecchio, un capolavoro che, nei vortici dei fiocchi di neve, fonde il prosaico e lo spirituale, l'ordinario e il metafisico. La tragedia che giovedì ha tolto la vita alla diciottenne Muriel Furrer è stata l'ultimo ricordo che questo sport, magnifico e crudele, sarà sempre uno sport a parte.

A immagine del dipinto del maestro fiammingo, i tre re del ciclismo si sono recati oggi in pellegrinaggio a Zurigo per osservare la reliquia più sacra del ciclismo, la sacra e immacolata flanella, la maglia iridata al centro di tutte le invidie. Tadej Pogacar, Remco Evenepoel e Mathieu van der Poel hanno dominato negli ultimi mesi, e il loro dominio è il riflesso delle difficoltà di Jonas Vingegaard, ma anche dei limiti del suo territorio, nonché del declassamento di Wout Van Aert, per il quale l'inverno è iniziato da un po' e che, come il compagno di squadra danese, sarà assente questa mattina.

I tre orchi si affronteranno in due prove finali, oggi e tra quindici giorni in Lombardia, per lucidare i gioielli della loro stagione. Van der Poel ha onorato la maglia iridata conquistata a Glasgow lo scorso anno con la magia della doppietta Giro delle Fiandre-Parigi-Roubaix. Remco Evenepoel, invece, indossa la maglia nazionale belga come il mantello di un supereroe: doppio campione olimpico, a cronometro e su strada, e già un nuovo titolo mondiale, una settimana fa, nella cronometro svizzera. Per contro, i loro record si riducono quando scorriamo l'agghiacciante lista di successi di Tadej Pogacar quest'anno, con 22 vittorie già ottenute, nient'altro che lustrini e nemmeno un Criterium di paese.

L'autore della doppietta Giro-Tour, che ha recentemente vinto a Montreal, è il favorito assoluto, tanto per la sua serie di successi quanto per il modo in cui li ha costruiti. Questa mattina, lo sloveno è ai piedi di uno dei suoi principali obiettivi per il 2024, una Coppa del Mondo che gli ha impedito di pensare seriamente di tentare una tripletta nei grandi Giri. Cercherà di rimediare all'anomalia di non aver ancora conquistato l'arcobaleno, a differenza dei suoi due principali rivali di giornata. Il programma delle prossime quattro edizioni, sui percorsi impegnativi di Kigali, Montreal e Sallanches, sembra essere stato messo a punto per correggere questa incongruenza e il percorso di Zurigo, il meno duro di tutti, arduo ma non infernale, potrebbe essere il meno favorevole per lui. Potrebbe, del resto, perché in questa stagione nessuno è stato in grado di prendere la ruota di Pogacar quando è partito, e nessuno l'ha visto nemmeno dopo. Il suo compagno di squadra alla UAE, Pavel Sivakov, ha riassunto il dilemma venerdì sera durante l'incontro con la stampa francese: “Più è difficile, più piace a Tadej. Quindi o lui renderà la gara più difficile con la sua squadra, o le altre squadre, se attaccano, lo faranno per lui”. Di fronte a questa impasse, la soluzione meno peggiore - perché non ce n'è una buona - potrebbe essere che Evenepoel e van der Poel aspettino e contino saggiamente i loro polli. Questo è innaturale per questi attaccanti scatenati e non risolve nemmeno tutte le loro preoccupazioni.

Il belga può essere l'unico corridore in grado di seguire Pogacar sulle tre salite del circuito, ma non può permettersi di arrivare al traguardo con lui, altrimenti avrà dimenticato che lo sloveno ha battuto in volata Mads Pedersen, dopo 300 km, per il 3° posto a Sanremo in marzo. Per quanto riguarda l'olandese, anche se asciugato dopo la dieta estiva, ci sono dubbi sulla sua capacità di affrontare l'accumulo di salite nei sette giri, che non sono nel suo registro migliore, e di rispondere a Pogacar quando accende i motori, in particolare a Witikon, la seconda parte della prima difficoltà dell'anello, che sembra la striscia di decollo ideale.

Il campione del mondo in carica dovrà trovare una porta sul retro, un varco, decollare di sorpresa in una sezione di transizione, che non sono nemmeno legioni. In tutto questo, non si può escludere la possibilità di una neutralizzazione, di una sepoltura. Paradossalmente, si tratta addirittura di uno scenario di sostanza. Un gruppo forte in cui i belgi avrebbero inviato Maxim Van Gils come esploratore, gli sloveni Primoz Roglic, in cui si sarebbero unite alle operazioni nazioni con le spalle solide ma non spaventate, come gli spagnoli, i danesi, i francesi, Aranburu, Skjelmose, Jorgenson in testa, Valentin Madouas e Romain Bardet, per la sua ultima con i Bleus, con loro, mentre Julian Alaphilippe sarebbe rimasto al caldo, e da quel momento in poi non ci sarebbe stata alcuna garanzia su chi avrebbe corso.

È la speranza di tutti, un momento di esitazione che ribalterà la gara e sconvolgerà l'ordine delle cose, e il Mondiale, su un circuito e senza auricolari, è il luogo perfetto per farlo. Oggi il cielo di Zurigo dovrebbe finalmente chiudere le sue porte. Dopo la pioggia, è il momento dell'arcobaleno. Per la corsa più bella dell'anno.

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