La mauvaise blague de la fausse route
Une signalisation un peu légère et un peloton lancé à toute allure ont créé le chaos dans le final de la 1re étape hier, finalement annulée alors que la majorité des coureurs s’est trompée de voie.
"Ce n’est pas la faute de l’organisation mais des coureurs"
- ARNAUD DE LIE (LOTTO)
20 Feb 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
LAGOS (POR) – Lors des arrivées d’étape, encore plus celles conclues au sprint, c’est le nom du vainqueur qui est sur toutes les lèvres. Hier, le long de l’embouchure qui mène au port de Lagos, c’est « Fodes » que tout le monde répétait. « Putain », en version locale, pour décrire cette dernière ligne droite bordélique où l’essentiel du peloton s’est retrouvé hors course, sur la mauvaise voie de la route, à toute allure au milieu des spectateurs. Et si ceux qui n’avaient pas d’ambition rigolaient plutôt, comme Jonas Vingegaard, en tête de peloton au côté de Julian Alaphilippe dans le final nerveux, les sprinteurs l’avaient mauvaise, eux qui avaient une occasion à saisir.Dans le dernier kilomètre, le peloton du Tour d’Algarve est scindé en deux après un mauvais aiguillage.
Tout s’est joué sur un rond-point, à 800 mètres de l’arrivée. Jarrad Drizners, équipier d’Arnaud De Lie (Lotto), mène le peloton, et ne voit pas les deux commissairesquiluiindiquentdepassersur la voie de gauche. La moto ouvreuse, elle, doit quitter le parcours (« Tout le monde sait qu’elle ne franchit pas la ligne d’arrivée », rouspétait De Lie) et, de la gauche de la chaussée, peut-être sans avoir pris suffisamment de champ, file sur la droite. Tête baissée, Drizners suit, et quasiment tout le monde avec lui. « Une erreur stupide, mais il n’y avait pas de signal clair, pas de barrière, et l’instinct a pris le dessus », a déploré l’Australien auprès de Sporza. « Les coureurs ont suivi la moto, comme toujours, le soutenait Marco Haller (Tudor). C’est ridicule, on a souffert 190 kilomètres pour se mettre dans la meilleure position, tout ça pour rien. C’est une blague. »
Le hic, c’est qu’une poignée de cyclistes savait. L’arrivée à Lagos ouvre le Tour d’Algarve depuis plusieurs années, et, même pour les novices, le livre de route indique bien de passer par la gauche. «Cen’estpaslafautedel’organisation mais des coureurs, clamait De Lie, sans savoir que son équipier était le premier incriminé. On était venus reconnaître lundi et mardi, il y a tellement de moyens de voir le parcours maintenant. Le cyclisme est déjà assez dangereux comme ça, si en plus tu n’utilises pas les outils mis à disposition, c’est assez compliqué. »
Le champion de Belgique s’est retrouvé piégé au milieu du peloton, au contraire de Filippo Ganna. L’Italien d’Ineos n’avait pas prévu de sprinter mais a vite compris l’erreur de ses collègues. « J’ai juste suivi le bon chemin, donc j’ai gagné, c’est tout », souriait-il, stoïque, rappelant que lui avait perdu un contre-la-montre en se trompant de parcours. Classe, Ganna refusait néanmoins de monter sur le podium pour recevoir le maillot de leader. Il n’y monta pas du tout, finalement, puisque le jury a décidé rapidement d’annuler l’étape. « La vérité sportive n’a pas prévalu, et si c’est une mauvaise décision du peloton, il apparaît clair que nous n’en avons pas fait assez pour éviter cette issue », expliquait Sergio Sousa, directeur de l’épreuve. Le Tour d’Algarve « commence » donc vraiment aujourd’hui.
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